L’Amiral
512 pages
Français

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L’Amiral , livre ebook

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Description

Pérégrinations maritimes loufoques d’un amiral de comédie, flanqué de son alter égo, un perroquet hâbleur et haut en couleur. Aventures fantasques dans des lieux, des îles, pas toujours imaginaires. Plongée en compagnie d’un commandant, lui aussi anti-conventionnel, dans des fonds marins peuplés de ruines antiques et de créatures fantastiques. Tour du monde décidé par le ministre de la Marine française, en catimini, accompagné de la délicieuse Virginie. Aventures truffées de digressions oniriques et de poèmes classiques apportant un contrepoint pertinent. On y croise une série de personnages historiques tels que La Pérouse, Christophe Colomb, Charles Darwin et Sir Francis Drake. La sœur de l’amiral, omniprésente, vole quelquefois au secours de son frère envahi par un bataillon de pirates.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 novembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414395484
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-39564-4

© Edilivre, 2020
À mes enfants Marion, Clara, Noy et Germain.

Homme libre, toujours, tu chériras la mer
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de la lame.
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Charles Baudelaire. L’homme et la mer.
Chapitre 1 La Péniche
Il est dés jours d’une tranquillité effroyable à ne pas réveiller un chat mort figé, rictus babines baveuses, poil terne hérissé, abusé par son rêve feint de souris empoisonnée. Aussi je ne fus aucunement surpris quand je vis passer sur le boulevard une péniche. C’était celle de mon excellent ami l’amiral Henri-Claude De La Conche Ouverte, la crème des hommes au demeurant. Ah ! Il avait fière allure l’amiral dans son uniforme rutilant de garde-chasse, un haut de forme vissé sur sa tête chenue, un cor étincelant ceignant sa poitrine, sa fausse épée de chevalier de la table ronde, son indéracinable lorgnon enchâssé dans sa fosse orbitaire gauche, le menton conquérant et la cuisse aussi leste qu’une demoiselle se balançant hardiment à la foire du trône. Ce qui ne l’empêchait point de fumer son indéracinable pipe en écume représentant une sardine dévorant une baleine. Un léger vent mollet soufflait face à la longue péniche, faisant obliquer, tel deux hardis panaches, la fumée s’exhalant de la pipe et celle que vomissait la cheminée du navire. L’effet était d’autant plus saisissant que prise par une joie étourdissante, une connivence de feu-follet cendré, la plus petite ; je parle de la fumée ; s’enroula en tourbillonnant autour de la plus grosse, la plus épaisse, la plus poivrée, la plus charbonneuse, et étroitement liées comme deux écharpes de soies emmêles cravatant les cous graciles de deux pochardes grivoises ; s’envolèrent dans les airs. Le petit nuage qui sommeillait les yeux mi-clos au dessus fut le plus surpris de cette visite impromptue et inespérée. Alors comme trois vieux amis qui se retrouvent après s’être perdus de vue durant de longues années, ils s’installèrent mollement, improvisant dans l’ouate nébuleuse du nuage, trois sofas à faire pâlir d’envie la plus troublante odalisque ingresque, et se vautrant, s’allongèrent impudiquement dans des poses volontairement vaporeuses, inconséquentes. La pudeur la plus vanillée m’interdit de conter la suite de leurs agapes de folles du grand siècle. Sachez toutefois que trois mois après, sachant que la gestation chez ces êtes fumeux et perlés ne dure que trois mois, un faire part annonçant un heureux événement fut diligemment apporté à l’amiral en personne par une alouette amie oublieuse de son miroir. Ce faisant l’amiral tout en déchiffrant la missive fut privé de la contemplation de son image fantasque autant que roborative dans le dit miroir aux alouettes. Le cadeau ne se fit pas attendre ; le tabac que ce méfhistoférique personnage gardait dans une blague en poil de gerboise pour les occasions de haut vol, bourra cette fois sa précieuse pipe accoutumée à bruler un tabac commun fait de feuilles finement pilée au mortier d’artillerie d’une plante agreste des steppes du sud appelée tarabis piquantus. Le véritable tabac car il s’agissait cette fois de tabac véritas mutis avait été cueilli feuille après feuille sur les flancs des célèbres mogottes de la région de Pinar Del Rio. Après séchage dans un ancien fumoir à opium du Bouquistan, hachage grossier au sabre d’abordage, l’incomparable et odoriférant tabac rejoignit une urne ayant contenu jadis les cendres d’une Jeanne célèbre, ces cendres ayant entre temps été répandues sur un champ de bataille réglementaire pour en éloigner les limaces. Le brocanteur chez qui avait été acheté cette urne en garantissait l’authenticité après avoir juré abondement sur un exemplaire de l’an mille neuf cent cinquante de l’almanach Vermot, craché 23 fois sur ses souliers dévernis. Cette urne avait été collée à la colle de sabot de cheval borgne par l’amiral himself sur le buffet grillagé Henri Le Bègue servant de réserve à escargots dans la cambuse de sa péniche. Juché sur mon quadrupède cornu broutant sur mon balcon surplombant le boulevard, je fis un ample salut à l’amiral en découvrant mon chef, ôtant par là même le bonnet de nuit en coton de mouflon laineux teint aux couleurs indélébiles de la nation entière, réservant le port du bonnet de jour à mes nuits câlines. J’accompagnais mon amical salut d’une vigoureuse exclamation gutturale imitant le cri du nénuphar en rut “salut à toi, Henri-Claude mon intrépide ami, agitateur des mers du Ponan, découvreur des iles du premier arrondissement, en fumeur cyclique, sonneur d’hallali, inlassable mangeur d’escargot à la catalane”. M’apercevant alors, serrant d’une main d’acier les deux freins à soupapes floches de sa péniche, jetant la massive ancre par-dessus bord, écrasant négligemment le toit de la voiture de police rangée sur un des bas cotés du boulevard, tuant sur le coup le fonctionnaire moutonnant au volant du véhicule. L’autopsie ayant révélé un taux d’alcoolémie frisant l’indécence au point de ridiculiser le contenu de trois barriques de vieux rhum remplies jusqu’à la gueule, sauva l’amiral de la peine infligée aux meurtriers dans mon pays, à savoir le chatouillis sous les aisselles par le biais d’un plumet en plumes de paon jusqu’à obtention d’un fou rire macavérique devant durer ce que dure les roses les plus pépineuses. Avant de déplier la longue échelle de corde de pendu par-dessus le bastingage, il me rendit obligeamment mon salut “bonjour à toi, Bernardin de Cenpierre, toi dont l’amitié franchit les océans à la vitesse kaléidoscopique, toi l’éternel arracheur de rêves pointus, cracheur de billevesées, fureteur aristoclastique, agenouilleur de contrefléteries, emboutifleur de verdures irisées”. Ah ! La joie qui m’étouffa soudain quand j’entendis le son mat granitique produit par le pilon de sa jambe de bois sur les dalles obscures de l’escalier seigneurial conduisant à mon balcon. Il faudra un jour que je vous narre l’histoire, la généalogie ligneuse de cette jambe de bois que l’amiral indécrottable boute-en-train facétieux appelait sa jambe de joie. Une violente autant que viride accolade fit dans un même élan trébucher son haut de forme et mon bonnet de nuit renfoncé expressément sur mon crane chauvelu. Les exclamations les plus entourloupes fusèrent “ah ! foutriquet cornu de bique enragée », « crénom de Jupiter cocu” suivis de “c’est donc toi, que ce jour illumine le ciel d’une pierre à rasoir”, “je trépasse d’allégresse ma cornegidouille, je bénie tes poumons à la graisse de putois, “par le cul empesté de la dive bouteille je m’époustoufle de nos futures libations”. Emboitant cette idée et échangeant ma monture cornue par mon fidèle destrier, mon kangourou des steppes, je filais à la cave dénicher les nectars les plus gouleyants destinés à fêter l’événement. Pourfendant les toiles d’araignées, décapitant force mygales, émasculant trois morpions au passage – il est un fait que je n’étais pas descendu à ma cave depuis mon cent cinquantième anniversaire – je dénichais un magnum de Saint Fresquin titrant ses 22° de longitude pour 15° de latitude ainsi qu’un nabuchodonosor de Don Péripatétission de haute coulure et fracassantes bulles à enivrer trois papes, une douzaine d’archevêques, deux nonces du Pape, quatre sonneurs de cloches et septante nonnes dont une à moitié vierge. Le tintement de nos verres résonne encore à mes oreilles comme le fracas du gros bourdon de Notre Dame les jours de Sabah. Notre gaité ne nous livra pas pieds et poings liés à l’infamie de l’ivresse. Nous avions franchi il y a longtemps tous deux ce cap de bonne désespérance. Nous ne roulâmes point sous la table, d’autant que juchés sur de hauts tabourets notre hauteur de vue nous y en empêchait. Comme deux vieux amis qui se redécouvrent après des années d’absence, nous évoquâmes des souvenirs piquants témoins de nos tribulations de globes trotteurs. Comme ce jour ou sautant de cocotier en cocotier muni de mon casse-noisettes, je ratais mon coup et atterri sur le dos d’un porc-épic qui piqueniquait sous les palmes. L’amiral me retira avec les dents pas moins de nonante piquants regroupés dans une partie très charnue de mon anatomie. J’ai d’ailleurs conservé ce matériel, les ayants fait empenner par un Viel Apache de Ménilmontant, ce qui nous permit de jouer des parties de tir à l’arc à faire pâlir Guillaume Tell en personne et le faire tomber dans ses pommes. La cible pouvait varier au gré de nos fantasmagories ; l’œil d’un cyclope, la cime d’un palétuvier, les mèches allumées de cinquante cierges d’église, la girouette de la chapelle de Saint Cucufa, un encornet farci ou les moustaches du diable.
Ce fut l’année du terrible tremblement de terre de Hashimoto que l’amiral m’invita sur la frégate dont il était le maitre absolu en tant que capitaine après maitre Coco, son dévoué ara, infaillible pour détecter tout récif caché dans toute mer tortueuse. Nous quittâmes le mouillage de Port-Tonnerre-de-Brest un dimanche matin alors que sonnait l’angélus au clocher de la cathédrale. Le navire bourré de la cale au grenier de provisions pouvant nourrir treize hommes d’équipage, deux accortes cuisinières, l’aumônier, le sonneur de corne de brume, l’allumeur de réverbères, le casseur de pains de sucre, le clown Toto, la chanteuse lyrique, le chat Marcel et un contingent de rats triés sur le volet, pendant trois bons mois. L’amiral occupait la plus belle cabine à tribord alors que m’était réservé une vaste suite à bâbord. Cet ensemble de pièces servant en même temps de cave et je peux affirmer sans forfanterie que j’avais mis un soin particulier à l’achalander enorgu

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