Douze
37 pages
Français

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Description




De l'humour noir pour ne pas rire jaune


Pourquoi « Douze » ?


Tout d’abord parce que je déteste le 11, pas seulement en septembre.


Ensuite parce que le 12 est riche de symboles religieux, mythologiques, ésotériques... Et pour les plus cartésiens, c’est un repère qui permet de se situer dans le temps. C’est l’aiguille qui fait le tour du cadran, telle une trotteuse qui, dans une course sempiternelle, s’obstine à franchir les douze heures, comme autant d’obstacles à surmonter, ce temps déjà perdu. Ce sont les douze mois de l’année qui s’égrènent de l’Epiphanie à Noël...


Enfin, le 12 annonce le 13. Si à la douzième station Jésus est mort sur la croix, à la treizième, il en est descendu. Et si, au tarot, la lame du pendu invite à une remise en question pour clore un cycle involutif, c’est pour ouvrir à une renaissance.


C’est parce qu’il est vain de se lancer à la recherche du temps perdu et que ce nombre est promesse de renouveau que j’ai décidé, sans perdre plus de temps, de publier treize textes à la douzaine.




Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368329030
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright illustration de Couverture :
«  La Cène  », Bocaj, 2016.

 
 
 
 
 
 
Douze
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.

Séverine Moulis
 
 
 
 
 
 
 
 
DOUZE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
«  Merde in France  »
 
 
Ou comment les printemps français se suivent et se ressemblent, entre sorties scolaires et soirées d’élections
 
À Fabian, papa poule et paysagiste
 
 
Fin de semaine les deux pieds dans le fumier...
( Mais n'est-ce pas ainsi que le coq préfère chanter ? )
 
À chaque sortie scolaire Marie, la maîtresse de ma fille, me réquisitionne pour accompagner la classe... Je me libère donc une demi-journée vendredi. ( C'est insensé ! Je dois avoir la tête d'un chauffeur de grande remise pour que les trois autres mamans, accompagnatrices de la classe de petite section de maternelle, me demandent de les conduire... Mais tout s'est bien passé ). Je suis arrivée à la ferme éducative , du côté de Montpellier, avant le bus scolaire…
On me confie un groupe de quatre à cornaquer parmi lesquels trois terribles : ma fille, Samuel, un de ses trois amoureux, et Yliess. Heureusement, la petite Louise est sage comme une image... ça fait une moyenne. Ma fille était ravie à l'idée que sa mère soit de la partie. Curieusement, son enthousiasme s'est émoussé en chemin.
« Regarde ma chérie comme ils sont mignons ces bébés cochons ! 
— Non, ça pue ! 
— … ( Ce n'est pas faux ) »
C’est l’heure du pique-nique. Les chèvres attaquent en piqué sur les tables. Heureusement les enfants sont tellement affamés qu'ils ne remarquent pas les ânes qui se montent dessus... (Ouf… Je n'ai pas à me creuser la tête pour trouver une explication forcément foireuse) .
Après le repas : promenade digestive sur l'eau. On ne m'avait pas annoncé que j'allais être promue au rang de Cap'tain ... Et me voilà sur le plan d'eau vert kaki avec les gnomes en gilets de sauvetage tandis que la maîtresse filme la scène. ( Je prie pour ne pas avoir à sauter dans ce marigot infect pour repêcher un imprudent ) . Et je rame, je rame… Et je rame ! Au propre comme au figuré. Et Marie est bien obligée de constater que la coordination des mouvements, ce n'est toujours pas acquis. Mais on ne m'avait pas dit que je finirais un jour dans une galère... ( Et voilà que cette fichue coque de noix tourne en rond ! ) Et Samuel - qu'ils sont mal élevés les enfants de nos jours ! - qui m'apostrophe :
« Et pourquoi le bateau il est à l'envers ? 
— Restez assis ! »
 
Mon style étonne tellement que Marie-Françoise et Élodie, les deux autres maîtresses, de moyenne section, accourent. Même la fermière vient prendre des photos. Je m'en tire tant bien que mal pour faire le tour du marigot, m’en sortant avec une cloque à la main et l'assurance que ma performance sera projetée sur grand écran pendant le dîner de fin d'année dans la cour de l'école ! Quelques barques de retard, donc, mais les enfants sont sains et saufs, et ne présentent pas de signe de déshydratation majeure. ( Vraiment, je préfère être à la proue qu'à la barre ! ).
Hasard ? La ferme était aussi à Nîmes ce week end . Les éleveurs Gardois étaient à l'honneur : les bestioles avaient envahi l'avenue Feuchères pour le plus grand bonheur des petits citadins. Adieu veaux vaches cochons : je m'éclipse quelques heures au hammam histoire de procéder à un rituel de purification qui me débarrassera de la moindre micro particule de merde qui aurait pu m'éclabousser et me permettra de m'abstraire du monde pour quelques heures.
Le dimanche, cap sur les Jardins d'Albertas à côté d'Aix-en-Provence. Après la faune, la flore. J'aime les fleurs : elles sont belles, sentent bon et la ferment ! Les pivoines et les roses ont toujours de beaux noms de baptême et j'aime quand le Cardinal de Richelieu fait la cour à Florence Artaud.
Le soir, retour dans mes pénates. 20h00. Résultat des élections régionales. À 20h01, j'éteins la TV pour mettre un DVD. Ça fait peut-être dix ans que je n'ai pas revu « l'Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ».
( Il y a des jours où, finalement, je me sens mieux au milieu de grands espaces dépeuplés, les deux pieds dans le fumier ).
Sourire d'orchidée...
 
 
 
« Balé de Berlim »
 
 
À José Olympio Viator, paraplégique et marathonien,
À mon coach Gérald,
qui ne désespère pas de faire de moi une athlète,
et à ses perroquets
À Annette et Maryna.
 
 
Libres !
( Je viens de découvrir que c'est l'anagramme de ce pays en vogue depuis la Coupe du Monde de football de 2014).
Vraiment ?
 
Même pour ceux qui ne s'intéressent pas à l'actualité sportive - c'est mon cas - nul ne peut ignorer que le BRÉSIL est LA destination à la mode ! Depuis plusieurs années, les chaînes de télévision multiplient les émissions (de société, de voyages...) sur ce pays. Le mois dernier, encore, on nous a ressorti le chef Raoni, de la tribu des Indiens Kayapo, invariablement flanqué de Sting, en guest star ... Le combo iconique… Pour un peu, tu te laisserais tenter par un voyage au fin fond de l'Amazonie, so exotic , en oubliant qu'au premier pied dans le fleuve, les piranhas vont te transformer en cul-de-jatte...
Le tropicalisme devient pandémique et je constate que la contagion a gagné mon fils. Jamais à court de revendications, période électorale aidant, il a plaidé le week end dernier en faveur de l’instauration d’une démocratie domestique devant lui permettre – pensait-il - de décider, à son tour, de la prochaine destination de vacances. Sans céder à la pression - prudente - je l’ai d’abord interrogé sur ses envies. Il m’a répondu tout de go qu’il voulait aller dans la forêt amazonienne « pour voir les grenouilles venimeuses et les tarsiers spectres ». ( Un peu décontenancée, j’ai pensé : « Bien sûr... Et n’oublie pas de leur envoyer un bristol pour qu’ils soient au rendez-vous à ton arrivée », avant de me ressaisir ) .
— ... Et c’est quoi un tarsier spectre ? ( J’ai écouté sa réponse avec intérêt tout en me félicitant d’être titulaire de l’autorité parentale, qui devrait me permettre d'opposer mon veto à ce genre de lubie pour quelques années encore… Du moins en théorie ) . Je me dis qu’il est grand temps qu’il parte en camp de scout. Lorsqu’il aura passé une semaine à crapahuter au fin fond des Cévennes, à dormir sur un tapis de sol dans une tente Quechua, transi par la peur à chaque fois qu’un sanglier viendra grogner à proximité, qu’il aura passé des nuits blanches à écouter ululer le hibou Grand-Duc et à se faire piquer par les araignées, il trouvera que mon idée d’aller passer des vacances à Knokke-le-Zoute, « ça déchire grave ! ».
Les magazines de décoration, de cuisine titrent aussi sur le Brésil... De là à troquer un king size contre un hamac... devenu le It accessoire de la sieste estivale… Je me tâte. Quant à risquer l'étouffement en ingurgitant de la farofa , il y a un pas que j'hésite à franchir, sauf peut-être à boire une caïpirinha cul-sec pour faire descendre. Les créateurs ne sont pas en reste. Ils se sont même tous donné le mot. Impossible donc de trouver un tee-shirt qui ne soit pas jaune ou vert pétard, orné des désormais incontournables perroquets. Et si tu as urgemment besoin d'un parapluie parce que Météo France n'avait pas prévu cette averse, difficile de faire dans la sobriété. L'uni se fait rare tandis que le motif à palmes bariolées est devenu inévitable. De là à se plier au diktat de la mode et traîner toute la sainte journée en tatanes Havaïanas, il y a un fossé que je ne franchirai jamais. Quant au gouvernement, il n'a pas encore pris de décret obligeant les éleveurs landais à gaver oies et canards aux haricots noirs. J'ai cependant bon espoir que le règlement d'autres questions, prioritaires, renverra aux calendes grecques la parution au Journal Officiel d'un texte sacrilège pour le foie gras.
La samba me poursuit jusqu'entre mes quatre murs : ma fille n'aime rien tant que danser sur « tu sais maman : cette musique… Tu sais maman… C'est la musique du dessin animé avec les deux perroquets bleus ».
« Oui ma chérie, je sais... » (À la vérité, je ne le sais que trop).
Quant à mon fils, il n’a pas encore eu l’idée de faire de la capoeira , mais je sais par expérience que rien n'est jamais acquis… Qui sait... Il pourrait être séduit à l’idée d’aller se donner en spectacle tous les samedis après-midi derrière la bibliothèque du Carré d’Art, où ce genre de performance fait la joie des badauds. Mais après tout, si l’envie lui prenait... Un ticket de bus pour le centre-ville est nettement moins onéreux qu’un billet d'avion pour Manaus et j’aurais au moins l’assurance de ne pas le récupérer infecté par le virus Zika.
Et pour bien clôturer l’année scolaire, le panier de la tombola de l’association des parents d’élèves était garni d’une bouteille d’insipide et doucereux jus de papaye et de deux verres en forme d’ananas qui ont dû réjouir l’heureux gagnant, pour peu qu’il pense que le contenant pourra sublimer le contenu. Bref, plus de libre arbitre ! On est sous «  influenza  ». Mais il faut reconnaître que ce climat tropical donne à l'Hexagone une touche légère et exotique qui manque parfois au pays des râleurs...
Et là, je me dis : imagine un peu si les Jeux Olympiques avaient été organisés à Berlin ! (Mon imagination s'emballe...)
On se tape

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