De temps en temps
284 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De temps en temps , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
284 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

En poussant la porte de la boutique d’antiquités, Anaïs ne se doute pas qu’elle va être entraînée dans une aventure palpitante.

Elle voyagera dans des endroits étonnants et fera des rencontres insolites.

Malgré tout son courage et sa détermination, parviendra-t-elle à rentrer chez elle ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332831057
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-83103-3

© Edilivre, 2017
1
Un rayon de soleil filtre entre deux immeubles et caresse mon visage. En cet après-midi de novembre, je me promène en vieille ville de Fribourg, admirant les constructions moyenâgeuses et flânant le long des ruelles pavées. Les arbres se sont parés de magnifiques couleurs chaudes et leurs feuilles tombent délicatement sur le sol.
D’excellente humeur, je profite de chaque instant. Je traverse la place de l’Hôtel de Ville, m’engage dans la Grand-Rue aux maisons patriciennes, puis je descends les escaliers de pierre pour déboucher sur une petite place.
La vitrine d’un marchand d’antiquités me renvoie mon image. L’âge fait déjà son chemin et quelques rides s’étirent aux coins de mes yeux. Pourtant, à la veille de mes cinquante ans, je ne me considère pas encore comme une vieille dame, loin de là ! Dans ma tête je me sens tellement jeune ! D’ailleurs j’aime m’habiller en jeans, pull et souliers plats. Mon sac à dos me confère une allure adolescente, mais c’est tellement pratique de le porter par-dessus ma veste de cuir noir.
Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque j’entends une voix haut-perchée m’appeler par mon prénom :
– Anaïs !
Je me retrouve nez-à-nez avec une ancienne camarade d’école. Elégante dans son tailleur gris, perchée sur des haut-talons, un peu trop maquillée à mon goût, elle m’aborde d’un air courtois mais hautain. Comment s’appelle-t-elle déjà ? Cachant mon ignorance que j’espère passagère, je lui fais bon accueil. Après les trois bises d’usage, elle entame la discussion.
– Chère Anaïs, ça me fait plaisir de te revoir après toutes ces années. Raconte-moi ce que tu deviens. Tu habites dans les environs ? Tu as des enfants ? Je veux tout savoir !
Elle exagère. « Après toutes ces années » ! Nous ne sommes quand même pas des fossiles ! Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et lui réponds amicalement :
– Je suis mariée à Guillaume Chavanel et nous habitons Morlon, au bord du lac de Gruyère. Nous n’avons pas d’enfants. Je travaille comme vendeuse dans un magasin d’instruments de musique. Et toi ?
C’était la question à ne pas poser. Elle se lance alors dans un monologue qui n’intéresse qu’elle, détaillant sa vie de femme récemment divorcée, l’achat de son appartement et ses déboires avec son ex-mari. Je l’écoute d’une oreille qu’on ne peut pas qualifier d’attentive, en cherchant son nom dans ma mémoire.
Les cloches de l’église du quartier sonnent et j’en profite pour l’interrompre poliment :
– Les magasins vont bientôt fermer. Il faut que je te laisse. Je dois absolument me rendre chez cet antiquaire pour y chercher ma commande.
Je m’aperçois que je suis une bonne menteuse. Je m’éclipse en me précipitant dans l’échoppe, sous le tintement de la clochette de l’entrée. Une odeur de vieux cigare flotte dans l’air poussiéreux et le local est mal éclairé. Je cligne des yeux avant de m’habituer à la pénombre. Je me résigne à fureter entre les meubles recouverts d’objets hétéroclites en attendant que ma vieille copine d’école s’éloigne et me laisse le champ libre.
Dans la vitrine sont exposées des collections de pièces de monnaie et des montres. Juste derrière trône une table ronde avec ses quatre chaises rembourrées de tissu à fleurs. Au mur sont suspendus des tableaux anciens et sombres. Un berceau de bois est rempli de jolies poupées de porcelaine, vêtues de robes roses. Plus loin trônent une armoire fribourgeoise ainsi qu’un vieux bureau d’enfant. J’avais le même lorsque j’étais petite. Emue, je le touche du bout des doigts, ravivant ainsi des souvenirs ressurgis de mon lointain passé. Il y a même l’emplacement pour l’encrier, creusé dans le bois vermoulu.
Un bruit de pas me fait sursauter. Surgissant de derrière un rideau de toile grise, le brocanteur s’approche de moi en me toisant de la tête aux pieds. Il semble âgé d’une soixantaine d’années. De stature imposante, vêtu d’un pantalon élimé, d’une chemise beige sous une jaquette noire, il me demande ce que je désire, sa moustache grise s’animant à chaque mouvement de ses lèvres.
N’osant pas lui avouer que je suis entrée chez lui uniquement pour échapper à la discussion monotone d’une connaissance, je lui affirme en souriant :
– Je fais un tour dans votre magasin et je vous appelle si j’ai besoin de vous.
En maugréant, il s’assied derrière sa caisse enregistreuse, déposée sur un meuble d’apothicaire. Je continue mes investigations en sentant son regard posé sur ma nuque. Je fais semblant de m’intéresser à de vieux livres alignés sur des étagères.
Un coup d’œil à l’extérieur me permet de constater que la voie est libre. Je salue le brocanteur en lui souhaitant de passer une bonne soirée. Avec une agilité que je ne lui aurais pas prêtée pour son âge, il s’approche de moi en me retenant verbalement :
– Vous vous intéressez à mon armoire fribourgeoise. Savez-vous que c’est mon grand-père qui l’a fabriquée ? Et ma grand-mère en a peint les délicats motifs. Je ne voulais pas m’en séparer, mais si elle vous intéresse je pourrais faire un effort.
Je fais mine de le croire et me dirige néanmoins vers la sortie. Insistant, il continue :
– Voyez comme ce guéridon s’harmonise très bien avec l’armoire. Il date de…
Je l’interromps en plein milieu de sa phrase car j’ai envie de profiter de ma promenade à l’extérieur. J’étouffe dans cette ambiance poussiéreuse.
– Non merci monsieur, je n’ai pas besoin d’armoire ni de guéridon, dis-je. Ils sont d’ailleurs bien trop chers pour moi.
– Et la vaisselle, avez-vous vu comme elle est en bon état ? Je vous fais tout le lot pour moins de cent francs.
J’essaye d’être ferme, mais néanmoins je reste polie :
– J’étais intéressée par votre boutique et j’y suis entrée sans intention d’y acheter quoique ce soit. Seulement pour regarder. Et je vous remercie de…
– Je sais ce qu’il faut à la petite dame ! dit-il. Venez avec moi, je vais vous montrer quelque chose de rare qui vous intéressera au plus haut point.
Si on dit que la curiosité est un vilain défaut, alors j’en ai un gros. Un regain d’intérêt me pousse à le suivre dans l’arrière-boutique. Le vieil homme fouille frénétiquement dans des cartons et, ayant trouvé ce qu’il cherchait, se retourne triomphalement vers moi en exhibant une petite boîte :
– C’est un objet très ancien. Lorsque vous êtes entrée dans ma boutique, j’ai tout de suite pensé qu’il était fait pour vous. Regardez et… admirez.
Avec une lenteur calculée, il ouvre le couvercle de l’écrin rouge et me présente son contenu. J’y découvre le plus magnifique bijou qu’il m’eût été donné de voir : une pierre, de la grandeur d’une pièce de cinq francs, d’un bleu tirant vers le gris, sertie dans des fils de fer argentés qui le parcourent harmonieusement, le tout accroché à une fine chaînette. Je suis toute émue de voir un aussi beau bijou et je m’en saisis délicatement, caressant du bout des doigts la pierre bleutée. J’ai la certitude qu’elle doit m’appartenir.
Je lève les yeux vers le brocanteur qui affiche un sourire entendu. Il le sait, la vente est faite. Malgré le prix passablement élevé, je n’hésite pas et je l’achète immédiatement. Je vais sûrement me faire remonter les bretelles par mon Guillaume de mari, mais tant pis. Après avoir réglé mon dû, j’accroche le pendentif autour de mon cou et retourne dans la rue continuer ma promenade au soleil, toute fière de ma nouvelle acquisition.
En ce dimanche matin, je me réveille de bonne humeur. J’ouvre les stores de la chambre à coucher pour y laisser pénétrer un soleil radieux. Cela fait deux ans que nous avons construit notre petite maison dans un quartier très sympathique, et je m’y sens chaque jour comme en vacances. Un champ verdoyant s’offre à ma vue et une centaine de mètres plus loin s’étend une forêt. Lorsque je lève les yeux, j’aperçois les montagnes au loin. C’est merveilleux de pouvoir habiter une si belle région. Certains jours, à l’orée du bois, j’aperçois des biches qui font une rapide apparition avant de disparaître dans les feuillages. Justement, en voici une qui pointe le bout de son nez. Est-ce vraiment une biche ? Je plisse les yeux pour mieux voir. C’est un cheval monté par un homme. Il tourne la tête vers moi et son regard croise le mien, le temps d’une seconde. J’appelle mon mari qui sort de la douche :
– Guillaume ! Viens voir !
Vêtu uniquement d’une serviette de bain autour de sa taille, il s’approche de moi en demandant :
– Qu’y a-t-il ?
– Regarde devant la forêt. Je pensais que c’était une biche, mais c’est un cheval. L’habillement du cavalier n’est pas commun. Il porte des fourrures et tient un arc dans une main. On dirait qu’il chasse. Est-ce qu’ils ont le droit de chasser si près des habitations ?
Guillaume scrute le lointain. Ses yeux marron cherchent de gauche à droite ce qui a bien pu attirer mon attention. Malgré ses cinquante-trois ans, il a gardé un charme indéfinissable. Son front est plissé sous la concentration et ses cheveux poivre et sel sont encore humides. Il mesure une tête de plus que moi et je me mets sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue et admirer son torse qui n’a pas une once de graisse. Il sent bon. Je reviens à la réalité et essaie de retrouver le cheval et son écuyer, sans succès. Dépitée, je lui demande :
– Est-ce que tu l’as vu ? Il a disparu. Il a dû s’engouffrer dans la forêt.
– Je n’ai rien aperçu à part les arbres et le chien du voisin qui s’est de nouveau échappé.
– Mais oui, regarde-le, il aboie après quelque chose. On dirait qu’il n’ose pas entrer dans la forêt.
– Il a probablement vu un renard ou un sanglier, ou bien la biche que tu as prise pour un cheval.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents