Je cours et je m arrête là
126 pages
Français

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Je cours et je m'arrête là , livre ebook

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Description

Tout ce que vous trouverez dans ce livre est exact et rien n'est vrai. Lecteur, toi qui deviendras émérite au fil des pages, ne te confonds pas avec les héros s'ils en sont, ne tente pas de rapprocher ta vie de celle de ces personnages, ne travestis pas ta vraie vie avec les costumes de ceux-là. Ils ne sont que le fruit de mon observation. Continue de rêver, ton futur s'écrira... Une aventure sur trois continents à deux personnages pour une conclusion : la vie est belle !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342056730
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je cours et je m'arrête là
Louis Garçon
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Je cours et je m'arrête là
 
Chapitre 1
L’intelligence n’est pas la même pour tous.
Oh ! Pas de cette intelligence qui fait les grands hommes ni de celle des grands savants. Non plus celle des juste intelligents, comme il faut, qui réussissent presque tout soit professionnel soit personnel, jamais les deux. Beaucoup de savants intelligents, voire très, se sont penchés sur ces problèmes de l’intelligence juste comme il faut. À ce jour personne n’est parvenu à savoir pourquoi l’intelligence de ces hommes ou femmes n’est que « juste comme il faut », et, dubitatifs, ils et elles s’en sont retournés à leurs intelligentes recherches ; ils ont, eux, tout réussi, aussi juste comme il faut.
Oh ! bien sûr, il y a quelques divorces pour les mariés, des séparations pour les célibataires en couple, mais tout est fait intelligemment, normal.
Pour revenir à mon problème, c’est vrai, je suis intelligent, trop ou pas assez, je ne sais pas. J’ai cette intelligence instinctive immédiate et non analytique. Pour preuve, je ne panique jamais et je sais parfaitement quoi faire à chaque urgence, qu’elle soit sentimentale, intellectuelle ou physique. Je ne prépare jamais mes speeches, à peine une petite trame pour rassurer Molière, une bonne improvisation est celle qui se prépare.
Le passé, je l’étudie, le comprends et m’en sers. Jamais je ne l’analyse avec un cerveau, seul, dans un placard ou des chiottes comme nous le voyons dans les films, souvent américains, parce que, pour les Français, on pense, souvent accoudé au comptoir du zinc d’en bas de chez nous. Amélie Poulain en est le parfait exemple, mais réfléchissait-elle vraiment ?
Le futur, je ne le vois jamais, incapable de me projeter plus loin qu’au lendemain.
Et là, qu’est-ce que j’aurais aimé être moins intelligent mais plus lucide ! Je n’ai rien vu venir et je n’ai pas su quoi projeter.
Sur le moment, j’ai pu gérer, les tremblements, la bave, les yeux révulsés.
J’ai mis un mouchoir dans sa bouche et légèrement penchée sur le côté, gauche, je m’en souviens. J’ai vite appelé le 911, les urgences ici, et fait reculer la foule new-yorkaise si amicale d’ordinaire, mais là, apeurée, dégoûtée. Ce n’était qu’une crise d’épilepsie somme toute banale à la suite de la vilaine rencontre que nous avions faite.
Se promener dans New York quand le soleil brille reste un des moments les plus doux d’un couple d’amoureux.
Les gens sont si friendly ici, comme dans les séries. Vous faites une déclaration à votre compagne, les badauds applaudissent, vous lui faites une scène, ils appellent la police, n’est-ce pas chaleureux ?
Ce matin-là, avant de rejoindre nos postes respectifs, nous marchions main dans la main en nous racontant nos vicissitudes de la veille ou les anecdotes que l’on n’a pas eu le temps de partager. Le vent glacial nous vivifiait les joues. Je portais une casquette noire, elle son grand châle blanc offert un jour de Saint-Valentin en provenance de Bloomingdale’s, un truc en cachemire, blanc pour la pureté de mon aimée, grand pour bien protéger des attaques répétitives du vent devenu blizzard entre les gratte-ciel. On appelle ça l’effet Venturi. C’est le même principe que les aspirateurs de piscine vendus chez Auchan pour trois francs six sous. On fait passer l’eau ou l’air par une petite entrée, on fait ressortir tout ça par une grande sortie. Un effet mécanique accélère l’eau ou l’air et provoque une dépression aspirante. Je crois que les F1 à effet de sol fonctionnaient sur le même principe.
Un grand bonhomme barbu, le chapeau d’Indiana Jones sur la tête nous jette un regard et tente de nous rejoindre. Je dévisageai l’immense poilu et j’ai su qu’il nous rapportait, comme le Dey d’Alger apporta jadis les clefs de la ville au consul Pierre Derval, sur un beau coussin rouge, un passé que nous voulions oublier.
Les yeux de ma compagne clignèrent trois fois, me lancèrent des tonnes de suppliques, revinrent sur notre barbu et… se révulsèrent, la crise d’épilepsie commença.
Le grand gaillard la regarda avec cette pitié condescendante du colon au colonisé au moment de tenter de lui apprendre quelque geste pour mieux faire son travail. Il se tourna vers moi et me dit :
« Voilà mon adresse, vous feriez mieux de venir au plus vite. »
Chapitre 2
Nous avons quitté la France sur les conseils conjugués de la police et de nos avocats.
Le programme de protection des témoins n’existe pas dans notre pays et je suis témoin.
Témoin d’une horrible bévue tant voyoute que policière.
Nous sommes chez Amélie Poulain, pardon chez Jo, le bar d’en bas.
Il est six heures du soir, la fatigue pèse pour paraphraser Baudelaire, comme un couvercle sur nos jambes en proie aux longues stations debout. Un magasin rue de Rivoli ne tourne pas tout seul surtout en cette saison.
Le printemps est là avec des températures à faire pâlir un Africain subsaharien au moment de l’harmattan, avec des senteurs à rendre jaloux le meilleur nez de Grasse, avec des vues sur des décolletés à faire retourner dans sa tombe Fellini. Bref, il fait beau, les oiseaux chantent et les filles sont belles, le printemps quoi…
Je commande une Badoit, le pastis n’est pas bon pour mon intelligence, vous avez sûrement remarqué combien stupides deviennent les buveurs de pastis après deux ou trois verres ; sans outrager qui que ce soit du côté de la Canebière, les abus sont toujours les causes des effets imbéciles, je ne citerai pas la religion ou peut-être plus tard.
Elle me demande une citronnade et nous commençons notre soirée par des œillades amoureuses, des clins d’œil pleins de promesses, des regards aux langueurs excitantes.
Le bar est tout petit mais toujours bourré, les recettes restent vertigineuses quelle que soit la période de l’année.
Je regarde ma monte. Il est 6 h 20. Un malabar de 2 deux mètres de haut entre en trombe, se met dans la queue, bouscule un petit vieux, sort un vrai pistolet, le braque vers le patron.
À ce moment, une confusion des plus extrêmes commence à régner. Tout le monde a vu l’arme de poing sortir de la poche du fort des halles. Tout le monde a entendu les menaces proférées mais personne ne songe à fuir, étonnant non ?
Le plus fou est à venir. Dans la petite salle, un flic en civil, un cow-boy, veut saisir sa chance de devenir Harry mais, en face, un autre voyou, armé jusqu’aux dents, prenant son crème avant de relever ses compteurs veut, lui, imiter Clyde.
Nos deux opposés dégainent au même instant, s’en aperçoivent, se menacent et tirent. Le policier, moins affûté, tombe. Le voyou hurle à tous et toutes, clients fidèles de Jo, de ne pas bouger. Le grand gaillard à l’origine de ces événements reste debout, la bouche grande ouverte. Le petit maquereau lui dit :
« Vite, prends l’artiche et va-t’en, j’te suis. »
Il s’exécute tout tremblant, fourre dans ses poches les recettes du bar et s’enfuit, le petit modèle nous faisant face, nous lance :
 
« Si un seul me reconnaît dans les jours qui arrivent, il reconnaîtra aussi mon calibre. »
 
Prenant ses jambes à son cou, il se met dans le sillage du grand escogriffe.
 
La police arrive cinq minutes plus tard, constate la mort de leur collègue et commence à nous interroger.
Les menaces du nabot ont porté. Aucun des clients du bar ou des tenanciers ne veut vraiment reconnaître qui que ce soit, même pas le double mètre, dans le doute d’une éventuelle complicité supposée.
Nous sommes choqués. Nous rentrons sans un mot. À la porte de notre appartement, des larmes tentent de se dissimuler derrière nos doigts quand j’ouvre l’huis. Sans la quitter des yeux, ma femme, pas la porte, je pousse doucement le loquet, la prends par la main pour la guider dans cette demi-obscurité, le jour ne tombant qu’assez tard mais les volets restent tirés. Les larmes se font plus tyranniques, elle ne les cache plus, elle craque, doucement, mollement, se laisse tomber dans les bras d’un sofa trop dur pour l’occasion, se redresse et pleure la fermeté de ce canapé qu’elle n’a d’ailleurs jamais aimé. La colère monte. Elle s’acharne sur le divan. Comment dans des moments comme ça, un truc qui nous appartient depuis si longtemps, avec qui nous avons une intimité, peut-il être aussi hermétique, aussi, aussi… Et puis, merde, j’en ai marre sanglote-t-elle. Je la prends doucement dans mes bras, sans un mot, sans sourire, sans pleurs. Les hoquets de ses sanglots la font rebondir sur ma poitrine. Je desserre mon étreinte, la tiens par les épaules toujours ballottées par une mer de sanglots finissants, plus espacés, comme ces vagues fabriquées par la puissance d’un hors-bord, atterrissant sur un sable doré décroissant comme le bruit du moteur.
Le dernier sanglot arrive, a du mal à s’exprimer, elle prend une bouffée d’air, ça y est, le voilà. Ouf ! Elle devient toute molle, me regarde, triste, seulement triste. Nous nous asseyons, c’est vrai qu’il est dur ce sofa.
Mes premières paroles restent comme étranglées, gênées, un peu comme si son chagrin avait érigé une barricade de tristesse et je ne pouvais pas passer le mur des sons.
 
« Tu veux qu’on en parle ? »
 
Et j’enchaîne en racontant comment d’une citronnade nous sommes passés à la fusillade, comment nous avons encaissé les menaces du petit maquereau, je cherche à la faire sourire en lui rappelant comment le double mètre a été surpris de la tournure des événements et, plus grave, la réaction des témoins, nous compris.
Je sais, ce n’

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