Et magnificat…
320 pages
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Et magnificat… , livre ebook

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Description

Un village du haut Languedoc au printemps 1968...

Melchior, l’aîné des Prendieu, veuf inconsolable et asocial, qui vit avec sa fille, la séduisante Clémence, est rejeté par les siens pour une sombre histoire de gros sous.

Seul son neveu, Jésus, un colosse primaire à l’esprit simple imprégné de mysticisme et torturé par des instincts sexuels bestiaux qu’il ne peut réprimer, lui témoigne affection et amitié.

Roger, le fils du maire, fait régner sa loi sur les habitants du lieu. Il est brutal, alcoolique, méchant et très riche. Il tyrannise avec violence son monde et surtout son épouse, la jolie Juliette, frivole et un brin nymphomane.

L’arrivée d’un vieux moine, venu remplacer le jeune curé de la paroisse humilié par Roger, va créer un certain émoi chez les villageois...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334138574
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-13855-0

© Edilivre, 2016
Citation

« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »
Jean 14.2
I
Le père est malade.
Il a repoussé la poule au pot, maintenant, il boude le fromage de brebis dont il est d’ordinaire si friand.
Il se sert de vin, le boit, soupire avec force et se rejette en arrière sur son siège.
Femme et enfants le regardent et ne disent mot.
Jésus, lui, taquine sa chienne, du vieux, il s’en moque.
Un frisson violent hérisse l’échine du père et son bras tremblote.
Il referme son couteau, le met en poche, puis se dresse, il souffle bruyamment.
Ses yeux sont brillants et inquiets.
– Je vas au lit, qu’il dit.
Son visage est violacé et une sueur grasse perle à ses tempes.
La mère, la Jeannette s’est dressée, elle essuie ses mains rougeaudes à son tablier et opine du bonnet en susurrant on ne sait quoi.
Elle met un pot d’eau près du feu dans l’âtre et y jette les herbes pour la tisane.
La poule bouillie trône sur la grande table, il en reste bonne part et les jumeaux, le Pierre et le Paul, l’air narquois, guettent la sortie du père…
Maintenant, son pas lourd résonne dans l’escalier de bois, alors ils plongent leurs mains dans la marmite et ils ramènent les os bien garnis à leur bouche en clignant de l’œil.
Ils mâchent avec bruit et salement.
On entend là-haut le corps du père qui s’affaisse sur le lit qui grince.
Jésus ricane.
Jésus, c’est l’aîné des Prendieu, il va sur ses trente-trois ans et a l’esprit un peu simple.
Ni l’école, ni l’armée n’en ont voulu.
Mais ici, à Foulques, d’aucuns affirment qu’il n’est pas si niais qu’on le croit……
Massif comme un ours et fort comme un mulet, il ressemble pour ça à son oncle Melchior, celui qui vit seul avec sa fille, Clémence, au Mas plus Haut, un nid d’aigle accroché à flanc de coteau.
Jésus travaille comme quatre.
Il en fait plus que le père.
Hier, dans la soirée, sur l’ordre de la mère, il a occis la « glousse », une vieille poule toute noire, mise au pot pour le souper de ce soir.
Elle ne pondait plus.
Jésus l’aimait bien, elle picorait dans sa main et même souvent, elle venait sur ses genoux et le fixait de son œil jaune.
Alors, il la caressait avec douceur.
Et pourtant, il l’a maintenue, bien serrée entre ses cuisses et lui a coupé le cou…
Et il pleure comme un gosse en voyant la volaille qui tressaille et le sang qui s’épaissit dans la cuvette.
Et la Jeannette qui passait, a vu son fils rendu hideux par le chagrin, sa face hirsute est contractée et ses grandes dents jaunes s’entrechoquent…
Elle frissonne.
Ce colosse bestial qui renifle et demande pardon à la poule en balbutiant, elle ne peut imaginer qu’il est sien…
Et pourtant, c’est bien son petit, né la nuit de Noël et à minuit de surcroît et comme elle a souffert pour le mettre au monde…
Mais il la voit.
Alors, il grimace béatement et détourne le regard, puis d’un coup, lui jette le cadavre frémissant.
Et il tourne le dos et s’en va, tout secoué de sanglots.
La mère se tait, elle soupire, ramasse la bête et entre dans la cuisine.
Son fils lui fait un peu peur quelquefois.
Jésus idolâtre sa mère, il n’aime pas son père et supporte ses frères.
Son père, parce qu’il l’a trop battu et le bat encore à l’occasion et il le traite de porc, de couillon et d’ivrogne.
Ses frères eux, sont venus bien tard…… ils n’ont pas treize ans et sont mauvais comme gale, ils le criblent de leurs railleries et de toutes sortes de méchancetés.
L’un mettra du sel dans son vin ou alors du poivre, l’autre, des crottes de bique dans son tabac et ils se moquent de lui et l’appellent « Lourdaud » ou « l’ours » ou simplement le fada ou « Couillonus ».
Jésus ne se fâche pas trop, quand la coupe est pleine, il serre avec force ses poings énormes l’un contre l’autre et ses yeux lancent de drôles d’éclats, quelquefois il frappe la table très fort et pousse un mauvais cri. Alors les petits se tassent dans un coin ou sous la table.
Et la mère accourt, elle les gronde, puis prend la tête de l’aîné dans ses bras.
Alors, il ronronne sur l’épaule maternelle et se calme.
C’est qu’en plus la propriété n’est pas assez vaste pour qu’on la partage.
Pour Jésus, la terre est sienne et aussi un peu à sa sœur Germaine, sa cadette de six ans, grande brune, bien rondelette qui ne dit plus grand-chose depuis que le Mattéo, un de Cestous, le hameau voisin l’a séduite, il y a quelques années.
Avec le père, Jésus abat la grosse besogne, la vigne, les châtaignes, les cerises dont ils ont grand verger et il y a aussi les brebis, une bonne trentaine, et une dizaine de porcs.
Germaine s’occupe avec la mère à la maison, au potager, à la basse-cour et aussi prend soin des lapins et des chèvres, ils en ont quatre.
* * *
Lorsqu’Octave Prendieu, le grand-père est mort, le hameau de Foulques était presqu’entièrement sien.
A son aîné, Melchior, revint le Mas du Haut et ses dependances et aussi la terre des
Courbis qu’Octave avait achetée à la commune peu avant la guerre.
Cette terre immense s’étend jusqu’en haut du coteau où Foulques s’agrippe, une source y prend naissance et alimente le ruisseau, torrent en froide saison, qui dévale en cascades et arrose Foulques et aussi plus bas Lèques et le Courtial avant de finir dans le Jaur.
Emile, le cadet, le père de Jésus, a eu le Mas du Bas, arraché pour une poignée de figues au fils Puech parti dans la gendarmerie en Corrèze.
Le Mas Fleuri ou Mas du Fou, comme on dit ici, ira à leur sœur Albertine, et aussi le Clédou, la meilleure vigne du pays.
La veuve Cabrol, partie vivre chez sa fille, cedera le tout à l’Octave, après que son mari, pris d’une folie subite, ait étranglé son petit-fils de neuf ans avant de se pendre à un castanh.
Albertine a marié l’Antoine. En réalité, il s’appelle Antoniovich, il est Croate ou Tchèque, enfin de ces pays là……
Ici, c’est Antoine bien que son prénom soit Micha.
Incorporé contre son gré dans l’armée allemande, il a deserté et s’est arrêté à Foulques.
Octave l’a embauché et il a pris sa fille en amour.
Après la guerre, il l’a épousée.
Ils ont deux enfants, Georges dit Jojo qui a vingt-huit ans et Elodie qui en a dix-neuf.
La grand-mère, Joséphine, la veuve d’Octave vit chez eux, elle a quatre-vingt-quatre ans.
* * *
Jésus est content.
Il se sert un grand coup de rouge et l’avale d’un trait.
Quand le père est malade, ce qui est rare, c’est une grande aubaine.
Il n’a jamais connu de femme et n’ose d’ailleurs les approcher. Il se sait laid et velu comme un singe, de plus il se lave rarement et pue. Il émane de sa carcasse un remugle de fumier, de vinasse et de sueur à l’ail.
Et son plaisir, il le prend avec les bêtes.
D’abord avec les brebis, maintenant, il se contente des chèvres, depuis que le père l’a surpris.
C’est arrivé un soir où l’Emile étrille le mulet.
Soudain, il tend l’oreille… il y a du bruit à côté dans la bergerie… ça grommelle, ça halète.
Il pense qu’une bête est malade et son sang se fige car il craint l’épidémie.
Il approche du mur, deux moellons sont disjoints et on y voit clair à côté.
La rage alors le suffoque, il n’en croit pas ses yeux.
Le fils est sur l’une de ses plus belles brebis, il l’a couchée sur le dos et s’est glissé entre ses pattes arrière. La bête oppressée crache et souffle.
Jésus lui lèche le museau et baragouine une mélopée.
D’un bond, l’Emile est dans la place, fouet en main.
A grands coups, il cingle le cul nu de Jésus qui glapit, il veut se relever, son pantalon lui entrave les chevilles, il tombe et roule par terre.
La correction est terrible.
– Bougre de salopard, chien d’ivrogne, rugit l’Emile, tu me l’auras tuée ! ah, pendard !
Jésus protège son sexe de ses mains, le cuir claque sur les cuisses, le ventre, les fesses, le visage même n’est pas épargné…
Le malheureux beugle sa douleur.
Puis l’Emile jette le fouet et se penche sur la bête qu’il redresse. Hébétée, elle rote plusieurs fois et rejoint ses congénères en boitillant et chiant avec bruit.
– Fumier ! saligaud ! si je t’y reprends, je t’étrille le cuir et la viande !
Il ramasse le fouet et va vers la porte, puis il se retourne et contemple son fils, accroupi dans la paille, qui sanglote, maculé de vin vomi sous les coups.
Il a peur d’avoir frappé trop fort… mais il ne doit en aucun cas faire preuve de faiblesse, car il le craint un peu, le fils, tout comme on redoute un molosse qui pourtant vous lèche la main et se couche à vos pieds…
Il se ravise.
– Si ça te démange encore, prends une chèvre ! qu’il rugit en partant.
* * *
La Jeannette est redescendue, elle s’affaire à la vaisselle avec sa fille et roumègue après le père qui se croit près de la mort et prend des figures de souffrance, et que si c’était elle, il n’en ferait pas grand cas et que les hommes sont tous pareils, du boniment quand ça va et la trouille bleue au moindre pet foireux.
Elle est énervée.
A grandes taloches, elle expedie les petits au lit. Ils l’aiment et la craignent car elle a la main sèche et ses gifles font mal, mais aussi elle est douce et câline, et le soir quand ils sont couchés, elle vient les cajoler avec tendresse.
Jésus allume sa pipe, il repousse doucement la chienne qui lui flaire les mollets.
C’est Daisy, sa grande amie, toujours dans ses jambes, mi-griffon, mi-briquet, elle est imbattable à la chasse, du moins de l’avis du père, car Jésus ne chasse pas.
Maintenant, affalé sur sa chaise, il fume, contemplant ses pieds dans l’âtre, près du feu qui crépite.
Le bois qu’il a coupé tantôt est prêt pour demain. C’est lui qui allume le feu à l’aube, il dort peu et est toujours le premier levé.
La fournaise, le vin et le tabac lui ont quelque

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