L Agora des chimères
254 pages
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L'Agora des chimères , livre ebook

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Description

« Une toile épaisse, pesante, glacée et lugubre enveloppa à ce moment-là l'appartement des parents d'Alicia. Jacqueline frissonnait, prise soudain d'une peur panique elle alla en pleurs se réfugier dans les bras de sa maman qui récitait tout haut une prière pour le repos des défunts. Le père accablé de misère morale avait rejoint sa chambre en se jurant de ne plus mettre un pied dans une église. Ce qu'il fit jusqu'à la fin de ses jours. J'étais conscient d'avoir semé le trouble dans leur esprit. Ce fut pour eux une révélation suivie par une atroce nuit mêlée de cauchemars. » Quoi de mieux qu'un bar et une bande d'amis pour échanger des histoires autour d'un verre ? Entre faits divers et chroniques rurales, pages d'histoire et contes fantastiques, le romancier Paul Tomei convoque ici l'âme corse de la meilleure manière qui soit. Les personnages se font conteurs, les registres changent, l'île de Beauté se dévoile de mille façons. Galerie de portraits, tranches de vies, anecdotes, récits en tiroirs : "L'Agora des chimères", c'est tout à la fois, avec toujours ce goût pour le pittoresque et l'insolite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052480
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Agora des chimères
Paul Tomei
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Agora des chimères
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
Ce recueil d’anecdotes prend sa gésine, sa vigueur et sa raison d’être dans un lieu assez peu disposé à des propos philosophiques de haute volée, quoique… ?
Toutefois, il n’est jamais question de discussion sur la vitesse de la lumière ni de la vie et de la mort des lointaines planètes, encore moins de la Voie lactée, seul l’astre de la nuit est perçu comme un bon ou mauvais présage pour la pêche, le jardinage et parfois pour un voyage en mer. Néanmoins ces péroraisons bien que dérisoires aux yeux des esprits chagrins ne sont-elles pas pleines de la verve populaire et de la galéjade à l’image des petits villages de Provence ?
L’humour est toujours quoi qu’il advienne au bout des lèvres. Ne dit-on pas que l’humour est l’essence même de la vie et dans ce petit carré magique certains en usent à volonté, d’autres n’y vont pas avec le dos de la cuiller dans le dessein d’amuser la galerie.
 
Voilà donc une placette entourée de modestes petits commerces comme on en trouve partout ailleurs, et où la vie s’écoule, du moins en apparence, comme un long fleuve tranquille. Cette Agora voile à peine un pan de désolation et de bien d’autres entorses à la morale qui auraient le pouvoir de faire rougir les moines de l’abbaye de Saint-Antoine.
Cependant, bien à l’abri dans leur boîte à confessions, ces pauvres ecclésiastiques qui ont fait vœu de chasteté, en entendent des vertes et des pas mûres. Ils rougissent le temps d’un aveu, mais seulement le temps d’une autoaccusation.
 
L’astre du jour en cette douce matinée de juin est au rendez-vous et ses rayons échauffent déjà les esprits, et ce ne sont pas les quelques arbres chétifs et ridicules qui vont servir de parasols aux clients, qui les uns après les autres prennent place autour d’une dizaine de tables de plus en plus bancales. Une simple cale suffirait à les stabiliser, mais ce n’est pas dans les us et coutumes des limonadiers. D’autre part, la négligence de la commune en matière de voirie n’est plus à démontrer. Les ornières fleurissent ici et là comme les jonquilles au mois de mai.
 
« Deux couches d’enrobées et trois de dérobées, » pour citer un illustre inconnu…
Qu’à cela ne tienne, lancent tous ceux qui veulent s’emparer de tous les rouages de la société, y compris les finances, cela va de soi…
« Nous remettrons tout en ordre de marche à l’issue des prochaines élections. »
Oui mais… lesquelles ? Les municipales ! Les cantonales ! Les régionales ! Les législatives… !
 
Les propos qui vont suivre en démontrent parfois l’exagération :
« Et que dire des agents de la voirie, se plaît à dire Martin, employé aux contributions, aujourd’hui, ils ont des véhicules ultra modernes pour enlever les bennes à ordures, mais le balai et la pelle pour ramasser le moindre papier gras ont disparu de la panoplie du parfait balayeur. L’effectif est assez conséquent, voire excessif pour un labeur de sénateurs en goguettes. Dans tout ça, les contribuables auront à cœur de régler la facture exagérée tout en marchant sur les crottes des clébards qui jonchent les trottoirs des ruelles et des boulevards…
Il n’y a pas si longtemps, un seul homme muni d’une pelle et d’un balai de bruyère avait la charge de nettoyer tout un quartier. Un tombereau tiré par un placide bourrin le suivait pas à pas. L’évolution a été rapide et le nombre d’élus frise maintenant l’indécence. Est-ce que les rues sont pour autant plus propres aujourd’hui ?… Là est la question.
Et ce n’est pas tout, une nouvelle brigade vient d’être inaugurée en grande pompe, celle des espaces verts. Ils arrivent sur un espace à aménager, oui à cinq… avec un pot de géraniums, mais personne n’est apte à creuser un trou. Par ailleurs, la pioche a été oubliée dans l’atelier, alors on fait appel à un engin motorisé pour ne pas manquer l’heure de la pause-café, ou pinard pour les autres… »
Martin n’est pas une lumière, loin s’en faut, et l’exagération a toujours fait partie de ses bagages. Mais malgré tout, l’exagération cache parfois une vérité qui n’est pas toujours bonne à savoir ou à dire…
Bref passons, car le sujet est épineux. Cependant notons au passage que les riverains ne sont pas toujours exempts de tous reproches, loin s’en faut…
 
Le gérant de l’un de ces débits de boissons bien amusants au demeurant aurait pu être postier, instituteur ou bien chauffeur de taxi.
Mais son rêve a toujours été d’être l’heureux propriétaire d’un grand café sur la place Pigalle à Paris entouré de très jolies femmes au corps sublime, au minois de déesse grec, mais néanmoins au langage châtié, et d’une clientèle masculine pleine aux as. Il aurait alors servi à volonté du champagne en lieu et place du sempiternel café, de la canette d’eau de Saint-Georges ou d’Orezza et de l’incontournable Casa.
Certes… néanmoins ces gracieuses courtisanes au grand cœur ayant l’esprit aiguisé et grisé par le champagne ont trop souvent les yeux brouillés par les larmes…
Allons donc ! N’ayant pas l’esprit chagrin, je crois fermement que la journée est propice aux rêves, le rêve n’est-il pas le propre de l’homme ?
 
Les plus âgés, habitués de ce lieu à plus d’un titre anachronique, préfèrent et de loin se calfeutrer à l’intérieur du café.
La clim qui balance selon l’humeur du temps empêche à leur vieux corps de se dessécher comme les feuilles mortes en automne. Ils sont déjà bien trop fripés pour oser braver la canicule.
Ce qui fait dire à quelques farceurs nécrophages que les vers n’auront plus rien à se mettre sous la dent après leur disparition. Les pauvres…
Pour ces plaisantins, il ne s’agit là que des animaux invertébrés au corps allongé, bien sûr…
 
C’est dans ce site que se côtoient journellement des hommes et des femmes venant de divers quartiers de la ville de Bastia.
La Citadelle est bien représentée car ses habitants ont dû fuir leurs habitations vétustes pour se loger à Lupino, à Paese Novo et à Montésoro qui est devenu depuis la base avancée de Terranova.
Le quartier de Saint-Joseph, proche voisin, a vu ses habitants délaisser en catimini leurs immeubles aux façades lépreuses pour emménager avec regret et autant de dépit dans des immeubles flambant neufs. Mais considérés comme des cages à lapins sans âme.
Les habitants du quartier de la place d’Armes ont paraît-il préféré contre vents et marées se cloîtrer chez eux pour selon la légende faire résistance. Mais aussi pour que le quartier de leur enfance ne meure pas. Cependant, on aperçoit de-ci de-là quelques éléments qui ont fui la misère pour retomber aussitôt dans une détresse des plus désastreuses.
 
Il est assez rare d’y rencontrer des hommes et des femmes ayant délaissé Terra Vecchia ou « Saint-Jean si l’on préfère » pour se perdre à Montésoro…
Enfin l’opulent quartier bourgeois de la place Saint-Nicolas n’y est pas du tout représenté ou si peu, « on ne mélange pas les torchons avec les serviettes… »
Certains vous diront que la cité de Bastia n’est pas une ville comme les autres car l’esprit de clocher y perdure depuis des lustres.
Et à Bastia les églises y sont fort nombreuses. Ce n’est certes pas la tour de Babel comme décrit dans la Bible, mais on ne parle pas le même langage, certains en sont encore au langage articulé alors que d’autres ont franchi allègrement cet obstacle qui paraissait au départ insurmontable.
« Certes, certes, songe Philippe le buraliste, les Corses qui reviennent du continent sont plus ouverts, plus critiques et plus raisonnables que ceux qui s’encroûtent sur notre l’île… »
 
Quoi qu’il en soit, les habitués de ce lieu ont tous et toutes une raison bien légitime pour se retrouver, afin d’échanger leurs points de vue sur les affaires de la cité, et les potins plus ou moins empreints d’une parcelle d’ironie.
Pour les anciens, c’est le moyen de retrouver les camarades qui ont pour la plupart un pied dans la tombe.
 
Les rangs autrefois serrés apparaissent aujourd’hui bien clairsemés. Ils s’observent du coin de l’œil en se disant tout bas :
« Un tel n’en a pas pour longtemps, il partira bien avant moi, c’est certain. Il sent déjà le cyprès, mais il ne le sait pas encore, cependant les cierges qui vont veiller sa dépouille sont bien rangés dans le grand tiroir de la sacristie… »
 
À quelques dizaines de mètres de là, on découvre avec autant de regret mêlé de craintes un espace dédié au repos éternel. « Requiem in Pace. » Ce vaste cimetière mémoire, et témoin d’une époque tant narrée par les anciens, jouxte cette Agora entourée d’immeubles dont les façades surchauffées par un soleil accablant pendant la saison estivale reçoivent en hiver avec autant de vigueur le Libeccio. Et par là même les embruns salés de la mer Tyrrhénienne.
 
Derrière leurs volets mi-clos, les vieilles personnes trop âgées pour braver la canicule et la froidure hivernale se prêtent à rêver en apercevant au loin l’île d’Elbe, l’île de Montecristo, Capraia, et les gros navires qui se dirigent avec nonchalance vers le port de la cité bastiaise.
Quand les marins ne privilégient pas la terre ferme au bord leur navire. À ce moment-là, la tempête n’est jamais sur la mer mais bien dans les cœurs et les esprits. Les touristes l’apprennent bien trop souvent

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