Jo ! Tu es terrible
252 pages
Français

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Description

Si notre Georges avait été un fascinant acteur de cinéma comme Georges Clooney, un incontournable homme d’État à l’image de Georges Clémenceau ou de Georges Bush, mieux encore, un sulfureux joueur de football comme Georges Best, alors, la plus banale de ses décisions, la plus infime de ses incartades, le moindre de ses exploits auraient fait la Une des journaux, parcouru le tour de la Terre grâce aux ondes universelles colporteuses de toutes les nouvelles, et submergé, en tous lieux et à toute heure, la multitude des écrans, petits et grands...

Mais, n'est pas Georges qui veut. Pour faire de sa vie au quotidien une formidable vie ordinaire, Jo n'a qu'une richesse : son incroyable élan vital...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332775887
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77586-3

© Edilivre, 2015
Dédicaces
 
 
A ma sœur, à mes frères,
Mais aussi à nos enfants et nos petits-enfants…
A nos amis, à nos rencontres…
Pour qu’ils n’oublient jamais…
Que…
Sèm estatjats per aqueles que nos aimèron. 1
1.   Occitan  : Nous sommes habités par ceux qui nous ont aimés.
 
 
Si notre Georges avait été un fascinant acteur de cinéma comme Georges Clooney, un incontournable homme d’état à l’image de Georges Clémenceau ou Georges Bush, mieux encore, un sulfureux joueur de football comme Georges Best, alors, la plus banale de ses décisions, la plus infime de ses incartades, le moindre de ses exploits auraient fait la Une des journaux, parcouru le tour de la Terre grâce aux ondes universelles colporteuses de toutes les nouvelles, et submergé en tous lieux et à toute heure la multitude des écrans, petits et grands.
Mais notre Georges,-n’est pas Georges qui veut-, c’est tout simplement : Jo.
Ni artiste, ni homme politique ; ni génie, ni sportif de haut niveau ; ni mécène ni acteur de cinéma ; Jo est un homme ordinaire.
Pas de légion d’honneur. Pas de trouvaille. Pas de fortune. Pas de grande œuvre. Une vie ordinaire.
Une formidable vie ordinaire.
 
 
A tous les anonymes, riches d’une vie ordinaire…
Ils permettent aux illustres d’exister !
Avant-propos
« De la Montagne Noire à la Forêt Noire ».
C’est le titre que Jo a lui-même donné, dans son album photos, à ses inoubliables années de jeunesse guerrière.
Il souhaitait tellement que nous devenions ses passeurs de Mémoire…
Comment ne pas tenir la promesse faite à l’éternel Résistant…
Pour Jojo comme pour ses frères d’armes, la vie du Corps Franc ne s’est pas arrêtée à la fin de la guerre. Les survivants se sont retrouvés pour se souvenir, pour commémorer, pour honorer ceux qu’ils avaient vu tomber à leurs côtés… Et pour passer la flamme.
C’est étrange, le temps s’écoule, leur courage et l’amour de leur pays se diluent dans les mémoires, et il arrive, hélas, que les « honorés » ne soient pas toujours, ni forcément, les authentiques…
Alors que vous, au moins, les lecteurs ordinaires de ces souvenirs de gens ordinaires, vous sachiez ce que furent l’engagement et la guerre de Jo.
Pour le reste ?!
La vie d’aujourd’hui nous façonne à oublier que nous ne sommes pas éternels. Et Jojo était de ceux-là qui narguent la Faucheuse, au-delà de l’imaginable… Au-delà de l’imaginable, il a gagné bon nombre de ses combats avec Elle. Mais, comme tout un chacun, il a perdu le dernier.
Il nous a beaucoup, intensément appris à résister et à vivre… Il ne pouvait pas nous apprendre à mourir.
Alors ses combats, qu’il était impossible de ne pas soutenir, tant l’élan vital de notre père était dominateur, ses combats s’évaporeraient eux aussi dans l’oubli, au fil du temps ?
Cette pensée est insoutenable.
Avec Jenny et Jo, il fallait entamer une dernière et ineffaçable conversation. Impossible d’y échapper !
Il fallait que nos enfants et les enfants de nos enfants, puissent bavarder avec eux s’ils en ressentaient, un jour, le besoin. N’importe quand, n’importe où.
Il fallait qu’ils sachent et ne puissent plus oublier que Jo, l’homme à qui « le loup avait mangé les jambes » 2 , Jo ! C’était Quelqu’un.
Cependant… Jo n’est pas le héros d’un roman. Peut-être aurait-il pu l’être ? Il nous aurait alors échappé.
Non. Jojo n’est pas un héros. Il est terriblement humain et nous enveloppe encore, tous, d’une incroyable et bien réelle présence. Il nous appartient…
Jo, c’est aussi… Notre vie !
2. C’est ce que Jojo disait à ses arrière-petits-enfants !
De la Montagne Noire A la Forêt Noire
I
Tournée vers la fenêtre dont elle absorbe l’essentiel de la lumière, la haute et imposante silhouette de Jojo, immobile, surveille la 2CV cahotante du beau-père 3 qui se gare laborieusement dans le petit jardin. Jojo hoche la tête et laisse échapper un soupir agacé :
– Ils arrivent. Tes parents et ma mère. Ne râle pas ! Aujourd’hui, pour la communion 4 de notre aînée, on ne pouvait pas y échapper !
Jenny tourne vers son époux un visage crispé :
– Je sais. J’espère seulement que ta mère ne va pas gâcher la fête…. Une fois de plus !
– T’inquiète pas, je m’en occupe !
– C’est justement çà qui m’inquiète. Tu ne fais pas toujours dans la dentelle !
Georges hausse les épaules. Jenny se force à sourire et va ouvrir la porte aux invités du jour… Elle essaie de ne plus penser aux dernières et catastrophiques rencontres avec Marthe.
Marthe. Pour ne pas la fâcher, ses petits-enfants doivent l’appeler : Grand-maman. Encore jeune, fière, et toujours tirée à quatre épingles, elle semble regarder Jenny de haut…
Et Jenny ne le supporte pas.
Marthe n’adore que Josy, sa petite-fille. Josy a droit aux cadeaux, Josy a droit aux éloges, Josy reçoit toute la tendresse de sa brune grand-mère au port altier, qui la chérit comme une princesse ! Mais auprès de Josy, ses frères intimidés et muets ouvrent grand leurs yeux. Ses frères que Marthe ne voit pas, ses frères que Marthe n’entend pas. Après avoir si mal aimé son fils, Marthe ignore ses petits-fils !
Décidément non ! Jenny ne le supporte pas.
Et il y aura une fois de trop ! Une fois terrible où, sous le regard solidaire de Jojo, Jenny, exaspérée, va envoyer voler par la fenêtre ouverte les cadeaux que la grand-mère, si sélectivement généreuse, apportait à sa petite-fille :
– Et ce sera la même chose chaque fois que vous oserez gâter notre fille en oubliant vos petits-fils !
Jojo, explosif de rage contenue, invitera sa mère à débarrasser le plancher…
Mais Marthe ne doute de rien et certainement pas d’elle-même ! Quand, malade, elle recevra à son tour la visite de Jo et Jenny, plus ou moins compatissants, le regard dur adouci par une voix mielleuse, elle n’hésitera pas à supplier :
– Georges, mon cher fils, tu dois comprendre qu’après ce qui s’est passé, je ne peux pas accueillir ton épouse à mon chevet. Tu dois donc la prier de sortir.
– C’est ce que je vais faire ma chère mère, mais je vais m’en aller avec elle !
La colère gronde dans la voix de Jojo. Mais, la petite est là ! Mâchoires serrées, le visage cramoisi, déformé par une fureur qu’il refoule difficilement, le « cher fils », suivi par Jenny bouleversée, claque la porte. Leur fille, si jeune soit-elle, perçoit cependant, sans bien comprendre, que se joue devant elle une compétition malfaisante. Un élan de tendresse solidaire la pousse vers sa mère, et cette grand-mère, tout à coup, lui fait peur !
Bon an, mal an, les liens se distendent mais ne rompent pas ! Un miracle !
Aussi, aujourd’hui, comme il se doit, Marthe est invitée à la communion de sa petite fille. Communion huguenote, cela va sans dire pour cette grand-mère attachée à sa religion au-delà du raisonnable. Une fête dans l’intimité, sans cadeaux extraordinaires, sans excès de gourmandises, sans blagues de mauvais goût. Une fête dans la sérénité familiale et l’austérité protestante. Marthe est loin de se douter qu’à cette occasion, Georges, même s’il n’a jamais formulé sa pensée, lui offre la dernière chance. La dernière chance de se révéler une grand-mère comme toutes les grands-mères. Une simple grand-mère affectueuse et souriante. Une grand-mère normale !
– J’ai eu honte de ma petite-fille pendant la cérémonie religieuse ! Cette enfant ne portait pas des vêtements dignes d’une jeune communiante ! Tous étaient en blanc ! Sauf elle 5 ! Cette toilette sans discrétion ! Et ces talons, bien trop hauts !
Eh bien voilà ! C’est raté ! Définitivement, Marthe vient de signer sa mise au ban.
Josy, la communiante du jour, voudrait gifler cette grand-mère donneuse de leçons qui ne sait pas se tenir à sa place.
Jenny, exaspérée, cherche un soutien dans les yeux de Georges. Armand essaie de parsemer l’atmosphère d’effluves de tendresse :
– Le jour de la communion, ce qui compte, c’est l’amour qui habite le cœur…
Josy lui sourit avec gratitude. Le Pépé Armand, contrairement à Marthe, ne réveille en elle que des moments de bonheur :
Les sauts héroïques dans les meules de paille avec les cousines ; les sadols 6 de cerises ou de figues, dissimulée par les feuilles de l’arbre, juste avant les repas ; la solide silhouette de ce petit grand-père, campée dans le champ, jambes écartées et outil au-dessus de sa tête, dans l’attente de cette foutue taupe qui détruit ses légumes ; ses bavardages avec mémé Lina dans la belle langue de chez eux !
Mais Georges, lui, n’est pas d’humeur bucolique ! Malgré la tempête qu’il sent déferler de son crâne à la pointe de ses pieds, malgré un cœur qui bat en accéléré, il ferme plusieurs fois ses paupières, va puiser son souffle au plus profond du ventre et des poumons, puis fixe sa mère droit dans les yeux :
– Tu ne dis plus rien. C’est un ordre ! Nous règlerons les comptes plus tard.
Un silence gêné s’écrase sur le repas de fête. Même si s’activent couteaux et fourchettes, l’appétit a déserté le tour de la table.
Peu à peu, cependant, les bavardages des enfants et leur insouciance naturelle gagnent du terrain. Le pépé Armand ne résiste pas à l’échange d’une chansonnette en « patois » avec les plus petits ; puis, il adresse un large et affectueux sourire à la jeune communiante :
– Sias plan polida ara 7 . J’espère que cela ne t’empêchera pas de venir saluer de temps à autre ton pépé et ta mémé !
Sourire ironique de Jojo. Il sait bien ce qu’Armand vient de dire à Marthe, sans en avoir l’air :
– Lina et moi sommes les plus heureux des grands-parents quand les pitchons 8 nous appellent naturellement : Pépé et Mémé.
Marthe ne passera plus le seuil de la maison de son fils.
Jojo rumine… à voix haute.

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