En voilà des idées...
114 pages
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En voilà des idées... , livre ebook

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Description


51 nouvelles brèves. Comme autant de tranches de vie sombres ou épicées.




Cinquante et une nouvelles brèves, comme autant de tranches de vie disséquées. Elles abordent le banal d’existences ordinaires où s’étalent faiblesses, grandes et petites cruautés, peurs et bêtise crasse, petits pépins comme gros ennuis, innocence bafouée et amour parfois, au détour de l’indicible.



À travers le quotidien de couples à la dérive, d’un escroc de haut vol mais tombant bien bas, de victimes de curés pédophiles et de médecins salaces, d’enfants maltraités ou méprisés, d’une femme flic à bout de tout, d’un thanatopracteur indélicat, d’un gnome amoureux d’une jeune bergère, de petites filles diaboliques, d’un écrivain à la recherche de l’Inspiration, et bien d’autres, ce recueil révèle notre part d’humanité sombre voire féroce, mais qui parfois laisse entrouverte la possibilité d’espérer.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381539454
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

En voilà des idées…


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.

 
Daniel Saint-Lary En voilà des idées…

 
DU MÊME AUTEUR
Nouvelles finalistes du Prix Hemingway, parues aux Éditions du Diable Vauvert (ouvrages collectifs) : - «  L’espagnol et la charcutière – La lettre à Élisa – Point Final – Troubles.  »
Nouvelles (recueil), «  Mi l ’un, mi l’autre   » . Éditions Atelier Baie.
Biographie : «  Chinito de Francia   » , Éditions Atelier Baie (Beau Livre).
«  Pour une place au soleil   » , Éditions Atelier Baie.
Préface du recueil de poèmes «  Les Noirs   » de Patrick Espagnet, Éditions du Diable Vauvert.
«  Fascicules de taureaux  ».
Contribution au recueil «  L’encre et la Corne   » , ouvrage collectif consacré à l’image du toro dans la Bande dessinée (Collection du peintre contemporain Claude Viallat)
 
Dans la même maison d’édition :
«  La nuit du cochon d’Inde  » (roman noir)


 
Lulibérine
On se serait cru sorti tout droit d’un film SF des années cinquante. À l’époque, la mode était aux movies racontant l’horreur des rayonnements cosmiques, des nuages radioactifs, des invasions venues de l’espace, celles des monstres des profondeurs, aux « Choses », aux « Profanateurs », à la « Marque », aux forces maléfiques nées de l’esprit mal tourné des humains. En noir et blanc. Noir comme la tragédie qui avait frappé le monde. Blanc comme l’éclair qui atomisa le Japon.
Et comme les scénaristes d’alors l’imaginaient pour leur happy-end, voilà que semblant obéir à un ordre secret tels des insectes géants sortant de terre, les gens sont enfin sortis de chez eux. La fin des hostilités avait sonné. Le Grand Isolement venait de payer. L’autophobie dans laquelle tous nous avions sombré, de se dissiper.
On s’était remis à déambuler, seul au début, puis par petits groupes, craintif, un peu perdu d’abord, hagard, hésitant, comme en suspens. Certains portaient encore des masques ou des combinaisons. Des gants. D’autres avaient toujours à leur ceinture leur petite fiole de gaz répulsif réglementaire, à utiliser en cas de tentative de contact physique inconsidéré.
Personne ne semblait y croire.
On avait l’air de ceux qui revenaient de loin. Tout semblait à nouveau possible. Les traitements recommandés par les autorités sanitaires commençaient à faire effet ; peu à peu, on s’enhardissait, reprenait confiance, ceux qui se croisaient ne s’évitaient plus, s’effleuraient, et même se touchaient, furtivement d’abord puis de façon plus appuyée, osaient se sauter au cou, s’embrassaient, beaucoup sur la bouche tant les privations d’amour avaient été grandes, touchés par la liesse d’un jour nouveau. Un jour de promesses. La fête de l’Après. Du grand retour vers la vraie vie et son cortège de petits bonheurs. Ces trois fois rien qui donnent à l’existence un goût irremplaçable, comme lorsque l’on se sent aux lèvres un baiser.
On avait tellement été sevré.
Je suis comme eux. Heureux. Exalté. Prêt à aimer la terre entière. Et à m’émerveiller devant tant de beauté et puis danser, m’enivrer et danser encore jusqu’à l’aube à en perdre haleine. Et cependant, après tous ces mois de confinement strict, je le vois bien, le physique ne répond plus vraiment. La fonte musculaire est importante, l’atonie a gagné l’ensemble de mes fonctions motrices (reproductrices ?) et intellectuelles. Je n’en peux déjà plus. Le bruit. L’air probablement aussi. Sa pureté. Trop habitué à un air confiné. Des mois dans un espace contraint, sans contact possible… Heureusement, ces cachets bleus !
Au bout de quelques mètres, je ressens le besoin de m’asseoir. Parc Monceau, les chaises sont prises d’assaut. Au détour d’un bosquet, une fanfare de cuivres zélés astiqués comme des clairons de cirque s’improvise, des badauds esquissent mollement un pas de danse, certains fredonnent des airs qu’ils croyaient avoir oubliés, d’autres, à défaut de s’attabler aux terrasses des cafés ont apporté à boire. Il y a à manger aussi. En quantité, comme si l’on craignait de manquer. Le soleil est haut. L’été bat son plein. La griserie nous gagne, on divague de tout ce tapage et des odeurs de bière, mais les visages, eux, restent blêmes, les mines tirées, les corps épuisés et les sourires las. Quelques enfants jouent au ballon sans trop y croire ; surpris, presque interdits qu’ils y soient autorisés, maladroits, ils ont perdu leur toucher de balle. Sur leur tee-shirt floqué, M’Papé s’est fané.
Une jeune femme blonde comme les blés quand ils pouvaient être blonds, mais ça, c’était avant, s’assoit sur la chaise métallique voisine de la mienne. Je me tourne vers elle et lui souris. Elle me le rend. Son regard est doux. Ces yeux si bleus, ce visage aux traits si purs aux pommettes saillantes me rappellent quelqu’un. D’un léger mouvement de tête elle a rejeté en arrière son chapeau en paille au large ruban fleuri. Comme elle est jeune et belle.
— Ce retour à la vie, cette joie des retrouvailles, on dirait un jour de liesse comme après une victoire, dit-elle avec un léger accent de l’Est.
— Mais… je vous reconnais ! C’est vous ?! osai-je, en ne la lâchant pas des yeux, vous êtes Tatiana Samoïlova, je vous ai vu dans ce film de l’époque soviétique… Je vous revois sur le quai de la gare…
— Ah, vous vous en souvenez ? me répond-elle, vous vous rappelez comme je l’avais attendu en vain… Combien j’étais bouleversée ! Il n’est jamais revenu. Alors, j’ai donné mon bouquet de fleurs champêtres à des gens qui venaient de se retrouver à la descente du train.
— Cette dernière scène, culte, on dit aujourd’hui, celle où les soldats reviennent du front après la victoire sur les nazis, accueillis dans la joie par leur femme, leurs parents, leur fiancée… complétai-je, définitivement conquis par son charme étrange et pénétrant.
— C’est justement à ce moment-là qu’ayant appris sa mort, je…
— … Vous avez offert vos fleurs ! Vous y incarniez une infirmière magnifique. Folle d’amour pour ce jeune soldat à qui vous étiez promise. Plus rien ne semblait compter…
— Nous avions fait serment de nous aimer… à l’instant précis où un vol de grues passait au-dessus de nous.
— Oui, tout cela me revient maintenant, murmurai-je. Le nom du film : « Quand passent les cigognes » , bien sûr… Et puis, la guerre. Vous en aviez épousé un autre. Le cousin, un planqué de l’arrière…
Tout en parlant, je lui ai pris les mains.
Elles étaient douces et étrangement glacées. Elle a serré les miennes. Elle m’a dit son espoir et regretter de ne plus avoir de bouquet à me donner, j’aurais pu en faire profiter à mon tour quelqu’un de mon choix. Une infirmière ?! Il devait y en avoir plein dans le Parc en train de reprendre goût à la vie, après être sorties de l’enfer, maintenant que le pire, grâce à elles, était derrière et l’avenir, radieux.
J’ai revu cette scène où l’ami du fiancé mort, debout à l’avant sur la locomotive à charbon, exhorte les gens à croire en des jours meilleurs tandis que l’héroïne, Veronica – Tatiana Samoïlova – en larmes, distribue ses fleurs.
J’ai fermé les yeux. Ils étaient humides. J’ai senti un baiser léger comme un papillon se poser sur mes paupières closes. Le soleil sur mon front commençait à me picoter, j’étais si blanc, si pâle, quand soudain :

—  Il est dix-neuf heures. Vous êtes sur France-Info, voici le dernier point d’actualités.
J’ai sursauté. Je n’avais pas vu le temps passer. J’avais oublié que j’avais programmé mon portable pour recevoir le bulletin d’informations de début de soirée.

—  « Le ministère de la Santé informe que les doses synthétiques d’hormones de l’amour sont désormais disponibles dans les pharmacies d’officine. Il incite cependant à la plus grande prudence dans la prise de cette hormone, après cette longue période de distanciation et de privations… bla… bla… bla… Des cas d’hallucinations… bla… bla…
La voix a semblé filer ailleurs.
Le parc était silencieux. Les enfants et les flonflons de la fête partis qui sait où. J’ai tourné ma tête vers la chaise voisine.
Posé sur le dossier, un large ruban fleuri frémissait dans la brise de l’été.

 
Contre temps
Le temps est à l’orage, c’est étouffant, elle a dit à voix basse comme se parlant à elle-même en enfilant son imper.

—  Soyez sages, les enfants, maman n’en a pas pour longtemps, je vous laisse la télé éclairée. Je me dépêche.
Elle a pris son cabas se disant que l’épicier et le boucher n’étaient qu’à quelques minutes à pied et qu’avant que ça n’éclate elle serait de retour. Elle ferait vite. Elle n’aimait pas les laisser seuls, non que ce soient des enfants tracassiers mais avec tout ce qui arrivait en ce moment, toutes ces catastrophes, elle serait plus rassurée si elle était avec eux, surtout que son ainé s’inquiétait pour un oui pour un non depuis la fois où il avait eu si peur. Elle aurait pu le dire à Mercedes, sa voisine de palier, une gentille petite mémé mais pour aussi peu de temps c’était la déranger pour pas grand chose, même si elle était sûre que la vieille dame se serait fait un plaisir de lui rendre service.
Elle a dévalé quatre à quatre les marches de la petite résidence de trois étages. Une fois dehors, elle a levé les yeux. Le ciel s’était soudain assombri. Elle a pressé le pas.

—  Mélanie, mais où est-ce que tu cours comme ça ?!
Elle s’est retournée.
Sa vieille copine de fac, cela faisait bien dix ans qu’elle ne l’avait

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