Échos du phalanstère
168 pages
Français

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Échos du phalanstère , livre ebook

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Description

Pianiste en panne d'inspiration, Oriane reçoit un jour un médaillon dont les propriétés insolites la guideront au « phalanstère », une maison isolée située près d'une abbaye.
Lieu d'échanges aux confins du surnaturel, le phalanstère réveillera les énergies de la créativité et de l'amour et révélera à la musicienne les voies d'une reconquête de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332755476
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-75545-2

© Edilivre, 2014
Citation


“Life is a never-ending tale whispered by unknown voices soaring from a fireplace.”
La vie est un conte sans fin chuchoté par des voix inconnues qui s’élèvent d’un âtre.
Échos du phalanstère
Les aiguilles indiquaient six heures et quart lorsque ses paupières s’ouvrirent. La chambre était encore dans une pénombre somnolente ; dehors, des chants d’oiseaux saluaient l’aurore. La lumière médiocre qui filtrait à travers les volets présageait un ciel morose.
Oriane écoutait le tic-tac du réveil ; elle s’était réveillée tôt alors que la journée s’annonçait identique à beaucoup d’autres. Les relents de peines enfouies avaient à nouveau écourté son sommeil. Agacée par des courbatures, elle se leva. Bâillant à son aise, elle enfila un gilet. Le gazouillis des mésanges et les jacassements de la pie devenaient plus volubiles. Elle se dirigea vers la salle de bains, sollicita l’avis du miroir. « Pas trop avachie… » Bien que légèrement aplatis, ses cheveux avaient une densité qui valorisait le caractère de son visage. Elle prit sa brosse, et, d’avant en arrière, d’arrière en avant, démêla la chevelure qui retrouva sa splendeur.
Oriane quitta la salle de bains, s’installa dans un fauteuil en cuir assombri par l’usure. Elle observa un décor maintes fois décortiqué. Dans un coin du séjour, près de la fenêtre, il y avait le philodendron, plante expansive offerte par Frédéric, qui ne cessait de grandir. Certaines feuilles atteignaient maintenant le plafond. Plus à gauche, la commode qui avait appartenu à une grand-tante, renfermait quantité de cartes postales, dossiers et revues. Cette commode, témoin de plusieurs époques, inspirait à l’imagination des esquisses sur les secrets, rêveries, épisodes insignes ou ordinaires que ses tiroirs avaient consignés en silence. Dessus, un bouquet d’immortelles jaillissait d’un vase en grès : eucalyptus, brins de lavande et du blé, cueillis à la campagne, bravaient la loi du dépérissement. Enfin, se dressait sur un napperon la lampe à pétrole…
Oriane l’avait achetée à une brocante récemment installée rue Mirabeau. Orlando , une dénomination romantique susceptible de piquer la curiosité. Peintes en blanc, les lettres s’étiraient en italique sur une boiserie parme. Des antiquités partageaient les honneurs de la devanture avec des mannequins en osier affublés de fripes au charme désuet. Après de fréquentes allées et venues, elle avait poussé la porte… La boutique était tenue par deux femmes dont la ressemblance, conjuguée aux années d’écart, attestait une parenté mère, fille. La plus âgée repassait une veste tandis que l’autre, à l’extrémité de la boutique, répartissait un tas de chemises en piles distinctes. Une musique de cordes, mandolines et clavecin invitait à prospecter dans les méandres d’un cadre insolite. En apercevant Oriane, elles avaient interrompu leur activité pour lui adresser un bonjour chaleureux. La plus âgée lui avait demandé si elle recherchait quelque chose de particulier. Oriane lui avait répondu que non, elle désirait simplement regarder. La femme avait énuméré une partie des richesses de la boutique en l’engageant à fouiner vers les lampes et les bijoux. « Nous avons eu des arrivages. N’hésitez pas, ils sont vendus à des prix imbattables, et vous aurez de la qualité. »
Oriane ne s’était pas tout de suite rendue à l’endroit conseillé. Elle était restée sur place, au centre du magasin, un bric-à-brac aimable mais déroutant. Son regard s’était promené partout, subjugué par l’abondance d’articles arrangés au gré de l’espace disponible, une invraisemblable caverne d’Ali-Baba. Un poêle en fonte, dégoté on ne sait où, côtoyait une table de camping. Près de chapeaux et de voilages défraîchis, un pantin en bois à la crinière rouge tomate, était accroché à un portemanteau. Pinocchio esseulé, sa figure au sourire narquois avait des yeux charbonneux qui vous dévoraient. Des vêtements à la texture satinée enveloppaient son corps condamné à l’inertie, mouvements et vivacité ayant disparu en même temps que les fils qui l’animaient. Emigré de Russie, un samovar rutilant sur lequel étaient gravées deux lettres en alphabet cyrillique, « НД » – Natalia Demkine, une comtesse de Saint-Petersbourg, d’après l’une des femmes – avait atterri sur un guéridon. Un monocle dans un étui en peau de crocodile, une mignonne poupée aux cheveux tressés, assise sur le plateau d’un phonographe, un bilboquet, des livres de contes germaniques, avaient livré à la visiteuse un festival d’extravagances… Elle était ensuite allée à la découverte des lampes et des bijoux. Dans un renfoncement de la boutique, ils étaient soigneusement rangés sous de mini-projecteurs. Les objets se laissaient admirer sans rien trahir des destinées qu’ils avaient accompagnées… Qui profita de ces lampes coiffées d’abat-jours en opaline ? Quelles aspirations s’étaient forgées en scrutant la flamme des lampes à pétrole ? Bagues fantaisistes, colliers de corail, bracelets en nacre, altières parures avant la destitution. Vous avez servi les tocades de la frivolité, la libéralité de l’amour, et aujourd’hui, vous êtes là, émouvantes et solitaires, dans une alcôve improvisée. Oriane avait alors remarqué, en exergue de ses consœurs, une lampe à pétrole. Son pied en laiton finement ciselé portait une sphère couleur émeraude ornée d’une frise décorative, et d’où s’élevait un tube cylindrique en parfait état. « Elle sera du plus bel effet dans mon salon . » Ravie, elle avait montré sa trouvaille aux femmes. « Est-ce qu’elle fonctionne ? » s’était-elle enquis. « Oui. La mèche est neuve. Voulez-vous une démonstration ? » « Non, merci. » « Une acquisition formidable à un prix bradé » avait dit la plus jeune. « Ça change des halogènes. Là, vous aurez de l’intimité et pas de facture exorbitante » avait renchéri l’aînée. Oriane eut un condensé oral sur la lampe ; elle aurait appartenu à une famille criblée de dettes, qui, sous la pression d’huissiers, avait dû se séparer de nombreux biens. Les dames, à l’élocution volontairement grandiloquente, avaient des informations pointues sur ce qu’elles vendaient. Avaient-elles violé la confidentialité d’archives familiales ? Elles lui avaient fait cadeau d’un petit bidon d’essence ; il ne lui restait plus qu’à l’étrenner…
Elle prépara un café. La veille, elle avait été chez Elvire, une amie qui célébrait son retour en France après une parenthèse sur les îles Orcades. Deux années d’isolement pendant lesquelles l’exilée, d’ascendance hongroise, avait espéré glaner les ferments d’une régénération sous les frasques du ciel d’Ecosse. Malmenée par le tourbillon du quotidien et une rupture affective, Elvire avait conçu son voyage comme une immersion dans la fantasmagorie du monde, là où se puisent les fibres du renouvellement. Dans la seule lettre qu’avait reçue Oriane, elle avait parlé de recherches mentales fécondes, émaillant ses confessions de considérations occultes dont Oriane n’avait pas toujours compris le sens. Elle n’avait pas osé la questionner hier soir. Tout s’était plutôt prêté à un échange d’émotions, à la réappropriation de coutumes…
… C’était Pierre, le frère d’Elvire, qui l’avait accueillie à la porte. Brun, la quarantaine, il avait la prestance de sa sœur. Le noyau des fidèles était présent : Christophe, Aurélie, Frédéric, Antoine et Nina, bavardaient autour d’une table décorée d’assiettes raffinées et de verres en cristal de Bohême. Assise à l’écart dans son rocking-chair qui grinçait à chaque balancement, Elvire compulsait un livre de cuisine. Habillée d’une robe en taffetas, elle campait un personnage à la noblesse racée. L’audace de sa « fugue » renforçait son aura.
– Tu es resplendissante, s’exclama Oriane en embrassant son amie. « Rajeunie d’au moins dix ans ! »
– J’étais rabougrie à ce point ?
– Les Orcades ont des vertus.
– Elles en fourmillent et je m’en suis rassasiée.
– Tu es réconciliée avec la civilisation ?
– Les Orcades sont civilisées. Je ne me suis pas travestie en misanthrope rebelle. Il était juste urgent de décompresser.
– Nous avons craint une désertion définitive.
– Une crainte infondée.
– Une lettre en deux ans, pas de téléphone ni de mail…
– J’ai réappris à écrire des lettres, des vraies… Crois-moi, l’exercice pompe de l’énergie.
– Nous n’avions pas tes coordonnées pour te répondre.
– Le voyage était une coupure, vous le saviez. J’étais avide de m’aérer, il n’y a franchement rien de spectaculaire.
– Hmm…
– Regarde, nous sommes réunis comme autrefois.
– Et tu nous as sorti la grande artillerie. Vaisselle de luxe !
– Il faut l’aérer, elle aussi.
Un verre à la main, Pierre se joignit à elles.
– Excusez-moi de vous interrompre… Le cocktail de madame, fit-il en tendant le verre à Oriane.
– Merci. Une éternité que je n’en ai pas bu.
Il s’agissait d’une spécialité hongroise à base de cerises, de prunes et de groseilles mélangées à de la crème fraîche, et servie frappée.
– Nous avons un assortiment de toasts et de friandises qui croustillent. Je t’apporte une assiette ?
– Volontiers.
Pierre se dirigea vers une table recouverte d’une nappe bariolée. Y avaient été disposées boissons, coupelles et assiettes garnies destinées à l’apéritif.
– Et toi, que racontes-tu ? demanda Elvire. « Le souffle créateur ? »
– Il est à zéro.
– Je ne te crois pas.
– C’est la vérité.
– Une cure aux Orcades le requinquerait.
– Elle le congèlerait. Je préfère le soleil.
– Eh bien, va à Tahiti.
Pierre revint avec une assiette copieusement remplie.
– Ma parole, tu veux que j’éclate !
– Picore ce qui te plaît.
– Tout est tentant, dit Oriane en prenant un toast ta

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