L Âge des saisons
304 pages
Français

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L'Âge des saisons , livre ebook

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Description

« L’âge des Saisons » pose une question : la passion amoureuse est-elle soumise à une date de péremption liée à l’âge avancé des partenaires ?



Cette interrogation bien actuelle intéresse le grand public, et donc des journalistes et sociologues. Elle est ici traitée en y ajoutant quelques difficultés complémentaires : différence de revenus, de vision du monde, de codes sociaux.



Cécile est endeuillée... Son mari d’abord, son frère ensuite : « J’ai perdu deux compagnons d'aventure et du quotidien, au fil de longues années partagées. Je fais quoi maintenant ? [...] Vieillir à leur place ? [...] Et si je vivais à leur place ? »



Un soir parisien, elle fait une rencontre imprévue. Il s’appelle René. Il est séduisant et révolté, sensuel...



Au fil des saisons, au gré des secrets, des surprises, des voyages, s’égrènent désormais leurs échanges, passionnés et incertains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414499793
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-49978-6

© Edilivre, 2021
Exergue

« Rabbi, en littérature, c’est ainsi : il y a des choses qui sont vraies, et pourtant elles ne sont pas arrivées ; et d’autres qui ne le sont pas, alors qu’elles sont arrivées. »
Elie Wiesel , Mémoires
Hiver
1
Le monde est ainsi fait que nous n’arrêtons pas de mourir.
Jean d’Ormesson, Tous les hommes en sont fous
« Nous apprenons avec une grande tristesse que notre confrère Alain B., s’est éteint. Il fut l’animateur des premières heures du magazine RétroBolides, qui a fait rêver tant de collectionneurs de voitures. Après un passage par la télévision, il a dirigé la rédaction du magazine AutoCollector, faisant chaque mois un éditorial sans complaisance sur notre société et son monde automobile. Nous adressons à sa famille nos plus sincères condoléances. »
« L’automobile ancienne est orpheline. Alain B., rédacteur en chef du magazine AutoCollector, s’est éteint. Il n’avait pas seulement la passion, il avait la connaissance ; il n’avait pas seulement le savoir, il avait cette faconde et ce style inimitable de rendre à ces mécaniques d’antan leurs habits de lumière. Il était une encyclopédie : nul modèle, nul pilote, nul designer, nulle mécanique n’avaient de secret pour lui. Prophète bouillonnant dans son domaine, nombre de spécialistes, rédacteurs, pigistes, photographes ou collectionneurs sont passés dans son bureau. Alain B leur a insufflé cette exigence que toute réalisation automobile a une histoire propre qui s’inscrit dans un contexte plus large.
« Le destin a choisi de t’offrir une nouvelle route, cher Alain. Nous osons croire que cette highway ensoleillée, embouteillée, fumante et gavée de ces américaines démesurées dont tu raffolais te conduira au paradis des sleeping beauties. Ton humour et ton verbe vont nous manquer. »
Alain est mort au petit matin, avant Noël, un samedi de début décembre, à 63 ans.
De lui, il me reste des rires partagés, et tout ce qui fait que je l’aimais, comme il m’aimait.
Sa disparition, la conscience de son absence pour toujours, c’est un peu comme si on m’avait arraché un bras, un morceau de moi-même, une partie de ma propre vie. Curieusement – j’étais à peu près la seule à craindre de devoir m’y préparer – elle m’apparaît étrange, elle est une erreur, une fausse sortie.
Depuis deux semaines, comme souvent avant la fin, il était heureux et confiant : tout allait s’arranger, n’est-ce pas. Il allait retrouver, c’est sûr, un larynx de jeune homme.
J’étais dans le train pour Strasbourg, partant passer quelques jours avec Charlotte et ses enfants, lorsque trois minutes avant le départ, sa femme, Irina, en larmes, marmonne sur mon portable… Alain est mort, il est mort … Comment ? Quoi ? Qu’est-ce ? Comment cela, il est mort ?
Encombrée de paquets cadeaux, je suis aidée pour sauter du train presqu’en marche, pour tomber dans les bras, ou presque, d’un contrôleur bienveillant – on se calme, les mécontents de la mythique SNCF – qui me pose sur un banc, court me chercher un chocolat chaud, me demande s’il faut prévenir quelqu’un.
Vais-je pouvoir me réchauffer ? Il fait si froid dans cette Gare de l’Est, qu’on dirait ouverte à tous les vents glacés de la ville, que les arbres, trop nus, ne protègent plus, je grelotte, j’ai des frissons. Mon pull de grosse laine, mes bottes fourrées, ma doudoune sont insuffisants. On dirait du verglas sur le quai, il brille un peu, il n’est que mouillé d’une bruine insidieuse, moqueuse, perverse qui se réjouit de l’inconfort de ceux qu’elle mord.
Je ne serai pas, ce soir, au coin du feu, à l’écouter crépiter, à en admirer les flammes qui évoquent la famille, l’odeur du pain d’épices grillé, celle, acidulée, presque impertinente, des clémentines.
Ne goûtant ni l’un ni les autres, je ne risquerai pas l’indigestion.
Nous ne déballerons pas les courses de Noël avant Noël, les cadeaux dérisoires et affectueux.
Je n’aurai pas à faire semblant d’admirer les décorations excessives et touchantes de la maison de Charlotte.
Neige-t-il à Strasbourg ? Me voilà dispensée de la ballade au Marché de Noël, je vais échapper aux odeurs de saucisses, aux tournicotis tournicotas de guimauve, aux bousculades, aux exigences des enfants qu’on fait taire, aux crèches en papier mâché. J’aurais préféré me heurter à ces rires marchands, programmés, artificiels.
Louis, heureusement, n’est pas en train de sauver l’Europe agricole à Bruxelles, il me dit, lorsque je lui téléphone : « Ne bouge pas. J’arrive. » Ouf, quelqu’un va s’occuper de moi, vais-je pouvoir me laisser aller un peu ?
C’est ensuite avec un grand calme que j’appelle Charlotte pour excuser mon absence à l’arrivée du train à Strasbourg, sur le ton que j’aurais pris pour informer de ma défection dans une réunion sans grande importance.
Effet paradoxal du choc ? Grande habitude du « Never explain, never complain » , ma posture de choix lorsque la tempête envahit mon territoire ?
Je ressens déjà une certaine honte de m’être laissée aller publiquement à l’émotion, il y a quelques minutes. Le temps du lâcher prise n’est pas encore venu. N’anticipons pas.
L’image d’Alain s’était autant dégradée que son organisme était usé. Ainsi, lorsque je lui ai dit au revoir, au Funérarium de Ménilmontant, deux jours après son décès, si glacé déjà, si maigre, si maigre, qu’il ne restait presque plus rien de lui, je me suis sentie au bord d’un gouffre : c’est donc bien vrai que les humains sont mortels ?
Il aimait beaucoup lire, trop peut-être, nous avions ceci en partage. Il m’envoyait des messages lorsque l’étreignait l’émotion d’un texte, ou un événement troublant, ou les deux en même temps. Il signait alors de son petit nom de courriel, bugatti1934 …
« Lundi 16 novembre 2015
Objet : Envie de partager mon ressenti…
Ma très chère,
Le soir du 13 novembre, nous étions à la campagne, de retour d’un restaurant très fréquentable.
Je lisais un livre passionnant et terrifiant en même temps. Une étude historique d’un universitaire américain intitulée « Terres de sang ».
Il a pris le parti de concentrer son analyse de la seconde guerre mondiale sur une portion de l’Europe qui va de la Pologne aux pays baltes en passant par l’Ukraine, la Russie du nord et la Biélorussie et en s’intéressant tout particulièrement à ce que les Russes ont fait sur tous ces territoires avec l’appui des Nazis (puis, ensuite, les uns contre les autres). Le résultat fut une épouvantable boucherie pour tous ceux qui y vivaient, Slaves, Juifs, Moldaves, Roms, j’en passe évidemment…
Au final, la guerre là-bas, a causé des millions de morts, dont les 6 millions de juifs exécutés sur place ou envoyés dans les camps sur ces mêmes terres.
Ce qui est effarant, c’est la façon dont tous ces peuples sont morts. Dans des souffrances inouïes. Exécutés par balles ou gazés comme les juifs, morts de faim et de froid, comme à Leningrad pendant le siège, ou comme les prisonniers de guerre soviétiques dans les camps allemands, ou, à l’inverse, les prisonniers allemands déportés dans des goulags et soumis à une condamnation à mort par épuisement rapide. Aux côtés d’une multitude déportée par Staline et vouée au même sort.
J’oublie les Polonais, occupés des deux côtés, et asservis de la même manière. L’ouvrage consacre un chapitre entier au début à la grande famine ukrainienne provoquée par Staline en 1932 et 1933 qui est un peu le prélude de cette histoire funeste. On y apprend par le menu comment il appréhendait les paysans ukrainiens qu’il haïssait, un mépris, une indifférence à leur sort qui devait être sa ligne de conduite permanente pendant la guerre et qui explique que tant de Russes soient morts pour rien, pour des fautes de commandement ou des enjeux militaires aberrants et trop coûteux en vies humaines.
Ces territoires ont été le théâtre, la scène, sur laquelle se sont affrontées les deux plus abominables dictatures de tous les temps.
ET ce même soir, j’ai découvert les scènes d’horreur à Paris. Brutal : soudain, la terreur n’était plus couchée sur du papier, elle était là, bien réelle, à portée de main. C’est arrivé ici aussi, c’est arrivé près de chez vous.
Le problème est que nous avons été tellement bercés de discours de paix éternelle (non, ça ne peut plus se produire en Europe, encore moins en Europe de l’ouest) que l’idée même de guerre est devenue un concept franchement obscène.
Pourquoi serions-nous épargnés ? En Israël, ils vivent avec ça depuis des lustres, et s’y sont à peu près habitués. Eux comme d’autres.
Ce qui me fait penser à Paris. Paris l’insouciante. Qui n’a rien vu venir. Et qui ne voit pas (ou ne veut pas voir) ce qui se passe ailleurs.
Aujourd’hui, c’est un coup de semonce pour nous tous.
Nous n’avons rien vécu de très grave depuis 1945 en France métropolitaine. Cela pourrait fort bien changer. Il faut maintenant vivre avec ça. Et se convaincre que nous ne sommes pas plus protégés que les Libanais, les Yougoslaves, les Yéménites, les Libyens ou les New Yorkais. Que cela va être notre tour, désormais, peut-être…
Après tout, depuis des siècles, des millénaires, des passés de haine et de tueries, des civils sont massacrés.
Exemples semi récents : 2000 à New Delhi, 11 septembre 2001, année zéro de la prise de conscience occidentale, à New York, Washington, mais aussi, de nouveau, à New Delhi, 2002 à Bali mais aussi à Calcutta, et d’autres villes indiennes, 2003 à Jakarta, Istanbul et Bombay.
Je continue ?
2004 à Madrid, Jakarta, aux Pays-Bas, et, en Russie, à Beslan, où 186 enfants terrorisés ont perdu la vie, 2005 à Londres, Charm el-Cheikh, Bali, New-Delhi, Amman, 2006 : à Vârânasî – ou Bénarès si tu pré

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