J'irai danser sur la tombe de Senghor , livre ebook

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2016

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Quarante ans plus tard, le roman de Blaise Ndala revisite le « combat du siècle » entre Mohamed Ali et George Foreman en 1974 au Zaïre. Plus qu'un récit sur la boxe, c'est l'histoire de l'Afrique au lendemain de la décolonisation. Dans un style vif et incisif, l'auteur nous montre l'envers du décor d'un combat mémorable.La musique, la poésie et la magie servent à nous faire découvrir les Africains sous un jour étourdissant. Ils sont drôles, élégants, pugnaces. Tout y est : les relations campagne-ville, la dictature, la folie des grandeurs, les classes sociales, les croyances diverses, ce qui donne un caractère universel à l'oeuvre.
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Date de parution

13 juin 2016

Nombre de lectures

21

EAN13

9782896994335

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Table des matières
Prologue
I - Baptême en eaux troubles
1
2
3
4
II - Un révolutionnaire, ça ne connaî pas la peur
1
2
3
4
III - Le nombril du monde noir
1
2
3
4
IV - De la cuisse de jupiter
1
2
3
4
V - Décibels
1
2
3
4
VI - Le faiseur de rois
1
2
3
4
VII - Victoire sous X
Dans la tête de...
Batekol, alias Afrodijazz
Belinda Ali
Yankina, alias Yankee
Ron Christopher Baxter
Son Excellence le Colonel-Guide
Zeta
Zangamoyo Batulampaka
L’exilé (professeur Kabambi)
Épilogue
Notes de l’auteur



J’irai danser sur la tomb de Senghor


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Ndala, Blaise, 1972-, auteur
J’irai danser sur la tombe de Senghor : roman / Blaise Ndala.

(Collection « Vertiges »)
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-89699-431-1 (couverture souple).--ISBN 978-2-89699-432-8
(pdf).--ISBN 978-2-89699-433-5 (epub)

I. Titre. II. Collection: Collection « Vertiges »

PS8627.D35J57 2014 C843’.6 C2014-905631-1
C2014-905632-X

Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613 748-0850 / Téléc. : 613 748-0852
Adresse courriel : commercialisation@interligne.ca
www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

ISBN : 978-2-89699-432-8
© Blaise Ndala et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : troisième trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays





À mes parents;
à mon oncle, Eustache Mikarabo,
pour les trois amours de sa jeunesse : la rumba, la boxe et… l’URSS.




« Le Rêve et l’Ombre étaient de très
grands camarades. »

Thadée Badibanga
L’ é léphant qui marche sur des œufs , 1931


« Puisque ces mystères me dépassent,
feignons d’en être l’organisateur. »

Jean Cocteau
Les mariés de la tour Eiffel , 1921



Prologue
Comme sous le contrôle d’une chape bienveillante, la chaleur s’était arrêtée aux portes des vestiaires. Il flottait dans la pièce peinte en vert et blanc une fraîcheur qui s’était engouffrée dans le ventre du stade à l’ouverture des portes métalliques. C’était quelques heures plus tôt, lorsque les hommes de Don King s’étaient présentés sur les lieux pour superviser les derniers réglages délégués aux Africains. Les collaborateurs du champion déchu restaient assis en demi-cercle, à l’exception du Maître lui-même et de Roy Williams, son partenaire d’entraînement avec lequel il avait passé d’interminables heures à se préparer durant les trois derniers mois. Comme le reste de l’assistance, Roy avait du mal à dissimuler sa nervosité. Et ce n’est pas son tic, ce balancement répété de la tête exécuté de gauche à droite en de vigoureuses contorsions du cou, qui était de nature à donner le change.

Autant dire qu’il régnait, dans cette partie du sous-sol faiblement éclairée du Stade du 20-Mai de Kinshasa, une ambiance de couloir de la mort. Comme si soudain chaque personne autour du Maître assistait impuissante à l’évaporation de l’énergie qui avait servi de viatique, des mois durant, à l’encontre des pronostics pour le moins inquiétants de la presse sportive américaine. Nul n’avait oublié le cinglant « Kinshasa : Chronique d’une humiliation annoncée » du New York Post dont le Dallas Morning News s’était fait l’écho : « Rendez-vous de tous les dangers pour le nouveau fort en gueule de la cause noire » . Dans le même registre, une des signatures les plus respectées du pays avait publié dans le magazine Esquire, une semaine avant de s’envoler pour le cœur de l’Afrique, un billet qui avait fait plus que quelques vagues. Le chroniqueur avait prophétisé que le monde allait assister à la fin de la légende incarnée par le garnement qui « était entré dans l’arène avec un talent si rare et si insolent qu’il ne pouvait durer que le temps d’une comète » . Entre deux échauffements, l’intéressé avait alors décroché son téléphone et appelé l’homme qui n’en loupait jamais une pour placer un mot plus haut que sa chère réputation à lui. Parlant de lui-même à la troisième personne, il avait fait savoir à son correspondant que le jour venu, devant les caméras du monde entier, « la comète » se ferait un plaisir de lui apprendre à respecter le seul mortel dont le talent inscrit dans les astres ne pouvait être associé à l’éphémère.

Alors que la fièvre médiatique atteignait son paroxysme dans l’enceinte du stade africain, le Maître n’entendait pas laisser ses amis inviter en ce lieu reclus, par leur silence et leur apathie collective, le doute et son inévitable corollaire, la peur. Dans cet espace où il s’était retiré avant le rendez-vous de toute une vie, il se devait d’opposer, aux affres de l’enfantement du prodige sportif attendu par la planète entière, une inébranlable conviction. Celle d’incarner celui qui avait volé le feu sacré. Car la flamme qui l’habitait, qu’il devait une nouvelle fois transmettre à son petit monde comme il avait toujours su le faire dans le passé, c’était sa foi en lui. Cette foi qui, au fil des ans, avait pavé la voie de sa carrière à nulle autre pareille. Une foi qu’il avait su ériger en vérité quasi irréfutable. Il était le meilleur, le plus grand, le plus redoutable, le plus redouté et le plus beau… Bref, tout ce que les gens ordinaires saluaient et proclamaient.

Qu’une partie du gotha qui s’était auto- érigé en Alpha et Oméga du noble art ait continué à lui refuser la consécration absolue et intemporelle n’ébranlait nullement ses certitudes, au contraire. Il en était même convaincu, ce mercredi 30 octobre 1974, dans la chaleur de cette nuit tropicale, sur une terre d’Afrique où il avait été accueilli en enfant du pays, il allait offrir au monde sa propre définition du mot « revanche » . L’ancien gamin de Louisville (Kentucky) devenu divinité du ring doutait qu’il p ût exister meilleur endroit sur la planète d’où il pourrait regarder de haut l’Amérique raciste et va-t-en-guerre qui avait conspiré pour sa descente du piédestal.

Le piédestal. Y retourner. Y demeurer. Envers et contre tout.

« Qu’est-ce qui se passe, les gars ? Ohé ! On est au funérarium ? » avait-t-il lancé après quelques échauffements en solitaire.

Il allait et venait sous les poutrelles surplombant leurs têtes, auxquelles était accrochée une demi-douzaine d’ampoules de faible puissance. Pour le sortir de sa torpeur, il s’était approché du groupe et avait commencé à bondir du bout des pieds comme il le faisait sur le ring, fendant l’air de ses puissants coups. Il boxait à vide, allait narguer avec punch chacun des membres de l’assistance en lui décochant un direct du gauche, qui chaque fois s’arrêtait à moins d’un centimètre du visage de la cible. Lorsqu’il avait approché la dernière personne assise près de l’issue de secours, l’homme avait reculé tout en ouvrant de grands yeux dans lesquels on lisait une panique à couper au couteau. Il s’en était ensuivi l’hilarité des Américains, habitués à ce rituel que leur réservait l’artiste dans les minutes qui précédaient chacun de ses combats. Tel n’était pas le cas du conseiller spécial de leur illustre hôte africain, lequel avait obtenu du Maître d’être témoin de ces derniers instants avant l’assaut tant attendu.

« Ah ! il a la trouille, monsieur le conseiller spécial ! avait commenté le Maître. J’espère que George ne va pas nous faire ce coup-là, right ? Je ne suis pas venu sur la terre de mes racines pour le voir tomber dans les pommes au premier pas de danse, George. Je veux le voir danser ; j e vais le faire danser. Et quand je dis danser… »

Sous l’emprise de son magnétisme légendaire, quelques visages

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