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Description

Pierre Lovion, un artiste contemporain, va voir sa carrière exploser au niveau international sur un malentendu médiatique : le personnage se trouvant par hasard entre un groupe de manifestants islamistes et un cordon de CRS va croiser sans le savoir un jeune dealer nommé Ahmed qui partira faire son djihad en Syrie. Cette rencontre inconsciente et non connue pour Pierre, mais identifiée pour Ahmed, va être à l’origine de deux odyssées : celle de Pierre en artiste international et celle d’Ahmed gagnant ses galons de moudjahid. On suit ainsi dans un rythme effréné et haletant le cheminement intellectuel, spirituel et géographique des deux individus que tout oppose dans une France qui voit la montée du Front national en 2017. Vous voyagerez de Paris à Nassau en passant par Hong Kong...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334162753
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16273-9

© Edilivre, 2016
1
Je suis dans mon deux pièces face à mes courriers. Je reviens d’un voyage, en voilà une pile qui vous tue :
– Les impôts, pour peu que vous ayez un retard, vous refont payer deux fois les années précédentes.
– Sans parler des régimes AGESSA et maison des artistes, et tout le reste, qui font fondre comme neige au soleil, les pauvres ressources durement acquises…
Ainsi va la France, exsangue, elle saigne ses citoyens pour le plus grand plaisir de ses créditeurs. Une seule solution, repartir de l’autre côté de la planète, oublier ces problèmes, faire face à la douleur du Monde.
Ici à Paris une population d’ex nantis dépouillés et frustrés, agressifs, en veut à la terre entière : aux juifs, aux arabes, aux homos, aux lesbiennes, aux handicapés, aux pauvres, aux riches…
Sous un voile hypocrite, ils se nomment tous « Charlie » !
La classe intellectuelle ne sait même plus qualifier le mot “liberté” à un enfant de quinze ans et ressasse les bonnes vieilles névroses de 1789, de 1943…
La famille Le Pen est omniprésente sur les écrans, à vous en donner une nausée insupportable. Un président en mal de mémoire multiplie les marches funestes et mémorielles, de Charlie à l’entrée de 4 résistants au Panthéon.
Pendant, ce temps, quand les médias ne parlent de Le Pen, vous agitent les peurs d’une guerre avec la Russie, avec Daech aux portes de la Turquie et la disparition de Palmyre…
Les réseaux sociaux ressassent les médias, si bien que toute une population tombe dans une idiorythmie abrutissante, ressassant les mêmes névroses des religions sans Dieu.
Partir, et partir encore, faire face à une vraie souffrance, celle de ceux qui n’ont rien, celles de ceux qui se font étriper, celles de ceux qui se perdent en méditerranée…
Le XXI ème siècle invente une nouvelle barbarie globalisée.
Ecrire, écrire encore, montrer, dénoncer, qualifier, éveiller…
Lutter contre l’obscurité, la lumière se fait chère et rare, elle fuit les hommes.
Je suis là dans mon deux-pièces du septième, je regarde le saule au travers de ma baie vitrée, et ces pensées obsédantes traversent mon esprit. Je m’assois dans le canapé, jette cette pile de courriers sur la table (je m’en occuperai plus tard). Je me sers un verre d’Hibiki 21 ans d’âge, m’allume un siglo V, et me laisse enivrer dans ses volutes bleutées.
Mon travail, n’en est pas un exactement, je suis qualifié de plasticien, et afin de produire mes pièces, je me dois de me confronter à un réel, pour en définir une forme et un concept. Ici en France on hait de plus en plus les artistes et les intellectuels (il faut dire qu’ils le cherchent : la France est devenu au monde de la Culture mondiale une sorte d’archipel des Galápagos, seuls les français comprennent encore la Culture française et la détestent !). J’essaie au travers de ces moments hédonistes, de m’échapper de ces tourments et me concentrer sur mon travail ; si je considère par “travail” cette pratique si humaine de produire de l’Art et d’écrire.
Après cela, me voilà à nouveau à mon bureau, j’ouvre mon ordinateur portable : Facebook s’allume, et des dizaines de “likes” s’affichent sur les images de mes dernières productions. Des messages en attente également : D’insultes, de jalousie, d’envie, car le pourri d’artiste officiel que je suis, et qui vient de rentrer dans une des plus grosses galeries au Monde les affamerait… Je ne parle même pas des “intruders” d’extrême droite se faisant une éthique de vie, de faire une croisade contre la pensée. Bref, on me contacte pour m’insulter, certainement pas pour dialoguer, questionner sur mes dernières productions, un “like” suffit.
Je regarde mon “feed”, les mêmes articles sur les dernières conneries dites par Aymeric Caron, la dernière sortie de Depardieu… Et puis les grandes conspirations sur les “chemtrails”, la surveillance globalisée…
Bref, je referme mon ordinateur portable.
2
Azur turquoise, tu tombes sur cet horizon outremer.
Tes flots sous ce soleil mourant saignent dans tes veines violacées.
Tes flots portent des joyeux, rouges, bleus, verts, jaunes.
Sous la lumière or, orangée, des ballots rubis, émeraudes, saphirs, jades, ébènes s’échouent sur ce sable si fin.
J’avance, fasciné, vers ces sacs, ces ballots, ces paquets échoués…
Des corps ébènes échoués…
Des corps et encore des corps et encore des corps…
Des corps dormeurs, sonnés par l’espoir, noyés par le désespoir.
L’horizon, ce lointain plein d’espoir, qui se mue en désespoir.
Je regrette l’Europe aux anciens parapets.
Méditerranée, je dis ton nom !
3
Ces mots jetés, ces images m’obsèdent encore. Comment les transmettre ? Comment les représenter ?
De mes voyages à Lampedusa à la rencontre de ces naufragés somaliens, libyens, j’en suis revenu bouleversé par leurs récits. Leur odeur pestilentielle de corps brûlés par le sel et le soleil, vous jette votre culpabilité en pleine face. Puis la balade fatidique sur les plages. Tout le poids du monde sur les épaules, et vous le voyeur nanti, vous avez l’aisance du regard, et des mots. On est au delà des mots, on est dans la violence à cette frontière entre Nord et Sud.
Là dans mon appartement parisien, ces souvenirs me hantent, partir, sortir ! Je prends les clefs, ouvre la porte, la referme, m’enferme dans cet ascenseur, puis me retrouve dans la rue. Je rejoins la station de métro la plus proche, prend la ligne 4, et file vers le nord de Paris. Je vais aller au delà du périphérique, me perdre, une rencontre, fatalement aura lieu.
4
« Allah
Allah est grand
Dieu est le plus grand, Dieu est le plus grand
J’atteste qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu
J’atteste que Muhammad est le messager de Dieu
Venez à la Prière, Venez à la Félicité
La prière est annoncée, La prière est annoncée
Dieu est Le plus grand, Dieu est Le plus grand
Il n’y a de Dieu que Dieu »
Putain z’y va Allah je te sers, je te kiffe, je t’adore ! Ce n’est pas comme ce connard qui dit être mon pater, ce putain de looser d’harki, ce traitre, ce mouton à roumis.
Mahomet je te kiffe…
Merde où est mon cône, putain, la beuh afghane, celle du jihad, elle est où ? Vite, je m’en roule un, vite…
Waoo l’effet bœuf, je la sens, elle monte, waoo…
Où est mon portable, faut que j’appelle Kader, je veux aller en Syrie, il faut que je le voie… Merde il ne répond pas…
Merde, merde… Putain de merde…
C’est l’heure des cours, et merde je les fais péter… Si j’allais troncher cette Malika ? Elle a déjà fait trois tournantes avec mes cousins je te jure elle a une chatte super ouverte, tu la baises, tu es sur un boulevard huilé… Je bande ! Je l’appelle…
– Malika ?
– Ahmed ?
– Qu’est ce tu branles ?
– Va chier petite bite !
– Ta gueule, je vais te péter la rondelle, tu ne me parles pas comme ça ok ?
– Ça va ça va, qu’est-ce que tu veux ?
– Je peux passer te voir ? Tu sais dans la cave de la dernière fois…
– Ok, tu me files combien de barrettes ?
– Ok on deal dans dix minutes là bas !
Cool, je vais me vider les couilles…
Vite le Tupperware, bon ok 5 barrettes, pour cette pouf, cela ira…
Je claque la porte, ma remeu ! merde “va chier”. Je prends l’ascenseur de mon onzième étage, descend dans la coursive, enfile les allées et m’enfonce dans les caves de la tour 5.
Merde ça craint, il y a le gus de la bande à Rajah le pakistanais… putain mets ta capuche regarde le sol, avance l’air cool…
C’est bon ces têtes de nœud m’ont pas calculé… bon elle est où Malika ?
Encore dix mètres, putain j’ai une buche dans mon cale butte…
– Te voilà petite queue ?
– Ta reum, ne me parle pas comme ça où je te fume sale pute !
– C’est bon calme toi, tu as les barrettes ?
– Ouaip, les voilà, des djihadistes afghans !
– Tu pètes un câble ?
– Non sérieux, c’est de l’afghane, c’est Kader qui me l’a ramenée de son jihad !
– Putain tu crains petite queue ! tu veux que je commence par te sucer ? où tu me prends direct en levrette, ou couchée par terre
– Suces moi !
– Mon chou montre moi ton stick
– Le voilà
– Putain t’es la meilleure suceuse, continue argh
– Continues, c’est bon je lâche, avale !
– Merde t’a déjà fini ?
– Tiens prends toi ça dans la gueule, je t’ai déjà dit de ne me parler comme ça
J’ai explosé le nez de Malika, elle est à terre, elle a les yeux en braise. Je remonte ma braguette, je me casse, j’ai les nerfs, je vais exploser
– Putain de salope, on ne peut pas se faire sucer avec respect, toujours elle me fout la honte ! Salope ! Salope !
– Toi qu’est ce t’as à me mater ? tu veux que je t’éclate ?
– C’est ça casse toi
– Fais chier tous ces cons, je vais tous les buter, ces mécréants, putain Allah tu es grand accepte moi dans ton jihad que je les fume tous ces fils de pute, ces salopes, et les 70 vierges m’attendront…
– Aller un rétro de pété, putain je les nique à coup de lattes, et de deux, et de trois… je vais me faire tout le parking de ces fils de pute…
Ahmed, une fois calmé file à la mosquée, il est obsédé par Kader le grand, Kader le héros, celui qui revient du Jihad, celui qui connaît EIL et te donne un billet via la Turquie pour la Syrie ou l’Irak rejoindre les 70 vierges…
Il laisse ses chaussures à l’entrée, rentre dans la mosquée, salue avec respect l’imam, fait ses prières. Cela dure plus d’une heure.
Une fois purifié, pense t’il, Ahmed part en quête dans le quartier de Kader, il l’appelle sans arrêt, sans succès…
Il est à nouveau frustré, rien ne fonctionne comme il veut. Tout est contre lui, s’il croise la Police il se prend une tête, car les flics depuis Charlie chassent l’arabe dans son quartier. Il a la haine, il hait sa famille, il hait cette société, il hait ces putes comme il

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