Et si on allait sur l île
134 pages
Français

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Et si on allait sur l'île , livre ebook

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Description

Les îles ! Ce monde un peu étrange, un peu mystérieux, où le promeneur peut tout imaginer et tout craindre, comme il peut aussi y trouver détente, sérénité, ouverture sur l’infini. Alors, si vous aimez frissonner en observant des personnages inquiétants, trembler plus encore en entendant passer, au-dessus du murmure des vagues, le cri angoissé d’un noyé, venez ici. Si vous voulez revivre vos aventures maritimes passées, côtoyer un instant celles d'un illustre personnage venu du lointain de l'histoire, toucher du regard le rêve américain, venez aussi ici. Et, au fil de ces pages, chaque récit vous emportera vers une nouvelle île, un nouveau songe, une nouvelle folie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414032853
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03283-9

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
Ouvrages du même auteur :
De la toile aux chemins de fer – l’extension nationale d’une entreprise bretonne au XIX e siècle (Presses Universitaires de Rennes – 2007).
Les Bretons et la Commune de Paris – récit historique (L’Harmattan – 2012).
Les francs-tireurs de l’armée oubliée – (Presses Universitaires de Rennes – à paraître ).
E-kreizh ar mor
« Me ‘zo ganet e-kreiz ar mor, »
« Teir leo er-maez »
« Un tiig gwenne duhont am-eus »
« Ar balan ‘gresk e-tal an nor, »
« Hag al lann ‘holo an anvez, »
« Me ‘zo ganet e-kreiz ar mor, »
« E Bro Arvor ! »
Yann-Ber Calloc’h (1888-1917). 1
Malgré les dires du poète, l’époque n’est plus où sur les iles de Bretagne, étranges témoins d’une Atlantide disparue restés plantés au milieu de la mer, les maisons étaient humbles, avec le genêt poussant devant la porte et le seuil couvert d’ajoncs. Toutes celles ou presque que les fils des îliens, marins, pêcheurs, goémoniers, agriculteurs et éleveurs de moutons, ont dû laisser derrière eux pour partir au loin mener une vie professionnelle plus rémunératrice sont devenues résidences secondaires de Bobos romantiques, venant un mois par an rêver à d’inaccessibles horizons ou d’impossibles solitudes. C’est ainsi ! Ces lieux où la terre et la mer, le ciel, les vagues, les nuages, et tous les vents du large, se rejoignent depuis l’éternité dans une impossible union sans cesse renouvelée ont changé. Pourtant reste l’histoire, ou plutôt les histoires, narrées, inventées, enjolivées, nées des légendes anciennes comme des faits historiques les plus réalistes ou les plus concrets, parfois contes cruels des drames du passé, parfois moments de joies passagères intenses, avec toujours une apparence de folie, de mystère, et quand même de vraisemblance.
Alors ! Si l’on allait sur l’ile, là-bas, au milieu de la mer ?
E-kreiz ar mor.
1. Je suis né au milieu de la mer,
À trois lieues au large,
J’ai là-bas, une petite maison blanche
Le genêt pousse devant la porte,
Et l’ajonc couvre le seuil,
Je suis né au milieu de la mer
Au pays d’Arvor !
Et si l’on allait sur l’ile…
Marc allongeait le pas, écartant nerveusement les herbes sauvages, les brindilles, les ronces aussi parfois, qui s’accrochaient à son bas de pantalon. Depuis le passage du dernier véhicule, la route était déserte, et rien ne l’obligeait à suivre d’aussi près le bas-côté, d’autant que les nombreux gravillons qui s’y étaient incrustés rendaient la marche pénible. Mais c’était ainsi. Il avait toujours besoin de se rassurer, de jouer l’homme prudent qui a tout planifié, qui a tout prévu, tout calculé, tout préparé, lui qui n’était qu’impulsivité pure et improvisation. Et donc, soucieux d’un code de la route inutile en ces lieux peu fréquentés, il avait décidé dès le départ de ne pas se placer au meilleur de cette partie centrale où le macadam, intact de toute usure, lui aurait pourtant facilité le pas.
Que risquait-il pourtant sur ce chemin si désert ? L’unique taxi qui assurait la navette depuis le débarcadère jusqu’au centre du bourg avait depuis longtemps fait sa dernière rotation. Ils l’avaient vu disparaître là-bas, au bout de cette route sans arbres que le vent d’ouest balayait de longues et fortes rafales en laissant sur les lèvres ce goût inimitable de sel et d’iode que déposent les embruns apportés du grand large.
Qui passerait là maintenant ? Un vieux tracteur partant aux champs, s’annonçant de loin avec son moteur crachotant et ses relents de gazole mélangés d’odeurs animales fortes accrochées à la remorque ? L’heure ne s’y prêtait pas. La camionnette jaune du facteur ? Il n’accélérait jamais, n’écrasait personne, et s’arrêtait même généralement pour saluer, discuter, échanger quelques mots. De plus, à cette heure-ci, il était certainement déjà passé depuis un moment, continuant sa tournée vers l’autre extrémité de l’ile. Restait tout au plus l’épicier-boulanger rentrant de sa livraison quotidienne aux maisons éloignées et à l’équipe des Phares et Balises installée dans sa tour de veille, là-bas sur la droite, face à l’océan. Mais pour lui non plus ce n’était pas son heure. Non ! Personne ne viendrait.
Mais tel était Marc. L’inconnu, l’incertain, l’inattendu lui faisaient peur. Il devenait impuissant face à tout ce qui survenait intempestivement et qui dérangeait ses habitudes ou ses plans, trop minutieux, trop détaillés. Alors il se réfugiait dans l’illusion de tout prévoir, de tout imaginer, de tout calculer dans les moindres détails, même les plus improbables, s’emmêlant dans des complications inutiles où l’essentiel finissait par ne plus avoir sa place, masqué par trop de vétilles et de superflu. Et il finissait par tout rater. Régulièrement.
Main dans la main de son mari, Caroline suivait aussi vite que le permettaient ses chaussures neuves aux talons trop hauts qu’elle avait choisi d’inaugurer aujourd’hui. Quelle idée, ces chaussures ! Comme sa robe trop serrée aux genoux et sur les fesses, achetée à prix d’or lors de leur dernière escapade parisienne. Mais elle voulait impressionner la vieille, tenir bon sous cet œil méchant et fuyant qui la glaçait depuis toujours, et ne rien laisser apparaître des soucis financiers qui étaient les leurs. Il ne fallait surtout pas que celle-ci les mette immédiatement à la porte en les jugeant trop quémandeurs, ni même qu’elle hésite à accepter leur compagnie le temps qu’ils avaient jugé leur devoir être nécessaire.
Et donc elle avait décidé de jouer la grande dame ou supposé telle, de simuler la citadine un rien trop bien habillée et avide de découvrir les beautés sauvages de l’ile, de ses tourbières, de ses landes, de ses falaises avec leurs à-pics sur plusieurs mètres de dénivelé abrupt jusqu’aux rochers à fleur d’eau.
Simplement, en quittant l’appartement, ce matin, elle n’avait pas imaginé que le chemin entre le port d’arrivée et le bourg serait si pénible. Et ce n’est qu’en ayant parcouru les premiers deux-cents mètres qu’elle avait compris combien il lui faudrait marcher, et marcher difficilement.
Ils auraient certainement pu demander que le taxi revienne les chercher. Le chauffeur n’aurait pas refusé une course de plus dans ce pays souvent trop calme. Mais Marc en avait définitivement écarté l’idée. Peut-être craignait-il de surgir trop en avance chez la vieille et de la vexer. Elle était si susceptible ! Peut-être ! Mais Caroline le savait mieux que quiconque, la raison en était tout autre. En eux deux sourdait une identique inquiétude, une inquiétude nourrie de l’oubli éventuel d’un détail dans ce plan qu’ils avaient préparé, tel un geste mal calculé, une parole prononcée en trop, une mauvaise réaction à une remarque inattendue venue de l’autre. Cette angoisse de se confronter à l’imprévu devenait telle que plus ils avançaient plus leurs pas se ralentissaient.
Alors, pour se faire une raison, pour évacuer son stress, pour oublier ses chaussures qui lui faisaient si mal et ne plus se reprocher de n’avoir rien prévu comme rechange, pour tout simplement penser à autre chose, Caroline se mit à songer à la traversée qu’ils venaient de faire et aux heures qui l’avaient précédée. Et tant pis pour ses pieds, tant pis pour ses chevilles douloureuses à la limite de l’entorse.
Cette traversée s’était bien déroulée, tranquille, sans histoire, et même vraiment agréable. Heureusement ! Le beau temps, le temps de plein été éclatant de soleil depuis trois semaines, les avait accompagnés sur une mer où ne se dessinaient que des vagues courtes et lentes ne provoquant qu’un roulis extrêmement faible. Les courants venus du fond de l’océan qu’ils avaient croisé en faisant cap à l’ouest après avoir passé la première escale, ne les avaient que modérément secoués. Personne n’avait été malade pendant les trois heures de trajet depuis l’embarcadère du port de commerce, tout là-bas au fond de la rade, là d’où partaient toutes les liaisons vers les iles, sous l’œil impassible du remorqueur de haute mer quand il n’était pas en attente d’un appel de détresse à l’entrée du goulet ou même ici lors des grandes tempêtes d’hiver. Caroline avait pris soin malgré tout de bien rester sur le pont arrière à l’abri des odeurs d’huile qui remontaient par chaudes bouffées depuis le compartiment moteur dont les capots étaient restés entrouverts. Elle s’était installée bien au milieu, regardant le plus loin possible vers l’horizon, seule ligne stable dans ce milieu marin en mouvement perpétuel. C’était un truc que lui avait confié, il y avait bien longtemps, un vieux pêcheur : toujours se mettre au centre du bateau, là où les mouvements ont le moins d’amplitude ; ne jamais regarder les cloisons ou le plat-bord qui sont toujours à monter ou à descendre à chaque vague rencontrée, mais fixer au contraire un point le plus éloigné possible, et donc à défaut l’horizon. Et cela lui avait réussi. Au retour elle ferait de même, sans compter qu’elle serait moins anxieuse puisque tout serait réglé.
Ils marchaient maintenant depuis une bonne demi-heure et apercevaient enfin les premières maisons. Quelques pas encore et ils atteindraient le bourg et son ancien port, cette vieille crique qui avait vu partir tant de pêcheurs et s’assembler sur la cale de granit leurs femmes inquiètes de leurs retours tardifs. Mal abritée et découvrant trop à marée basse, ne s’y amarraient plus guère que les canots qu’utilisaient les habitants du voisinage pour une partie en mer, et de temps en temps quelques plaisanciers, capables d’affronter les courants et la traitrise des rochers cernant l’ile pour y faire escale l’espace d’une journée

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