... et Alice Tao se souvint du futur
146 pages
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Description

Alice Tao se rend à un congrès où elle doit évoquer une observation que les théories astrophysiques actuelles ne permettent pas de comprendre et qui pourrait remettre en question tout l’édifice de la science. Un savant a peut-être trouvé l’explication, mais il disparaît en ne laissant derrière lui que quelques dessins. Qui a intérêt à cette disparition ? Parmi ces dessins, Alice reconnaît un lieu dont elle avait rêvé, lorsqu’elle était enfant, un lieu qui n’existe pas, pas encore... Un siècle plus tard, en 2107, un biophysicien s’aperçoit que l’homme perd la mémoire. Il se rend en Chine sur la proposition d’une confrérie secrète qui s’apprête à créer un centre de stockage de la mémoire de l’humanité. Que cherche vraiment cette organisation à la puissance sans limite ? Un seul homme peut la défier : Michel Marosa, qui possède la mémoire d’une jeune Chinoise appelée… Alice Tao. Notre mémoire serait-elle manipulée par des intrusions du futur ? Alice et Michel vont-ils renouer ses fils par-delà les époques ?David Elbaz est astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), spécialiste de la formation des galaxies. Il est l’auteur d’un premier roman remarqué, Le Vase de Pépi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 avril 2010
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738196446
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, AVRIL 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9644-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Ce livre est dédié à tous ceux que l’on porte en nous et qui ne sont pas encore nés.
Chapitre 1
Les dits de Ramon Henriquez

Lundi 5 janvier 2009
Nous possédons tous une capacité de clairvoyance, et parfois même de voyance. Certains en sont plus conscients que d’autres, mais mon expérience dans le domaine me fait penser que ce n’est pas tant parce qu’ils possèdent une vision plus pénétrante que parce qu’ils ont su conserver un regard ouvert. Je fais partie de ceux-là et j’ai, depuis ma plus tendre enfance, acquis la conviction que la voyance était une réalité indiscutable. La voyance est l’art de voir au-delà de la peau du monde, de ne pas être limité par la forme des êtres et de percer leur mystère intérieur. À l’intérieur de chacun de nous règne une chaleur réconfortante qui nous relie à l’origine de toutes choses. J’aime plonger dans cette chaleur quand me vient l’irrépressible sensation de fragilité de mon existence. Quand je pense à ce qui nous attend au-delà du grand sommeil, j’aime me réconforter en songeant à cette chaleur qui m’attend. Pourtant, il me reste toujours un sentiment d’angoisse, alors, j’ouvre les yeux et je scrute avec tendresse les couleurs de la lumière. Je crains de vivre sans elles. De toutes les couleurs, je crois que celle qui me manquera le plus est le bleu. Le bleu nuit, celui que l’on confond avec le noir, mais qui est bien plus profond. C’est étrange, il me semble que le goût des couleurs me manquera bien plus que celui de la nourriture.
Aie pitié de moi Seigneur, pauvre pécheur. Pardon pour ce que je suis et pour ce que je ne suis pas. Pardon pour ce que j’ai fait et ce que je n’ai pas fait. Pardon pour l’orgueil qui m’habite quand je pense que ce que je ferai demain sera fait en ton nom.
Incursion 21111105B sur R. H., incurseur U145473
Chapitre 2
Autiste-savant

Car, comme débiles sont les armes au-dehors, si le conseil et la sagesse n’est en la maison, vaine est l’étude et le conseil inutile, s’il n’est, en temps opportun, exécuté par raison. Par quoi mon fils je voulais que tu emploies ta jeunesse à profiter en études et vertus. Et comme selon le sage Salomon, sapiens n’entre point en âme malivole et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
Paroles de Grandgousier,.
R ABELAIS , Gargantua (1534)

Celui qui se promène dans les rues de Paris se sent moins mortel que les autres car il sait, inconsciemment peut-être mais non moins certainement, que les façades qu’il croise sur son chemin sont telles qu’elles étaient plusieurs siècles plus tôt et ne seront pas différentes dans les siècles à venir. Vagabonder dans Paris en 2102 n’était pas si différent qu’observer le ciel avec ses étoiles qui côtoient l’éternité. En marchant dans les rues de Paris pour se rendre au travail, le professeur Jean Duchemin prenait plaisir à s’extraire de ce XXII e  siècle à peine entamé. Pourtant, il croyait au progrès, et il essayait même d’y apporter sa propre contribution, mais si progrès rimait avec confort de vie, il n’impliquait pas pour autant le sentiment d’un sens plus profond de l’existence.
Ses travaux, publiés dans la revue Biophysical Journal du 6 juin 2101, démontraient que l’être humain était victime d’une maladie extrêmement pernicieuse. Au cours du siècle précédent, la mémoire des hommes aurait diminué de manière indéniable. Pour mesurer l’évolution de la mémoire au cours des âges, Jean Duchemin avait eu l’idée géniale de reproduire à l’identique, en 2101, une expérience réalisée en 2008 par deux chercheurs japonais de l’institut de recherche sur les primates de l’Université de Kyoto. Le système expérimental était très simple : une série de chiffres, disposés au hasard, apparaissait sur un écran pendant un cinquième de seconde puis ils étaient remplacés par des carrés blancs. Pour réussir le test, il fallait toucher l’écran du doigt à l’endroit des carrés blancs dans l’ordre croissant de la séquence numérique qui était brièvement apparue. Le test avait été proposé à un groupe de chimpanzés et à un groupe d’étudiants japonais. La comparaison des résultats des deux groupes avait démontré que les étudiants présentaient un taux de réussite deux fois moins bon que celui des chimpanzés. Cette expérience semblait prouver que la capacité mémorielle d’un individu étant limitée, le développement du langage chez l’homme s’était fait aux dépens de sa capacité de mémorisation à court terme. On avait d’ailleurs remarqué que la mémoire de travail était meilleure chez un enfant avant l’apprentissage du langage qu’après. Cette expérience avait donc été reproduite à l’identique par Jean Duchemin un peu moins d’un siècle plus tard. Son objectif n’était pas de comparer l’homme au singe ou à ses ancêtres lointains, mais l’homme du début du XXII e  siècle à celui du début du XXI e  siècle. Il était arrivé à un résultat troublant : un groupe similaire d’étudiants répondait aux mêmes tests avec une bien moins grande acuité en 2101 qu’en 2008. En clair, l’être humain était victime d’une amnésie larvée, difficile à mesurer, mais bien présente, ce qui pouvait représenter à terme une menace pour l’humanité.
L’amnésie généralisée dont souffrait l’humanité devait déjà être perceptible dès le début du XXI e  siècle, pourtant l’alerte n’avait pas été déclenchée. Tout au plus certains scientifiques avaient-ils émis l’hypothèse que l’utilisation intensive de l’informatique pouvait déclencher une atrophie du « muscle de la mémoire », mais on ne les avait pas pris au sérieux. D’ailleurs, Duchemin lui-même avait été confronté à une opposition du même type. Ou plutôt à l’absence humiliante de réaction de la part de la communauté scientifique, ce qui était pire.
Selon le biophysicien, sa découverte n’avait pourtant rien d’étonnant. Elle dénotait plutôt le prolongement d’une évolution naturelle qui avait débuté bien longtemps auparavant. L’humanité avait atteint la troisième étape d’un processus qui avait débuté avec l’invention du langage, puis continué avec celle de l’écriture. Un processus continu, couronné par l’apparition d’Internet et de l’information à profusion, qui avait eu pour effet de déplacer l’attention des hommes de l’intérieur vers l’extérieur. En clair, de la même manière que l’homme avait perdu ses poils par l’utilisation de vêtements, il perdait sa mémoire en utilisant des ordinateurs. Le professeur Jean Duchemin avait tenté d’avertir la planète, mais on ne l’écoutait pas. Certains lui reprochaient même de dramatiser la situation pour justifier une augmentation de son budget de recherche. Désabusé, il avait fini par succomber à la tentation de parler à la presse.
Tel Lancelot du Lac, Duchemin s’était donc mis en tête de partir en quête de son Graal, avec toutes les difficultés qu’il ne manquerait pas de rencontrer sur son chemin. Le but de sa quête était la découverte d’un antidote à cette maladie des temps modernes, cette amnésie pernicieuse qui touchait l’humanité. Il s’était ainsi spécialisé dans l’étude de la mémoire par imagerie cérébrale, profitant des prouesses techniques considérables que ce domaine avait réalisées au cours des dernières années tant sur le plan matériel, grâce à la miniaturisation des appareillages, que sur celui de l’interprétation logique des messages cérébraux, au moyen de programmes informatiques ultraperfectionnés.
L’évolution des espèces vivantes démontrait de façon indiscutable l’aptitude que possédait la nature à s’adapter aux changements climatiques et autres épreuves. L’histoire de l’Univers et du développement de la vie sur Terre démontrait que la nature avait toujours su s’adapter aux conditions même les plus extrêmes. Alors si la mémoire des hommes était aujourd’hui menacée, il devait exister une parade naturelle à ce danger. L’évolution naturelle serait lente, nécessairement, mais on pourrait peut-être l’aider et ainsi éviter le pire pour l’humanité. Or, en tant que spécialiste du cerveau et d’imagerie cérébrale, il était probablement le mieux placé pour relever le défi. Si l’être humain continuait d’évoluer, ce n’était assurément pas de manière visible. Il ne lui pousserait pas des ailes comme il a poussé des pattes aux mammifères marins. L’acteur évident de cette évolution devait être le cerveau ! Toutes les conditions étaient réunies pour qu’une découverte scientifique majeure se produise dans les prochaines années. Le biophysicien était donc parti en quête d’un échantillon d’êtres humains qui formerait la souche de l’homme du futur. Puisqu’il s’agissait d’une évolution concernant la mémoire, il s’était logiquement tourné vers l’étude d’individus dotés d’une mémoire exceptionnelle : ceux que les spécialistes appelaient les calculateurs prodiges et plus couramment les autistes-savants. La très grande majorité d’entre eux vivant mal avec leur mémoire hypertrophiée, ils présentaient un comportement d’autistes.
Cela faisait plusieurs années qu’il étudiait l’activité cérébrale de ces êtres exceptionnels en comparaison avec un échantillon représentatif de l’être humain moyen, dans l’espoir de déceler un indice suggérant l’existence d’un pont entre les deux populations, d’une évolution de l’homme moyen vers l’homme hypermnémonique. Mais les résult

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