Fayolle Père et Fille
340 pages
Français

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Fayolle Père et Fille , livre ebook

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Description

En 1872, Alphonse Beyerlé, riche propriétaire lorrain voulant rentabiliser ses carrières, se lance dans le métier de la faïence et fait appel à un maître faïencier, Matthias Fayolle, sous l’impulsion duquel sera embauché un grand nombre d’ouvriers alsaciens... Beyerlé n’ayant pas d’héritier associera aux destinées de la faïencerie son maître faïencier... En 1910, un incendie fera soixante-sept victimes dont Alphonse Beyerlé... Deux ans plus tard, tel le phénix, la faïencerie renaîtra de ses cendres avec un nouveau fronton :


Nouvelle Faïencerie de Lorraine
Fayolle Père & Fils


Croisements des destins, illusions des sentiments des descendants de Matthias Fayolle, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, sur fonds d’événements qui traverseront les Trente Glorieuses. Soixante années émaillées d'une passion dévastatrice, de mensonges, secrets, crimes, trahisons, et d'une malédiction qui frappera les Fayolle sans relâche mais s'avérera ne pas être celle à laquelle on a cru pendant plus de quarante ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334230865
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23084-1

© Edilivre, 2016
Exergue
Nous croyons conduire notre destin mais c'est toujours lui qui nous mène.
Diderot
Prologue
En ce début de matinée de juillet, le soleil n’était pas encore très haut mais la chaleur commençait à devenir difficilement supportable, enveloppant hommes et bêtes sous un ciel lourd et bas qu’aucun nuage ne venait entacher. Cependant, Monsieur Fayolle n’avait pas chaud. Et, même si ses yeux clos pouvaient le laisser supposer, Monsieur Fayolle ne dormait pas…
… Par la fenêtre ouverte, en se penchant un peu, on pouvait apercevoir en contrebas Bussang qui s’éveillait, s’étirant paresseusement, et faisant comme un écrin à la jeune Moselle, laquelle, fatiguée d’avoir dévalé la pente abrupte du Grand Drumont, ralentissait sa course folle, en faisant rouler mollement ses flots naissants à travers la ville. En se penchant davantage, on devinait un peu plus loin les hauts murs blancs de la Faïencerie Fayolle qui ouvrait ses grilles…
Près d’un siècle plus tôt, Alphonse Beyerlé, riche propriétaire à Bussang, eut l’idée de rentabiliser ses carrières d’argile et ses forêts en se lançant dans le métier de la faïence qui se développait alors en Lorraine. Afin de mener à bien son projet, il fit alors appel à un maître faïencier, Matthias Fayolle, sous l’impulsion duquel sera embauché un grand nombre d’ouvriers alsaciens. Alphonse Beyerlé n’ayant pas d’héritier, associera aux destinées de la fabrique son maître faïencier.
Ainsi naquit la faïencerie Beyerlé/Fayolle qui, en 1882, comptait environ une centaine d’ouvriers. Celle-ci ne cessera de prospérer jusqu’à ce qu’en 1910, un terrible incendie réduise en cendres les bureaux et une grande partie des ateliers, faisant soixante sept victimes dont Alphonse Beyerlé.
Deux ans plus tard, tel le Phénix, la faïencerie renaîtra de ses cendres avec un nouveau fronton :
Nouvelle Faïencerie de Lorraine
Fayolle Père & fils
Et, depuis maintenant un peu plus de cinquante ans, hormis l’année 1916 qui avait vu jeté dans la tourmente du premier conflit mondial tout ce que la nation comptait de forces vives, on fêtait à Bussang, le deuxième dimanche du mois de juillet des années bissextiles, l’anniversaire de la faïencerie Fayolle dont le grondement des fours s’était de nouveau fait entendre le 10 juillet 1912.
Mais, ce 10 juillet 1964, il n’y aura ni fête ni célébration.
La dernière remontait à quatre ans.
Première époque 1946/1975 Gérard
1
A vingt ans bientôt passés, Gérard Fayolle venait enfin d’obtenir son bachot. Son père, qui aurait voulu le voir intégrer la prestigieuse université américaine de Harvard, avait dû revoir ses ambitions à la baisse : d’abord en raison de la situation mondiale de ces dernières années et, surtout, en raison du manque de motivation de son fils pour les études. Le destin de Gérard s’annonçait donc tout tracé : il intégrerait la faïencerie familiale à la rentrée.
En raison de sa configuration géographique, la faïencerie fut épargnée lors des bombardements qui firent rage, dans l’est plus qu’ailleurs et Edmond Fayolle, grâce en grande partie à ses propres fonds, avait pu maintenir l’usine en marche en assurant leurs salaires aux ouvriers qui n’avaient pas été mobilisés, ainsi que le ravitaillement aux plus démunis.
Aujourd’hui on avait fini de régler les comptes mais il se trouvait encore de mauvaises langues pour affirmer que si la famille Fayolle n’avait pas eu à souffrir de la présence allemande, c’est parce qu’elle avait dû, en maintes circonstances, céder aux exigences de l’occupant. Ce qui n’était pas tout à fait exact.
Edmond Fayolle prendrait donc son fils avec lui à l’usine en octobre pour le former sur le tas. Puis, si tout allait bien, et surtout si la chance lui souriait, Gérard prendrait, plus tard, la succession de papa. Et, jusque là, la chance avait toujours souri à Gérard. André, son cadet de quatre ans qui avait décidé d’embrasser une carrière ecclésiastique, entrerait au petit séminaire de Saint-Dié, lui aussi à la rentrée prochaine.
Exempté d’armée grâce à l’intervention d’une relation paternelle bien placée, Gérard ne connaissait de l’existence que son bon côté. Pragmatique, surtout en ce qui concernait les loisirs, le jeune homme pensa d’abord à ses vacances. Sa mère lui avait loué pour lui et ses amis, une petite maison sur l’Île de Ré, et, en cette fin juillet 1946, le cabriolet Delahaye offert en récompense de son diplôme, ne demandait qu’à prendre la route.
Les 200 CV du bolide n’eurent pas à piaffer très longtemps avec un Gérard brûlant autant d’impatience que le macadam quand il fut au volant dès les premières lueurs du jour. Virginie était à ses côtés, le reste de la bande suivant tant bien que mal en martyrisant une vieille Talbot dont le moteur commençait à montrer des signes de faiblesses en calant dans les côtes.
« Vous me suivez toujours, les gars ! avait lancé Gérard, excité, au premier arrêt exigé par Virginie. Si tout va bien, à midi, on pourra déjeuner à Saint-Martin.
– Donne toujours l’adresse, si jamais tu nous lâches… !
– Je ne la connais pas moi-même ; C’est le Maire de Saint-Martin qui doit me la donner… C’est un copain de mon père… Accrochez-vous ! »
La Talbot, avec à son bord trois garçons et une fille, avait bien du mal à tenir la route et la distance derrière un Gérard prêt à tout pour maintenir sa moyenne. Les deux autos filaient, avalant les kilomètres en grignotant les bas-côtés, frôlant dangereusement les panneaux au garde à vous le long de la route.
Virginie qui s’était accrochée au siège, ne quittait pas le compteur des yeux.
« Tu roules comme un malade, Gérard ! Va moins vite, tu vas finir par nous tuer.
– Si tu n’es pas contente tu n’as qu’à descendre… Puis, voyant la tête de son amie : mais non, espèce d’idiote, tu n’as donc pas compris que j’essayais de les semer.
– Comment ça ?
– J’ai envie de passer cette première journée seul avec toi, Virginie… Cette première nuit aussi… Pas toi, mon cœur ?
– Oui, bien sûr, répondit cette dernière de façon laconique, après un moment d’hésitation et un peu prise de court. Mais si les autres arrivent avant nous ils vont sûrement téléphoner à la mairie pour avoir l’adresse…
– Ils n’arriveront pas, je te dis. »
La jeune fille, d’un an plus jeune, était partagée entre ses sentiments vis-à-vis de Gérard, le connaissant vraiment que depuis peu, et la conduite qu’elle se devait d’adopter vis-à-vis des autres. Au lycée, ils avaient entretenu des relations de camarades de cours puis de simples camarades quand Virginie avait commencé ses études d’infirmière à Épinal. Depuis, elle n’avait revu le jeune homme qu’en de rares occasions, jusqu’aux résultats de son bac que celui-ci avait voulu fêter à la hauteur de ce que lui permettait le compte en banque de papa, à savoir très haut. Il l’avait impressionnée, ainsi que sa bande de copains constituée pour l’essentiel de la progéniture des notables de Bussang et de Remiremont. La douce Virginie était vite tombée amoureuse de ce garçon charmeur au visage poupin qui grâce à la complaisance de sa mère qui satisfaisait à toutes ses exigences, dépensait sans compter la fortune paternelle pour régaler et épater ses amis.
Il ne s’était encore rien passé de très sérieux entre les deux jeunes gens, Gérard n’ayant jamais poussé ses avances, plus dans le souci de ne pas effaroucher son amie que par respect des codes établis en matière de flirt. Virginie en avait déduit qu’il la respectait, mais le comportement de celui-ci se montrant sous un jour nouveau, la déconcerta un peu.
Deux heures plus tard, arrivés à Saint-martin, ils finissaient de déjeuner quand ils aperçurent la Talbot crachotant ses dernières forces avant de piler devant la terrasse du restaurant.
« C’est malin, fit Irène à l’intention de Gérard ; on a failli aller dans le fossé à cause de tes conneries. Tu es content de toi, hein ?
– Très.
– Dis-le franchement, tu as voulu nous semer ? Et bien c’est raté, mon vieux ! »
Gérard amorça un rictus mauvais mais la perspective de la nuit prochaine aux côtés de Virginie n’entama pas sa bonne humeur plus que ça.
« Allez, les gars, on s’arrache, la mairie est tout près d’ici. »
Les trois garçons fusillèrent Gérard du regard tandis qu’Irène prenait le bras de Virginie avec compassion.
Les vacances débutaient mal.
Après la visite au maire, la petite bande prit enfin possession de la maison aux murs blancs sur lesquels s’élançaient des roses trémières ; des volets verts finissant de lui apporter ce charme si particulier propre aux maisons rétaises. Celle-ci était confortable mais petite, trop petite en tout cas pour accueillir quatre garçons et deux jeunes filles : il n’y avait que deux petites chambres, plus un sofa dans le salon. Qui dormirait où et avec qui ? Personne n’avait évoqué la question pensant que la maison serait peut-être plus grande et oubliant la rouerie de Gérard. Il fut donc décidé que les deux jeunes filles partageraient la même chambre cette première nuit, laissant les garçons se débrouiller entre eux. L’installation se fit donc dans une atmosphère aussi équivoque que détestable ; le reste de l’après-midi fut consacré aux courses et au repérage des environs.
Le lendemain la tension était vite montée et l’ambiance s’était dégradée, si bien qu’Irène et les trois garçons plièrent bagages laissant une Virginie désemparée et son compagnon satisfait. Gérard avait gagné. Gérard aimait gagner, en dépit de tout, même de la perte de ses amis.
Cette nuit là et toutes celles qui suivront, Virginie partagera le lit et la vie de Gérard.
2
Entre deux déchirements de son ventre, Madeleine pensait aux siens que l

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