En rencontrant Victoria
132 pages
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En rencontrant Victoria , livre ebook

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Description

Jeune artiste peintre au talent prometteur, Victoria s’évertue à vivre au jour le jour avec une forme d’insouciance assumée. Elle parvient à joindre les deux bouts en effectuant des permanences dans une galerie d’art contemporain, et ponctue son quotidien de quelques aventures sans lendemain.

En effectuant son trajet habituel pour Halifax, Victoria ne se doute pas qu’elle sauvera de la noyade, quelques minutes plus tard, une romancière célèbre.

S’entêtant à vouloir comprendre les raisons exactes de l’accident, Victoria s’immisce peu à peu dans la vie tourmentée de cette femme mystérieuse, de prime abord glaciale, sans imaginer les répercussions de leur relation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2020
Nombre de lectures 4
EAN13 9782414400935
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-40119-2

© Edilivre, 2020
Dédicace

À ma fille,
Prologue Canada, Province de la Nouvelle Écosse, Halifax De nos jours
Les voix des passagers s’uniformisaient en notes feutrées dans un magma lointain. Au gré d’un lâché prise inéluctable, April s’éloignait du réel : elle n’était déjà plus présente qu’en apparence à bord de ce traversier malmené par la houle. Son regard indéchiffrable s’émoussa sur quelques visages, puis s’estompa à travers la brume dans l’apparition vaporeuse des premiers buildings d’Halifax.
La caresse glaciale de la brise matinale l’extirpa de sa léthargie. April contorsionna ses épaules sous l’effet du frisson ressenti. Fébrile, elle remonta la fermeture éclair de sa veste puis retroussa son nez rectiligne du revers de la main. Il s’ensuivit un soupir étranglé qu’elle peina à évacuer. Des secondes intemporelles s’égrainèrent : April n’appartenait déjà plus à ce monde.
Elle abandonna finalement son siège dans l’indifférence générale pour se diriger avec un équilibre précaire vers l’arrière du ferry, et s’immobilisa lorsque ses mains s’enroulèrent autour du garde-corps.
Ne capitule pas, lui murmura pourtant une petite voix intérieure, à l’écho de trop courte portée.
Ses doigts se décrispèrent tandis qu’elle délayait son regard dans le sillage écumeux du bateau. La bascule avant fut soudaine. Il y eut derrière-elle ce cri détonant libéré à gorge déployée, aussitôt étouffé par la submersion assourdissante de ses tympans. Propulsée dans les profondeurs abyssales de l’océan, au cœur d’un cortège de bulles effervescentes, April s’abandonna au vertige d’une lente agonie en fixant l’éclat du soleil naissant à la surface.
April
(Peu de personnes laissent un souvenir impérissable de leur première rencontre. La sienne marqua mon esprit d’une empreinte indélébile.).
Le soleil m’aveugle. On dirait une petite flamme vacillante en contrejour. Je me demande qui ça peut-être… Sa silhouette se définit davantage, elle remonte l’allée au niveau des sapins baumiers : c’est une jeune femme gracile, la trentaine tout au plus, jean délavé, petits escarpins…
Le cocktail antidépresseur-Mojito glacé que je viens d’ingurgité ne m’aide pas à avoir les idées claires… Ses pas résonnent déjà dans l’escalier, elle accèdera bientôt à la terrasse. Je ferais mieux d’aller à sa rencontre pour m’affranchir au plus vite de mes craintes… Un sourire plein de fraîcheur, c’est plutôt de bonne-augure.
– Bonjour. J’ai bien essayé de sonner à l’interphone, mais il n’avait pas l’air de fonctionner et puisque votre portillon était entrouvert… Vous ne devez probablement pas vous souvenir de moi ? Il faut dire que les circonstances de notre première rencontre furent assez particulières.
Je suis en proie à la vulnérabilité de mon état. Que lui répondre ?
– Je suis navrée, mais je ne m’en souviens aucunement. Vous pourriez peut-être m’en dire davantage.
– J’étais à bord du ferry le jour de cet incident, enchaîne-t-elle. Je vous ai porté secours avant que vous ne soyez transportée jusqu’à l’hôpital ; mais n’allez surtout pas imaginer que je vous raconte cela pour obtenir un quelconque remerciement en retour.
C’était donc cette jeune femme…
– On m’a raconté ce que vous avez fait pour moi. Ce fut très courageux.
– Je me trouvais simplement où il fallait au bon moment ! Quant au reste, j’ai toujours été comme qui dirait un poisson dans l’eau, alors le mérite était moindre.
– Par contre comment vous êtes-vous procurée mon adresse ?
– En suivant votre ambulance le jour de votre sortie, répond-elle sans l’once d’une hésitation.
Sa franchise est sans appel. Je vais aller droite au but car elle doit forcément savoir qui je suis.
– On n’a pas tous les jours l’occasion de rencontrer une personne connue, n’est-ce pas ? Vous devez certainement être une de mes lectrices assidues.
– Vous vous méprenez sur mes intentions, réplique-t-elle sur la défensive. Je connais en effet vos ouvrages, mais ça ne fait pas de moi pour autant une fane inconditionnelle, rassurez-vous.
– Je ne voulais pas être désobligeante.
– Je m’en doute.
– Quelle est la raison précise de votre venue ?
– Je me préoccupais de savoir comment vous vous remettiez de cet évènement regrettable.
Un tel élan d’altruisme spontané n’est pas chose courante. Je la sens vraiment sincère dans sa démarche.
– Soit, avec qui ai-je donc l’honneur de discuter ?
– Je me prénomme Victoria, répond-elle en tendant une main pleine de vigueur. Je ne voudrais surtout pas m’imposer.
Elle embrasse du regard le paysage alentour avec les yeux émerveillés d’un enfant.
– Vous vivez dans un cadre idyllique qui doit être propice à l’inspiration ! libère-t-elle avec la même fraîcheur.
– Je dois admettre qu’il y a bien pire endroit.
– Votre maison se confond parfaitement avec la nature environnante. Le choix d’un parement en bois est très judicieux. Honnêtement, j’aime beaucoup.
– Tout le mérite revient à mon ex-compagnon, c’est un architecte plutôt créatif.
– Voire talentueux !
Le blond cendré de son carré court fait ressortir ses yeux bleus… C’est décidément étrange : une espèce d’alchimie est en train d’opérer, faite de tous petits riens. D’ailleurs, sa gaieté instille en moi un sentiment d’apaisement inhabituel auquel je ne peux opposer résistance.
– Je manque à tous mes devoirs ; après ce que vous avez fait pour moi, la moindre des choses serait de vous proposer quelque chose à boire.
C’est sorti spontanément : je m’en étonne encore.
– Ne vous en sentez pas obligée.
– Non, bien au contraire. Suivez-moi, nous discuterons plus confortablement dans le salon de jardin.
Je décèle dans le frémissement de ses pupilles une sorte de satisfaction éruptive.
* * *
Elle est très naturelle. Je l’écouterais parler pendant des heures tant cela m’éloigne de mes démons intérieurs…
Quel enthousiasme suranné ! On voit bien que sa perception des choses n’est pas encore érodée par les vicissitudes de la vie. Mes dix années de plus me donnent une longueur d’avance dont je me passerais cependant volontiers.
Elle projette des ondes positives en tous sens. Je me laisse emporter par ses flots de paroles, à contre-courant des effets ravageurs des médicaments sans lesquels je sombrerais dans l’abîme de mes pensées. Cette jeune femme doit posséder le don de guérison ; elle me renvoie par contre de plein fouet le reflet de ce que je ne saurai plus être : à la fois pleine d’entrain, éloquente et charismatique.
Mon esprit s’oxygène allègrement à l’écoute de ses petites anecdotes. Sa présence est le dérivatif qu’il me fallait. Je ne m’étais plus intéressée à aucune discussion depuis tellement longtemps, et quant à sourire, n’en parlons même pas !
– Vous êtes une magicienne, Victoria, car je ne suis généralement pas aussi engageante avec les personnes que je rencontre pour la première fois.
– Que serait la vie sans un peu de magie ? rétorque-t-elle avec des yeux rieurs.
Son sourire irrésistible agrémenté de ces deux jolies fossettes doit faire craquer la plupart des hommes. En a-t-elle seulement conscience ?
– Ce n’est pas que votre compagnie soit pour me déplaire, Victoria, mais je dois absolument rappeler mon éditrice avant seize heures…
Cette entrevue inopinée m’aura un peu remis les idées en place, avant une conversation téléphonique s’annonçant délicate.
– Je le comprends, naturellement. Tenez, voici ma carte de visite. J’espère que la curiosité vous poussera à venir découvrir les toiles que j’expose dans cette galerie. Encore merci pour ce temps d’échange, ce fut un réel plaisir.
– Un plaisir partagé, Victoria.
Victoria
Par la force des choses j’appréhende la vie différemment, il le faut bien. Je n’ai pourtant que vingt-neuf ans ! La disparition de maman m’a fait prendre pleinement conscience à quel point la vie est éphémère et qu’il faut en savourer chaque seconde ; il est donc sans doute normal que je ressente l’envie de bousculer les choses, d’aller droit à l’essentiel sans tergiverser. Après, mettre cela en pratique s’oppose à bien des réalités ; j’ai en effet parfois du mal à transgresser les règles, sans doute en raison de mon éducation. Trop précautionneuse depuis mon plus jeune âge, ma mère a façonné en moi des remparts structurels aux meurtrières parfois exigües.
La journée d’hier fut carrément frustrante ! Bien que mourant d’envie d’outrepasser les conventions, je suis restée conforme aux règles de bonne conduite. J’aurais dû pourtant interroger cette femme intrigante de manière plus directe ; je n’avais absolument rien à perdre…
Je repense sans cesse à cet instant précis : cette bascule irréversible dans le vide qui aurait pu lui être fatale. Pourquoi est-ce que je m’obstine à vouloir comprendre cela ? Rien ne me prédestinait à pareille rencontre, encore moins en cette période morose. Peut-être que cela en est l’explication ?
À force de cogiter, j’allais oublier mon rendez-vous avec ce type un peu mystérieux, artiste oblige ! Habituellement je fuis les hommes pressants et trop sûrs d’eux ; à croire que sa spontanéité a su me toucher, à moins que ce ne soit plutôt sa carrure de guerrier viking, admettons-le !
Je ne me fais cependant guère d’illusions sur ses intentions, car il a probablement décelé que j’étais en quête d’une aventure ! Ça doit transparaître malgré moi, répondant pour ainsi dire à un besoin purement physiologique. Je ne pense pas cependant être une proie à ce point vulnérable. J’aspire seulement à m’octroyer du bon temps, le plus possible, et pour me défaire de mes angoisses. Alors je ne sais pas jusqu’où cela ira ce soir, s’il y aura même un après ; et cela m’importe peu.
* *       *

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