Didine
188 pages
Français

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Description

L’enfant avait beau pleurer, hurler « d’ailleurs, je ne veux pas aller avec vous ! », sa tante Tavie ne l’écoutait pas. Elle la traînait sur le chemin, l’éloignant un peu plus à chaque pas de sa maman, de ses frères et de sa sœur.



En quittant son village, Didine était inconsolable. Les questions se bousculaient dans sa tête d’enfant : « Pourquoi es-tu parti au ciel, papa ? Pourquoi laisses-tu tante Tavie emmener maman ? Tu ne m’aimes plus ? »



Après avoir été privée toute sa jeunesse de l’amour des siens, et en vivant auprès de cette femme acariâtre et sans cœur, Didine trouvera-t-elle la force de devenir une femme épanouie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 janvier 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414504305
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50479-4

© Edilivre, 2021
De la même auteure
De la même auteure aux Editions Edilivre :
Sous le gros chêne
juin 2020
Léo et son ombre
août 2020
1
D’abondantes larmes continuent de couler sur les joues de la petite fille, ses cris se sont cependant peu à peu atténués mais de gros hoquets sortent encore de sa petite poitrine qui lui fait mal tant elle a pleuré depuis qu’on lui a dit…
Sa main gauche est serrée par la poigne presque masculine d’Octavie que tout le monde appelle “Tavie”.
La petite fille tente une fois de plus de se libérer, mais la femme repoussant sur son avant-bras la lourde sacoche qu’elle tient à la main se livre à une gymnastique savante pour finalement entourer le mince poignet de la gamine de cinq doigts semblant être d’acier.
La petite regarde la femme qu’elle trouve vraiment rébarbative, sa stature imposante lui fait peur.
Elle hurle presque :
— D’ailleurs, je ne veux pas aller avec vous !…
En resserrant encore plus son étreinte, Octavie confirme :
— Vous viendrez avec nous, puisque votre mère l’a dit !
La petite n’est pas habituée à ce vouvoiement qu’elle n’apprécie pas du tout mais la femme est une campagnarde dans l’âme, elle ne parle jamais que le patois ce qui a pour résultat qu’elle traduit presque mot à mot en français ce qu’elle aurait eu bien plus facile de dire en wallon. Or cette langue ne permet pas le tutoiement car c’est une marque de grossièreté évidente dans cette langue. Chez la petite fille, on ne parle que le français aux enfants, cela fait preuve d’une bonne éducation et ce vouvoiement qu’elle perçoit dur, lui donne un supplément de crainte. En plus, elle n’a jamais aimé sa tante Tavie qui est tout le contraire de sa maman.
A leurs côtés, Ludovic ne dit rien, comme d’habitude d’ailleurs, car il ne prend jamais la peine de discuter avec son épouse sauf si c’est absolument nécessaire, et pour le moment il pense que, puisqu’elle a voulu emmener la petite, elle n’a qu’à se débrouiller avec !…
Le trio arrive au bout du chemin en terre battue et aborde la route principale parée de petits mosaïques en grès bleuté qui forment des arcs de cercles réguliers. Les yeux de la petite fille se perdent sur ces dessins qui n’en finissent pas de se répéter ; elle sent que, progressivement, la dure étreinte de sa tante se relâche un peu sur son poignet. Elle se retourne et a un nouveau pincement au cœur en n’apercevant plus le toit de sa maison. Ses larmes coulent de plus belle…
Maintenant, ils longent un pré cerné d’une clôture faite de fils de fer barbelés, la gamine donne une forte torsion à son avant-bras au moment où Octavie pensait que la partie était gagnée. Elle laisse tomber à ses pieds le petit sac qu’elle portait à la main, bondit vers la prairie après s’être brutalement libérée de la main de sa tante et, sans le moindre égard pour les vêtements du dimanche qu’elle porte, roule sous la clôture, se relève avec vivacité et court à toute vitesse vers le bout opposé du terrain.
Octavie est verte de rage et hurle en patois à son mari :
— Qu’attendez-vous pour aller rechercher cette petite peste ?
Ludovic qui est loin d’être un bouillant personnage pose les deux paquets dont son épouse l’a chargé et répond d’un air bonasse :
— Vous ne voudriez tout de même pas que je passe cette clôture avec mon bon costume ?
Déchaînée, la femme hurle à nouveau :
— Si vous vous « étiez ramassé » tout de suite, vous seriez déjà chez votre sœur !…
Il fait mine d’entamer un demi-tour en laissant ses fardeaux sur place. Il se fait à nouveau tancer vertement par son épouse :
— Vous ne croyez tout de même pas que je vais porter tout cela ! glapit-elle.
Il reprend ses colis et se dirige vers la maison qu’ils viennent de quitter, elle le suit de l’allure modérée que lui permettent de soutenir ses jambes en mauvais état.
Quand elle arrive à son tour chez la petite fille, personne ne l’a vue.
La fuyarde est rentrée dans sa maison sans que personne ne l’aperçoive, elle a traversé la buanderie, ensuite elle est allée dans la cave qui sert de réserve et de débarras. C’est là que son papa rangeait tous ses outils et les sabots qu’il portait toujours quand il travaillait au jardin.
Elle a eu bien soin de ne pas tourner l’interrupteur, le noir est presque total, seule un peu de clarté parvient dans cet endroit par le soupirail par lequel on rentre le charbon.
A tâtons, elle va s’accroupir sous le portemanteau rudimentaire que son papa avait cloué dans un coin et auquel sont encore accrochés deux de ses vêtements de travail, l’un tout vieux en gros tissus gris moucheté et l’autre, celui dont il se servait le plus souvent, en toile bleue.
La petite fille ferme les yeux, elle retourne quelques jours en arrière…
Il y a presque une semaine, c’était dimanche dernier, Son papa était rentré en se tenant le ventre, il disait qu’il avait très mal, il avait voulu convaincre sa maman qu’il avait mangé trop de prunes !…
Il avait essayé de souper, mais il avait dû y renoncer dès qu’il avait tenté d’avaler une bouchée, il disait aussi qu’il avait mal au cœur.
Il paraît qu’il avait passé une très mauvaise nuit, mais la petite fille dormait si fort qu’elle n’avait rien entendu.
Le lendemain, il s’était levé pour aller travailler, mais bientôt, il avait dû y renoncer.
Elle descendit juste au moment où le vieux docteur de la famille disait à ses parents atterrés que le malade devait être hospitalisé de toute urgence.
Sa maman avait envoyé Jean, son grand frère, chercher sa mère à l’autre bout du village. Lorsque la grand-mère arriva, en toute hâte, on venait d’emporter le pauvre homme en ambulance, on le conduisait à l’hôpital le plus proche.
Christiane, sa grande sœur, expliqua à l’arrivante ce qui s’était passé dans la petite maison et elle rapporta ce qu’elle avait entendu, mais Germaine ne comprit pas grand-chose aux commentaires embrouillés de la jeune adolescente. Elle conclut logiquement que cela devait être très grave pour que tout soit allé si vite !
La maman qui avait accompagné le malade téléphona chez l’épicier en début d’après-midi, ce fut une cliente qui vint chercher la grand-mère qui rentra en pleurant, elle dit simplement aux enfants qu’ils devaient prier pour leur papa.
La pauvre femme ne savait où donner de la tête car, justement, Josette, la petite dernière était difficile depuis deux jours, elle faisait encore une dent…
A la cave, dans son coin, la petite fille pleura encore plus fort lorsqu’elle se rappela le retour de sa maman, le lendemain en fin de matinée, la voix tremblante, elle avait dit à ses enfants :
— Mes pauvres chéris, c’est terrible, votre papa nous a quittés !…
Si Jean et Christiane avaient compris tout de suite ce qu’avait voulu dire la malheureuse femme, ce ne fut que plus tard que la petite fille avait compris à son tour, lorsque sa maman l’avait prise sur ses genoux et lui avait dit que son papa ne reviendrait jamais plus.
Et puis, paradoxalement, elle entendit parler de ramener l’absent à la maison. Il fallut que sa grand-mère lui donna beaucoup d’explications avec énormément de tact et d’amour lorsqu’on installa le cercueil sur la table de la salle à manger.
Sa bonne-maman avait conclu :
— Ton papa est allé rejoindre ton grand-père !
Alors, la petite fille avait vraiment compris qu’elle ne reverrait jamais plus son papa qu’elle aimait tant, elle se souvenait de ce qu’on lui avait dit pour son bon-papa, sa maman avait même ajouté :
— Il est allé tout près du Petit Jésus !
Elle n’avait rien compris, mais cela avait été vrai, son grand-père n’était jamais revenu !
Et puis tous les voisins étaient venus tour à tour, on disait qu’ils venaient rendre visite, mais elle, elle n’était pas autorisée à aller dans la pièce où on lui avait dit que son père reposait ; seuls Jean et Christiane pouvaient aller y rejoindre leur mère déjà toute habillée de noir.
Ensuite, ce matin, cela avait été l’enterrement de son papa, toute la famille était en vêtements de deuil, elle ne pourrait plus mettre sa jolie robe rouge à fleurs blanches qu’il aimait tant qu’elle porte, quand sa maman lui mettait, il lui disait souvent qu’elle était belle !…
Ensuite, elle avait entendu une discussion entre sa maman et sa tante Tavie, mais elle n’avait rien compris, elles parlaient en wallon ; pour finir, sa pauvre maman avait pleuré en lui disant :
— Tante Tavie a raison, tu vas retourner avec elle, tu verras, tu seras bien, là-bas !…
Elle avait pleuré, supplié sa mère, mais il n’y avait rien eu à faire, et maintenant, alors qu’elle n’avait rien compris aux raisons qui l’avaient poussée à prendre cette terrible décision, elle soupirait tout bas entre ses sanglots :
— Pourquoi ma maman ne m’aime plus ?
°°°°°°°°°°°°
2
La petite fille était toujours recroquevillée sous le portemanteau, en le serrant énergiquement, ses deux mains appliquaient sur son visage le veston en toile de son cher papa.
Elle entendit bientôt des cris tout autour de la maison.
— Didine, Didine, où es-tu ?…
Elle perçut nettement la voix de sa maman qui hurlait presque :
— Didine, Didine, je t’en supplie, viens ma chérie !…
La petite fille faillit se lever mais elle fut clouée sur place lorsqu’elle reconnut la grosse voix de sa tante Tavie qui lui parut menaçante, elle criait :
— Ludovie, venez ici tout de suite, on est déjà très en retard !…
Ensuite, la femme s’adressa à son mari, elle lui ordonna :
— Et vous, Ludovic, « courrez vite après votre train » vous serez déjà bien tard « comme ça » pour traire les vaches tout seul ! Tenez, voilà votre ticket pour le retour, vous ferez bien sans moi, n’est-ce pas ?…
Il répon

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