Entre vous, entre nous
260 pages
Français

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Entre vous, entre nous , livre ebook

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Description

Une amitié inattendue entre deux femmes de générations différentes engendre des confidences et révèle un secret qui en cache un second, plus enfoui. Deux histoires de vie s’emmêlent en passant par la France, l'Italie et un peu la Russie. Tandis que Rosa s'apprête à affronter une retraite solitaire, Aline, obligée d’apprendre à composer avec l'Alzheimer qui s’empare de son unique parente, part à la recherche de ses racines. Cette quête lui réserve plus d'une surprise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 août 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414337699
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Delphine Messadi-Degiez
Entre vous,
entre
nous
----------------------------INFORMATION---------------------------Couverture : Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages : 260 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 20

---------------------------------------------------------------------------Entre vous, entre nous
Delphine Messadi-Degiez
20 963043
2
Remerciements
Bien que l’écriture soit une passion qui ne s’exprime au
mieux qu’en privé, vient toujours le moment où le
manuscrit doit être ouvert à d’autres pour qu’un regard
extérieur repère les erreurs et imperfections que l’auteur ne
voit plus, à force de relectures.
Je remercie ma fille Delya et ma sœur Sylvie, qui font
toujours d’intéressantes critiques sur le récit, me permettant
d’y apporter des améliorations, ainsi que ma belle-sœur
Nicole ; elle a réalisé un travail de fourmi sur la ponctuation
et les subtilités de la langue française. Louise, professeure de
français à la retraite, m’a également relue et fait
d’intéressantes suggestions. Les encouragements des
nombreuses personnes ayant apprécié mon premier
ouvrage m’ont aussi incitée à me lancer dans cette nouvelle
aventure. Pour la couverture, je remercie très sincèrement
Alexandre, Naora, Tehani, Alice, Coryne et Boris. Quant à
mon mari, il est toujours bienveillant et confiant vis-à-vis de
mon travail et son soutien m’est également très précieux.

3
4
Prologue
Il ouvrit les yeux. Les objets qui l’entouraient mirent
plusieurs secondes avant d’apparaître dans son champ de
vision. Tout semblait nimbé d’une aura particulière et il prit
conscience qu’il n’entendait aucun son. Dans sa poitrine, il
percevait les battements de son cœur, irréguliers et lents et
transpirait une sueur froide. Soudain paniqué, il tenta de
pousser un cri sans y parvenir ; une certitude lui vrillait la
poitrine : « Ceci est mon dernier réveil… »
Cette pensée lui donna un sursaut de vigueur. Il ne pouvait
pas mourir avec quelque chose de si grave sur la conscience.
Tant de larmes avaient été versées, tant d’angoisse et de
désespoir ! Maintenant que la fin approchait, les regrets le
torturaient. Avait-il vraiment agi pour le mieux ?
N’auraitil pas dû révéler ce qu’il avait appris si… fortuitement ? au
moins à elle ? Il n’était plus certain d’avoir pris la bonne
décision, mais n’avait pas le droit de laisser au hasard le soin
de réparer son erreur, si c’en était une. D’ailleurs, si aucune
réparation n’était plus possible, il pouvait en revanche lui
offrir une sorte de compensation, une joie véritable qui
briserait sa solitude. Seulement pour ça, il lui fallait encore
5 s’assurer que la rencontre ait lieu.
Son bras, déjà lourd, se souleva péniblement jusqu’à la
sonnette qu’il pressa d’un doigt maladroit.
Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sur
l’infirmière. Elle lui décocha ce grand sourire qu’il aimait
tant, marcha d’un pas alerte jusqu’à la fenêtre et ouvrit les
rideaux. Aussitôt, une clarté aveuglante envahit la pièce.
« Stella mon étoile dorée » pensa Fernando, autant soulagé
de revoir la lumière, que la jolie infirmière d’origine serbe
qu’il préférait à tous les autres soignants.
Elle affichait une quarantaine d’années et un accent chantant
qui le ravissait, était toujours de bonne humeur et dégageait
une énergie communicative. Son visage, qui pouvait paraître
sévère au premier abord, s’illuminait lorsqu’elle riait, ce qui
arrivait fréquemment. Quant à ses yeux, ils pétillaient
d’intelligence et d’humour, particulièrement avec lui à qui
elle savait comment répondre, ayant tout de suite saisi qu’il
était un incorrigible charmeur.
Feignant la contrariété, elle s’approcha les sourcils froncés :
– Enfin vous êtes réveillé Monsieur Fernando ? Il est
passé midi ! Vous faites beaucoup de grasses
matinées en ce moment !
Il sourit, heureux de constater qu’il n’était pas devenu
sourd, mais l’infirmière interpréta cela différemment :
– Vous vous moquez de nouveau de mon accent ? Vous
pensiez que je ne m’en étais pas aperçue ?
– Je n’oserais pas ! Souffla Fernando, ravi de pouvoir
émettre un son.
– Mmouais… On dit ça… que puis-je faire pour vous
Monsieur Fernando ?
demanda-t-elle, en accentuant le roulement de ses « R ».
6 – Il faut que je voie Rosa, dit-il péniblement.
Malgré elle, l’infirmière fronça de nouveau les sourcils en
s’apercevant que son patient s’exprimait avec tant de mal.
– Vous voulez la voir quand ?
– Le plus vite possible, répondit-il dans un effort, c’est
vraiment très important. Puis il ajouta, en tirant
sur les coins de sa bouche dans ce que Stella
interpréta comme un autre sourire : ma petite
étoile dorée !
– Ah bon, alors si vous me parlez si gentiment,
évidemment je ne peux rien vous refuser !

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8
Chapitre 1
Livre 1, Rosa
Rosa terminait son déjeuner au jardin, profitant d’une belle
journée de septembre à l’ombre d’un tilleul centenaire qui
la protégeait du soleil, encore chaud pour la saison. Elle
parcourait un journal, sirotant un jus de fruits frais,
appréciant la quiétude du lieu et le bien-être qui s’en
dégageait. La sonnerie de son téléphone portable la fit
sursauter et s’interroger sur la raison qui l’avait poussée à se
procurer cet engin. Il n’y avait plus moyen d’être tranquille,
« on » pouvait vous atteindre n’importe où désormais ».
– Allô ? répondit-elle, contrariée.
– Bonjour Madame Rosa ? ici Stella Blajkovic.
– Qui ?
– L’infirmière de M. Fernando. Excusez-moi de vous
déranger, mais il faut venir sans tarder. Il vous
réclame et je crois qu’il ne lui reste pas beaucoup
de temps à vivre.
Toute trace d’agacement avait disparu de son visage alors
qu’elle conduisait, un peu trop rapidement, sur la route qui
l’emmenait vers l’hôpital. Son front plissé trahissait à
9 présent l’inquiétude sourde qui lui oppressait la poitrine.
Fernando était, sans nul doute, le meilleur ami qu’elle ait
jamais eu. Et il avait tant fait pour elle ! Bien qu’elle soit allée
le voir de nombreuses fois depuis son hospitalisation, elle ne
pensait pas lui avoir rendu le centième de ce qu’elle lui
devait. Rosa culpabilisait surtout parce que la vie les avait
éloignés l’un de l’autre, ces dernières années, depuis qu’il
s’était mis à fréquenter cette Thérèse ; une paysanne fruste
et sans culture, envers qui elle avait éprouvé une aversion
immédiate quand elle l’avait vue au bras de Fernando, ce qui
n’était pas dans ses habitudes, mais son instinct la trompait
rarement. Cette femme avait quelque chose de faux, elle en
était convaincue. Il avait fini par s’en rendre compte lui
aussi, du moins elle le pensait puisqu’il avait mis un terme à
cette histoire ridicule. Cependant, tout au long de leur
liaison, au lieu d’en faire fi au nom de leur vieille amitié,
Rosa avait bêtement pris ses distances et une des
conséquences de cet éloignement avait été d’apprendre
tardivement l’existence de la maladie qui était en train de le
terrasser.
Elle avait tout tenté pour se rattraper depuis, mais ce n’était
pas suffisant. Fernando l’avait soutenue, dans la pire des
épreuves autrefois, se comportant comme un père avec elle.
Il lui avait tenu la main, jusqu’à ce qu’elle remonte de cet
enfer. Et quatorze ans plus tôt, elle serait morte de honte et
de dépit, sans son aide ; il l’avait obligée à garder la tête
haute et demander justice. Durant toute sa vie de femme,
elle avait pu compter sur son amitié. Et maintenant, il allait
la quitter pour toujours ? Elle se concentra sur sa conduite,
espérant ne pas arriver trop tard.
Rosa était une femme de soixante ans, coquette, qui
10 s’entretenait. Son visage paraissait plus jeune, grâce à un
sang métissé et la pratique régulière d’activité physique
maintenait son corps souple et alerte. Quelques mèches
grises parsemaient néanmoins ses cheveux, coupés au carré.
Elle s’examina rapidement dans le rétroviseur et essuya une
larme avant de sortir de sa voiture, puis passa sans s’arrêter
devant le desk de la réception, connaissant le numéro de
chambre par cœur. De toute façon, comme à chaque visite,
les deux réceptionnistes semblaient très occupées.
Fernando se trouvait seul dans la chambre. Lorsqu’elle
entra, elle le crut endormi car ses yeux étaient fermés ; il
semblait paisible, malgré son inquiétante pâleur, mais Rosa
le trouva encore amaigri depuis la dernière fois et remarqua
aussi que sa respiration était rauque. Elle tira une chaise près
du lit et s’assit.
– Vous allez me manquer, murmura-t-elle.
A sa grande surprise, il lui sourit.
– Ma petite Rosa ! souffla-t-il en expirant bruyamment.
« Après lui, plus personne ne se servirait de cette expression
tendre, lui rappelant qu’à ses yeux, elle était encore la jeune
femme qu’il avait prise autrefois sous son aile. »
– Chut, ne vous fatiguez pas. Je suis là tout va bien.
Il sentit qu’elle lui saisissait la main, prit le temps de
retrouver son souffle et déclara péniblement :
– C’est la fin.
– Ne dites pas cela !
– Je sais… ce que je dis. Ecoutez-moi : Il faut que vous
engagiez la petite, celle dont je vous ai parlé.
Il était maintenant hors d’haleine.
D’abord perplexe, elle se rappela brusquement ce à quoi il
11 faisait allusion et sentit l’aiguillon de la culpabilité la titiller,
car elle n’avait pas pris le temps d’y réfléchir. Il lui avait
suggéré d’engager la petite fille de son ex-amie pour écrire
ses mémoires. Sur le moment, elle en avait été agacée ;
n’arrêterait-il jamais de lui parler de cette bonne femme ?
– Votre existence est pleine de douloureux secrets.
Vous devez les déposer pour aspirer à la sérénité,
ma petite Rosa. Ecrire n’est pas vraiment votre
tasse de thé ? ce n’est pas grave, car je connais
quelqu’un qui possède une très jolie plume ; vous
devriez la rencontrer.
Il lui avait alors brossé un portrait flatteur de cette Aline.
Rosa avait commencé par protester.
– Vous savez pourtant que je n’ai pas beaucoup de
sympathie pour sa grand

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