Émois... d Elle à Moi
173 pages
Français

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Émois... d'Elle à Moi , livre ebook

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Description

Les chemins parallèles de Leïla, enfant née sous X, et de Mathilde, sa mère biologique qui, à 16 ans, se sentant incapable de l’élever et de l’aimer, a pris la décision de la faire adopter. Mère et fille confient tour à tour bonheurs et angoisses. Au fil des années, des rencontres et des apprentissages de la vie, elles se construisent et se reconstruisent de leur côté, chacune auprès de leur famille respective. Au risque de déterrer des secrets de famille soigneusement et douloureusement cachés, elles partent à la recherche l’une de l’autre, dans une quête commune de leurs racines et dans l’espoir de pouvoir enfin construire un avenir solide.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381539119
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Émois...d’ Elle à Moi
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ilsproduisent à la demande et pour le compte d’un auteur oud’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Natalice
Émois...d’ Elle à Moi


La vie, c’est des étapes…
Laplus douce, c’est l’amour…
Laplus dure, c’est la séparation…
Laplus pénible, c’est les adieux…
Laplus belle, c’est les retrouvailles…
(Anonyme)
Celivre est un hommage à mes enfants, mes « 3 p’titsbouts du bout du monde » qui ont bien grandi… et àleurs mères biologiques qui ont eu ce courage de lesabandonner plutôt que de les voir mourir de faim en les gardantprès d’elles.
ÀJean-Marie, mon compagnon, mon Ami, l’Amour de ma vie
Àma Maman, partie si tôt, et qui a su, malgré lesturpitudes de sa courte vie, me transmettre son goût deslettres et des mots
Àmon père, trop tôt disparu lui aussi, toujours entouréde livres, de peinture et de musique
ÀValérie, Patrick, Danièle, Hubert, Marie-Chantal, Liseet leurs enfants.
ÀClémence et Sandra, et tous mes amis de théâtreet d’écriture grâce auxquels je me suis autoriséeà « entrer en création »
ÀIsabelle, mon amie d’écriture, disponible et toujourssouriante, même dans l’adversité, malheureusementhappée par les nuages cet été 2021...
Moi-Elle : journalcroisé
Moi,toute petite Moi
Jesuis née tôt ce matin.
Ilfaisait froid.
Jesuis née ce matin et je n’ai pas de nom.
J’aifroid, je suis seule, toute seule.
Destas de petites choses roses, noires, jaunâtres ou bleutéeset surtout rabougries, pleurnichent autour de moi.
Çam’inquiète : est-ce que je leur ressemble ?Elles semblent si moches et si geignardes…
Moije ne dis rien, je me recroqueville dans les draps blancs et lacouverture rose, je fais semblant de dormir pour ne plus lesentendre.
Çane marche pas, j’ai l’impression que les cristranspercent la membrane fragile de mon crâne tout neuf…
Jesuis née ce matin et il me semble avoir cent ans tantl’existence me pèse déjà.
Hiersoir, alors que j’étais encore bien au chaud dans mabulle placentaire, j’ai ressenti le vent du danger.
Quandelle a commencé de m’expulser, j’ai tentéde résister mais en vain.
Onm’a tirée violemment par la tête et les épaules,j’ai hurlé de révolte, de peur, de refus…
Lesgrands en blanc ont éclaté de rire, mon ex-logeusetoute chiffonnée dans son lit souillé a fondu enlarmes.
Ellene m’a pas prise dans ses bras.
Ellen’a pas voulu qu’on me pose sur son ventre.
Alorsj’ai décidé de me taire.
Jene suis pas triste, j’attends.
J’attendsdepuis que cette femme en tenue bleue m’a prise dans ses bras.
Ellem’a nettoyée, habillée, a déposé un« baiser-papillon » tout doux sur ma main etm’a couchée dans ce berceau, au milieu de braillardsinconnus.
Jene les ai pas salués.
Jen’ai aucune envie de lier connaissance.
Queva-t-on faire de moi maintenant que je suis née mais que jen’ai pas de nom ?
Queva-t-on faire de moi qui n’existe pour personne ?
Elle– l’enfer
Lesdouleurs ont commencé hier.
J’aieu très peur et j’ai essayé d’appeler Fred.
Ilétait sur messagerie bien sûr.
Ilne veut plus me répondre depuis que je lui ai dit pour lebébé.
Mamère dit que c’est un salaud et que je suis une putain.
Maismoi je l’aime, même s’il ne veut plus me voir.
Mêmes’il préfère sortir avec la belle Clara, cellequi est blonde, grande, mince, une vraie poupée Barbie avec latête vide.
Oui,mais au moins, elle ne tombe pas enceinte au premier regard.
Jene me suis pas aperçue tout de suite que j’étaisenceinte.
Jene compte pas les jours, alors je ne savais pas que j’avais duretard.
Quandmes seins ont commencé de gonfler et que j’ai eu desnausées à n’en plus finir, j’ai faitsemblant de ne pas comprendre.
J’avaisbien trop peur.
Après,il était trop tard…
Ledocteur chez qui ma mère m’a traînée m’aregardée avec désapprobation, avec mépris même.
Unefille de rien, voilà ce que je suis, une rien du tout.
Elleme l’a encore dit hier, ma mère, quand elle m’alarguée ici, comme on balance un colis encombrant.
Ellem’a laissée entre les mains des infirmiers et elle s’estbarrée, elle m’avait prévenue qu’elle ne« voulait pas le savoir », mais je n’avaispas voulu y croire jusqu’au moment fatidique.
Jen’ai que 16 ans, j’ai encore besoin de toi Maman…
Jen’ai que 16 ans et je viens d’accoucher…
Ilparaît que c’est une fille.
Jen’ai pas voulu la voir.
Jen’ai pas voulu la toucher.
Jen’ai pas de nom à lui donner.
Jen’ai pas d’amour à lui donner.
J’aimal au corps et au cœur.
Jene peux plus arrêter de pleurer.
Aumoins ici, les gens sont gentils, ils ne me jugent pas.
Ily a une nurse en tenue bleue qui est venue voir si j’allaismieux.
Ellem’a tenu la main un moment, comme ça, juste un gestegentil.
Jesuis seule, pas de petit ami, pas de copine, pas de mère…
Jevoudrais mourir…
Moi– toute seule
Ladame en bleu est revenue.
Elles’occupe de moi, elle est douce.
Pourquoielle ne me donne pas de nom ?
Jegarde les yeux fermés presque tout le temps.
Pasenvie de voir le monde qui m’entoure.
Lesautres braillent toujours, c’est insupportable.
C’estinsupportable d’être en colère alors qu’on aun nom et des parents.
Moije suis seule, si seule, mon cœur est vide.
Çafait quoi, d’avoir une maman ?
Çafait quoi d’être serrée contre son corps et detéter ?
Moi,on me donne des biberons, je n’en veux pas, je recrachesouvent.
Ladame en bleu s’inquiète, elle me demande de faire uneffort.
Uneffort ? Pourquoi ?
Personnene veut de moi.
Mêmela dame en bleu repart le soir en me laissant là, toute seule.
Etmoi je me recroqueville de plus en plus dans ma couverture rose etj’attends.
Jeferme les yeux pour ne pas être là.
Jeferme les oreilles pour ne pas entendre la vie des autres.
J’aipeur maintenant, vraiment peur.
Etj’ai froid aussi, dedans et dehors.
Jeviens juste de naître mais déjà j’aicompris, je ne suis pas un bébé comme les autres.
Jen’ai pas de maman.
Jen’ai pas de papa.
Jen’ai rien, rien du tout.
Justeun petit bout de tendresse d’une dame en bleu.
Justedes gens de passage qui me changent et me nettoient, me sourient deloin en loin.
J’aifroid, j’ai peur, je suis triste et j’attends.
Jene sais pas ce que j’attends.
Detoute façon, ça ne pourrait pas être pire, alorsj’attends qu’il se passe quelque chose.
Jesens bien qu’ils ne vont pas me garder ici trèslongtemps.
Quiva venir me chercher ?
Est-ceque quelqu’un m’aime ?
Est-ceque la dame en bleu voudra m’emmener chez elle ?
Etdehors, il y a quoi ?
Elle– si seule
Jen’ai pas dormi cette nuit.
Jen’ai fait que pleurer, je ne sais pas ce que je vais devenir.
Demain,il va falloir rentrer chez mes parents s’ils veulent encore demoi.
Sinon,il faudra que je recommence à squatter quelque part.
Quellevie pourrie, j’en ai marre...
À16 ans, l’avenir devrait être rose, on devrait rireet ne pas penser à la mort.
Pourquoije n’ai pas cette chance ?
Pourquoimon père ne m’a jamais dit qu’il m’aimait,que j’étais sa princesse ?
Pourquoima mère ne me tend jamais la main ?
Pourquoiest-ce qu’elle ne m’a pas mise en garde quand j’aicommencé à me maquiller, à jouer les jeunesfilles affranchies ?
Pourquoij’aime la bière et les garçons, et pas l’école ?
Pourquoije suis tombée folle amoureuse de Fred ?
Jeconnaissais pourtant sa réputation : « tombeur,dragueur, goujat, irresponsable ».
Jene savais même pas le sens du mot « goujat »,c’était un mot marrant.
Maintenant,je sais ce que ça veut dire et je le trouve trop faible cemot.
Unefemme est venue me parler tout à l’heure, unepsychologue.
Ellem’a expliqué ce qui allait arriver au bébési je ne la reconnaissais pas.
Ellem’a dit que je ne la reverrais jamais si je l’abandonnais.
Ellem’a dit aussi que j’avais 2 mois pour réfléchir…
Maisje lui ai répondu : « regardez-moi, je ne suisrien, je suis une fille qui ne vaut rien, une putain comme dit mamère, je ne peux pas être Maman, je ne le veux pas nonplus. Je n’aime pas cette enfant, je ne l’ai pas voulue,elle est venue sans avoir été invitée. »
Ellem’a demandé de réfléchir, de ne pas penserdes choses aussi horribles de moi.
Ellem’a raconté des conneries, que 16 ans c’estun âge merveilleux, qu’on a toute la vie devant soi,plein de bonheur à venir.
Biensûr ! C’est facile pour elle : elle porte unealliance, elle est bien habillée, elle est belle, elle a toutpour elle.
Moi,je n’ai rien.
Mamère non plus n’a pas grand-chose d’ailleurs…
Aprèsc’est l’assistante sociale qui est venue me voir, pour ledossier d’abandon.
Jene savais pas qu’on pouvait autant pleurer.
Lanurse est revenue, elle s’est assise un moment à côtéde moi en me tenant doucement la main.
Jelui suis reconnaissante de ne pas avoir parlé du bébé.
Jen’ai plus envie de vivre…
Moi– le départ
Cematin, la dame en bleu m’a donné un vrai baiser.
Unbaiser de maman ?
Ellem’a souhaité « bonne chance »
Jen’ai pas compris et j’ai eu encore plus peur.
Jen’ai rien pu manger, pire que d’habitude.
Onm’a habillée de neuf, un joli pyjama avec unecoccinelle.
Commeun article en promotion.
Etpuis une femme est arrivée et m’a regardée unmoment.
J’avaisles yeux grands ouverts cette fois et je la fixais : « Maman ? »
Ellen’a rien dit, est partie discuter avec la dame en bleu et unmonsieur inconnu.
Lafemme est revenue, elle m’a fait un sourire un peu apitoyé.
Ellem’a prise dans ses bras et m’a installée dans uncouffin.
Ellea couché une peluche à côté de moi.
Ellea mis une tétine dans ma bouche mais je l’ai recrachée.
Jene veux rien dans ma bouche.
Ellem’a regardée à nouveau en hochant la tête.
Ladame en bleu lui a donné un cahier et m’a caressédoucement la joue.
J’aipleuré en silence,

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