De l Autre Côté du Tableau
69 pages
Français

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De l'Autre Côté du Tableau , livre ebook

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Description

Un directeur propose des solutions loufoques à ses collègues


A l’école Dici, les ballons et les cerceaux poussent dans les arbres, les élèves travaillent dans les toilettes, les bureaux d’écolier deviennent incontrôlables et on y trouve des animaux aux fenêtres. Quand l’imagination rejoint la réalité, il ne reste plus que la plume pour tout contrôler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 janvier 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368325438
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Del’autre côté du tableau

Prisede tête…
LaSAS 2C4L – NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsable de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ilsproduisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Thierry CHAMBON


Del’autre côté du tableau

Prisede tête…
Sommaire


À la baie vitrée9

Lajournée aux toilettes21

Leballonnier et le cerceautier71

Lemobilier du futur85
Àla baie vitrée
ÀMarie-Noëlle T

Madame Loiseau estla plus heureuse des enseignants de l’école. Elle vientde prendre possession de la nouvelle salle. Il faut dire que lacommune s’agrandit et l’effectif ne cesse de croîtreAlors il faut repousser les murs ou plutôt rajouter des ailes àla vieille bâtisse.
Il est loin le tempsde l’école communale avec sa classe unique àdroite et sa salle de réunions et de mariages à sagauche, l’escalier en pierre menant au logement del’instituteur et au fond le passage étroit donnant surla cour et ses grands murs gris délavés. Et faisantfront, un obstacle infranchissable, une muraille imprenable, barre lavue et la liberté aux blouses grises et aux culottes courtes.Il y a bien la lourde porte en bois, fermée à doubletour que seul, le maître emprunte, après l’école,le fusil à l’épaule, à la recherche d’unlièvre téméraire dans les vignes qui s’alignentà perte de vue.
Le mur est tombé,la porte a disparu, les vignes ont reculé. Une rigole a prisla place des fondations telle une empreinte indélébiled’une école d’un autre temps.
Des classessupplémentaires au toit noir anthracite font face àprésent. Un long préau pour les jours de pluie et enfincette aile droite d’un jeu de construction finissent l’ensembled’un incroyable édifice.
Ainsi vont lesexpressions modernes d’une architecture en constanterenaissance.
Une pente douce pourles personnes à mobilité réduite a étéprévue. Deux grandes portes rouges, hermétiques auxbruits extérieurs se postent de part et d’autre du murdonnant sous l’abri. Des hublots, sortis droit d’un grandpaquebot de croisière, les présentent. La classe estgrande, spacieuse, allongée avec un cagibi discret au fond àgauche. Le bureau de la maîtresse en barre l’entréeà toutes les personnes non autorisées. Son vélo,compagnon de route entre sa maison et son lieu de travail, l’attendsagement du matin jusqu’au soir. Trois rangs font face autableau. Des bureaux collés, tout au fond, attendent lesateliers pour s’activer et près de la deuxièmeporte qui sert de sortie de secours, une table avec l’ordinateuret son imprimante. Une pièce, comme une autre, peinte d’unrose pâle atténue la souffrance des cancres et desrossards. Mais tous ceux qui ont fréquenté les bancs del’école vous diront qu’aucune salle ne ressemble àune autre. Elles sont toutes différentes par leurs dimensions,leurs fenêtres, leurs odeurs, leurs couleurs, l’âgedes élèves et leur enseignant.
Celle-ci sedistingue par ses espaces lumineux. Il y a ce puits de lumière,traversant le plafond et créé par un veluxrectangulaire dont les rayons tombent verticalement entre le tableauet les premières tables. La maîtresse y a installésa chaise. Debout ou assise, sous un soleil généreux ousous un ciel gris, la magie opère toujours. Un halo blancdescend et percute le sol. Invisible pour tous, il l’illuminedès qu’elle y pénètre. Sa posture, sesparoles sont bues. Les enfants se taisent, la regardent, l’écoutent.
Et pour augmenterl’effet spectacle de l’enseignement prodigué, aufond de la classe, une grande baie vitrée plonge dans lapénombre les têtes et projette comme une œuvred’art, le paysage extérieur.
L’enseignanterentre en scène et les élèves appelés autableau noir du savoir, sous le regard inquiet des camarades, seliquéfient d’hésitations.
Madame Loiseau étaitla plus heureuse des enseignants de l’école. Il fallutpeu de temps pour que ce lieu devienne un calvaire. Ce n’estpas un paysage de forêts et de prairies verdoyantes que la baieoffre mais une cour extérieure où les parents attendentpatiemment la sortie des enfants.
Aux premiers joursde septembre, leur curiosité est discrète. De loin etsubrepticement, des légers coups d’œil endirection de la baie pour y voler un moment de cours, la têtede son enfant attelé à la tâche, se font. Lamaîtresse n’y prête pas attention de peur que sesprotégés rentrent en communication avec papa ou maman.Mais cette joie est partagée dans la famille le soir àtable et un rendez-vous d’un coucou furtif est conclu. Destêtes retournées, des mains levées et voici lejeu de la taupe qui débute. Au premier coup de craie de lamaîtresse afférée à écrire et àexpliquer au tableau, des têtes à gauche, àdroite, montrent leur visage. Vient le tour des téléphonesportables, modernité oblige, pour immortaliser l’instantprésent et toujours le même mode opératoire :au dos tourné de l’institutrice, les taupes seréveillent et les plus endormis feignent de travailler pourmontrer plus tard l’exemple qu’ils furent à leursfuturs enfants. Mais ceux qui n’ont jamais étéenseignants pensent et imaginent que les maîtres et lesmaîtresses ne voient et n’entendent rien aux stratagèmesdes chenapans. Comment réagir ? En parler au directeur, àmonsieur Crayon qui saura trouver la solution. Comme il se plaîtà le dire : ce n’est pas au vieux singe qu’onapprend à faire la grimace.
Les surprendre àleur propre jeu, la main dans le sac ou plutôt le pouce sur letéléphone au moment de la séance photo. Laruse : faire semblant de chercher un cahier, un stylo, unefeuille dans le cagibi, derrière le bureau mais juste àcôté de la grande vitre, tout en parlant d’un toncalme et apaisant. Appâter le poisson, imaginer que lamaîtresse est dans ses pensées et là se jeter surla proie, la plus grosse de préférence. Attraper ceparent afin de ressurgir au plus profond de lui-même la honte,la honte de sa vie devant son fils ou sa fille, pris tel un gamin, lamain dans le bocal de bonbons de mamie Lucienne.
Le lendemain de laconversation avec Monsieur Crayon, Madame Loiseau amorce par un allerà midi moins cinq dans le cagibi. Un petit miroir glisséentre deux piles de cahiers lui permet de voir l’agitationmonter par des rotations rapides des plus timides et des poses pluslongues pour les plus hardis. Elle manque de glousser de rire àplusieurs reprises de les voir tels des suricates sur leur garde ;et tapie dans l’ombre de la pièce sombre, elle entrevoitau dehors la cohorte d’adultes de moins en moins gênés,se rapprochant au plus près, prenant cliché sur cliché.Après quelques tests concluants à midi et le soir demise en confiance de tout ce petit monde qui n’a rien faitquand elle reprend place face à eux, le jour prévuarrive.
Tout en gardant savoix monocorde, Madame Loiseau sort brusquement du réduit,droite comme un i, le regard fixé sur les paparazzisfamiliaux, plantée à la grande baie vitrée. Deson visage transparaît un message muet mais compréhensiblede tous. Certains se recoiffent, même des chauves. D’autresfont semblant de regarder leurs textos. Les derniers s’excusentà peine d’un geste maladroit de la main. Les élèvesrestent de glace, immobiles, telles des statues de marbre, fixant letableau. L’information est passée.
Pendant plusieurssemaines, plus personne n’ose s’aventurer dans l’axede la grande vitre. Tout le monde déserte et se réfugiesur le côté, à l’entrée de la sallepolyvalente. L’hiver arrive plus vite que prévu et lefroid a raison des premiers venus. On vient. On récupère.On repart.
Malheureusement, lesbeaux jours renaissent et le soleil aussi. Si les papas et mamans nedérangent plus, c’est au tour des plus petits récupérésde la crèche ou de la maternelle à 100 mètres delà. Empotés, patauds et empruntés en septembre,les voici dégourdis, agiles et braillards en avril. Malgréles râteaux à vélos placés au pied de labaie, les voilà, les enjambant, montant sur le petit parapetde la baie, les deux mains posées en œillets àcheval, la tête collée à la vitre, ils crient deleur voix nasillarde des « titis »pour Mathis,des « titine » pour Justine. Cela fait bienrire la classe, le frère et la sœur interpellés,mais la répétition fatigue et les grands en ont honte.Malgré leur colère exprimée dès qu’ilsretrouvent les leurs à la sortie, il est difficile aujourd’huide se faire respecter par bien plus petit que soi. Et monsieurCrayon, malgré ses interventions auprès des familles,abdique lui aussi.
Les petits, selassant vite de n’avoir plus aucune réponse, s’enprennent aux vélos, les secouent, les remuent, les triturent,leur donnent des coups de pied, maltraitent les klaxons avec l’avaldes papas et mamans admiratifs par tant d’intelligence etd’énergie ou absorbés par leur conversation avecle voisin et la voisine.
C’en est troppour les écoliers. Un comité de déléguésépaulé par le directeur, réalise une annoncepublique. Deux grandes affiches jaunes reprenant les déclarationssont scotchées Le message est passé… comme untrain longeant un pré de vaches normandes occupées àpaître. Tous les gens reprennent possession des lieux. Elleenseigne à une centaine de personnes : les gamins, lesparents, les papis, les mamies, les nounous et les petits frèreset sœurs. Dix minutes perdues à chaque demi-journée.Un gâchis pour tous et le programme qui défile.
Le problèmedes vélos fut réglé rapidement. Un témérairede trois ans sous le regard ébahi de maman émerveilléepar tant d’audace eut la lumineuse idée de marcher derâtelier en râtelier jusqu’à la chutefinale : la tête la première, les dents en avant.Il faut souvent un accident pour comprendre le danger. Heureusementdans l’affaire que le directeur et monsieur le Maire n’aientété désignés responsables ou coupablesd’office. Cette affaire de quenottes mit terme àl’irrespect du matériel

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