L Accroche des jours
218 pages
Français

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L'Accroche des jours , livre ebook

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Description

Un village du Morvan. Années d’Occupation.
Des récits de vie ici, d’une époque aux mentalités révolues, mais qui résonnent encore dramatiquement aujourd’hui.
Ainsi nous est donné à voir le cheminement d’un couple en particulier : Lilette et Martin.
Elle, une femme artiste pourtant douée et prometteuse, mais née trop tôt, une âme lumineuse et trop ardente, vite opprimée dans son désir d’enfant.
Lui, un homme mutique et solide, au beau charisme, mais fils d’ancien taulard le jouet bientôt de ses propres démons.
Tyrannie, jalousie et violences... tension des amours illicites, suspense d'une époque, mais le souffle essentiel d'un bonheur de vivre.
Tous les deux des êtres de combat, complexes et attachants. Une quête jusqu’au-boutisme. pour chacun, d’eux-mêmes et de leur vérité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414385515
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
194 avenue du président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-38592-8

© Edilivre, 2020
Paris 2017
A ma fille.
En souvenir de Lilette, une femme née trop tôt sans laquelle je ne serais rien.
« … De la moindre vie humaine, quelque chose d’irréductible demeure toujours ; rien de ce qui a lieu en ce monde, grand ou petit, tragique ou anodin, ne peut être annulé, et rien ne reste sans conséquences, aussi discrètes soient-elles »…
Extrait de Petites Scènes Capitales de Sylvie Germain
Livre I
Prologue
Un choc… une sidération… quand j’apprends la nouvelle, un peu comme le jour qui se casse ce matin-là.
Lilette est morte.
Ma mère, la voix étranglée au bout du téléphone, vient de la retrouver par terre dans l’atelier, étendue sans vie, sur le dos devant sa table de travail.
Son visage était encore beau et paisible avait-elle ajouté
– notre Lilette n’avait pas souffert –
Lilette si chaude de vie, d’amour, de joies… de douleurs et de déraisons, je l’avais finalement crue immortelle.
Moi enfant, je l’adorais, la vénérais, n’admettais aucune malveillance à son encontre, aucun sous-entendu. J’aurais tellement aimé qu’elle fût ma mère… alors je croyais à la transfusion des esprits, la transmutation des âmes.
Plus tard, promis, j’écrirais sur sa vie, à elle surtout et à Martin mon héros ; j’avais quatorze ans.
Souvent dans le village on l’évitait. Certains d’entre eux, nous battaient froid à nous aussi. Longtemps j’ignorai le pourquoi d’un tel rejet.
J’en ressentais à chaque fois dans mon corps, une douleur sourde qui me donnait la haine, me rendait déjà asociale.
Un mal ténu qui s’infiltrait, se diffusait en moi.
Questionnant mes parents : – « pourquoi ? papa – pourquoi maman – pourquoi ?… » Toujours ils éludaient. (J’étais trop jeune… une jalousie de paysans malfaisants… ou bien plus tard encore : une période innommable vois-tu ma fille que la guerre et l’occupation)
Ce ne fut que bien plus tard encore que tout me fut donné.
Première partie
… « tout est enchaînement de causes et d’effets, dans la vie, circulation incessante surtout entre deux pôles, si bien que l’on ne sait plus trop la plupart du temps, lequel est le premier, lequel est le second, la vie est un grouillement d’actions-réactions, chocs-contrechocs, un fantastique jeu de ricochets, de heurs, enlacements et de déchirures »…
(Extrait de petites scènes capitales – Sylvie Germain)
Chapitre I
Quand et comment commencer cette histoire… la leur, celle de Lilette et Martin « imbriquée un instant » dans la Grande Histoire…
Peut-être ce jour-là où tout déjà, pour ses amis Antoine et Marie, avait mal commencé…
Antoine s’était pourtant obstiné à vérifier l’attelage, en faire plusieurs fois le tour. Les achats à la ville étaient obligés… la chaleur était tellement agréable ce matin-là…
Il flottait même dans la cour comme un relent d’aventure dans l’air, « un revenez-y d’enfance »
Gazouillis d’oiseaux…
Des odeurs d’avoine, et de crottin chaud, de pierres sèches prenaient au corps, la glycine mauve et touffue grimpait au mur de la maison, le ciel était d’un bleu azur.
La pouliche déjà impatiente, harcelée de mouches sous ses œillères de cuir, soufflait en piaffant.
Avant que l’attelage ne s’ébranle, Antoine regarde à nouveau sa femme – « Es-tu prête Chérie ? » Il brûle d’envie de l’embrasser ; il est amoureux, mais elle est ailleurs et il se retient. Rassurée, c’est d’un sourire encore retenu que Marie lui répond, superbe ; elle a relevé sa chevelure de jais, comme le font les starlettes dans les magazines – « vrai » elle en aurait presque l’allure qui aguiche les hommes. Lui, ça lui fait presque mal de l’aimer comme ça ! si jolie avec ses yeux bruns et ronds presque mordorés, clairs comme les yeux agate des poupées.
Lui, l’instituteur du village ne démérite pas. Un lord dans son costume à martingale gris clair, le front haut, maigre peut-être, un peu guindé certes, et le visage sévère mais sous ses sourcils bien fournis, des yeux gris profonds à l’humeur coquine quand il aime, et aussi une toute fine moustache bien délicate qui chauffe ses lèvres minces.
Il rejette d’un coup de tête à l’arrière sa chevelure abondante qu’il lisse de la paume de ses mains au-dessus des oreilles.
C’est maintenant qu’il se sent prêt. Il tire sur les rênes et hue la bête : l’attelage s’arrache, ça crisse sur le gravier, cliquette du licou et c’est parti.
Ça caracole un peu dur quand même sur le chemin de terre, mais la départementale goudronnée est tout de suite atteinte.
Au croisement on tire sur les rênes. La bête s’arrête. A droite comme à gauche pas de trafic gênant. On traverse. L’attelage prend la direction de la ville.
Une brise légère caresse la peau, fait du bien, ils en sourient d’aise. Des papillons blancs volettent dans les prés alentour, les oiseaux pépient dans l’air. La jument à la robe fauve, aux pattes de danseuse, va son pas, crinière flottante, sabots claquant tranquille sur le bitume. On oublie les échos de la guerre aux frontières. La journée s’annonce belle vraiment. A cette heure, il n’y aura pas trop de monde dans le magasin, elle en est convaincue… et satisfaite, aussitôt elle ouvre son sac à main de toile bordeaux qu’elle s’est fabriqué, à la mode. Elle en est fière. Elle l’a posé sur le bout de ses genoux contre son ventre. – « il te plaît » ? elle demande, fine mouche, car elle est sûre de sa réponse ; l’esprit égrillard, il ouvre la bouche pour répondre quand soudain la jument fait une embardée sur la gauche, traverse la route, fauche le cycliste qui vient d’en face. La bête se cabre, hennit, s’emballe, file incontrôlable et les emporte, fantoches tressautant dans un branlebas d’enfer. « De Dieu ! » qu’il hurle épouvanté « C’est pas vrai ! ». Les roues tremblent, sautent, retombent… Elle, hurlante, les entrailles ballotées, secouées, déchirées, se plie, se recroqueville, les mains accrochées à son ventre, sur l’enfant qu’elle couve depuis des mois.
En arrière le cycliste gît sur la route comme un paquet oublié. Sirènes, ambulance, gendarmes, on les ramène chez eux. Le procès viendra plus tard. La nuit, à trois heures Marie qui est debout encore dans l’épouvante, ne peut dormir, quand soudain Antoine l’entend hurler – « Antoine ! »
Subit et lourd, un flot d’eau tombe de son ventre, coule le long de ses cuisses, de ses jambes tremblantes :
Deux toutes petites choses de chair mouillée, cramoisies et fripées viennent au monde, hurlent à la vie. L’une d’abord… puis un quart d’heure plus tard, « l’autre »… l’inattendue !
* * *
La catastrophe les avait tellement pris à la gorge, eux, les parents, tellement ahuris de souffrance, privés de répartie… qu’ils n’avaient même pas su quel prénom donner à la deuxième.
L’index de Lilette alors vite posé au hasard du calendrier avait résolu le problème : Julie.
Ce serait Julie.
* * *
Ç’avait été pour elle, Lilette, comme une enfant qui lui serait née.
Un bouleversement.
(Beaucoup plus que des amis Antoine et Marie… comme une famille d’adoption.)
Un phare dans l’avenir.
Martin son mari, ne voulait pas de gosse.
Chapitre II
Il était midi quand trois mois plus tard, Antoine et Marie avaient eu besoin d’elle (l’hôpital à nouveau pour Marie)
Tout de suite, un fichu attrapé à la va-vite sur le dos d’une chaise de la salle à manger, la clé dans sa poche de blouse, elle part chez eux, à « Chambout » à pied et en pleine chaleur, moitié marchant, moitié courant, sur trois kilomètres de chemins de traverse.
Quand elle arrive, elle est tout essoufflée, tout en sueur et rouge encore, à cause de l’émotion, un rouge vif de peau blanche, comme écorchée qui brûle et ne bronze jamais.
Pas vraiment belle Lilette, mais un quelque chose en elle qui retient, de fines chevilles, un magnétisme au creux des reins, troublante aussi à cause de ses yeux d’aigue-marine certes un peu suspicieux quand elle ne connait pas ; mais un beau sourire, une crinière d’or sous le soleil
En réalité Lilette s’appelle Aurélie.
Aurélie Bataille, mais dans le bourg on l’appelle Li, ou Lilette ou bien la femme de Martin – Martin Chapelle – ou encore la fille de Rose.
Dans l’immense salle campagnarde quand elle arrive, les volets sont restés fermés. Le silence semble s’être comme déposé depuis longtemps avec l’ombre.
Ses yeux trop clairs, encore pleins de soleil, ont du mal à s’habituer ; enfin elle le découvre lui, ce cher Antoine, dans le fond de la salle, debout près du landau, le dos raidi, les yeux secs et rougis comme écorchés d’insomnie ; d’un signe de tête il montre : deux anges endormis pour l’instant.
Elle ne trouve pas les mots pour rassurer, alors elle n’insiste pas – inutile de tergiverser – : le landau bien en main, la capote de toile marine relevée, et tout pour les rafraîchir, elle les emmène.
Quand elle ouvre la porte pour sortir, landau en avant, la chaleur dehors lui saute à nouveau au visage.
Une des plus belles natures pourtant qu’on connaisse ici en cette saison, mémorable, qui « nique » la guerre, mais dont le feu solaire, depuis un mois, pompe l’énergie de la terre et des hommes.
Les pieds solides, de la vigueur plein les reins, elle pousse le landau, se hâte, jambes nues, sandales de corde aux pieds, traverse la Place du Tilleul, les roule à travers les prés et les champs sur des chemins de croûte terreuse et de cailloux, d’aspérités impossibles, sans compter encore, « saloperie » les fréquents nids de poule à éviter et toujours le même dénivelé.
Mètre par mètre elle avance, ou presque… le premier kilomètre est le plus dur. Nuque en avant, elle ne fait qu’un avec la poussette.
Du sol pierreux, elle en épie les moindres obstacles, prospecte, les contre, en modère les effets, les mod

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