Jusqu à la dernière page
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Description

Louise et William, un couple d’auteurs autrefois à succès, ne partagent plus rien. Leur maison d’édition leur confie alors la tâche d’achever un étrange manuscrit : il contient sept histoires tragiques, toutes sur fond de passion amoureuse, écrites dans un style éblouissant. Mais la dernière nouvelle, celle qu’ils doivent achever, se révèle être le début de leur propre histoire : leur rencontre. Se prenant au jeu, ils poursuivent la rédaction de leur vie, jusqu’à ce que William réalise que les six premières histoires du livre sont réelles, conférant une force prémonitoire à l’ouvrage. Tandis qu’il tente d’en avertir Louise, cette dernière disparaît avec le livre, ne lui laissant qu’une adresse inconnue. William se lance alors dans une enquête digne de ses premiers romans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782334088220
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08820-6

© Edilivre, 2016
Jusqu’à la dernière page
 
 
Louise ouvrit avec force la porte de l’appartement, jeta son sac dans un coin et s’affala sur le canapé. William, qui la suivait, s’assit sur une chaise un peu plus loin en l’observant du coin de l’œil. Il entreprit d’ouvrir le courrier qu’il tenait à la main et hésita quelques instants avant de briser le silence.
– Encore une facture.
– Comme si on avait les moyens de la payer.
William ne répondit pas. Il se contenta de poser la lettre sur les autres. La journée avait été difficile et Louise, bornée comme à son habitude, refusait de le regarder. Il se leva, se servit un verre et lui en proposa un. Elle fit semblant de ne pas l’entendre.
La maison d’édition leur avait clairement signalé qu’ils avaient trop tiré sur la corde. Ils avaient jusqu’à la fin du mois pour rendre un bon manuscrit. La faillite menaçante ne permettait pas à l’entreprise de perdre son temps avec des petits auteurs incapables d’écrire, comme leur avait fait comprendre de façon peu subtile leur agent.
– Lou, arrête de faire la tête. On savait bien que ça finirait par arriver.
Cette fois, elle lui jeta un regard noir.
– Pas moi. Je pensais que tu arriverais à te ressaisir avant qu’on te pointe un flingue sur la tempe.
– Que j’arriverais à me ressaisir ?
– Ça fait des semaines que tu es incapable d’écrire le moindre scénario pour tes foutues histoires policières.
William décela une trace de mépris dans sa voix et la dévisagea. Ses traits étaient aussi durs que son regard semblait froid. Elle le tenait apparemment pour responsable de tout ce qui se passait mal dans leur vie.
– Je te rappelle que nous écrivons à deux, rétorqua-t-il.
– Ça ne change rien au fait que nous n’aurions sûrement pas tant de problèmes si tu faisais ta partie du boulot correctement William.
– Parce que tu crois qu’il est facile d’intégrer tes petites histoires à l’eau de rose, vues et revues, dans un scénario ?
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
– Juste que j’ai du mal à me concentrer sur une intrigue quand je passe mon temps à me demander dans quel livre j’ai déjà lu tes idées.
– Je t’interdis de dire ça.
L’indignation avec laquelle elle avait prononcé ces mots inspira à William une curieuse envie de rire mais il se ravisa. Lou s’était levée et le fixait maintenant avec un regard où se mélangeaient colère et défi. Cela faisait des semaines, peut-être même des mois que la tension montait entre eux. Ils étaient incapables d’écrire ensemble à nouveau. Ils s’étaient perdus quelque part et s’éloignaient un peu plus chaque jour. Une autre dispute violente les pousserait un peu plus encore sur le fil du rasoir. William fit une vague tentative pour apaiser la situation.
– Un livre, Lou, il suffirait d’un livre. On peut le faire. On l’a déjà fait.
Mais Lou n’avait aucune intention de se calmer. Elle se dirigea vers le bureau où traînaient en vrac tous leurs travaux et le balaya d’un coup de main. Toutes les feuilles s’envolèrent et retombèrent sur le sol de l’appartement.
– Lou, qu’est-ce que tu fais ?
– Je jette tous ces manuscrits, de toute façon ils ne valent pas un clou, tu as entendu Claudine.
– Lou, tu fais n’importe quoi.
– Tu sais, certains jours je me dis que je n’aurais jamais dû t’épouser. Tu n’as aucun talent finalement, toutes ces histoires sont plates et improbables. Je suis sûre que je serais un bien meilleur écrivain sans toi…
Sa voix s’éteignit et pendant quelques secondes, aucun des deux ne dit rien. Lou sortit de sa rêverie, se pencha, ramassa quelques feuillets et se mit à les déchirer dans de grands mouvements. Cette fois, elle allait trop loin. Mais pensait-elle vraiment tout ce qu’elle disait ?
William se leva pour lui faire face. Il lui attrapa les poignets pour l’empêcher de continuer et lui dit d’une voix calme :
– Arrête ça tout de suite.
– Sinon quoi ? Je ne vois pas ce que tu peux faire de plus, tu gâches déjà ma vie en plus de rater la tienne.
William craqua.
– Lou, tais-toi !
Elle se débattit et il lâcha ses mains. Un bruit de verre brisé leur fit prendre conscience de la situation. Lou venait de faire une victime collatérale ; un de ses grands gestes avait déséquilibré un cadre sur le bureau et avait précipité sa chute. Elle se calma. Elle regarda son mari droit dans les yeux et prit sa voix la plus froide.
– Je vais me coucher. Pas la peine de me suivre.
Elle claqua la porte derrière elle. William se retrouva seul dans la pièce à vivre de l’appartement. Il resta immobile pendant quelques secondes avant de retrouver ses esprits. Il se mit à ramasser les feuilles que Lou avait jetées à terre. Il savait très bien qu’elle n’avait pas complètement tort. Ses histoires manquaient de piquant, de mystère et n’auraient tenu personne en haleine. Elle-même devait probablement avoir conscience de son propre manque d’inspiration. Mais ils étaient tous les deux trop fiers pour l’admettre et donner raison à l’autre. Si seulement ils pouvaient enfin réussir à en discuter calmement. Pourtant, plus les factures et la frustration s’accumulaient, plus leur ego les rongeait, comme si c’était la seule chose qu’il restait à sauver dans le naufrage qu’était leur vie de couple.
Il reposa les papiers sur le bureau et s’attaqua au cadre. Il ramassa les éclats de verre et remit le cadre en bois à sa place. La photo manquait. Elle avait glissé sous une armoire et il la récupéra difficilement. Soudain, le passé lui sauta à la gorge. L’image les représentait, lui et Lou, le jour de la sortie de leur roman. Ils étaient enlacés, tenaient chacun l’extrémité du livre et souriaient comme on sourirait le plus beau jour de sa vie. Il garda le cliché en main et s’allongea sur le canapé.
William avait commencé à écrire des histoires policières bien avant que lui et Lou ne se rencontrent. Il aimait à penser que son côté sombre et pragmatique pouvait l’aider à comprendre les meurtriers et leur logique, mais les quelques amis qui lisaient ses écrits les jugeaient toujours trop froids, trop techniques et sans véritable âme. Il avait été incapable de se faire publier ou de remporter un quelconque concours d’écriture amateur. Cela dit, il n’avait jamais eu le sentiment que quelque chose lui manquait. Et pourtant. Un voyage en Corse, et une plongée sous-marine avaient changé sa vie.
Il y avait fait la connaissance de Lou, cette fille pétillante, spontanée et rêveuse. Tout ce qu’il n’était pas. Il faut croire que les opposés s’attirent véritablement puisqu’il était tombé amoureux. Elle écrivait elle aussi, mais elle préférait les histoires d’amour inspirantes, au risque de manquer de profondeur. Ils avaient finalement décidé de combiner leurs talents. Et leurs histoires avaient du succès. Les histoires policières sur fond de passion amoureuse plaisaient vraiment beaucoup, au point qu’ils avaient décidé d’en faire un recueil de nouvelles. Un éditeur avait été enthousiasmé et leur livre était sorti.
Cette période avait été la plus belle de sa vie. Un magazine avait qualifié leur production de « chef d’œuvre » et les revenus engendrés leur avaient permis d’acheter l’appartement dans lequel ils vivaient aujourd’hui. Il avait fait sa demande à Lou lors d’une interview télévisée, devant la France entière et ils s’étaient mariés peu de temps après. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. En tout cas jusqu’à ce qu’ils se réessaient à écrire ensemble. Ce à quoi ils avaient échoué, de toute évidence.
Depuis, la maison d’édition leur mettait la pression pour les voir publier un nouveau roman à succès. Les factures s’accumulaient. La pression montait un peu plus chaque jour, les éloignant un peu plus du bonheur qu’ils avaient pu connaître un jour.
William s’endormit sur le canapé, une fois de plus.
* *       *
Dix heures cinquante. Cette fois, ils ne pouvaient plus reculer, pensa William. Depuis qu’ils avaient reçu le message de leur agent les convoquant au siège de la maison d’édition, il avait essayé par tous les moyens de se persuader que ce n’était rien de grave. Il avait formé dans son esprit toutes sortes de scénarios pouvant expliquer cette convocation, tous plus improbables les uns que les autres. Son imagination avait construit une barricade pour le protéger de la réalité. Mais tous ces efforts étaient inutiles, puisqu’au fond il savait bien que c’était la fin.
Il regarda sa femme qui achevait de se préparer. Ses gestes étaient plus lents que d’ordinaire. Elle toujours si vive, si légère, l’oiseau plein de gaieté qui l’avait envoûté autrefois, semblait porter sur ses épaules le poids du monde. Cette maudite convocation avait brisé quelque chose entre eux. Plus de disputes, plus d’échanges, fussent-ils violents et cruels. Louise opposait à son inquiétude une froide distance. Elle se réfugiait dans ses pensées, faisant régner dans l’appartement un silence qui glaçait William. Il connaissait bien sa Lou, et sentir son angoisse sans être autorisé à la réconforter le remplissait de désespoir. Sentait-elle comme lui le dénouement de leur carrière et de leur vie commune approcher ? Se préparait-elle déjà à le quitter ?
Il la suivit finalement au-dehors. La porte de l’appartement claqua derrière eux sans qu’ils ne sursautent. Ils ressemblaient tous les deux à des automates, insensibles à la ville autour d’eux, son énergie et les mille bruits dont elle résonnait. Ils prirent le chemin de la maison d’édition comme tous les matins. William frissonna en pensant qu’il s’agissait sans doute d’une des toutes dernières fois qu’ils prenaient ce chemin ensemble. A nouveau, il tourna les yeux vers Louise, espérant saisir une émotio

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