Il était une fois
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Description

Jeanne Sinclair signe ici son premier roman, mélange de voyage, d’aventure et de passion. Trois thèmes qui l’ont toujours inspirée. Vous y découvrirez comment l’héroïne de son livre, une jeune femme des années 50, quitte une vie paisible en Bretagne pour retrouver l’homme qu’elle aime, embarque sur un bateau sous une fausse identité et se retrouve entrainée dans une histoire qui la conduira jusqu’à Haïti. Bien des péripéties et des dangers l’attendent, mais aussi le charme des Caraïbes, l’amitié et l’amour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414522880
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo 157, boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous nos livres sont imprimés dans les règles environnementales les plus strictes. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52289-7

© Edilivre, 2021
I
La tempête faisait rage ce soir-là. Les grands arbres du jardin se tordaient désespérément et ressemblaient à d’énormes lutteurs ébouriffés, qui s’envoyaient avec fureur de gigantesques claques. Des paquets de pluie s’abattaient rageusement sur les vitres du salon, un volet grinça, une bourrasque plus violente que les autres força la fenêtre qui s’ouvrit avec fracas. D’un geste las, Françoise se leva pour la refermer péniblement. Elle était habituée à ces éléments déchaînés, pour être née sur les bords de l’océan. La maison paternelle était juchée sur un rocher, face aux embruns et de tous temps, le murmure des vagues avait bercé son âme farouche et tendre. Derrière… c’était la lande et ses genêts à perte de vue. Son père adorait cette maison, car disait-il :
— J’ai toujours, devant moi le grand large, indispensable au bonheur d’un marin.
Sa mère, créature douce et aimante, avait attendu ses retours dans la sérénité des âmes simples. Quatre enfants étaient venus agrandir ce foyer doux comme un nid d’oiseaux. Françoise était l’ainée. Elle tenait de son père, le courage, la volonté et l’audace. De sa mère, la beauté, le besoin d’aimer et d’être aimée. Des qualités masculines jointes à des qualités essentiellement féminines.
Françoise revint s’asseoir sur le tapis, devant la cheminée où brûlait un immense feu de bois. Tout le monde dormait dans la maison. Sa main nerveuse froissait une lettre. Elle avait attendu d’être seule pour pouvoir enfin lire et relire cette page qui lui faisait tant de mal :
« Chère petite fille,
J’ai vécu un conte merveilleux auprès de vous, et cru un moment au bonheur. Hélas !… loin de vos yeux ensorceleurs, j’ai pu me reprendre et mesurer l’étendue qui nous sépare. J’accuse vingt ans de plus que vous et je ne puis vous offrir qu’une vie de solitude. Vous êtes un être délicat, qui mérite d’être entouré chaque jour et comblé. Je n’ai pas le droit d’être égoïste en vous liant à mon destin de vagabond. Je considère le mariage comme une folie, dans mon cas. Trop de ménages se sont brisés autour de moi, pour que je risque avec légèreté, l’amour si précieux que vous m’offrez.
Adieu, petite fille chérie. Jamais je n’oublierai le merveilleux éclat de vos yeux de biche, ni la douceur de votre baiser. Je suis trop malheureux. Pardonnez-moi.
André »
Fermant les yeux, Françoise revoyait avec une joie douloureuse, les huit jours de bonheur vécus la semaine précédente. Son père était rentré un soir en annonçant qu’il avait invité un ami retrouvé par hasard à Brest, après des années de séparation.
— Je l’ai rencontré rue de Siam. C’est un type épatant, célibataire endurci, dont la conduite pendant la guerre a été brillante. Il mérite bien des décorations, mais il s’en moque. Seuls, la liberté et le grand large l’intéressent. Pour garder son bateau, il a refusé un poste à la Direction de sa Compagnie, ce qui lui valait un avancement. C’est un héros qu’on ignore et ses hommes l’adorent.
Les commentaires n’en disaient pas plus long. Françoise n’y prêta guère attention d’ailleurs.
Quelques jours plus tard, un joli cabriolet bleu s’arrêtait devant la maison. Le Capitaine Quervellec en descendit accompagné d’un homme grand, d’allure vive et de carrure herculéenne. Il paraissait âgé d’une quarantaine d’années. Françoise reçut comme un choc, le regard direct de ses yeux verts qui semblaient limpides comme de l’eau. Une flamme gaie y dansait et les fossettes du menton et de la joue gauche, faisaient un étrange contraste avec le dessin énergique du visage. La gaîté juvénile du sourire surprenait agréablement.
Les présentations furent rapides. Le quart d’heure suivant, le nouveau venu faisait déjà partie de la famille. La conversation ne chômait pas entre les deux hommes. Madame Quervellec savait s’y joindre au moment opportun. Evelyne et Jacqueline retournèrent à leurs occupations, tandis qu’Yvon reprenait ses jeux. Seule, Françoise restait auprès de ses parents. Elle avait 25 ans déjà. Mariée à 19 ans à un ami d’enfance, elle devait rester veuve trois ans plus tard. De retour au bercail, la vie pour elle reprit son train-train de jeune fille. Quelques amis, quelques sorties, peu de distractions. Seules ses longues rêveries et l’entourage des siens lui étaient un réconfort. Oh, certes, on ne la voyait jamais pleurer, ni se plaindre, aimant trop ses parents pour leur donner un souci de plus. Elle allait et venait, toujours gentille et souriante, cachant courageusement son chagrin, mais son père disait :
― Notre Françoise me fait peur. Son calme plat annonce une tempête. Je n’aime pas la voir avec ses yeux de rêve et son air de l’au-delà. Ma petite fille était pétillante comme une eau vive, impétueuse comme un torrent. Maintenant, on dirait un fantôme, malgré ses joues roses et fraîches.
Plusieurs jours s’écoulèrent paisibles en apparence, mais la présence de l’inconnu mettait le cœur de Françoise en déroute. Il recommençait à battre avec violence. Chaque pulsation ramenait en elle sa vigueur d’autrefois la tirant peu à peu d’un sommeil léthargique qui durait depuis son veuvage. Elle s’était tapie sous la tendresse familiale, comme un petit animal à l’approche des grands froids se terre du mieux qu’il peut pour oublier, dans un sommeil hivernal, les souffrances de la famine, du froid et de la solitude. Le printemps venait d’éclore, au contact d’une main ferme et chaude, sur ses doigts glacés. Tout se passa très vite. Ils étaient trop spontanés tous deux, pour se dissimuler longtemps l’attirance qui les poussait l’un vers l’autre. Les paroles étaient banales, mais les regards en disaient long. Son entourage ne se doutait de rien. Puis vint le jour de la séparation. Il était dix heures du soir et Françoise ne pouvait trouver le sommeil. Le départ fixé au lendemain matin, elle en voulait à André de ne pas avoir cherché un moment d’intimité pour leurs adieux, tout en comprenant qu’il ne pouvait abuser de la confiance de ses parents. Puisqu’il en était ainsi, c’est elle qui ferait le premier pas. A 25 ans, on est en âge de prendre ses responsabilités, sans pour cela offenser la morale. Françoise se rhabilla en hâte et s’en fut sur le balcon qui faisait le tour de la maison et sur lequel donnaient toutes les chambres. La jeune femme avançait à pas feutrés, lorsqu’après avoir contourné le premier angle, elle distingua dans l’obscurité, une silhouette appuyée à la balustrade et le rond lumineux d’une cigarette allumée. Elle eut peur de se trouver nez-à-nez avec son père. Mais en regardant mieux, elle reconnut André. Ainsi, lui non plus ne pouvait dormir !… Cela l’encouragea. Sans bruit, elle s’accouda auprès de lui. Il ne sursauta même pas, comme s’il attendait cette visite. Leurs deux âmes étaient si proches l’une de l’autre, qu’il pressentait sa venue. Le silence régnait entre eux. Il posa son bras ferme autour des épaules délicates et resserrant son étreinte, la maintint tout contre son épaule, sans même la regarder, fixant l’obscurité où se mouvait dans un doux clapotis, l’Océan, son plus vieil ami. Un combat se livrait en lui-même. Françoise s’en rendait compte et ne voulait pas intervenir, admirant l’assurance, l’indépendance de cet homme. Elle comprenait quel amour de la liberté l’habitait tout entier et ne voulait rien faire pour l’attendrir ni l’enchaîner de crainte qu’il perde son prestige de vagabond, d’homme fier et libre. André appréciait la discrétion de cette enfant curieuse, si différente des autres femmes coquettes, entreprenantes, calculatrices. Il se moquait toujours de ses tendres victimes, prenait l’amour quand il s’offrait car il jouissait d’une vitalité ardente, puis volait sans plus de soucis, vers d’autres conquêtes. Mais Françoise l’impressionnait. Sa forte personnalité l’attirait plus que de raison. Son désir physique lui semblait plus violent que d’habitude. Il avait besoin de toute son énergie pour ne pas la prendre dans ses bras et lui murmurer des folies dont il mesurait avec effroi, toute la sincérité.
Françoise glissa sa main sous la sienne et se tourna légèrement vers lui. Ses yeux adorables brillaient. Veloutés et doux, d’un gris presque sombre, ils s’étiraient vers la tempe, donnant au regard un air étrangement exotique.
— Je comprends tout ce qui se passe en vous, André et je voulais vous dire que je vous aime tel que vous êtes. Ne vous posez pas tant de questions pour l’instant.
Un petit sourire timide tremblait aux coins des lèvres, tandis qu’elle murmurait ces mots d’une voix aux inflexions chaudes.
— Ma petite Françoise chérie, qu’il est doux de vous entendre dire cela, mais de grâce, ne me regardez pas ainsi, vous me rendrez fou. Je ne suis pourtant plus un jeune homme : j’ai 45 ans. Les femmes ne m’ont jamais impressionné outre mesure. Et voilà que vous me déroutez, vous si simple, si dépourvue d’artifices. Votre mariage a été malheureux, vous méritez mieux cette fois-ci. Je crains de ne pouvoir vous entourer autant qu’il le faudrait. J’ai l’expérience de la vie et j’ai peur de vous blesser. Jamais je ne me suis posé de telles questions à propos d’une femme. Me voilà devant vous, plus désarmé qu’un gosse de vingt ans.
Sans répondre, Françoise prit à deux mains le visage de son compagnon. Très doucement, dans une caresse, elle en suivit tous les contours. Comme pour une empreinte. L’index frôla légèrement les sourcils, le nez droit et fin, les lèvres sensuelles et viriles. Leurs yeux se cherchaient avec avidité. Leurs souffles se confondaient, quand, soudain, avec la rapidité

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