Dame Blanche
122 pages
Français

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Dame Blanche , livre ebook

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Description

Prenez la main de la Dame Blanche qui est une triangulaire de l’esprit, le cri sociétal d’une femme sur le point de rendre son dernier souffle. Une vue sur le monde criant de réalisme. C’est un essai plus qu’un roman, où l’auteure espère amener le lecteur à la réflexion et à l’ouverture d’esprit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414331635
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dame
Blanche
CHRIS
LITIQUE
----------------------------INFORMATION---------------------------Couverture : Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages : 122 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 6.697

---------------------------------------------------------------------------Dame Blanche
Chris Litique
6 962964

2
Dédicace
En hommage à mes collègues du H.P.L de
SaintÉtienne, du S.S.R. 1 de Sète. Un clin d’œil à Béa,
Véro, Thibault, Fabienne, Lisa, Marie, Kiki et à
toutes les dames et tous les hommes en blanc de France
qui font un travail merveilleux parfois avec un
manque énorme de matériels, de budgets, sur des
plannings plus incongrus les uns que les autres.
En encouragement à mes collègues de l’H.E.P.A.D de
Vias et aux familles. Il ne suffit pas de voir les belles
façades. Il faut toujours gratter derrière.
Demandezvous à quoi servent et comment sont respectés les
cahiers des charges au sein des C.H.U. imposés par le
gouvernement.
Pousser une porte peut donner beaucoup à la vie.

3
4
Sommaire
Dédicace ......................................................................... 3
Chapitre 1 : Diagnostic ................................................... 7
Chapitre 2 : La Révolte 47
Chapitre 3 : La Résignation ............................................ 81
Chapitre 4 : L’accompagnement ...................................... 113
Photo .............................................................................. 118
Note de l’Auteure ........................................................... 119
Remerciements ................................................................ 120

5
6
Chapitre 1

Diagnostic
L’avez-vous déjà entendu hurler dans la nuit, la Dame
Blanche ?
Spectres des rues, mythes ou sorcières, elles parcourent les
terres de France, les chemins d’Europe à la quête d’âmes en
peine. Par tous les temps les Dames Blanches poussent leurs
cris d’alarme, en tous lieux, et dire que les sottes gens restent
sourds… !
Mais vous, sauriez-vous écouter ?
Sachez les distinguer !
Celle qui se meurt chambre 4. Croyez-vous être à l’abri
derrière l’épaisseur de vos murs ? Êtes-vous sûrs d’être
protégés par vos larges portes d’entrée ? Loin des regards
indiscrets, où personne ne peut discerner vos plus noirs
secrets.
Personne ! Vraiment ! En êtes-vous certains ?
Pourriez-vous dire où sont toutes les Dames
Blanches ?
Savez-vous comment naissent-elles ?
*
* *
7 Il y en a une chambre 4, mourante, agonisante, prête à éclore
et ainsi faire face au monde. Dans tout ce qu’il a de beau et
d’immonde. Elle sait déjà passer inaperçue à vos yeux. C’est
sans prononcer son nom que vous préparez draps et
chemises. Tout comme ce sera sans regarder son visage que
vous lui ferez le plus souvent sa toilette. Vous les soignants de
la dernière heure. Vous qui êtes à ses yeux, à elle, ses dames
blanches. Camouflée dans son brouillard certes rendu
opaque par ses douleurs. Comprenez que chaque matin le
voile se déchire et que les bruits des roulis du chariot de linge
montent jusqu’à elle. Ils grandissent tel le condamné à
l’échafaud. Sous les tremblements de sa respiration. Elle sent
le poids de son thorax qui l’écrase. Machinalement, elle lutte.
Cette force elle la tient de tous ces bruits dont vous vous
croyez à l’abri. Cachée derrière les murs que vous pensez
massif. Épais à la manière d’un papier de cigarette. Si elle
n’était pas si sourde, elle arriverait même à vous entendre
respirer du haut de ses quatre-vingt-seize ans.
N’allez pas supposer qu’il ne lui reste que cela pour
s’accrocher à la vie. Loin de là ! Elle a bien un nom, même si
vous ne le prononcez plus. Elle a bien eu une existence, belle
et riche dans ses joies et ses peines, encore que la maladie
aidant sa mémoire s’estompe. Il lui reste de cela un amour,
précisément, celui qui vous fait ricanez dans son dos, avec
sa grandeur tassée, ses douleurs dans la hanche et le bruit
d’une canne en argent chromé. Oui, cette Dame Blanche là
aura eu une belle vie, il lui reste à avoir une belle mort.
*
* *
8

Charognards, rapaces, les mots s’entrechoquent et bloquent
aux portes de mes lèvres. Hélas, ils ne sortiront pas. Et
pourtant, je vous les hurle à la face, bandes d’hypocrites !
Coincée dans mon corps, couchée sur ce lit, je vous
comprends, je vous vois, je vous entends, je ressens et je ne
peux rien faire. Mes membres ne répondent plus
complètement, mais mon esprit lui est toujours là…
Il m’arrive parfois d’avoir le regard dans la brume, sous la
froideur d’une vitre où l’aube danse avec le marin matinal.
Quand ce n’est pas le cliquetis de la pluie qui me tire de ma
léthargie. J’ai de plus en plus de peine à ouvrir les yeux.
Chaque paupière est aussi lourde que du plomb. Ma tête
pèse un âne mort et pourtant, le jour se lève, lui, sans effort.
Je n’ai plus de haine, d’ailleurs, n’en ai-je jamais eu ?
Si j’avais dû ressentir un quelconque sentiment de ce style.
Il aurait dû apparaître lorsque le couperet est tombé ; hypo
signal de type deux sur la tempe droite. Pour faire simple,
tumeur temporale, espérance de vie, non définie, abcès
adénome inopérable. En bref, j’avais gagné le droit de vivre
avec un traitement plus ou moins efficace, jusqu’à ce que
l’épée de Damoclès tombe.
Et elle est tombée…
9 Quand était-ce déjà ? Je ne sais plus, cela fait tellement
longtemps que je passe de migraine en migraine. La douleur
est permanente, je plonge dans l’oubli. La dame de la
chambre 4. Tel est mon surnom, cela me fait drôle de les
écouter me baptiser ainsi. Je leur avais dit pourtant, ils ne
l’ont pas entendu. Ils sont restés sourds, les médecins et
leurs thérapies…
La froideur du diagnostic !
Le constat ! Laissez-moi en rire, de cette habilité ! Vous
savez ! C’est tout un art d’identifier une maladie d’après ses
signes, et ses symptômes. Oui, nous n’irons pas loin avec
une telle définition, froide et placide, directe, sans lien.
Mieux vaut ne pas avoir d’attache lorsqu’on fait médecine.
La vie, la mort, la souffrance entre les deux, c’est le quotidien
des médecins, leurs rengaines. Un vieux disque rayé qu’ils
se passent en boucle. Il n’y a que le nom du chanteur et le
numéro qui changent, mais que personne ne s’y trompe, les
toubibs aussi travaillent à la chaîne. L’usure n’est pas
physique, elle est psychique et chez eux, l’erreur tue plus
sûrement qu’une balle de 22.
Oui, la douleur est persistante, oui, elle me provoque des
pertes de mémoire, des vertiges, des paresthésies. À ce
moment-là, les médecins disaient « aucun rapport avec la
tumeur ». Mon œil, celui que je suis en train de perdre, car
ma vue baisse. Comment leur faire confiance ? Le système,
je le connais bien, je travaille encore…
La Dame Blanche est soignante !…
Comique… j’œuvre en soins palliatifs !
10 Comment les accabler, ils n’ont que 20 min à consacrer à
un patient. Ils font 12 heures par jour, si ce n’est pas plus.
Seulement nous, soignant(e) s nous les faisons également
et nous gérons aussi toutes leurs imperfections et leurs
carences. Oui, une erreur médicale tue et relève du droit
pénal, nous travaillons toutes et tous avec ce savoir en tête ;
mais surtout avec l’amour de notre métier, le respect de
nos malades. Seulement voilà, combien de collègues sont
également des patients, combien sont comme moi en plein
travail avec une maladie qui peut les tuer au moindre
stress, à la moindre fatigue, combien d’entre nous sont en
poste alors qu’ils devraient être en convalescence et
reconnue, oui combien d’entre nous tirent sur la corde
raide ?
Je n’ai pas la prétention de répondre aux questions, juste
l’envie de les poser, moi la petite voix coincée dans sa tête.
Moi ou cette dame blanche bloquée dans ce corps couché
sur un lit d’hôpital, où nous n’avons toutes deux comme
seule issue l’attente de la faucille.
Lorsque le diagnostic fut prononcé, chacun des mots
m’aspirait dans un tourbillon hivernal. Vertèbre après
vertèbre, je ressentais ma chair vibrer d’entrechocs. Une
sueur froide vint gelée les larmes qui s’apprêtaient à
apparaître malgré moi.
Ma famille…
Les enfants ! Comment leur dire ?
Je ne sais plus, la main tremblante, les yeux hébétés, la porte
s’est ouverte.
Je suis chez moi.
11 Comment ? Je ne sais pas !
Je redoute la sonnerie du téléphone, bientôt midi, elle va
appeler,
J’ai peur.
Soutenir son regard sera pour moi un vrai supplice. Il y a
des drames qui se jouent une fois le diagnostic énoncé. Je
crains le bruit de ses pas, cette façon qu’elle a de poser sa
tête sur ma cuisse avant toutes discussions. Des tragédies,
où malgré l’entourage et tout l’amour qui nous enveloppe,
nous restons marqués par la solitude de notre âme.
*
* *

12

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