Contes et nouvelles
142 pages
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Contes et nouvelles , livre ebook

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Description

«?—?Si nous sommes tous frères, comme tu disais, comment expliques-tu l'injustice raciale ? —?Elle n'est pas seulement raciale, Andrew. Elle est également sociale et économique. L'injustice raciale est liée à notre histoire. N'oublions pas que nous descendons d'anciens esclaves. L'esclavagisme fut suivi par la ségrégation raciale. Après l'abolition de l'esclavagisme, la loi ne pouvait plus maintenir les Noirs à leur place, mais la pression des Blancs y parvenait très bien. En mille huit cent nonante-six la Cour suprême des États-Unis reconnut même la légalité de la ségrégation en Louisiane. Il y avait ségrégation dans les écoles, les hôpitaux, les transports, les restaurants, les hôtels, les terrains de jeux, les parcs pour enfants, les églises.?» Andreas Rosseel compose un recueil de nouvelles mettant en scène la cruauté quotidienne et ses conséquences désastreuses. Qu'il s'agisse d'enfants, d'animaux, d'un innocent condamné à tort pour un crime qu'il n'a pas commis, la justice humaine se révèle souvent imparfaite. Plusieurs personnages font le douloureux apprentissage de l'exclusion et de la violence du monde adulte. Ils sont amenés à se dépasser, à affronter les préjugés, pour finalement accepter les particularités de chacun dans un esprit de tolérance. Au terme de péripéties pleines d'imprévus, les récits – édifiants, sans pour autant être moralisateurs – offrent des pistes de réflexion que le lecteur est invité à poursuivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342151572
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Contes et nouvelles
Andreas Rosseel
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Contes et nouvelles

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Le chaton
Pour Jan
Ce jour-là, Éric avait apporté un chaton à l’école. Éric était son meilleur ami et le chaton était tout mignon. Pendant la leçon d’Histoire, Jean avait plutôt des difficultés à suivre les légions romaines qui conquéraient un pays après l’autre pour en faire des provinces. Pourtant il aimait bien le cours d’Histoire et il avait beaucoup de sympathie pour ce Jules César qui avait dit que les Belges étaient les plus courageux de tous les Gaulois. Cela ne l’étonnait d’ailleurs pas tellement car, au cours du voyage scolaire à Tongres, la ville la plus ancienne du pays, il avait vivement admiré l’allure fière et martiale d’Ambiorix. Mais dans le couloir de l’école, il y avait cette boîte en carton avec de grands trous pour l’air, et dans la boîte il y avait beaucoup de bandelettes de papier de journal, et surtout… un joli petit chaton de sept semaines.
Enfin, juste au moment où César avait franchi le Rubicon après avoir crié «  alea jacta est  », la sonnette retentit. Une minute plus tard, Éric et sa boîte se trouvèrent entourés d’une quinzaine d’élèves, visiblement plus intéressés par cette petite chose vivante que par les exploits inoubliables du célèbre général romain et ses invincibles légions. Tous voulaient voir et toucher le petit chat qui était tout noir ou presque. Quatre petites taches blanches, deux sur les pattes de devant, une sur l’oreille gauche, et la quatrième au bout de la queue le rendaient encore plus mignon. Et facile à reconnaître, dit le professeur.
Éric avait promis le chaton à Stéphane. Mais le pauvre Stéphane eut l’air bien embêté car sa maman avait changé d’avis à la dernière minute. Elle avait déjà assez de problèmes avec Toufou, leur jeune cocker, qui hier soir encore avait déchiré deux chaussettes et une pantoufle à Stéphane qui laissait toujours tout traîner. « Cela t’apprendra à avoir plus d’ordre », avait dit sa maman qui était fâchée.
Et maintenant Éric était là avec sa boîte sur les bras, tout déconcerté. Certes, il ne manquait pas d’amateurs, mais l’exemple de Stéphane et de sa maman surtout incitait les autres candidats à la prudence.
Et puis, tout à coup, sans réfléchir, Jean avait dit : « Donne-le-moi, Éric. Je vais demander à papa, je suis sûr qu’il sera d’accord. Hier, mon prof de violon m’a félicité et papa était très content. Je lui dirai que je jouerai encore mieux la prochaine fois, que cela va m’encourager. Et ma sœur sera très contente, elle aussi. Papa dira oui. »
Éric l’avait regardé longuement. Puis, il avait dit : « Non, Jean. Toi, cela ne marchera jamais. Je ne peux pas te le donner. Tu n’as plus de maman. Il n’y a personne à la maison chez toi pour le soigner. Il serait malheureux tout seul toute la journée. Ton papa ne voudrait sûrement pas. »
Jean n’avait rien répondu. Personne n’avait dit quelque chose. Sauf le professeur qui avait dit qu’il fallait aller jouer maintenant dans la cour. Mais Jean n’avait pas envie de jouer. Appuyé contre un arbre, il regardait sans les voir ses camarades courir, sauter, s’amuser. Et Éric qu’il croyait être son meilleur ami, courait, sautait, et s’amusait comme les autres. Jean serrait les poings. Il avait les yeux secs mais les lèvres pincées. Et l’après-midi, Véronique était tout heureuse parce que sa maman lui avait dit qu’elle voulait bien d’un petit chat à condition qu’il soit propre. Éric ne savait pas garantir qu’il était propre, mais Véronique se chargerait bien de parfaire son éducation. Ainsi le problème du chat était résolu, ce qui n’empêcha pas que Jean faillît ramasser une punition pendant la leçon de morale, car par trois fois déjà il n’avait pas su répondre, ni même répéter la question du professeur, et celui-ci lui avait dit que, pour être dans la lune il fallait d’abord être cosmonaute, et donc bien faire attention en classe. Tout le monde avait ri, Éric y compris, mais lui pas car il n’avait pas le cœur à rire et il savait que papa n’aimait pas les punitions.
Le soir, il avait fait ses devoirs de géographie et d’anglais, et ensuite il avait joué du violon et du piano. À table, il n’avait pas dit grand-chose et papa avait fini par lui demander s’il n’était pas malade.
Maintenant il était au lit, couché sur le dos, les yeux grands ouverts, et il voyait par la fenêtre trois étoiles, les rois mages. Cela faisait quatre ans maintenant que maman était morte. Il avait neuf ans à l’époque. Quatre ans qu’il vivait avec papa et sa sœur Anne, seuls tous les trois dans la grande maison. Maman lui avait dit un jour, peu avant de mourir : « Et quand je ne serai plus là, le soir, parfois tu regarderas les étoiles. Et tu te diras maman est peut-être sur celle-là, ou bien sur cette autre. Et moi, de mon étoile, je te verrai. Ce sera comme un long, très long voyage par le train. Et puis, un jour, on se reverra. » Tout cela était déjà si loin et pourtant encore tellement proche. Ses lèvres étaient serrées, il ne pleurait toujours pas mais ses yeux brillaient étrangement dans la faible clarté de la lune.
Il s’endormit enfin. Il ne voyait plus la lune qui maintenant le regardait par un coin de la fenêtre. Son visage était tout décontracté, ses lèvres enfin relâchées, mais sur sa joue gauche, juste à côté de la narine, brillait au clair de lune une grosse perle.
Le lendemain, au petit-déjeuner, il dit soudain : « Papa, est-ce que je peux offrir un de mes albums d’Alix à un copain ? Tu me dis toujours qu’il vaut mieux lire de vrais livres que des bandes dessinées. »
 
Ce matin-là, il se précipita vers Éric dès que son ami entra dans la cour. « Éric, je dois te raconter quelque chose. Tu sais, pour l’histoire du chat hier, je crois que tu avais raison. Je crois aussi que papa n’aurait pas aimé et qu’il sera plus heureux chez Véronique. Et puis, cette nuit, j’ai vu maman. Elle était très belle et très blanche. Elle souriait. Elle avait un petit chat dans les bras, exactement le même que le tien hier, mais encore plus beau je crois. Et tu sais, ma maman, elle te connaît. D’abord elle m’a laissé caresser le petit chat, et puis elle m’a dit : “Les petits chats qui n’ont plus de maman sont malheureux. Toi, tu dois savoir cela, mieux que les autres. Il y a déjà beaucoup de choses que tu comprends mieux que les autres.” Tu sais, Éric, je ne dis pas cela pour me vanter, c’est ma maman elle-même qui me l’a dit. Et elle a encore dit : “C’est bien de recevoir un petit chat tout mignon. Mais c’est encore bien meilleur de pouvoir en offrir un à son ami et ainsi le rendre heureux. Un jour, tu comprendras cela beaucoup mieux. Maintenant, rends-moi le petit chat, et regarde bien ceci.” Et puis, soudain, elle tenait entre ses mains un album d’Alix, précisément celui dont je t’ai parlé l’autre jour et que tu aurais tellement voulu lire. Alors elle m’a dit : “Tu l’offriras demain à ton meilleur ami.” Ensuite elle est devenue toute petite, et quand je ne la voyais plus du tout j’étais très triste, mais un peu content tout de même. Alors j’ai demandé à papa ce matin, si je pouvais offrir un de mes albums d’Alix à un copain. J’avais un peu peur qu’il dise “non”, mais il a dit tout de suite “d’accord”. »
Éric enleva prudemment l’emballage du paquet qu’on avait mis sur ses genoux. Il regarda l’album, puis son ami, et lui dit de tout cœur : « Jean, il est magnifique ! Tu as une maman vraiment chouette. Dis-lui un grand merci de ma part. »
Anderlecht, le 11 août 1987
La superstar
Pour An
L’année scolaire tirait à sa fin. Les derniers examens, pardon, « les derniers tests sommatifs », étaient finis. Dans une semaine, ce serait bel et bien les grandes vacances.
Et puis, un beau jour, les gens de la télévision étaient venus à l’école et cela avait été tout un événement. Il leur fallait deux jeunes filles de quatorze à quinze ans pour les rôles principaux, ainsi que quelques garçons et filles pour les rôles secondaires ou comme figurants, dans un téléfilm pour la jeunesse.
Anne avait tout juste l’âge requis, et en plus – pensait-elle – toutes les autres qualités nécessaires pour incarner l’une ou l’autre des deux héroïnes. Le seul petit ennui, c’est qu’on ne pouvait pas partir en vacances avant le quatorze juillet, car la lettre de convocation aux studios de la RTBF devait arriver sans faute entre le premier et le quatorze. Bien sûr, il fallait également l’autorisation des parents, mais cela ne posait pas de problème.
Cet après-midi, toutes les candidates avaient dû se présenter, l’une après l’autre, à la salle d’étude où il y avait les cameramen, les spécialistes du son, le préfet, bref, c’était impressionnant au possible. D’abord, il avait fallu raconter une petite blague devant ces gens. Ensuite, il fallait essayer d’obtenir coûte que coûte les clés de voiture de son papa, le papa en l’occurrence étant un des types de la télévision qui, lui, trouvait toutes sortes de raisons subtiles pour refuser de donner les clés en question. Il avait donc fallu faire preuve d’ingéniosité et avoir de la repartie, et peu de filles avaient finalement réussi à décrocher les fameuses clés. Mais Anne en était, et maintenant il fallait seulement encore attendre le verdict du réalisateur et de son équipe qui devaient décider quelles étaient les deux fi

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