Equation chinoise
243 pages
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Equation chinoise , livre ebook

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Description

Equation chinoise nous emmène au cœur de la Chine d'aujourd'hui avec des personnages attachants, haut en couleurs. L'histoire racontée par un fin connaisseur de la chine nous emporte au cœur de l'âme chinoise.L’auteur a une connaissance intime du pays de par sa belle-famille qui vit à Shanghai. Avec ce livre, vous entrerez de plein pied dans toutes les couches de la société, du simple mingong, aux militaires, aux responsables du PCC à Shanghai, aux dirigeants d’entreprises, aux médecins, aux étudiants, aux minorités religieuses, aux responsables des médias… afin de capter l’âme chinoise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782492126451
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Luc Buchalet
 
 
 
Équation chinoise
 
 
 
 
 
 
Table des matières
 
Pourquoi certains sont-ils épargnés par le destin   ?
Par instants, le monde se remet en ordre
Comment bien vivre   ?
Une âme de valet
La loi du marché
On the road
Ushuaia-Shanghai
L’empire du Milieu
Du passé faisons table rase
La face cachée de Shanghai
Les pilules du bonheur
Un destin parmi d’autres
Militaires de père en fils
Retour à la vie
Nuits de Patpong
Esclaves sexuelles
Du sang jaillit de ses entrailles
Ganbei   !
Chienne de vie
Disparue
La loi du plus fort
La BCO est morte, vive la BRP   !
Perdue
Les retrouvailles
Avec le temps va…
Voyage au bout de l’enfer
Découverte
Le mystère
La guerre du Vietnam
La reconquête
1950 : la victoire
Nut et Paul
Les Hmong
L’heureux événement
1954 : la défaite
Équation chinoise
Cap sur le nord
Des «   Double Bonheur   »
Xiuli
Du sang, du feu et des larmes
L’enlèvement
Les services secrets
Au sommet de la courbe émotionnelle
J’ai d’autres rêves
Les nominations
La mort
La désolation
Épilogue

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Denise,
À Xiuli.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Si la Chine souhaite maintenir une économie de marché saine, Pékin devra mettre en place une démocratie parlementaire […] sans quoi, la Chine se retrouvera confrontée, comme les autres pays en développement, à la commercialisation du pouvoir, à une corruption rampante et à la polarisation de la société entre les riches et les pauvres.
Zhao Ziyang, secrétaire général du Parti communiste chinois en 1989, limogé par Deng Xiaoping juste avant les massacres de la place Tienanmen.
 
 
 
 
 
 
 
Note de l’auteur : De façon à ne pas nuire au rythme du roman, les références bibliographiques n’ont pas été numérotées à l’intérieur du texte. Elles ont été regroupées en annexe.
 
 
 
La guerre, c’est la paix.
La liberté, c’est l’esclavage.
L’ignorance, c’est la force.
George Orwell, 1984
 
 
 
 
Prologue
 
Pourquoi certains sont-ils épargnés par le destin   ?
 
 
C’est par une journée comme celle-ci, une belle journée d’hiver, le 22 janvier pour être exact, juste avant le Nouvel An chinois, que les marchés financiers ont commencé à s’inquiéter de l’émergence d’un virus particulièrement contagieux : un coronavirus. Ce jour-là, la bourse de Shanghai a dévissé de plus de 9 %. Les autorités à Pékin, dans un réflexe pavlovien, ont essayé de masquer la réalité de l’épidémie. Le médecin qui a essayé d’alerter les autorités locales a été arrêté et mis en examen. La police l’a accusé d’avoir diffusé de fausses informations. Il a osé comparer le nouveau virus au SRAS. Le pouvoir central a perdu au moins plusieurs semaines décisives dans la guerre contre la pandémie. C’est moins qu’en 2003, lorsque Pékin avait nié la gravité du virus du SRAS durant trois mois. Mais aujourd’hui, les étrangers sont trois fois plus nombreux à voyager en Chine et les Chinois sept fois plus nombreux à se rendre à l’étranger, aussi la propagation du coronavirus a-t-elle été cette fois-ci fulgurante.
Entre-temps, l’Empire du Milieu est devenu la deuxième puissance économique mondiale. Xi Jinping, son président à vie, s’est mis dans la tête de combattre le leadership américain, l’universalisme et l’État de droit.
Le malheur des autorités est que la diffusion du virus s’est passée au moment de la grande transhumance des Chinois lors du Nouvel An lunaire.
Plusieurs millions d’entre eux voyagent et retournent dans leur famille ou à l’étranger à l’occasion de cette fête. Les villes chinoises ont été mises en quarantaine, les habitants étant consignés à domicile. Trop tard. Le coronavirus s’est propagé partout sur la planète, aussi vite que le virus de la peur. Tous les pays, les uns après les autres se sont claquemurés. L’activité économique s’est effondrée. L’angoisse de survie s’est emparée des esprits, des médias et des réseaux sociaux. Dans certains pays, l’engorgement du système sanitaire a obligé les hôpitaux à faire le tri des malades pour tenter de sauver ceux qui pouvaient l’être, en laissant mourir les plus faibles par manque de lits en réanimation. Les peuples n’ont jamais été aussi seuls face à la mort.
Les marchés financiers se sont effondrés et ont perdu leurs illusions en traversant des journées aussi obscures que le plumage d’un cygne noir baptisé Covid-19. Démunie, la France comme l’Europe qui n’a en rien été préparée à cette pandémie s’est cloîtrée. Isolée du monde la Lozère a été, dans un premier temps, épargnée par la propagation du virus. Mais le département a été contaminé lors de la deuxième vague comme toutes les autres régions de France.
À cette heure de la journée, le village lozérien est pratiquement désert, écrasé sous le soleil. Christophe marche mécaniquement derrière le fourgon noir. Son cerveau enregistre chaque détail, comme une scène tournée au ralenti. Autour de la famille, une cinquantaine de personnes accompagnent Marcel vers sa dernière demeure. Tous ses collègues de travail sont morts, emportés dans les mêmes circonstances. Certains proches sont venus par devoir, Christophe par amitié. Il se demande si le monde a jeté un sortilège à tous ces individus qui ont disparu ou bien si c’est l’inverse. Une tristesse confuse ne cesse de le hanter. Ce monde, Christophe et Marcel l’ont toujours accepté comme une évidence, sans jamais vraiment réfléchir à ce qu’il pouvait signifier. Pourquoi lui, Christophe, a-t-il été épargné   ?
Christophe Prat est encore jeune (48 ans). Il a été responsable du département Actions d’une grande banque. Il est intelligent (diplômé d’une grande école), riche et présentable (tout le monde l’apprécie spontanément). Charmant (il retient souvent l’attention des femmes), il a une sexualité normative (monogame résolu, il ne s’intéresse qu’à son épouse) et se déclare agnostique. Son père comme son grand-père étaient militaires. Il a conservé une certaine rigidité d’une éducation inflexible et de son passage dans un lycée militaire comme pensionnaire durant son adolescence. Christophe ne laisse rien paraître.
Le cortège funèbre s’éloigne du village et serpente à travers une colline en traversant des champs jaune caramel, prêts à être moissonnés. Devant, la montagne sèche. Voici l’été qui s’épanouit, pense-t-il. C’est ainsi, il en sera toujours ainsi. Les coquelicots, à la tige verte fragile et hérissée de poils, se distinguent par le rouge vif de leurs pétales, et forment un tapis coloré élégant au milieu des taillis.
Marcel aurait certainement approuvé d’être enterré sous le soleil. Il avait laissé des consignes précises. Il voulait être enseveli et surtout pas incinéré. Il n’avait pas peur des vers et de la pourriture. Pas question de cendres dispersées ou autre cérémonie à la mode. L’idée d’un lieu qui témoigne de son existence était importante pour lui. Christophe observe la femme de Marcel qui sanglote.
Ici, dans cette région désertique, le monde est stable comme la masse sombre de la montagne derrière le cimetière. Rien à voir avec la Chine en perpétuelle ébullition.
Le cimetière étagé s’étend à flanc de montagne et il a fallu creuser dans le micaschiste pour aménager les tombes. Celle de Marcel se situe tout en haut, sur la dernière plate-forme. De sa maison de famille, il pouvait voir le cimetière et la tombe de ses parents. À présent, son cercueil est déposé sur des tréteaux au-dessus de la fosse. Quatre hommes habillés de noir passent des sangles autour du manteau de chêne qu’ils descendent lentement dans le tombeau. Ils n’en finissent pas de transpirer. La chaleur est insupportable. Le soleil d’un blanc éblouissant brûle les âmes.
La femme de Marcel n’a toujours pas admis la mort violente de son mari. On ne peut pas réécrire l’histoire , lui aurait-il dit.
Elle se penche vers le trou noir et se balance d’avant en arrière en gémissant. Ses cheveux gris balayent son visage décomposé.
Des images éclairs traversent le cerveau de Christophe. Personne n’aurait pu imaginer, pas même eux, qu’une amitié puisse voir le jour entre ces deux hommes que tout séparait. La trahison de Marcel n’en avait été que plus pénible. Mais la mort estompe tous les ressentiments. Comment entrer en contact avec l’esprit d’un mort   ? La mort tisse la vie. Les mots de réconfort prodigués à la famille de Marcel ne consolent pas pour autant.
Le vieux prêtre, qui porte encore la soutane noire, prononce un dernier discours un peu décalé sur l’amour (il n’a pas connu Marcel).
«   Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, louons le Seigneur – il lève les bras vers la voûte céleste avec un regard empreint de souffrance – oui, Seigneur, nous T’avons appelé. Oui, Seigneur, nous T’avons imploré. Chaque individu ici présent peut témoigner de l’amour qu’il porte à Marcel. Vous êtes tous dans nos prières, précise-t-il les yeux enflammés par la passion du Christ.
— Amen. Amen, répond l’assemblée.
— Que notre frère repose en paix dans le sein de notre Seigneur. Nous allons chanter tous ensemble Gloire à toi Jésus .   »
Seules quelques personnes se mettent à chanter en suivant la voix éraillée du vieil homme.
Puis, après cet intermède musical, l’homme d’Église reprend :
«   Demandez-vous : si vous deviez décéder aujourd’hui, où iriez-vous   ? Nous vivons une époque de plus en plus mécréante, mais regardez ce qui est arrivé à votre compagnon. Il nous a été enlevé brusquement. Alors, vous voyez, nous avons encore besoin de la grandeur de Dieu.
— Amen… Amen.
— Une seule certitude : nous mourrons tous… À un moment donné, tous nos présent deviendront des hier et tous nos futur trépasseront. Alors nous nous trouverons face à notre créateur au moment du jugement dernier. Si vous n’avez pas accepté Jésus comme notre sauveur, qu’allez-vous dire à Marcel   ? Je suis sûr que l’homme bienveillant qui repose

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