L Ange gardien et le Papillon
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Ange gardien et le Papillon , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Où était-il cet ange qui papillonnait autour de moi en se posant de temps en temps sur mon épaule pour me dire : “Coucou, continue !” ? » Une enfance difficile au milieu de la guerre, un drame qui déclenche une foi indestructible, un ange gardien et une grand-mère pour l'itinéraire magique d'un enfant autiste... Nous invitant des terres bretonnes jusqu'au Sénégal, Liliane Rumiac conjugue réalité et fiction et signe une nouvelle pleine d'émotions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057478
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Ange gardien et le Papillon
Liliane Rumiac
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Ange gardien et le Papillon

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Première partie
C’est une petite ville bretonne des côtes d’Armor, l’insouciance de l’enfance de deux petites gamines, deux sœurs dans une famille modeste mais aimante, dont le père, Guillaume, travaille dans une usine ; la mère au foyer est asthmatique. Françoise et Valérie paniquent et ont très peur de la perdre ; la nuit, elle reste souvent de longues heures assise, cherchant l’air désespérément. Un matin, Françoise se réveille en pleurant avec une grosseur au cou. Geneviève, la mère, l’amène immédiatement dans une clinique tenue par des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul : c’est là que pour moi tout commence. Je devais avoir quatre ans et je pénétrai dans ce lieu étrange et mystique, serrant fort la main maternelle. J’entendais des cliquetis inquiétants et, questionnant sans cesse, un peu effrayée, je vis arriver une sorte de fantôme à longue robe bleue, avec sur la tête cette coiffe aux grandes ailes d’une blancheur immaculée ; j’étais interdite et je me mis à pleurer :
— N’aie pas peur, tu vois, la dame a des ailes ; c’est un ange qui va te soigner et tu n’auras pas mal !
C’était forcément vrai venant de la bouche de Maman. L’ange bleu me soigna, fit une ordonnance et nous repartîmes, contentes toutes deux de quitter ces lieux.
 
Nous habitions près du port, à deux kilomètres du centre-ville, il n’y avait pas de bus et, pour aller en classe, il nous fallait monter deux longues côtes à six pour-cent. Il n’y avait pas de cantine et en rentrant à l’école primaire, nous devions grimper et redescendre deux fois par jour, ma petite sœur me tenant une main, le cartable dans l’autre ; sous le vent, la pluie, il fallait y aller car nos parents ne badinaient pas avec les études.
C’était un peu dur parfois, je devais me battre avec les garçons qui nous menaçaient avec des orties du bord de la route. Ma cadette pleurait et moi, je donnais de grands coups de pied à droite et à gauche pour nous protéger de ces garnements !
Par contre, lorsqu’il neigeait, c’était la fête : pour redescendre à la maison, on s’asseyait sur les cartables, on se cramponnait bien fort, et zou ! on dévalait à toute vitesse les deux côtes. En arrivant, il y avait bien sûr un peu de dégâts, livres et cahiers se trouvaient un peu mouillés et nos fessiers aussi, alors il fallait tout sécher.
 
C’était l’insouciance de l’enfance avec ses joies et ses éclats de rire surtout, quand l’été venu, on partait en vacances chez notre grand-mère maternelle : elle venait nous chercher à la gare avec sa voiture à cheval, oh ! ce n’était pas un carrosse, mais quel amusement !
Elle était veuve et avait gardé la petite ferme qu’elle tenait jadis avec mon grand-père mort des suites de la guerre 14-18. Le cheval ou plutôt la jument se nommait Margot et était un peu cabocharde ; parfois, elle s’arrêtait pour faire une pause et puis elle repartait tranquillement. Dans la petite côte descendant au village, il fallait mouliner le frein sans quoi Margot glissait sous le poids de la carriole…
C’était merveilleux cette arrivée, au milieu des champs de blé, émaillés de bleuets et de coquelicots, dans ce joli pays de Loir.
À la maison, nous retrouvions nos deux cousins, sensiblement du même âge et c’était la belle vie ! On grimpait dans les arbres pour cueillir des cerises ou des mirabelles, on faisait la moisson en donnant à boire aux ouvriers, on devait aussi garder les deux vaches, Coquette et Jolie, et là, c’était une autre histoire… Il fallait rester des heures dans le pré pour que ces demoiselles soient satisfaites et souvent, nous avions mieux à faire.
Un jour, un peu impatients, nous avons décidé d’un commun accord de les emmener boire à la rivière pour que leur ventre gonfle ; Grand-mère n’y verrait que du feu ! Dans l’heure qui suivit, elles se mirent à beugler pour demander pitance, le pot aux roses était découvert et la grand-mère furieuse ! Dans l’étable, accrochés aux poutres, il y avait des nids d’hirondelles, elles allaient et venaient affairées et c’était un plaisir de voir à chaque tour les petits becs jaunes s’ouvrir en piaillant pour saisir au vol la nourriture dans le bec de la mère.
Le Loir coulait tout près de chez nous et nous fabriquions des barques en jonc pour naviguer ; nous allions à la pêche, perchés sur une passerelle étroite qui enjambait la rivière. Nous avions confectionné des lignes et nous suivions des yeux nos bouchons qui partaient au fil de l’eau. Un après-midi, ma sœur suivit si bien le sien qu’elle tomba la tête la première ! Nous ne savions pas nager, heureusement, nous avions pied à cet endroit… Elle pleurnichait et nous sommes rentrés penauds chez la grand-mère. La brave femme fit déshabiller Valérie et nous voilà partis au fond du jardin, en train de suspendre les vêtements à sécher :
— Ça vous apprendra à aller à la pêche quand je fais ma sieste ! Pour votre punition, vous irez éplucher les oignons au grenier !
Nous avions horreur de cela mais nous nous exécutâmes. Il y en avait toujours un pour avoir une idée géniale : tout en manipulant les pelures d’oignon, nous avions guigné du coin de l’œil l’autre grenier attenant au nôtre et il était rempli de foin, la réserve pour l’hiver. Y aller était interdit, mais ce serait si drôle de s’ébattre là-dedans… et on gambada et on sauta tout à travers, cela dura un bon quart d’heure quand tout à coup je m’aperçus que ma sœur avait disparu :
— Valérie ! Valérie où es-tu ?
Et de chercher dans tous les coins. Un gémissement nous répondit… À force de sauter, le plancher à un endroit avait cédé et, passée à travers, elle s’était retrouvée dans la mangeoire du cheval heureusement absent. Un tantinet assommée, elle se frottait la tête, elle n’osait pas pleurer de peur d’alerter notre grand-mère ; elle se massait les genoux, le dos… Je courus sur la pointe des pieds pour chercher l’eau de lavande miracle et je la frictionnai des pieds à la tête… Merci mon Dieu, elle aurait pu se casser un bras ou une jambe, elle en fut quitte pour une bosse, même pas de bleus !
Les oignons terminés, nous rentrâmes tous guillerets : « C’est fini, Grand-mère ! » Elle n’en sut jamais rien et ce fut motus de notre côté.
C’était une femme adorable, avec son chignon et ses tabliers en pilou. Tous les lundis, elle nous amenait au marché dans la carriole de Margot. Elle allait vendre des poules et des canards de son élevage. Il fallait leur courir après pour les amener dans l’enclos, et là, Grand-mère les attrapait par les ailes afin de les enfermer dans des paniers à claire-voie en osier. Il y avait aussi des lapins et, pendant les vacances, elle les conservait pour nous. Il y avait un gros mâle et deux femelles, qui tous les étés avaient des petits. Il fallait nous voir tous les matins aller surveiller les bébés sortant du nid ! D’adorables boules angoras blanches et grises. Il fallait que notre aïeule promette de ne pas les tuer ; elle promettait mais l’année d’après, ils avaient disparu. Tous les soirs, c’était à qui découvrirait les œufs nouvellement pondus dans les petites niches garnies de paille du poulailler. Au dîner, nous dégustions comme du gâteau le gros pain : il devait d’abord lever pendant plusieurs heures, puis cuire dans un four à pain qui se trouvait dans la vieille maison, comme nous l’appelions : elle était recouverte de chaume et à l’entrée, il y avait un rosier rouge avec de grosses fleurs dont je me souviens encore du parfum.
 
Nous apprenions beaucoup pendant ces vacances, en différenciant tel ou tel arbre, telle ou telle fleur sauvage ou cultivée, l’art d’élever des animaux, comment les soigner : c’était toute une éducation pour nous, filles de la ville.
Souvent, fin juillet, avant le grand départ, notre grand-mère nous permettait de voir venir au monde le veau de Jolie. Elle nous donnait carrément des cours d’éducation sexuelle et de puériculture. Elle nous racontait que la vache, comme notre mère, avait un compagnon : le taureau. Elle les mettait ensemble, ils se plaisaient, s’aimaient sans doute et s’accouplaient comme un homme et une femme. D’ailleurs, disait-elle, « une vache porte son bébé neuf mois comme les mamans, elle a des douleurs comme elle, ce qui correspond à l’accouchement ».
Lorsque le petit veau vient au monde, il faut appeler le vétérinaire, c’est le médecin des animaux. C’était à ce moment précis qu’elle nous faisait débarquer dans l’étable : on avait étalé de la paille fraîche, Jolie faisait tant d’efforts ! Et le vétérinaire devait attraper le petit veau par les pattes avec une corde.
Nous étions là, quatre enfants retenant leur souffle, accrochés au tablier de la grand-maman qui s’apprêtait à faire la toilette du nouveau-né.
Quelle surprise ! À peine sorti, il cherchait déjà à se mettre debout ; il chancelait et il fallait le soutenir. On tirait un peu de lait du pis de la mère délivrée ; il tétait comme un bébé. Les jours suivants, c’était attendrissant de voir Jolie lécher son petit avec soin pour lui donner un beau poil tout doux. Nous les quittions quand il avait la force de suivre sa mère dans le pré : c’était émouvant de voir la vie reprendre peu à peu le dessus.
 
Dès le retour en Bretagne, c’était fini le bon temps des vacances.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents