Flagrant Délit de Fragilité
188 pages
Français

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Flagrant Délit de Fragilité , livre ebook

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Description

Il déclencha un single dans la playlist de son smartphone, mit les écouteurs et revint vers la fenêtre-balcon. Les grues immobiles inclinaient leurs bras monstrueux dans la brume matinale le long des quais du port. Les pistes aménagées aux alentours paraissaient paisibles et quelques joggeurs les foulaient. C’était tellement beau et serein qu’il en eut le cœur serré. II y avait là un spectacle dont il ne s’était jamais soucié, qui lui était jeté à la figure mêlé à d’autres spectacles semblables qu’il n’avait fait que frôler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2024
Nombre de lectures 4
EAN13 9789920659505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

M’barek HOUSNI Flagrant délit de fragilité Nouvelles Editions Dar Attaouhidi
Edition :Février 2024
 Flagrant délit de fragilité
 M’barek Housni
I.S.B.N :9789920659505
Dépôt légal :2024MO0388
Conception de la Couverture :Service Technique de l’éditeur
يﺪﻴﺣﻮﺘﻟا راد تارﻮﺸﻨﻣ DAFMED Sarl
110, Rue Napoli Océan Rabat Maroc
Tél :0212537709760///00212666894583///00212661379837
email :dafmed.attaouhidi@gmail.com
 darattaouhidi2021@yahoo.com
Site Web : www.darattaouhidi.com
ChaineYoutube :dafmed TV
© Tous droits réservés Il est formellement interdit de copier intégralement ou partiellement, le contenu de ce livre, pour usage, de toute nature, sans autorisation explicite de l’éditeur.
Les sens de la passion
1
Le nom me piqua de nouveau, à vif, lors
d’une excursion dans une vallée déserte à l’autre
1 bout du douar . L’endroit s’évasait entre deux
berges escarpées, jonchées de pierrailles et de
lavandes dispersées. Un soleil d’après-midi s’y
reflétait par endroits, comme choisi exprès. Un
peu plus loin, les hautes montagnes dressées des
deux côtés telles des murailles jetaient un halo
ombrageux qui semblait plein de murmures
vivants.
Je venais de passer de l’eau sur ma tête et
mon visage, l’eau des sept sources cristallines,
afin d’étouffer une migraine lancinante. À un
moment, j’eus le pressentiment bizarre de me
trouver au milieu d’un monde invisible, parallèle
au nôtre. Me sentant rafraîchi, je me levai et pris
un étroit sentier improvisé au milieu d’un
bosquet de chênes et de hautes herbes sauvages. 1 Petit village. 5
À un tournant, je fus presque renversé par un
troupeau de chèvres dévalant le coteau et bêlant
dans un assourdissant fracas de cailloux et de
brindilles. Immédiatement après, un bruissement
de pas humains suivit. Des branches tremblèrent
du côté où je lançai instinctivement mon regard
et un dicton monta soudain à mes lèvres : « Là où
il y a des chèvres, il y a une bergère. » Aussitôt,
un fichu rouge émergea. Un astre brillant me fit
face, éclatant
de mille étincelles, entre les
branches écartées, en un losange allongé par
deux mains gracieuses. Un spectacle sans pareil !
La jeune bergère entonnait :
Ô jeune vierge !
Le jeune garçon te dit :
Enlève ton foulard et sur l’herbe
Étale-le… pour que vienne
L’amour ! Notre amour !…
La
chanson se répercutait,
lente
et
sinueuse, elle avait une profondeur. Elle me fit
l’effet d’un vol de pigeons s’en allant frôler les
6
airs de leurs larges ailes, comme pourprodiguer à
l’horizon ensoleillé une touche de mélancolie.
C’était la complainte des vierges inassouvies.
«Ciel ! Langue
ingrate,
méchante
coquine. Ciel ! Envoie ta flamme ! Que cette
langue amazighe du fond des âges me soit lue et
contée ! » Et je dis, comme charmé :
2 — Puisse Dieu t’aider, ôtarbat!
— Que le salut du dieu soit sur toi ! me
répondit-elle avec un sourire envoûtant.
Voilà ce bout de chair qu’est le cœur, tant
harangué, qui bouillait. Je fus assommé par le
chatoiement angélique du moment, et une
émotion étrange me submergea, qui n’avait rien
à voir avec un coup de foudre, mais de l’amour
simple et nu. Oui, dans le sens d’une mise à nu.
— Tu es la fille de qui ? lui demandai-je à
la manière des habitants de la montagne.
— Je m’appelle Ijjou.
Le nom résonna au fond de moi telle une
brusque bouffée de passion.
— Et toi c’est Iddir, n’est-ce pas ?
2 Tarbat : fillette.
7
— Tu me connais ? répliquai-je surpris.
Et sans savoir vraiment ce que je disais, je
lui demandai :
fille ?
— Où est-ce que tu vas comme ça, jeune
— Tu le vois bien ! C’est bientôt la nuit.
Sans réfléchir, j’accourus alors pour lui
barrer le chemin. Elle esquissa un déhanchement
de grâce, entreprit une descente en piqué et son
rire ruisselant éclaboussa la forêt de ses gouttes
chaleureuses. Un rire en cascade où frémissait un
tremblement qui flotta longuement dans le vent,
par-dessus la vallée et jusqu’aux monts proches.
Soudain, elle s’arrêta net, se retourna et de sa
main tendue, elle m’envoya un baiser sonore,
étalant
avec
ce
d’enchantement.
geste
un
exquis
voile
Puis la chanson reprit et se diffusa comme
une traînée dégagée de notes harmonieuses. Que
faire ? La suivre? Mais elle n’était plus qu’un
point mouvant dans l’infini du ciel mauve
traversé d’un rire imparable.
8
L’image de son visage lumineux se
peignit à jamais dans mon âme. Ce qui peupla
par la suite ma vie de jeune homme reclus dans
la solitude
des
hauteurs, et accentua
ma
sensibilité déjà vulnérable. Je ne pouvais trouver
mon salut que dans un don hors du commun,
avec l’appui d’une nature gorgée de secrets et
d’énigmes, dans ses ravins dissimulés et ses
cimes fuyantes.
nom.
2
Dès le début, je le connaissais, ce fameux
Il
lui
fallait un visage, un
corps.
S’épiphaner. Et cela arriva une première fois
dans mon bureau à l’état-civil. J’étais rédacteur
cette année-là, chargé de noter les noms des
nouveau-nés dans de gros registres. Tout à coup
des yeux clairs et scintillants dans un visage rond
et blanc, rehaussé par une rougeur éclatante aux
joues, me regardaient gribouiller dans mon
registre. Une jeune femme qui rayonnait d’une
beauté hors pair, mélange de sensualité et de
9
pureté. Elle s’approcha à pas lents, hésitante,
mais une fois arrivée tout près du bureau, elle s’y
appuya nonchalamment et tapota dessus de ses
petits doigts. Puis la voilà qui partit d’un rire qui
me parut singulier et dit :
— Je cherche le bureau du Caïd.
Je fus saisi par sa voix, douce et profonde,
enjouée et sereine. Presque sans le vouloir, je
décidai de laisser traîner les choses.
— Que lui voulez-vous ? Je peux vous
rendre service.
— On m’a envoyé une convocation
personnelle par lemoqaddemdu douar.
« Depuis quand le Caïd envoie-t-il ce
genre de convocation ? » me dis-je en pensant à
une quelconque manigance autoritaire.
— Comment vous appelez-vous ?
—Ijjou.
N’étant qu’un fonctionnaire subalterne,
un obscur gratte-papier, je ne pus la retenir plus
longtemps pour en savoir
davantage. Elle
disparut dans le bureau du Caïd et je ne la vis
plus. C’est alors que je fus piqué par le nom. Elle
10
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