itinéraire d un séducteur
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itinéraire d'un séducteur , livre ebook

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Description

Séduire est l’objectif permanent de Louis Jaquin. Il a besoin des autres pour exister et ne s’intéresse à eux qu’en fonction de ce qu’ils peuvent lui apporter : ils sont sa nourriture, seul il dépérit. Il est sans cesse en recherche de proies nouvelles pour nourrir son besoin de plaire, sinon, il s’étiole, se dessèche.
Doté d’une parole facile et d’une capacité d’adaptation aisée, il capte facilement l'attention. Calquant son comportement sur celui de ses interlocuteurs, il ajuste sa personnalité selon les situations et peut ainsi paraître le plus vertueux des amis.
Pendant 13 ans, de 1936 à 1949, à travers le Front Populaire, la Seconde guerre mondiale », la guerre d’Indochine, il va jouer les personnages que son entourage attend de lui. Jusqu’à ce que...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juillet 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782332585172
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-58515-8

© Edilivre, 2013
I
Du sommet de son Olympe, Louis, martial, domine le monde. Sous lui, dessous, très bas, des arbres, des centaines d’arbres, une forêt. Soudain, une immense bourrasque le projette dans le vide. Il va tomber ! Non, il flotte !
Pour se mouvoir sans tomber, il joue avec les courants ascendants de convection ou de pente, parfois il plane, fait des pirouettes dans le vent, s’amuse avec les oiseaux, lorsqu’il est fatigué, il s’accroche à un nuage. Il est heureux.
Il aperçoit une clairière ensoleillée qui l’invite au repos ; il plonge. Il survole un cours d’eau, un jeune torrent un peu fou qui joue, parfois se divise en deux créant un îlot de fougères ; il vient du haut de la montagne, progresse au fond du vallon, bien caché, faisant juste ce qu’il faut de bruit pour éveiller la curiosité des animaux de la forêt ; un chemin essaie de le suivre, parfois le traverse profitant d’un pont. Des sifflets, des cris invisibles se promènent ; certains graves, d’autres plus aigus. Avec l’alouette qui grisolle, la corneille qui Corinne, l’étourneau qui pisote, la fauvette qui zinzinule, le pinson qui ramage et le rossignol qui trille, c’est une véritable cacophonie qui agite les sous-bois. Une souris, assise devant un champignon, chicote : bonjour Louis, un criquet trottant sur une pierre, stridule : Louis, attention ! Un lièvre, le dévisageant, couine : sauve-toi ! Un chevreuil brame : dehors ! Un tigre feule : dégage ! De tous les endroits de la forêt, il entend des éclats de voix ; c’est assourdissant, il n’en peut plus. Un grand vertige s’installe en lui. Vite, remonter là-haut, dans le ciel ; lentement, allongé sur un petit cumulus, il reprend ses esprits.
Une pensée lui vient : se métamorphoser en caméléon. Après l’avoir fait, il s’assied sur un rayon de soleil et se laisse glisser au sol. Il revient dans les bois, chemine dans la forêt et se confond avec elle ; au fur et à mesure qu’il progresse, il se modifie, adopte les couleurs qu’il rencontre pour se fondre dans le décor. Il est extrêmement prudent dans sa marche, lève les pieds lentement, et s’assure que là où il va les poser, c’est le bon endroit ; il progresse précautionneusement, examine son environnement, s’adapte aux conditions de l’endroit qu’il traverse ; il scrute les alentours, ne se retourne jamais et avance, imperturbable, vers son but ; pour avancer sans risque, il incline légèrement la tête et roule les yeux qu’ils tournent en tout sens : observateur dissimulé et méfiant, il ne se laisse pas influencer et recueille toutes informations pouvant lui servir ; doté d’une grande langue, il capte facilement ses proies ; lorsqu’il rencontre un animal, il s’identifie à lui et se transforme, il devient de sa famille et adopte ses comportements, va dans son sens, va au-devant de ses désirs, se montre flatteur et courtois.
Louis regarde l’endroit d’où jaillit la rivière pour se jeter dans le vide ; juste au-dessus de l’eau, il aperçoit une lueur ; elle bouge, grandit, vient vers lui. La forme lumineuse se transforme lentement ; du cocon laiteux naît une jeune femme fougueuse au regard tourmenté. Elle passe devant lui, le regarde, et, surprise de le voir là, lui adresse quelques mots avant de disparaître : « Sauve-toi, ils arrivent ! ».
Des bruits sourds se font entendre, des pas lourds, pesants, approchent, trois sapins à la mine moqueuse marchent sur le chemin, viennent vers lui : Un jeune vigoureux, vert clair, un grand sombre, plein de suffisance, un vieux, branches baissées, encore robuste. Tous les trois lâchent devant lui un énorme serpent et rient ; ce reptile, long de plus d’un mètre, est la terreur du caméléon, Louis est pétrifié, n’agit plus ; il se laisse aller, sombre… Et se réveille.
Sept heures, dans la pénombre d’une chambre située dans un appartement à Nancy, le réveil sonne. Louis Jaquin, encore sous le choc de son rêve grogne ; puis il baille, s’étire et… se lève.
Il passe par la salle de bains pour se coiffer car, plaire étant son objectif permanent, il veut toujours se montrer à son avantage même en pyjama, puis il entre dans la cuisine où il voit ses parents ; machinalement, comme tous les matins, va les embrasser, s’asseoit à table et… attend que sa mère lui serve son petit-déjeuner.
Elle s’appelle Laurence, pas trop grande, mince, quarante-sept ans, née en 1889, juste cent ans après la prise de la Bastille comme aime à le rappeler malicieusement son mari ; elle a les cheveux coupés court, à la garçonne, comme c’était la mode juste après l’armistice, au temps de ce que l’on appelait les années folles. Sur un visage toujours jeune, d’un ovale presque parfait, ses yeux, d’un vert émeraude, reflètent, de temps en temps, une sorte d’espièglerie. Les matinées sont calmes. Peu de paroles échangées. Le poste de radio, posé sur le buffet, diffuse des informations. Depuis mi-mai, les journalistes ont instruit les auditeurs sur l’évolution des mouvements sociaux qui se développent dans le pays ; les premières grèves avec occupation d’usine chez Bréguet au Havre, ensuite celles de Latécoère à Toulouse et Bloch à Courbevoie. Le mouvement s’est répandu comme une traînée de poudre, atteignant rapidement les entreprises voisines. La lame de fond a continué et des corporations entières sont entrées en grève.
Marc Jaquin, grand, quarante-neuf ans, cheveux noirs, membre du parti radical-socialiste est très attentif car il suit de très prêt l’actualité ; ce matin, il est satisfait car il vient d’entendre une déclaration importante : le nouveau gouvernement sera nommé dans la journée.
Laurence, a particulièrement remarqué, dans ces mouvements sociaux, la participation très importante des femmes, liée à la mesure de leurs difficultés ; leurs salaires, a-t-elle dit, sont très bas, les vexations et les brimades sont monnaie courante, l’opinion les rendant responsables du chômage masculin.
En trempant sa tartine de confiture dans son café au lait, Louis regarde ses parents qui discutent de l’actualité et ne comprend pas l’intérêt que l’on peut trouver aux péripéties politiques mais s’oblige à écouter ; attentif, il est toujours en recherche d’informations pouvant lui servir à atteindre ses buts. A vingt-trois ans, il ne vit que pour son plaisir et n’envisage sa vie que sous cet angle ; il est sans cesse en quête de divertissements nouveaux pour nourrir ses besoins de jouissance ; alors, les problèmes de société ? Pas l’temps !
– Et toi, Louis, qu’est-ce que t’en penses ?
C’est son père qui l’interpelle.
Louis réagit très rapidement :
– Ça fait un mois que la gauche a gagné les élections, qu’attend-elle pour prendre le pouvoir ?
– Elle se doit de respecter scrupuleusement le calendrier et le mandat de la chambre élue en 1932, expire seulement ce mois-ci.
– Tu as sans doute raison, dit Louis, conciliant, mais, ça fait déjà trois semaines que ça dure, il faudrait peut-être trouver une solution.
– Blum a été nommé hier Président du conseil par Lebrun, le nouveau gouvernement se forme aujourd’hui, attendons encore un peu.
Après cet échange, Marc va maintenant se préparer pour aller remplir son devoir quotidien, et comme il le souligne, essayer de faire entrer dans la tête de quelques adolescents les beautés des mathématiques, le mystère de leurs théorèmes, les subtilités de leurs cheminements, l’enchevêtrement de leurs lacis et dédales.
Sa femme reste à la cuisine, c’est son domaine ; c’est là qu’elle prépare les repas, ravaude les vêtements, fait bouillir le linge dans une lessiveuse pour le laver dans la buanderie située au rez-de-chaussée.
Huit heures et demie, il est temps que Louis s’en aille ; il met une veste légère sur une chemise blanche assortie d’une cravate. Sur des cheveux gominés coiffés en arrière, il se couvre la tête d’un canotier jaune paille et s’en va. De taille moyenne, mince et svelte, moustache fine ornant sa lèvre supérieure, il marche, calme, la tête haute, un léger sourire sur les lèvres : il cherche à séduire. Si ce n’était la politesse et les convenances, bien des jeunes filles aimeraient l’aborder à voir la façon qu’elles ont de se retourner sur son passage. Il savoure ces instants ; parfois lorsque les circonstances le permettent, il puise parmi elles, au hasard, une nouvelle proie, mais le matin, devant aller travailler, il n’a pas le temps, aussi continue-t-il sa route, imperturbable.
Depuis trois semaines, Nancy a un visage extraordinaire. Le temps est aboli, les machines se taisent, le travail a cessé, des groupes discutent, l’espace est remanié en fonction d’autres usages car les entreprises sont en grève, comme l’ensemble des industries du pays. Derrière les grilles des usines ou les rideaux des magasins à demi baissées, les employés clignent de l’œil amicalement, fièrement aux passants. Dans la rue, on quête pour les grévistes, et chacun y va volontiers de son obole, car beaucoup ont découvert les conditions souvent inhumaines dans lesquelles travaillent ouvriers et employés.
Louis, bien qu’indifférent à cette agitation, ralentit le pas et prend le temps d’observer les manifestants ; lorsqu’il est en présence d’un ami ou d’une relation quelconque, il donne volontiers une pièce, sinon, il passe son chemin.
Il arrive à la librairie dans laquelle il est employé. Pour lui vendre est un jeu ; chaque client entrant dans la boutique est une proie nouvelle lui permettant d’interpréter un rôle ; dotée d’une parole facile, d’une grande langue, disent avec ironie ses amis, il capte facilement l’attention. Que ce soit l’érudit qui le teste, l’inconnu qui entre par hasard à la recherche d’un cadeau à offrir, l’indécis qui prend tout son temps, le ba

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