Et si c était à refaire ? - Confidences sur un parcours de vie
292 pages
Français

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Et si c'était à refaire ? - Confidences sur un parcours de vie , livre ebook

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Description

« Et si c’était à refaire ? » est le récit fort et sans concession d’uneexistence qui aurait pu être un conte de fées si elle n’avait été rattrapéepar la grande Histoire qui vient bouleverser les vies et déchirer lesêtres. L’autrice nous décrit son exil forcé en Europe sous la pressionde la guerre civile, des ingérences étrangères, et de l’impossibilité derester en Afrique sans mettre sa vie et ses proches en danger.Entre violences, peur et trahisons, des moments de grâce émergentavec l’évocation d’une mère aimée et respectée, ou au travers d’unengagement patriotique sincère. Un message plus fort se dégagemême par la façon dont les valeurs humaines et l’implication dansune profession artistique, ici le cinéma, aident à tenir dans untourbillon d’événements injustes et révoltants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 180
EAN13 9791093030357
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

E T S I C ’ E T A I T A R E F A I R E ?

Confidences sur un parcours de vie © GAD Editions, Abidjan, 2023. Tous droits réservés pour tous pays.
ISBN : 979-10-93030-35-7
EAN : 9791093030357
Photographie de couverture : Kobéa PhotographyH A N N Y T C H E L L E Y
E T S I C ’ E T A I T A R E F A I R E ?
Confidences sur un parcours de vie





À ma mère.
À Oman. Ce livre n’est pas une fiction. Il est le fruit de mon vécu de 10 ans
d’exil. Une sorte de journal intime qui raconte mon quotidien, mes
pensées, mes attentes, mes espoirs, mes peines, mes douleurs, mais
également mes joies, mes petits bonheurs ainsi que mon cheminement
spirituel.

C’est un partage, une rencontre, un échange que je vous propose.
J’espère que vous passerez un agréable moment en lisant mon
témoignage.

H A N N Y T C H E L L E Y PREFACE

Je suis heureux de préfacer le livre-témoignage de Hanny Tchelley.
Heureux parce que je suis un Cinéaste, donc un collègue de la
productrice-réalisatrice et la grande comédienne qu’elle est. Je n’ai pas
eu le bonheur de l’avoir sur mon plateau, mais l’espoir est permis.

Je suis aussi honoré parce que l’homme politique que je suis, est
interpellé, tout comme chaque africain épris de justice et de liberté,
face à la grande tragédie que la Côte d’Ivoire a vécue de 2002 à 2011,
sous la présidence de Laurent Gbagbo, et la prison qui lui a été
imposée de 2011 à 2019 à la Cour pénale internationale (CPI) à La
Haye, aux Pays- Bas, à lui et à Charles Blé Goudé.

Hanny Tchelley nous parle de cette période sombre pour toute
l’Afrique, et du combat de tant d’Ivoiriens, refusant le diktat des
puissances. Elle illustre de belle manière, dans des séquences
judicieusement fixées dans le temps et l’espace, le côté historique du
récit. Celles-ci révèlent le sens de la lutte de Hanny Tchelley, dont
l’engagement prend racine dans son attachement à la vision du
Président Gbagbo et de son épouse Simone, ils sont sa référence.

L’attaque du pays par des rebelles en 2002 en est le déclic.
L’exigence de sauver la patrie va occuper son temps, son esprit et
modeler sa vie, cette vie partagée entre sa passion du travail, son désir
de se construire une existence, se forger un caractère, dans la dignité
et le respect.

L’amour de sa mère biologique, Oman, qui côtoie dans une autre
intensité, l’amour de la mère patrie, est très déterminant. L’affection
de cette femme qu’elle sent au plus profond d’elle-même est l’élément
qui va lui permettre de se faire un chemin.
7 La description de la belle Oman, respectueuse et digne, de sa
maison, de son travail, de ses qualités de cuisinière, explique la joie de
vivre de l’auteure, son besoin de liberté, les amitiés indéfectibles qu’elle
s’est faites dans son adolescence, pendant sa vie artistique, son combat
et au cours de sa vie conjugale.

Sa famille, sa mère, son époux et leur fils ont constitué le support
de sa vie tumultueuse, intense, dangereuse depuis 2002 jusqu’à leur
fuite, un certain 14 avril 2011, sous les bombes et les trahisons de
proches. Les journées précédant leur fuite sont décrites comme dans
un film de violence, de guerre, où la mise à mort du couple Gbagbo et
de leurs amis retranchés dans la résidence présidentielle, ainsi que de
tous ceux qui les soutenaient, était à l’ordre du jour.

C’est une séquence exceptionnelle d’actions, de dialogues, de
décisions déterminantes, jusqu’à leur arrivée en Belgique via le Ghana.
Sa description est une prouesse littéraire, forte en émotion et en
suspense.
Le Cinéaste que je suis a apprécié la façon dont le lecteur est tenu
en haleine, la peur au ventre, des fois avec des sentiments de colère.
La plume de la professionnelle des images a certainement beaucoup
joué.

L’histoire repose aussi sur des dates qui sonnent comme un devoir
de mémoire pour l’Afrique, pour la Côte d’Ivoire, pour les morts, les
blessés, les nombreux prisonniers, les déplacés, les exilés.
Le 29 décembre 2015 est la date du décès de sa mère, sa « petite sœur
» comme elle aimait l’appeler affectueusement. En exil forcé, ne
pouvant assister à son enterrement, elle continue de souffrir de cette
perte.

Cet ouvrage s’avère comme un excellent document qui fixe les
images, mémorise les moments forts de l’histoire récente de ce beau
pays africain, et prouve que nos ressources naturelles feront toujours
l’objet de guerres pour nous assujettir, comme je l’avais justement écrit
dans mon livre « L’homme n’est grand que dans la paix. Il faut tuer la guerre », où je
cite : « Comme en Côte d’Ivoire ou au Biafra, les milliers de morts étaient prévus et nécessaires
dans le programme de contrôle des territoires convoités. La fin justifie les moyens ».
8 C’est la rage au cœur, dans la souffrance vécue dans son pays et en
exil, que l’auteure s’adresse à chacun de nous, à travers son expérience.
La foi religieuse est le facteur essentiel de son équilibre psychique,
dans un environnement familial d’amour et de compréhension…

Elle croit en la culture pour changer notre monde. Elle a tout à fait
raison, car la Culture est le fondement de notre humanité, le référentiel
qui donne un sens à nos existences individuelles et collectives, et
construit notre rapport au monde. Les valeurs de dignité, de solidarité,
d’amour, de respect, de tolérance qui ont fondé nos sociétés doivent
être à l’ordre du jour.

Voilà le cri de cœur de Hanny Tchelley.

Cheikh Oumar CISSOKO
Cinéaste
Homme politique
Ancien ministre de la Culture du Mali
9 PROLOGUE
Il y a des matins où on se lève, on va dire du mauvais pied, avec des
pensées très négatives. Des matins comme celui-ci.
Je me suis levée à 5 h, avec un sentiment bizarre d’urgence, comme
embourbée dans un tourbillon, la sensation d’une mort imminente, la
mienne !
Mais en vrai, un besoin pressant m’a réveillée à 3h41 minutes
exactement. Tout est silencieux dans la maison. Je me dirige vers les
toilettes dans le noir, les pieds nus, les yeux lourds de sommeil.
Assise sur la cuvette des WC, je me demande si je dois tirer la chasse
d’eau. Grande question ! Non, ne pas réveiller mon mari et mon fils
qui dorment à poings fermés.
Je me relève et je laisse la chasse d’eau tranquille. À l’intérieur, mon
pipi un peu jaunâtre et le papier hygiénique. Pourquoi on l’appelle
papier hygiénique d’ailleurs, puisqu’après l’avoir utilisé pour s’essuyer, il
n’est plus hygiénique du tout ! On dit aussi PQ, papier cul, et je trouve
cette dernière appellation plus fidèle à sa fonction.
Me voici à présent à genoux, la face contre le canapé du salon, pour
prier.
La Foi. Ma Foi qui me permet de tenir depuis toutes ces années, qui
me fait mettre un pied devant l’autre, avancer. Et malgré tout, cette
imminence de ma mort…
Vite mon ordi, confident de mes tourments et de mes joies depuis
ce 14 avril 2011 où ma famille et moi avons dû fuir notre pays.
J’y couche mes mots, mes ressentis, ma détresse. J’ai régulièrement
rendez-vous avec lui pour parler. Pour pleurer. Pour crier. Pour rire.
Pour espérer…
L’écriture comme un exutoire. L’écriture comme une psychanalyse.
Écrire pour vivre. Pour survivre. Et pour guérir.
Comment en suis-je arrivée là, moi qui n’ai jamais voulu vivre
ailleurs, hors de mon pays, de chez moi, de ma terre natale ? Je vois
ma vie défiler, et ce chamboulement, cette tempête qui a tout emporté.
Vite mon pc, ami de mon intérieur…
10 Mars à décembre 2011
13 MARS 2011 Abidjan. Nous sommes à la Résidence du chef de
l’Etat. J’ai une audience avec le Président Gbagbo et je suis assise dans
son bureau. J’ai été convoquée pour m’expliquer sur le sens de la
phrase que j’ai lancée quelques jours plutôt, alors que nous étions à
table : « Ce n’est pas juste ! ». Cette exclamation était la conséquence
de déceptions accumulées et d’un ras-le-bol, mais je dois m’expliquer.
En cet après-midi dominical, nous avons une discussion franche. Le
président me demande ce que j’ai voulu dire, ce qui ne va pas. Après
m’être excusée d’avance, si d’aventure je prononçais une parole
irrespectueuse à son encontre, et ayant été assurée de son indulgence,
je commence à parler. Je dresse la liste de ce qui pour moi constitue
des injustices. Je vide mon sac, le trop- plein.
Je lui rappelle notamment qu’en 2004, contrairement à mon refus
de vivre à l’extérieur de mon pays, je m’étais résolue à accepter la
proposition qui m’avait été faite d’aller aux USA pour faire ce que
j’aime faire, le cinéma. Car du fait de la guerre et de l’instabilité du
pays, aucune production cinématographique n’était possible. Informé
de ce projet, il m’avait déconseillé de partir et demandé de rester pour
mettre en place un Office du cinéma que je dirigerais.
Aussitôt, j’avais contacté les acteurs du domaine pour qu’ensemble,
nous donnions un contenu à ce projet, et je l’avais porté pendant deux
ans. Il s’appellerait « Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire »
(ONAC-CI). À cet instant, je revis cet épisode comme si c’était hier.
Je replonge dans mes souvenirs.
Avant le Festival international du court métrage d’Abidjan (FICA
2006), le président m’informe qu’il a demandé au ministre de la Culture
d’annoncer ma prochaine nomination à la tête de l’office, lors de la
cérémonie d’ouverture. Je suis un peu surprise par cette façon de
procéder, mais je suis tout entière dans l’organisation de mon
événement et je n’y fais pas vraiment attention.
11 Effectivement, le ministre de la Culture et de la Francophonie,
M. Augustin Kouadio Comoé, fait l’annonce devant la salle comble du
Palais de la culture et en direct à la télévision nationale. Il y a beaucoup
de cris ; de joie, d’envie, de jalousie aussi, peut-être ?
M. Sidiki Bakaba, le directeur du Palais de la Culture pique une crise
dans la cour le soir même, ivre de colère ! Selon lui, je ne mériterais
pas ce poste ; face à lui et aux « grands cinéastes » nationaux, ce serait
un affront ! Des membres de mon équip

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