I Can Do It
102 pages
Français

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Description

« Vous voyez mes mains ? Je vais les laisser bien à plat pour ne pas être tentée de les mettre sur votre petite gueule... » Depuis qu'elle est au chômage Gwladys ne se reconnaît plus ; elle si respectueuse, si polie, devient agressive, se fâche avec son compagnon, ses amies, rate les rares entretiens d'embauche qu'elle décroche et est obligée d'avaler tous les soirs une dose de whisky pour réussir à s'endormir. Elle se réfugie dans les bras du beau Stan pour se prouver qu'elle peut encore plaire à un homme à défaut de séduire une entreprise et finit un soir au commissariat pour avoir voulu dénoncer, à sa façon, un système dont elle se sent prisonnière. Heureusement, elle a ses trois copines chômeuses qu'elle n'aurait jamais rencontrées sans cette formation d'anglais car tout les oppose : leur âge, leur milieu social et leur parcours ; pourtant elles vont s'apprivoiser, se soutenir, pleurer et rire ensemble. Elle a aussi Léo, son fils, pour qui elle refuse de baisser les bras et grâce à qui elle va se découvrir un talent. Plus qu'une compensation, cette découverte va devenir une véritable thérapie et peu à peu lui ouvrir de nouveaux horizons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342152050
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I Can Do It
Sylvie Bourgeois
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
I Can Do It
 
 
 
 
Octobre 2012
— Léo, dépêche-toi !
— Zen maman, zen.
Selon mon humeur cette réponse de mon fils m’agace ou me fait sourire.
Ce matin je suis en forme et puis il a encore dix minutes avant de prendre son bus pour le collège. Quant à moi, il me reste une petite demi-heure, de quoi finir de me préparer tranquillement.
Il faut que j’arrive cinq minutes avant l’heure indiquée sur la convocation car avant de trouver la bonne salle je suis capable de m’égarer dans le dédale des couloirs ; ce n’est pas un hasard si le père de Léo me surnomme Marco Polo, je me trompe souvent de rue dans ma propre ville ce qui fait que j’utilise rarement le chemin le plus court.
Aujourd’hui il serait mal venu d’être en retard, je commence une formation d’anglais qui durera trois semaines. Je parle assez bien l’allemand et je me débrouille en espagnol, mais de l’anglais je n’ai que quelques rudiments.
Je suis de cette génération où l’on pouvait choisir allemand en première langue et où l’anglais n’était pas obligatoire.
 
Hasard ou chance, je m’aperçois en sortant de ma voiture que je suis garée juste devant l’accueil du centre de formation ; je m’y rends sans réfléchir et me retrouve face à une femme d’une quarantaine d’années, qui me propose de la suivre car elle est chargée de recevoir les stagiaires dans la salle où j’ai rendez-vous.
Nous sommes dix dont seulement deux hommes, tous chômeurs.
La quadra se présente : elle s’appelle Pascale, elle est la responsable commerciale du centre.
Après nous avoir communiqué quelques informations sur l’établissement et sur le déroulement du stage, elle nous distribue des documents à remplir.
Une femme et un homme viennent de la rejoindre, elle nous les présente :
— Voici Magalie et John. Magalie sera le professeur du groupe de niveau intermédiaire, elle est française mais a vécu dix ans à Londres. John nous vient de Manchester, il est en France depuis un an et sera le professeur des débutants, je devrais plutôt dire des débutantes. Les veinardes ! Il n’est pas mignon notre John ?
Une femme siffle juste à côté de moi, je la regarde l’air surpris, elle me répond par un clin d’œil et un éclat de rire, ce qui fait dire à Pascale :
— Je vois qu’il y a des connaisseuses !
Ça promet ! J’espère qu’elle est dans ma classe celle-là.
Pascale ramasse les documents que nous avons soigneusement remplis et invite le groupe des « intermédiaires » à suivre Magalie pour gagner la salle de cours.
— Hé oui, il faut bien commencer !
Six personnes se lèvent, dont les deux hommes, elles quittent la pièce suivant Magalie en silence.
Nous ne sommes plus que quatre femmes plus Pascale et John.
Génial ! La comique est parmi nous.
Pascale nous explique que les six stagiaires qui viennent de partir se connaissent puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble en septembre.
Elle nous propose de faire un tour de table afin de nous présenter et de donner nos motivations ; auparavant elle nous demande d’être indulgentes avec John qui comprend assez bien le français mais a encore du mal à le parler, c’est pourquoi il ne s’exprimera avec nous qu’en anglais.
C’est elle qui désigne celle de nous quatre qui doit commencer.
C’est une jeune femme grande et mince, elle a de longs cheveux châtains et des yeux clairs, elle porte une robe et des talons hauts, elle est élégante et jolie mais son air hautain la rend antipathique.
— Bonjour, je m’appelle Marie-Pierre, j’ai 32 ans, j’étais commerciale itinérante, j’ai été licenciée en juillet. J’ai demandé à Pôle Emploi une formation anglais parce que j’aimerais travailler à l’export. Je n’ai pas pratiqué l’anglais depuis que je suis sortie de l’école c’est pourquoi je préfère être dans un groupe de débutants.
Sa voisine enchaîne :
— Bonjour, je m’appelle Corinne, j’ai 41 ans, j’étais assistante commerciale, j’ai été licenciée en mars. C’est Pôle Emploi qui m’a proposé cette formation pour augmenter mes chances de retrouver un poste dans ma branche.
Corinne est une petite blonde, bien en chair ; ses cheveux sont emprisonnés sous une grosse pince en plastique noir, elle serait mignonne si elle s’arrangeait mieux.
Son regard est triste mais déterminé, je suis sûre que si je lui donne une poignée de mains, elle sera ferme et franche.
Voici mon tour.
— Bonjour, je m’appelle Gwladys, j’aurai bientôt 51 ans, j’étais responsable du service communication dans un groupe de cent cinquante salariés. J’ai été licenciée fin juillet pour raisons économiques. J’ai tout de suite demandé à Pôle Emploi une formation anglais pour être la plus polyvalente possible et pouvoir postuler à des offres dans le commercial.
La siffleuse prend le relais :
— Bah moi c’est Gigi, mon vrai nom c’est Ghislaine mais je le déteste, j’ai 46 ans, j’étais la reine de la chaussette. Moi aussi j’ai été licenciée pour motif économique, la boîte a fermé. Ça fait six mois que je suis chez Pôle Emploi.
Ces cons ne voulaient pas me payer la formation d’anglais mais je les ai eus à l’usure. Ils devaient penser que quand on a quitté l’école à 14 ans on n’est pas capable d’apprendre une langue étrangère.
Moi je voudrais passer à autre chose et pourquoi pas rejoindre ma fille au Canada et ne plus jamais remettre les pieds dans ce pays de merde.
 
Mon regard croise celui de Marie-Pierre et nous échangeons une mimique.
John sourit en passant son index sur son menton. Je me demande s’il a bien compris.
Corinne reste figée, l’air offusqué.
Pascale rit de bon cœur et après avoir lâché un :
— Bon, ça, c’est dit !
Elle nous invite à la rejoindre au distributeur de boissons. Nous buvons le café tous les six puis elle nous abandonne et le cours commence.
Les horaires sont 9 h/12 h, 13 h 30/16 h 30.
Six heures d’anglais par jour pendant trois semaines, il va falloir s’accrocher !
 
Dès le deuxième jour nous décidons d’apporter nos repas et de manger sur place puisqu’une salle avec micro-ondes est à la disposition des stagiaires. Les langues se délient, nous apprenons à nous connaître et très vite nous formons un quatuor inséparable, même le soir nous nous attendons pour regagner nos voitures.
 
Je me sens bien, tous les matins j’ai l’impression d’aller travailler, c’est presque comme si rien ne s’était passé.
Les filles sont attachantes et Marie-Pierre est plutôt sympa, c’est juste une petite nana aux dents longues. Elle a parfois du mal à supporter Gigi dont la gouaille la choque, mais elle reconnaît qu’elle a le cœur sur la main.
Corinne refuse de parler de son dernier emploi, elle dit que c’est trop douloureux, que toute sa famille en souffre, surtout son fils de 15 ans qui lui en fait voir de toutes les couleurs.
Gigi semble pouvoir rire de tout et elle ne s’en prive pas. Plus je l’observe, plus j’ai envie de la connaître. Elle mesure environ 1,60 m, elle est plutôt sèche avec toutefois une belle poitrine, elle a des cheveux courts très bruns et le regard vif ; elle porte des jeans et des blousons, de dos on croirait une gamine.
Elle fume cigarette sur cigarette, ses mains tremblent. Quand elle parle elle regarde les gens droit dans les yeux.
Lors des pauses elle nous abandonne parfois pour prendre des photos ; elle photographie les gens qui passent, les arbres, les oiseaux ; elle dit :
— C’est la vie qui m’intéresse.
Moi, j’évite les questions personnelles, j’ai toujours pensé que la vie des autres était plus intéressante que la mienne. Je m’arrange pour faire parler les filles et ça marche et puis, je me sens privilégiée face à Corinne et Gigi.
J’étais cadre, j’ai été licenciée au bon moment : un an plus tôt et je n’aurais pas eu droit à 3 années de chômage, dont une avec 100 % de mon salaire, avantage qu’offre l’État aux personnes licenciées pour motif économique : le contrat de sécurisation professionnelle (CSP). Jusqu’à fin juillet 2013 je vais donc toucher mon salaire et pendant les deux années qui suivront je percevrais une indemnité de chômage égale à 57 % de mon salaire brut, de quoi voir venir.
Si mon licenciement s’était produit avant mes 50 ans je n’aurais eu droit qu’à une année de chômage après le CSP.
 
Ce matin j’avoue que j’ai du mal, j’ai rêvé anglais toute la nuit et le réveil a été difficile. Un vrai lundi, comme avant, lorsque je travaillais et que mon week-end avait été bien rempli.
Je vois que je ne suis pas la seule, Corinne baille, Marie-Pierre s’étire, seule Gigi semble en forme et nous lance :
— Prêtes pour une deuxième semaine les filles ?
John arrive et le cours commence.
Malgré son apparente énergie Gigi affiche quelques difficultés de compréhension ; cela fait déjà trois fois qu’elle demande à John de répéter.
À la quatrième fois, comme John ne répond pas, elle l’interpelle :
—  Wayne, slowly please !
John se retourne et rétorque :
—  My name is John !
— Bah, c’est ce que je dis : John Wayne !
Éclat de rire général qui vire à l’hilarité lorsque John renchérit :
— Très drôle, Ghislaine !
John avait donc noté le vrai prénom de Gigi ! Elle en reste bouche bée.
 
La matinée se déroule dans la bonne humeur et resserre nos liens de complicité.
À la pause déjeuner Marie-Pierre nous fait une proposition :
— J’ai pensé à un truc les filles : au lieu de rester dans cette salle lugubre après manger, on pourrait aller prendre un café dans un bar. J’en connais un à cinq minutes à pied, en plus ça nous ferait du bien de marcher un peu.
Nous sommes toutes d’accord pour d

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