Histoires du Sud
136 pages
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Histoires du Sud , livre ebook

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Description

Pierre Pinton, en parcourant ce sud de la France si riche et si convoité, eut l'avantage de pouvoir rencontrer des gens du cru de divers départements qui lui racontèrent des histoires, des anecdotes, des légendes, des contes ou de mystérieuses manifestations. Ce livre regroupe les plus intéressants, tels qu'il les a notés lors de ses rencontres merveilleuses avec des gens attachants et tant épris de leur pays. L'Histoire est faite d'histoires, la connaissance de l'accumulation des connaissances acquises au long des siècles et le progrès ne peut se forger qu'en rebondissant sur le passé qui nous est légué. Raconter – même des légendes ou des contes ou des vies passées – ne peut que contribuer à nous faire évoluer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050028
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoires du Sud
Pierre Pinton
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Histoires du Sud
 
 
 
 
 
 
 
Après avoir vécu sur le chemin des songes, là où le ciel si bleu vient boire un peu la mer ;
Après avoir marché sur la dune crissante dans le doux clapotis des vagues qui s’ennuient ;
Après avoir à pleins poumons avides respiré et l’embrun et le thym du levant ;
Après avoir aimé au profond de l’orage le ciel déchiré tombant au fond des eaux ;
Après avoir voulu redevenir malgré l’âge l’enfant ébouriffé jouant de sable et d’onde ;
Après que mon cœur enivré eut voulu conquérir ce monde aux mille faces, aux mille glaces, aux mille espaces inaccessibles ;
Il ne me reste plus que mon grand corps triste à traîner de partout sur cette terre aride et à me souvenir de toutes les époques que j’ai pu traverser.
Soit cheval, soit enfant, soit errant j’ai vu tant et tant de choses à travers mes vies que la seule issue qu’il me reste n’est autre que d’y rêver.
Il faut raconter les histoires et les légendes, il faut parler pour que se transmettent la sueur des anciens, les sagesses accumulées, les erreurs à éviter, pour que l’on sache comment et pourquoi tout s’est fait et si notre avenir a une chance de chanter.
À grands galops dans les âges ou à pas prudents dans tous ces passages que Dieu a bien voulu organiser pour moi, il reste tant de choses que le temps ne peut et ne doit tuer puisque lui-même n’existe pas, il est juste inventé.
Allez dire aux Romains, aux Rois ou aux cavernes que le temps prend son temps, que le temps travaille pour eux. Il n’en est rien, il n’existe pas, seul le passé contient de l’importance et peut nous forger un avenir serein.
À quel moment fini le passé et débute l’avenir ?
Et la seule confession d’une âme qui s’attriste peut dès à présent jouer pour le futur.
 
Raconter le passé, celui qui fut le présent pour nos anciens, et peut-être ses secrets, c’est vivre un peu la vie d’une façon plus originale en ramenant toujours ce qu’il y a eu de construit, pour le seul profit humain.
Pourquoi dans la nature tout semble recommencer alors que rien n’est fini ? Et si le poète signe ses vers dans un élan contre le temps, il devient si simple de continuer les lignes ainsi posées.
Non ! Malgré la pluie et la tempête, malgré le port atteint et le repos gagné, la route n’est point finie. Toujours il faut errer à la découverte de l’infini passé.
Et c’est en trouvant dans l’écume des âges parvenue jusqu’à nous les reflets et les restes des autres, des aïeux, que l’on pourra sans fautes continuer la tâche qui nous mènera là où est notre destin.
 
La vie c’est déjà la mort ; mais la mort c’est revivre et faire revivre sur l’inconnu des choses. Avec l’amour et l’aura des dieux, le chemin sera bon et c’est à nous maintenant de trouver le pont qui nous permettra d’aller au savoir.
L’expérience et le rêve se confondront-ils un jour pour que la seule réalité offre une trêve à cette humanité qui n’en finit pas de se chercher !
Alors il faut trouver dans les résurgences du passé ; alors il faut raconter pour que tous sachent et que de ce savoir un départ soit donné afin d’arriver bien, là, comme le ciel nous programme, là où dans toutes nos vies nous devons aborder.
 
 
C’était il y a déjà longtemps, peut-être quelques années ou bien ce matin même. Je ne saurais plus, ce n’est pas important ; mais peu importe le temps ou les années.
C’était en plein printemps d’une vie d’adulte qui veut s’épanouir au rythme des lilas, au parfum des rosées endormies au rebord des plus beaux pétales de fleurs.
C’était un épisode d’une vie qui commence, en entendant par là, la vraie vie, celle du labeur, celle qui fait que l’homme s’exhale.
C’était tout simplement quelques jours dans notre pays ; un lieu, un événement, intemporel mais éternel.
Alors il faut en parler pour transmettre le savoir et la vie qui font à eux seuls l’expérience et la connaissance ; il faut en parler pour que tous puissent apprendre, profiter, et avancer encore et encore, pour que cette accumulation des savoirs et des expériences nous amène enfin à la réponse du « pourquoi ».
La mémoire reste un très grand privilège que l’homme doit cultiver pour progresser.
Le souvenir, lui, peut faire mal et engendrer beaucoup de mélancolie et de regret.
Faisons de la mémoire un héritage (le seul d’ailleurs jamais réclamé par les héritiers). La pierre, l’argent, les biens immobiliers n’ont de valeur que parce qu’ils sont issus de la mémoire.
Il faut se mettre au plaisir de raconter les légendes qui sont peut-être aussi des secrets afin d’émerveiller nos petits et de leur donner une partie de notre savoir. Les légendes sont en fait un mélange de vérité et de rêverie.
Ne sommes-nous pas tous des juifs errants capables de raconter ce qui devient l’éternité !!!
 
Ce livre raconte donc des histoires du sud, comme s’il s’agissait d’un reportage, d’une découverte.
 
 
 
La chasse aux grives en Lozère Causse de Sauveterre
 
 
 
Le Massegros, causse de Sauveterre.
Noyé dans le brouillard de novembre, le petit village de Lozère semblait complètement engourdi lorsque le moteur de notre véhicule stoppa devant la maison de Roger. Ce grand gaillard est déjà sur le seuil (mais je le soupçonne d’y avoir fait planton) bras en avant pour nous accueillir et nous inviter à vite pénétrer à l’intérieur de la grosse bâtisse en granit couverte de vieilles lauses moirées de lichen et de siècles écoulés.
Seule la neige paraît troubler le bonheur d’une rencontre mais pour nous au contraire ce n’est qu’un coup de pinceau sur la toile campagnarde.
Quelques marches anciennes, humides, en grés du pays, ayant été rapidement avalées par notre impatience et avant que le parfum de la soupe au lard qui mijote dans le coin de la grande cheminée nous accapare entièrement, notre grand plaisir fut de saluer son épouse : tablier à la taille, cheveux tirés mais avec une certaine élégance, casseroles et cuillers en batterie.
La cuisinière au travail, l’hôtesse à son charmant devoir ; Madeleine dans toute sa splendeur.
Une bonne chaleur de feu de bois ramassé au bout du clos entourant la maison, finie par nous envahir. Nous nous sentons bien dans cette immense cuisine au plafond en pierres apparentes comme les murs, mais voûté. Accueillante aussi la grande table en vieux bois massif ; du merisier je crois et près de dix mètres de long, où le couvert était déjà soigneusement installé autour d’un gros pain de seigle rond et croustillant, cuit dans la semaine au four communale niché près d’un platane sur la place du patelin.
Il faut dire qu’ici ils sont encore quelques-uns à perpétuer cette ancestrale habitude.
Ce qui pourrait sembler des discussions d’usage ou de politesse prend dans ce foyer, au cœur de la Lozère, un caractère amical et les banalités avaient un accent d’amitié.
Roger toujours affable court du feu à nos chaises expliquant maintes activités de la semaine qui justifient fort bien sa carrure et son teint rougeaud. Quelle santé ! et quelle simplicité ! Nous sommes loin des chichis et des inutilités de quelques citadins se croyant mieux placés. Une main calleuse tendue pour toute offrande vaut mieux qu’un de ces présents sans sourire et sans trace de sincérité.
Mais dans cette atmosphère, où même par-dessus nos rires et nos discours animés le tic-tac de la grande horloge règle chaque geste, chaque intonation, comme le cœur de toutes ces pierres, il manque encore quelqu’un ; nous attendons quelqu’un.
La Lozère a ceci, non pas de particulier, mais d’extrêmement riche, d’extrêmement embellissant : à chaque coin de bois, à chaque orée de village, à chaque angle de maison, on est en présence de la nature vraie dans sa pure origine et elle a su garder grâce à ses habitants ce que la nostalgie de notre enfance nous ressasse sans cesse, elle a su garder le goût encore sauvage qui donne à la nature et à la vie un visage parfait.
Nous étions venus ici découvrir par le récit et le tableau naturel du pays, écouter donc avec notre âme et tout notre être, comment en Lozère on chasse encore la grive, et nous étions déjà imprégnés.
Mais la chasse sans permis ; la chasse des anciens, pour manger ; la chasse à la braconne, ancestrale, qui pourtant paraît la seule chasse naturelle : pas de fusils, pas de permis, simplement l’homme du terroir qui veut manger et qui invente et qui ruse. Et la bête qui elle aussi pour manger n’aura de chance d’en réchapper que grâce à son habileté ou à un peu de malice.
La nature quoi ! la seule raison de chasser.
La table est donc prête, le dîner tenu au chaud dans un mélange d’arômes et de fumets qui aurait lui aussi bien compromis les messes basses de dom Balaguères. Le soir venait d’envahir le moindre recoin de Soulages et les petites lampes des angles des maisons, dans ce village de 25 familles, brillent comme de frileuses lucioles ayant la garde d’un trésor.
Il est vrai qu’en plein cœur du causse Sauveterre, à une enjambée paysanne de Séverac-le-Château en coupant par Le Massegros, le petit bourg ne se remarque que par ses maisons typiques en pierre et par les fumerolles des cheminées presque toujours en service.
Après un petit verre de vin à la châtaigne confectionné par Roger lui-même il était bien temps de se mettre à table et il nous fallait donc maintenant aller chercher Gaston.
Car dans tous ces pays « hors villes » l’amitié et le bon voisinage sont de rigueur, chaque occasion est bon

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