Guérillera : Les larmes de cristal
267 pages
Français

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Description

Sam, jeune soldat occidental en mission de pacification sur l’île des Kornilles (Asie) est grièvement blessé lors de l’évacuation des troupes. Il rentre au pays en laissant sur place l’amour de sa vie : une jeune kornillienne. Vingt ans plus tard, sur son lit de mort, il missionne son neveu Morgan Suther, grand reporter de guerre, pour retrouver Swandy et la ramener en Occident, comme il le lui avait promis.
L’île des Kornilles renoue avec la guerre civile et avec sa lutte contre son voisin envahisseur : l’Urdikistan. L’Occident se pose de nouveau en médiateur et envoie une nouvelle fois des troupes sur l’île.
Morgan Suther est du voyage. Il n’aura de cesse de retrouver l’amour de jeunesse de son oncle disparu. Or, le conflit se durcit et l’armée occidentale se heurte à des actions de guérilla de la part des autochtones rebelles. L’un des groupes les plus meurtriers est mené par une jeune guerrière sans pitié, cruelle et sauvage…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312126579
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guérillera
Nathalie Faure Lombardot
Guérillera
Les larmes de cristal
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
La fille de l’ombre , BoD , 2003, réédité en 2015
Au nom d’Elisa , BoD , 2008
Amnésie , BoD , 2010
L’autre, BoD , 2013
Sans illusion, BoD , 2014
L’une ou l’autre, BoD , 2021
Quatre temps (nouvelles), BoD , 2022
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-12657-9
Pour Mélodie et Dylan , que j’aime de tout mon cœur.
Pour l’homme de ma vie, Gilles .
Pour mes ami(e)s, auteur(e)s, qui m’ont lue, soutenue, ils/elles se reconnaîtront…
Avant-propos
Peu importe que les pays dont je parle existent ou non, peu importe que mes personnages et leur histoire soient réels ou inventés. Certains événements, situations, contextes leur ressemblent tellement… L’essentiel n’est ni le lieu ni l’époque, mais la terrible mentalité de l’Homme, sa soif de combat, de pouvoir, son ignorance ou au contraire, sa trop grande connaissance des faiblesses de ses pairs. On dit que la réalité dépasse souvent la fiction. J’aimerais que cette histoire ne soit qu’une fiction, que l’espoir soit le seul vainqueur du combat, que la prise de conscience et la connaissance le surpassent…
Prologue
Je savais que mon île, celle sur laquelle j’étais née, était devenue une véritable poudrière. Ce qui semblait à l’Occident , être un paradis devenait notre enfer. Tout était si beau et si toxique à la fois. Les immenses plages de sable blanc, idéales pour accueillir des milliers de touristes étaient désertées, évitées comme la peste, comme toute étendue découverte, d’ailleurs. Seuls les cocotiers y balançaient leurs longues feuilles. Qui s’y risquait faisait une cible de choix pour les tireurs d’élite. Nos collines et nos vallées si vertes, si boisées, n’étaient pas des refuges beaucoup plus sûrs. Les guérilleros – dont je faisais partie – avaient pris possession des forêts et des montagnes. Un étranger s’y serait promené sans le moindre soupçon tant nous savions devenir invisibles. Mais moi, j’étais bien placée pour savoir que des centaines d’yeux étaient toujours à l’affût, que derrière chaque regard se trouvaient une arme d’abord, un corps humain ensuite, un cerveau ou une âme, je n’en suis plus très sûre. Nous vivions comme des bêtes. Je m’en rends compte aujourd’hui. Mais nous n’avions pas le choix. Nous ne savions plus ce que signifiaient compassion, sentiment, clémence, sérénité… Non , beaucoup d’entre nous n’utilisaient même plus ces mots. Chacun survivait comme il le pouvait dans la communauté. Notre seul objectif était de tuer l’ennemi pour survivre. L’ennemi, c’était ce gouvernement mené par un dictateur militaire mis en place par les étrangers. Enfin , c’est ce que j’entendais depuis ma plus tendre enfance. La seule constante, c’était notre communauté : les rebelles, les guérilleros. Une minorité ethnique qui revendiquait juste son territoire. Nous voulions notre indépendance et le droit de vivre sur notre terre, de la cultiver librement, ou presque. Les choses étaient en fait, un peu plus compliquées que mon esprit d’enfant voulait bien le comprendre. En réalité, notre petit pays était en guerre civile depuis tant d’années que ma génération et la précédente n’avaient jamais connu la paix. Il y avait des périodes d’accalmie, mais elles ne duraient jamais longtemps.
La version des miens était la suivante. Nos grands-parents vivaient sur cette terre, la cultivaient pour les propriétaires des lieux : des colons, Occidentaux pour la plupart, considérés comme des seigneurs puissants, mais bienfaiteurs, depuis des générations. Nos aïeuls n’étaient pas riches, mais ne manquaient de rien. Ils avaient de la nourriture, du travail, et la vie s’écoulait ainsi, sans que personne ne trouve rien à y redire. Mais les retombées de plusieurs guerres civiles visant à libérer les « petits pays » du joug de la colonisation touchèrent notre île aussi. L’île des Kornilles fut annexée par le peuple du pays côtier : l’Urdikistan. Décision qui fut approuvée par les États occidentaux qui, apparemment, ne voulaient plus de nous et ne savaient pas comment se débarrasser d’une énième colonie qui leur coûtait trop cher. Afin que ce nouveau découpage des frontières soit respecté, notre île fut occupée par l’armée occidentale, venue nous apprendre à nous servir de notre nouvelle liberté – ou nous apprendre à être asservis par les Urdiks, c’était selon… – Une grande partie des Kornilliens adopta les us et coutumes des Urdiks et se rangea bien sagement à leurs côtés. Les autres, en minorité, se rebellèrent et se réfugièrent dans les montagnes, sachant qu’après le départ des troupes occidentales, une dictature serait mise en place. Une terrible guerre civile démarra alors. Ce fut le début de l’enfer. Les Occidentaux finirent par quitter notre pays, non sans avoir mis sur pied un gouvernement urdik sous leur domination avec, à sa tête, le général Nadil Pachkan. Nos anciens « dirigeants indigènes » – en particulier le seigneur Sorata San, gouverneur de l’île – ne voulant pas renoncer à leurs privilèges se lancèrent dans la guérilla. Les attentats se succédèrent, tous plus violents les uns que les autres. Le gouvernement riposta par de lourdes opérations militaires. Beaucoup des meneurs furent massacrés. Les autres formèrent des groupuscules continuant la guérilla, sous la houlette de Sorata San. Je faisais partie de l’un d’eux, non pas parce que je l’avais choisi, mais parce que j’avais été recueillie par ce groupe dès mon plus jeune âge. En tant que bâtarde, j’avais été rejetée par le peuple de ma mère. Longtemps, j’ai pensé que les rebelles m’avaient recueillie par bienveillance…
En effet, non seulement j’étais née du mauvais sexe, mais en plus, j’avais eu l’immense tort d’avoir été conçue par un soldat occidental de passage. Comme beaucoup de ses compatriotes, il rentra au pays sans même savoir, je pense – et j’espère –, qu’il laissait sa progéniture sur place. De ma mère, je n’ai que des souvenirs respectueux. J’ai toujours su qu’elle avait énormément souffert, mais jusqu’à ce jour, je n’avais jamais vraiment compris à quel point. Née sous le signe du sexe faible, elle aussi avait fui sa famille à l’âge de seize ans pour éviter le mariage que ses parents lui imposaient. Sa fuite avait été facilitée par l’arrivée des Occidentaux. L’un d’eux l’avait recueillie et lui avait permis de vivre à sa guise. Elle avait à l’époque, des idées tellement avant-gardistes dans ce pays que personne – si ce n’était un peuple plus « occidentalisé » que le nôtre – ne pouvait comprendre. On la considérait comme folle. Comment une femme pouvait-elle décider de vivre seule et indépendante, alors qu’elle n’avait été conçue que pour servir l’homme, son maître ? Le soldat occidental qui l’aida et la recueillit, mon géniteur, lui mit dans la tête l’envie de vivre comme les femmes de chez lui, à coup de magazines et de livres. Je naquis après son départ et elle n’eut de cesse de m’élever dans l’idée qu’un jour je rejoindrais mon père pour vivre en femme libre et profiter de toutes les merveilles que m’offrirait alors l’Occident. Elle m’apprit à me méfier de tout et de tous ici, à ne croire en rien, à n’avoir confiance en personne. Elle m’enseigna à ne me fier qu’à mon propre jugement, à toujours envisager ou imaginer l’envers du décor, la situation inverse de celle que je vivais, avant de prendre la moindre décision. Elle disait que pour vaincre l’ennemi, il fallait se mettre à sa place, s’imaginer dans sa peau, le connaître… Elle fut tuée par une bombe qu’elle avait elle-même posée alors que j’allais avoir six ans. Je fus donc recueillie par son groupe de guérilleros, plus par pitié que par compassion d’ailleurs. On m’offrait de la nourriture et un endroit sec où dormir en échange de menus travaux. On me conditionna à détester nos ennemis sans chercher à comprendre. J’étais malheureusement née de sexe féminin, j’aurais dû apprendre à cuisiner, à tenir une maison et à choyer un « maître ». Très vite et très jeune, j’aurais dû être mariée et j’aurais dû donner la vie à une ribambelle d’enfants, priant pour avoir le maximum de garçons afin qu’ils aident leur père dans son travail et nous rapportent de quoi vivre. Mais très vite, on remarqua la facilité avec laquelle j’apprenais à me servir d’armes blanches, la souplesse et la ruse dont je faisais preuve pour terrasser mes adversaires masculins. Du coup, on m’enseigna les arts martiaux, on m’apprit à me servir d’une arme à feu, à tirer, à me dissimuler, à me battre à mains nues, mais surtout, à me servir d’un couteau. Je ne sais d’où me vint ce don, mais les lames devinrent mes meilleures amies. Peu d’adultes savaient s’en servir comme moi. J’appris à me faire respecter de mes compatriotes grâce à ma rapidité, à mon agilité et mon adresse. Cela m’aida grandement à supporter ma situation peu enviable dans la communauté au sein de laquelle je vivais. Jamais on ne me demanda mon avis. J’avais été conditionnée à me battre, à tuer pour la « cause ». Personne ne savait que j’avais récupéré, comme pauvre héritage, les livres que mon père avait offerts à ma mère. J’avais caché toutes ces traces de satanisme occidental dans une boîte en fer que j’avais remisée dans une excavation de la montagne. Par la suite, on découvrit que je savais lire, que j’étais instruite, que je maitrisais la langue des Occidentaux. Je dus ma survie à ce genre de détails qui rendirent de nombreux services à la communauté. Mais j’étais trop jeune alors, et la dureté de la vie de guérilleros travailla contre moi. J’eus beau tenter mentalement de me battre pour les idées de ma mère, je les oubliai peu à peu, noyées dans la difficulté de mon quotidien. Mon autre arme fatale (aussi dangereuse pour moi, que pour les hommes qui croisaient mon chemin) était mon physique. J’avais hérité de ma mère ses yeux ambrés, ses pommettes hautes, ses cheveux couleur de jais que je portais comme elle, très longs. Mais contrairement aux visages ronds

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