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Edilivre - Myah Elan

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162 pages

Français

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Extrait

Description

Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir des abonnés sur Instagram ?

À l’approche de son trentième anniversaire, Hilary, instagrameuse, jure d’avoir un million d’abonnés et décrocher un contrat qui la classera parmi le top des influenceuses les plus connues d'Instagram.

Dans sa quête désespérée de nouveaux abonnés et de partenariats, elle va taguer involontairement dans une publication un inconnu, Laurent.

Celle qui vend du rêve aux autres ne s’attendait pas à cette imprévisible descente aux enfers entre le virtuel et la réalité.

Sujets

Actualité

Fiction

Littérature

Informations

Publié par	Edilivre
Date de parution	01 juillet 2020
Nombre de lectures	1
EAN13	9782414445271
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright

Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44526-4

© Edilivre, 2020
1
Il était quatre heures de l’après-midi, la Promenade des Anglais était déjà bondée de gens. Tous les sièges face à la mer étaient occupés, malgré le vent qui soufflait à 70 km/h. Personne n’osait s’aventurer sur la plage. La mer déchainée et les vagues sur les roulis sourds des cailloux offraient un spectacle sensationnel que tout le monde se contentaient d’admirer au loin. Quand la mer était en fureur mieux valait garder ses distances.
En dépit des rafales de vent, Hilary était la seule à vouloir s’aventurer sur la plage. Quand une grosse vague vint s’échouer brutalement sur la digue, la jeune femme eut un moment de lucidité et se demanda si elle n’était pas en train de devenir paranoïaque. Jusqu’où irait-elle pour faire plaisir à ses followers 1 et obtenir plus de « like » ? Elle s’était interrogée souvent en ces termes et connaissait la réponse par cœur. Elle était prête à aller jusqu’au bout. « Ce n’était pas le moment de se dégonfler », pensa-t-elle. Le challenge était lancé sur Instagram, elle voulait le relever. Son but était d’atteindre un million d’abonnés avant ses trente ans. Son anniversaire était dans exactement sept mois et sept jours. Hilary connaissait le nombre de mois, de jours et mêmes d’heures restantes pour son anniversaire, elle les calculait minutieusement à l’aide d’une application compte à rebours, installée sur son « smartphone ».
Encore une fois, la jeune femme observa la mer remuant dans tous les sens et se demanda pour la énième fois : « J’y vais ou je n’y vais pas ? ». En se rappelant la promesse faite à ses cinquante-six mille abonnés, elle descendit une première marche d’un pas hésitant, puis de plus en plus déterminée, elle avança vers le rivage.
Des challenges, la jeune femme, en avait relevé plus d’un, depuis qu’elle était instagrameuse, tel : Prendre une photo avec un serpent venimeux, boire dans le récipient de la brosse de toilette cul sec sans grimacer, faire un selfie au vol sur un passage clouté au moment où les feux passent au vert pour les automobilistes ou encore, celui qui a failli lui coûter un procès : un selfie sur les rails du train. Avec cette photo, elle fit le buzz sur Instagram pendant un mois, gagna dix mille abonnés et le surnom de « la femme intrépide ». Hilary était décidée d’assumer et de garder ce sobriquet. Bien qu’au fond, elle rêva de ne plus avoir recours à ces procédés pour gagner des abonnés.
Arrivée sur le rivage, Hilary accrocha son sac à la colonne de douche de la plage. Les vagues poursuivaient leurs mouvements erratiques. Elle enfonça les pieds de son trépied dans les cailloux pour ne pas être arraché par le vent, ajusta sa position, puis procéda aux réglages.
Une fois son caméscope installé, la jeune femme passa au plus dur, celui de se mettre en maillot de bain et plonger dans la vague sans émettre des signes de frémissement.
En ce mois de mars, par ce temps venteux, personne n’osait s’aventurer dans la mer, la température de l’eau était glaciale, pas plus de 10° C. En dépit du froid qui lui donnait la chair de poule et les vagues aussi menaçantes les unes que les autres qui s’abattaient sur les cailloux, Hilary était plus que décidée, elle voulait le faire et ne se laisserait pas intimider pour rien au monde. Elle activa son minuteur, avança vers la mer en humidifiant son visage, sa nuque. Elle attendit patiemment qu’une houle se forme. Un, deux, trois et hop ! La jeune femme sauta d’un bond sans réfléchir. Elle ressentit une vive sensation de brûlure qui se traduit par une plénitude à mesure qu’elle se laissa bercer par la vague. Elle flirtait avec la mort, elle le savait pertinemment. Avant de se livrer à ce challenge elle avait fait des recherches sur les risques encourus par les nageurs en faisant du « shore break ». Elle pouvait tout à coup se retrouver tétraplégique ou subir un traumatisme crânien et cervical en sortant de la vague. Elle avait lu un tas d’articles là-dessus. À la dernière minute, elle faillit se raviser, mais en consultant les chiffres du taux d’accidents de ce genre survenus à Nice, elle fut vite rassurée, ce n’était pas tous les jours que la ville bénéficiait de ces genres de vagues. D’habitude, la mer était calme. Ce genre de mésaventure était plus courant au Sud-Ouest de la France ou les Pyrénées-Atlantiques, bien que, le risque zéro n’existait pas Hilary priait dans son cœur qu’elle s’en sorte indemne comme toutes les autres fois. Elle avait regardé plusieurs vidéos sur le body surf, elle connaissait par cœur les techniques pratiquées pour sortir de la vague, mais entre le dire et le faire il y avait un monde de différence.
Elle commença à compter dans sa tête, un, deux, trois, puis à la vie ou à la mort ! Elle sortit de la vague en tournant à l’opposé du déferlement de cette dernière. En s’éloignant de la mer, la jeune femme poussa un « houhou », suivit des applaudissements de quelques personnes qui admiraient sa prouesse. Hilary ne s’était jamais sentie aussi reconnaissante d’être vivante. Elle ne renouvellerait pas cet exploit pour rien au monde. Elle avait l’impression de s’être retrouvée aux entrailles de la terre, de la mer et de l’enfer. Les personnes continuaient à applaudir tout en émettant des sifflements admiratifs. Elle était contente d’avoir vaincu sa peur en allant jusqu’au bout, elle se dit que les applaudissements du public produiraient un impact positif sur ses followers dans sa vidéo. Elle était sûre et certaine de gagner une centaine d’abandonnés et avoir plus de cinq cents mille vues. Dire qu’en la voyant sauté dans la vague, certains promeneurs inquiets se préparaient à appeler les POMPIERS si elle n’arrivait pas à sortir de l’eau. Hilary, bonne instagrameuse remercia le public avec un large sourire tout en grelottant, elle savait par expérience que quoi qu’il arrive il faut toujours faire bonne figure. Sourire, afficher le masque de la belle jeune femme que rien ne perturbait. Elle avait hâte de se retrouver au chaud, elle s’essuya et s’habilla rapidement. Elle s’était munie d’un manteau d’une grande marque pour les circonstances. Après le sourire en toutes circonstances, Hilary savait aussi que les accessoires de marque de luxe, étaient l’une des pièces les plus importantes pour une fashionista. Disons, la plus importante. Elle remballa son matériel sans prendre le temps de vérifier la vidéo. La jeune femme se répéta que si l’enregistrement n’était pas une réussite, pour une fois, elle s’avouerait vaincue. Ce n’était pas le genre de prouesse qu’on reprenait à sa guise.
Hilary regagna sa voiture tout en évitant minutieusement le regard des passants, bien que son maquillage soit « waterproof » après un bain de mer, la jeune influenceuse avait toujours l’impression de ne pas être sous son meilleur jour. Hilary était une très belle jeune femme, mince, grande, très grande, 1,80 m, les yeux marron clair, blonde d’origine, elle changeait la couleur de ses cheveux au gré de ses fantaisies : rousse, brique, brune, châtain… Si la jeune femme changeait de couleur et de coupe de cheveux, depuis ses dix-neuf ans, son style vestimentaire était le même : BCBG. La classe, l’élégance et le luxe. Elle était attirée par tous les vêtements et les accessoires de luxe. Il lui fallait cela pour se sentir exister. Être vêtue de marque, les commentaires élogieux de ses abonnés et le regard admiratif des hommes étaient son oxygène, sans cela elle s’asphyxiait.
Elle entra dans son studio situé au cinquième étage d’un immeuble à la rue Malausséna. Son appartement faisait 30 m2 de surface, il était lumineux et décoré avec soin. Son armoire occupait le quart de la surface, malgré cela, elle était obligée de se débarrasser de certains habits, il lui manquait toujours de l’espace. Toutes les saisons, ses partenaires lui faisaient parvenir des vêtements qu’elle portait, tout en prenant des photos pour poster sur Instagram. Au départ elle était contente d’avoir attiré l’attention de ces marques, mais maintenant elle aspirait à toucher un public plus luxueux. Elle commençait à avoir assez d’être dans la moyenne, elle voulait toucher le jackpot en arrivant à vivre aisément de ses publications comme certaines influenceuses. Jusque-là, la jeune instagrameuse n’était pas à plaindre. Avec ses photos et son partenariat avec deux marques de vêtement dans le milieu de gamme, elle payait son studio et ses autres dépenses. Mais la jeune femme rêvait de la grande vie, elle voulait ne plus avoir à participer à des challenges bidons pour gagner des abonnés. Elle voulait être célèbre, devenir actrice de téléréalité, être un sex-symbol. Hélas ! Elle eut beau tagger les boutiques de marque dans ses publications aucune d’entre elles ne la contactait pour lui proposer un contrat. Sans se décourager, elle continuait à espérer en secret qu’un jour, elle finirait par éveiller leur intérêt. Le jour où elle aurait son million d’abandonnés.
Hilary prit une douche, s’habilla, se maquilla avec soin, puis s’installa devant son ordinateur portable pour éditer la vidéo. En tant qu’instagrameuse invétérée, elle savait qu’elle devait soigner ses photos ainsi que ses vidéos avant de les publier. C’était son gagne-pain, elle y consacrait tout son temps et tout son amour.
En visualisant la vidéo initiale sur son portable, la jeune femme était contente du résultat, elle était sûre qu’après l’avoir retouchée, elle referait le « buzz ». Elle passa plus de deux heures à l’éditer ensuite elle la transféra sur son téléphone tout en prenant le soin d’insérer plusieurs mots précéder du « # » diez, appelé en jargon informatique