Jeux d eau
37 pages
Français

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Jeux d'eau , livre ebook

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Description

Philippe apprend que sa mère est mohawk. Pendant un stage dans un laboratoire, il découvre un complot de dissémination de la peste sur Montréal. Aidé par un groupe de jeunes mohawks, il neutralise la menace bactérienne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mai 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9781925277555
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos
Sans prétention historique ou politique, ce récit fictif met en scène des personnages dont toute ressemblance avec des personnes réelles est le fruit de l’imagination de l’auteur. Les lieux où se passe l’action existent vraiment mais ne servent que de cadre, sans impliquer la responsabilité des entités sociales ou politiques mises en scène dans cette histoire.
Autant que possible, l’orthographe simplifiée est respectée. La plupart des accents circonflexes sont éliminés.(î û)
Copyright
© Les tableaux qui ornent la page frontispice (Plongée - 2009) et la page 20 ( Sans titre - 2001) sont l’oeuvre de E. P. Roussel et font partie de la collection privée de l’auteur. Toutes les photographies sont l’oeuvre et la propriété de l’auteur.
La copie, la reproduction et la modification du texte et des portions graphiques de « Jeux d’eau » sont interdites© Alain Panisset 2013
Passage
- Philippe, que savez vous de Ronsard ? 
- Vous n’êtes qu’un pédéraste monsieur ! 
Debout devant la classe, Philippe attaque cet enseignant qu’il déteste. Il refuse de se plier à ce sale jeu: l’interrogation orale du lundi matin.
Chez le directeur ! hurle le professeur, cramoisi, à moitié étouffé.
Il est expulsé. L’abbé directeur lui donne une lettre cachetée adressée à son père.
Philippe erre autour du collège et prend conscience de l’énormité de la situation. Incapable de rentrer à la maison, il se réfugie dans un cinéma.
Après une deuxième projection du « Monde du silence » de Cousteau il va finalement affronter son père.
Il a seize ans. Ses études prennent toutes ses énergies et la discipline de vie imposée par le collège le rend impatient et dissipé.
Quelque jours plus tard, il est inscrit dans un collège très bourgeois. Les valeurs politiques et les valeurs d’argent y dominent. Ses confrères conduisent une auto, lui, en est encore au vélo. Par contre, il devance la classe en grec et en latin. Peu doué pour les sports, il préfère une initiation au théâtre et aux débats.
Ses collègues sont intrigués par son teint mat et ses yeux en amande. Ses pommettes un peu saillantes suggèrent un peu de sang asiatique, mais à peine.
Face au collège, une pharmacie agrémentée d'un snack-bar attire les élèves qui viennent y manger à la sauvette. Interdit d’y aller; c’est un lieu de perdition, disent les bons pères jésuites.
Après le triste repas du midi au réfectoire du collège, la tentation est trop forte, Philippe cède quand même à la gourmandise, un sundae, c'est si bon. Le voilà assis sur un des tabourets du casse-croute.
Tout en versant les ingrédients dans le batteur électrique ls serveuse ne cesse de le regarder. Troublé et flatté, il la regarde lui aussi avec attention. Elle ressemble à Kim Novak, dans Vertigo de Hitchcock, pense-t-il. 
Il prend l'habitude de cette friandise lactée et revient au snack-bar de la pharmacie plusieurs fois par semaine. Un jour, il ose un sourire timide en réglant l’addition. En lui rendant la monnaie, celle qui est maintenant dans ses rêves d'adolescent lui glisse un billet : « 247-4218 ». Une fois dans sa poche, le papier lui brule la cuisse.
Vers huit heures, il signale le numéro.
Elle lui répond :
- Viens me voir. Je suis dans le building au-dessus de la pharmacie,  appartement 2. Viens. 
Philippe a les genoux qui tremblent. Pendant les dix minutes de marche qui séparent la maison où il habite de la pharmacie, l’adrénaline lui donne des palpitations. Il sonne. Elle ouvre. Il fait plutôt sombre chez elle. 
Il revit alors un scénario que son cerveau lui a appris dans ses rêves d’adolescents mais avec des variations nouvelles qui le font frémir. 
Plus tard, assis sur le tapis au milieu du salon, ils éclatent de rire.
- Tu peux partir, dit-elle.
 Je te rattraperai à ta prochaine visite à la pharmacie. Je viens de gouter à ta jeunesse. C’est un échange, j’espère. Mais reviens dans mes bras, viens que je te serre un peu plus longtemps. 
Apaisée, elle s’endort. Philippe se rhabille sans bruit et quitte l’appartement.
Il marche distraitement troublé par ces nouvelles émotions.
Elle ressemble vraiment à Kim Novak, pense t-il, mais je ne sais même pas son prénom. Sur la liste des locataires, dans l’entrée, je crois avoir vu K. Sands à l’appartement 2; mais K, pourquoi ?.  
J’ai peut-être tout imaginé, encore une fois.
Devant chez lui, il voit que la fenêtre du bureau de son père est encore allumée. Avant d’ouvrir la porte, il tente de chasser un vague sentiment de culpabilité.
Il ouvre. Son père l’accueille, l’embrasse et éclate aussitôt de rire. Dans sa petite bibliothèque il le fait assoir sur le divan. Son bureau est jonché de revues scientifiques qui affichent des titres reliés à la bactériologie.
Son père a de la difficulté à être sérieux; il prend Philippe par les épaules.
- Philippe, nous sommes chanceux de vivre entre hommes. En t’embrassant, j’ai respiré tous les parfums de cette amie qui t’a retenu si tard.
Allez, tu peux me regarder en face. Maintenant nous parlons d’homme à homme. Si ta mère avait vécu avec nous, tu t’exposais à une colère monumentale.
Je me souviens d’avoir vécu une histoire semblable à peu près à ton âge. Ma mère, dont le nez fin était bien connu dans la famille, m’avait assourdi de gifles. Elle criait à mon père que je sortais du bordel et qu’en plus du parfum de ces dames, je transportais probablement toutes les maladies honteuses du dictionnaire.
Heureusement, mon père la calma et m’emmena dans le petit salon dont il ferma la porte.
 Je vais reprendre maintenant ses propres mots. 
- Lorsqu'une mère se rend compte qu’elle perd son fils chéri dans les bras d’une étrangère, elle ressent un peu les mêmes sentiments qu’éprouve une femme à qui on arrache son bébé. De là la violence de sa réaction. Entre hommes, il s’établit plutôt une complicité. 
- J'ajoute, à la suite de mon père qu’il ne s’agit que d’un passage; je reste tout aussi affectueux et respectueux pour toi. Ma pudeur naturelle me fait respecter ta vie intime.
- Papa, merci de ton accueil. Il est maintenant bien tard. Pourrions nous reprendre cette conversation demain. Tu viens de soulever un rideau et j’ai bien hâte de savoir ce qu’il y a derrière.
- J'ai vraiment une mère, vraiment ? 
- Oui, Philippe. Ce sera à mon tour de te raconter une partie de ma vie que je n’ai jamais eu le courage de te faire partager. Dors bien, tes rêves seront maintenant plus doux et plus secs, dit-il en souriant.
Papa se raconte
Le lendemain matin, Philippe a le nez collé à la fenêtre de sa chambre. 
Il réfléchit à l'été qui arrive. Pendant ses vacances, il lavera la vaisselle du laboratoire de bactériologie. Une façon indirecte pour papa de maintenir sa surveillance, pense-t-il.
J’ai encore quelques mois pour y penser. J’aimerais mieux faire de la musique, chanter, danser. Mais comment résister à papa.
Il va à la cuisine, attiré par l’odeur du café. Son père est déjà à table. Il lit le journal.
Philippe, l’embrasse, se verse une tasse de café et engouffre deux  croissants généreusement tartinés de confiture.
- Écoute Philippe. J’ai réfléchi à notre échange et aux circonstances qui l’ont provoqué hier soir. ll fallait qu’un jour tu saches d’où tu viens. C’est une histoire assez longue mais il faut m’écouter jusqu’au bout. Tu  comprendras alors beaucoup de choses.
Pour la France, ma famille, mon père, tu sais déjà.
Le père abbé du monastère de la Trappe, écrit à ton grand-père : il a besoin d’un professeur de bactériologie pour l’école de médecine vétérinaire.
Pour le Maroc, la Légion, les épidémies, je t’ai suffisamment raconté ces vieilles histoires.
Mon arrivée au Québec te concerne beaucoup plus. À la gare Windsor de Montréal, je monte à bord du train d'Ottawa. Une heure plus tard je descends du à la petite gare de Como, en face d’Oka. Un bac traverse le lac. Je débarque au quai à côté de l’église.
Je porte ma valise jusqu’à une pension tenue par une famille Mohawk derrière l’église du village. Les aubergistes m’accueillent aimablement. Je fais une promenade de reconnaissanc : voilà la mairie, le presbytère, le bureau de poste et la maison du médecin du village. Des lieux importants dans l’histoire que je te raconte, tu verras.
La nuit tombe vite à l’automne. Je rentre à la pension. Dans ma chambre, j'écris à mon père.
Tu me suis ? Je t’endors ?
Le lendemain matin, je vais d'abord à la poste. Le guichet est dans le magasin général du village. J’achète des timbres. Derrière la grille je devine un très beau visage encadré par une chevelure très sombre. La postière porte le tablier réglementaire, jolie silhouette. Je colle les timbres sur l’enveloppe et je la lui tends. Elle l’oblitère. Le bruit du sceau sur le comptoir du guichet me reste dans la tête. Je marche jusqu’au presbytère. Je sonne. Une soubrette vient m’ouvrir et m’indique une chaise dans la salle d’attente. Et voilà le curé.
Je me présente à ce grand sulpicien à la voix tonitruante ; il veut d’abord savoir si ma famille m’accompagne. Ma réponse négative le met littéralement en joie. Immédiatement il me vante les qualités de la femme québécoise et m’offre de me présenter des compagnes !
Je lui exprime mes respects.
Je marche jusqu’à la maison du médecin du village.
Coup de sonnette ; la bonne m’indique la salle d’attente. Quelques clients attendent leur tour. Le médecin vient vers moi. Mon uniforme a attiré son attention.
Il me prend à bras le corps et m’embrasse sur les deux joues, tout fier de me dire qu’il connait bien les coutumes françaises.
- Le père abbé m’a prévenu de votre arrivée. Je sais aussi que nous avons quelques intérêts communs : la bactériologie, les chevaux. 
Sans plus attendre, il me conduit à l’écurie derrière la maison. Il y a là trois chevaux et un coupé Ford 1936.
- Mon père était maquignon. J’ai beaucoup de plaisir à faire un petit commerce des chevaux ; les autos me passionnent aussi.
Vous voyez ce traineau contre le mur ? Ici, çela s’appelle une sleigh et ce modèle pour deux c’est une sleig

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