Inceste inachevé
164 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Inceste inachevé , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
164 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Une confession choc : Marina avoue le crime "d'amour excessif" dont elle a été victime dès sa plus tendre enfance. Crime d'amour ambigu dont elle a été l'actrice. Son père, le réalisateur. Avec sensibilité, elle ose dire ses souffrances intermittentes, la honte qui la hante encore, le démon de la haine qui veille dans le brouillard. Elle glisse dans l'enfer charnel, sourde, aveugle, toute maternité devenue stérile . Cri silencieux, troublant, mouvance, elle réveille. Elle se réapproprie sa place, petit à petit...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 septembre 2010
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414408467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-02008-4

© Edilivre, 2015
Dédicace

À mon fils, Éclipse.
Citation


Pour ne pas reproduire les évènements, il faut les comprendre.
Genèse 2/24 :…Ainsi donc, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair, ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
1 Toute petite
D epuis toute petite déjà, d’un accord tacite avec moi-même, mais non formulé, j’avais décidé seule de me débrouiller. C’était convenu, mieux, programmé à l’avance par celui que l’on nomme Créateur. J’obéis selon les structures déterminées. Débrouiller mes nœuds, mon « thrène ».
Lorsque vous avez appris à faire votre premier nœud, seul à force de les voir faire vos lacets, vous avez été capable ensuite de les défaire, le plus difficile étant de le refaire ; mais tant bien que mal, au fil des jours, un jour, vous avez fait un nœud convenable, l’astuce vous appartenait. Débrouiller mon nœud, sans psychologue, sans cure, sans drogue… Et puis, tout cela est devenu beaucoup trop onéreux ; après tout le savoir des hommes viendrait, pourquoi pas, le savoir des femmes. À qui pouvais-je m’adresser, vers qui trouver un réconfort, regard approbateur et intelligent. Je choisis de recourir à mes maux seule, toute seule.
Haine familiale, engueulades, jalousies… Les copines me dispenseraient la plupart du temps de conseils inadéquats, inutiles, superficiels, stupides. J’étais « extracide », lucide, consciente de la tare humaine et familiale, taille illimitée de ce tabou bouillant : tabou, mot polynésien, caractère d’un être, d’un acte, d’un objet dont il faut se détourner en raison de sa nature sacrée.
Tabou, tabou, tabou sonore, un avis, honteuse fille, me voici, tabou, tartabou requerrait un minimum de précautions pour survivre en cette société hostile. Je vivrai coûte que coûte ! Je profiterai, souffrirai, endurerai, apprendrai, vieillirai : ce bonheur humain se camoufle bien quelque part ! Non non, ils ne me feront pas mourir, je ne me suiciderai pas, j’ai trop envie de vivre. Je voudrais qu’ils comprennent, ces deux-là, mon père et ma mère, que je les aime. Mais je continuerai ma vie ailleurs, je les aimerai toujours, je n’y peux rien. J’ai à faire, surtout rencontrer ceux et celles qui me comprendront, mon autre famille.
Ce que j’écris, ce que je crie, je ne l’ai appris dans aucun livre. Qui sommes-nous ? Ne pouvons-nous le savoir par nous-mêmes ? Après tout, cela fait des siècles et des siècles que les femmes chuchotent leurs histoires. N’ont-elles jamais tout à fait mis au clair leur linge sale, élucidé, trillé, nettoyé, lavé, rincé avec soin ce potentiel mystérieux et douloureux ; l’inceste, tel un vestige, une pyramide dont la construction, les moyens de construire demeurent inconnus. Inceste tabou, fouille gisante dans les sables de l’humeur humaine, minerai insaisissable à l’échelle humaine, balbutiement céleste, comment ne vous en être pas aperçu plutôt ? Pourquoi, Femme, ne dis-tu pas l’essentiel ? À cause de l’angoisse qui te bâillonne, de l’ignorance, de l’incrédulité générale, es-tu si insouciante ? L’homme à tes côtés cloue-t-il ta bouche ? Cette histoire n’est pas un roman, elle est réelle.
Enfance, puberté, adolescence, toutes trois liées par la corde d’une éducation particulière.
Parce que je vais rester là, attachée à mourir, sans plus parvenir à respirer, asphyxie. Que s’est-il passé, je suis inhibée. Je transpire devant la mort. L’hérédité familiale colle à ma peau, déluge-glu, seconde peau, je ne parviens pas à m’en défaire, ce n’est pas ma peau, pas cette peau-là.
Mon récit, c’est celui de la promiscuité familiale, malheur innommable inévitable, me choisissant pour cible ; impossible de se désister, si tu bouges tu meurs : c’était l’inceste ou mourir.
Autour de cette histoire gravitent Diane l’aînée, moi cadette née un an après ma sœur, mes frères Arnaud et Éric, ma mère Ana, les grands-parents du côté de père, Constantin et Ingrid.
C’est l’histoire d’un train glissant perpétuellement vers la catastrophe. Je me demande depuis toujours s’il est possible de l’orienter, l’aiguiller correctement ! Je suis empêtrée dans le destin, il colle à la plante de mes pieds, une racine. La définition de ce mal-heure ? Ni définition ni mot ne suffiraient ; c’est dans le cœur de la femme et celui de l’homme que dort la réponse.
Je me présente : je suis née dans le département case trente et un du jeu de l’oie. L’hôpital lui-même est dénommé « La Grave » ! Les mots m’habillent très justement. « La Grave » m’a tout de suite paru prédestiné, car ma vie a pris un virage avec excès de vitesse, et cela très tôt. Beaucoup de mots, de dénominations semblent tomber à brûle-pourpoint, résonnant juste, où le mot porte son vêtement.
Mon père Gatien, militaire , est d’origine italienne d’une part, (des émigrés travaillant dans l’hôtellerie), et hollandaise du côté maternel. Sa mère est issue d’une famille aristocrate, l’un d’entre eux fut à un moment donné ambassadeur dans les années mille neuf cent.
Ma mère Ana est née de famille italienne, des fermiers et agriculteurs de métier. Ce sont des gens de la terre, habitués à la vie rude, émigrés du nord de l’Italie près de Tréviso, d’un petit village nommé Altivolle.
Une grande partie de sa famille y vit encore, tandis que les autres ont émigré dans la région toulousaine.
Leur maison de campagne était à la lisière du village. Disposée plein sud. Je garde un fort souvenir des toilettes, une plaque rudimentaire était posée sur une ébauche de wc turc que nous devions soulever et poser contre le mur sale ; c’est alors que l’on pouvait mesurer à deux mètres au-dessous de ses fesses, l’étendue de nos dégâts excrémentiels, tout en essayant d’expirer l’odeur pestilentielle de nos narines.
Toute la maison semblait sortir d’un roman d’Alberto Moravia. Maman m’avait confié des bribes de son passé, j’insistais :
– Maman comment cela se passait-il avec tes parents ?
Elle me fit part de moments difficiles qu’elle n’avait jamais oubliés, gravés dans son cœur :
– Ma mère Émilie était atteinte d’une maladie cardiaque à l’âge de quarante-trois ans, elle décéda subitement. C’était une machine, elle ne s’arrêtait jamais de travailler ! Toute la journée sans répit, elle vaquait à ses occupations, s’affairait de la maison aux champs, ensuite à l’étable. Nous trayions les vaches, elle portait les bidons de plusieurs litres de lait frais et cru. Le père lui traînait auprès des bêtes, veaux et vaches, agaçant ses préférées. Émilie s’occupait de ses huit enfants, sans compter les fausses couches qui nous ont tous affligés. Quand elle avait un peu de temps, elle me prenait sur ses genoux, me serrait dans ses bras. Je l’adorais, j’entendais battre son cœur si fort, ma tête posée sur sa poitrine, je croyais qu’il allait exploser sous sa peau
C’est au café du village que père Ernest traînait souvent. Il rentrait ivre et nous ne devions pas le contrarier. Dans ses colères, il saisissait une fourche à foin et nous menaçait tous avec, en la brandissant, courant après nous. La nuit je tremblais de peur, surtout après la disparition de maman, il dormait avec la fourche sous son oreiller.
Après la mort d’Émilie ma mère, j’ai pleuré des jours et des jours. Peu après sa disparition, elle est venue, dans une vision, me rendre visite tout prêt de mon lit, vêtue d’une robe blanche ; à sa taille elle portait une ceinture bleue, je ne vis pas son visage, mais je savais que c’était elle. Elle me parla avec une douceur céleste et insista sur la sagesse, elle me dit d’être sage. C’est notre sœur aînée Mary dès lors qui s’occupa de nous.
Je compris que cette apparition cristallisait à l’infini l’amour incomparable d’Ana pour sa mère et qu’elle puisait dans ce reflet la force, l’énergie nécessaire pour continuer sa route terrestre. Je renchéris :
– Comment se passaient vos Noëls Maman ?
– Émilie préparait une énorme tarte que nous faisions cuire dans la cheminée.
Il n’y avait cet énorme gâteau de la Nativité en train de cuire dans la cheminée à plein tirage, précieusement disposé sur une grille en fer forgé, autour duquel tous se réunissaient.
Je restais muette face à une telle sobriété. J’imagine donc un gâteau géant, fourré de friandises. J’insistais pour en savoir davantage, mais la misère ne se raconte pas. Elle ne procure que du regret. Je me dis que je n’arrive pas à la cheville de maman.
Dès la deuxième année scolaire, on la retirait de l’école afin de l’embaucher aux travaux des champs. Elle oubliait de me parler de ses frères et sœurs, elle, la petite dernière, la négligée, car sa sœur aînée était submergée de tâches de toutes sortes ! Après ces quelques années d’esclavage agricole, elle fut placée dans une famille juive dont elle garda un très mauvais souvenir. En effet, l’on n’éprouvait nul sentiment à son égard et pour cause, elle pouvait rivaliser en beauté avec Michèle Morgan ! Elle était magnifique, avec un visage rayonnant et juvénile ayant hérité de surplus d’un corps bien balancé.
Espérant au fond d’elle-même trouver dans cette famille, une chaleur maternelle et familiale, elle s’y retrouva plutôt solitaire. Bonne à tout faire, elle devait fréquemment masser les jambes énormes de la patronne qui se laissait dorloter en silence.
Quelques années plus tard, elle fut placée dans une école de couture ou elle devint rapidement l’une des meilleures élèves.
Elle me confia à plusieurs reprises, avec un visage atterré qu’étant bébé elle était tombée d’un grand lit, d’une bonne hauteur. Chaque fois qu’elle éprouvait des difficultés à retenir ou apprendre quoi que ce soit, elle répétait cette

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents