Comme une seule femme
140 pages
Français

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Comme une seule femme , livre ebook

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Description

« Je me demandais si je n'étais pas en train de me perdre dans une histoire qui ne m'appartenait pas, un peu comme on reste sur le plongeoir pour se donner du temps avant de sauter, je me demandais aussi s'il était bien dans l'intérêt de Sandrine de continuer à se cacher, enfin, j'avais la désagréable impression d'avoir été alpaguée, le mot n'était pas trop fort, à cause de ma générosité maladive, et de me retrouver plus ou moins dans l'obligation de recueillir cette fille. Au moins, si j'en savais un peu plus, aurais-je l'impression de maîtriser davantage la situation... » Comme une seule femme propose huit portraits de femmes dans le regard d'Hélène qui recueille en huit récits huit femmes qu'elle a bien connues. Chacune d'elle est saisie à un moment de son histoire qui révèle un aspect de « la difficulté d'être femme » dans certaines situations. Ces histoires sont graves parfois, mais la narratrice reste nourrie d'empathie pour ses personnages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 septembre 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342055467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Comme une seule femme
Marie-Claire Mir
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Comme une seule femme
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://marieclaire-mir.com
Sandrine, une femme entretenue
Elles sont toutes là, toutes les femmes sans le sou que j’ai connues.
Sandrine me regarde avec leurs beaux yeux de patience et d’attente des jours meilleurs.
 
AVIS DE RECHERCHE
Une femme portée disparue dans la vallée du Rhône
 
Les gendarmes de la brigade de Saint-Antoine-des-Sorts lancent un avis de recherche à la suite de la disparition inquiétante d’une jeune femme originaire de la région.
Âgée de 32 ans, Sandrine Vic est arrivée à Saint-Antoine-des-Sorts le 19 août dernier, probablement venant de Surrians où une première disparition a déjà été signalée par sa famille il y a six mois. Elle a loué une chambre à l’Eygas, maison d’hôtes où elle est restée cinq semaines. De nombreux Santoinins ont assisté à sa prestation artistique samedi et dimanche dernier, dans le cadre des Journées du Patrimoine. Dimanche en fin de soirée, elle a été vue pour la dernière fois par son hôtesse, Madame Simone Dethan, fumant une cigarette sur le balcon du gîte qu’elle devait quitter le lendemain matin. L’hôtesse ne l’a pas revue depuis. Lundi, en fin de matinée, elle est allée frapper à sa porte mais il n’y avait plus personne dans la chambre, la fenêtre était grande ouverte et une corde de draps était attachée au radiateur. Madame Dethan a tout de suite prévenu les gendarmes. Aucun indice permettant de se lancer sur les traces de la jeune femme n’a été retrouvé sur les lieux, seule une valise pleine de vêtements était restée près du lit. Sandrine Vic n’a pas réapparu depuis lundi, ni au gîte, ni chez elle. Les premières investigations ont révélé qu’elle faisait déjà l’objet d’un avis de recherche et qu’elle habite régulièrement la commune de Surrians.
Grande, mince, Sandrine Vic a les cheveux très longs, bruns, qu’elle porte souvent rassemblés en une natte, ainsi que témoigne son mari, Serge Vic, qui a signalé sa première disparition il y a de cela déjà six mois. On ignore ce qu’elle portait le jour de sa deuxième disparition mais on sait que lors de sa prestation à Saint-Antoine, elle portait une robe rouge qu’on n’a pas retrouvée dans la valise restée dans la chambre. D’autre part l’hôtesse a mentionné qu’à son arrivée, Sandrine Vic portait un sac à dos. Elle serait donc susceptible d’être vêtue d’une robe rouge et de porter un sac à dos.
Toute personne l’ayant revue depuis dimanche dernier est priée de contacter la brigade de gendarmerie de Saint-Antoine.
 
Je venais de découvrir l’avis de recherche dans la Tribune qui paraît le mercredi.
Madame Dethan n’habite pas très loin de chez moi, je suis allée l’interroger, La Voix du Rhône m’ayant demandé de faire un papier sur cette histoire de disparition, je dois avouer que j’étais de plus en plus intriguée par cette jeune femme qui avait fait ce que je n’ai jamais osé faire quand j’avais son âge. Elle est partie, elle a tout plaqué, elle a disparu de la circulation. Il aurait pourtant été plus facile pour moi de le faire parce que je gagnais ma vie et ne dépendais de personne.
 
Le hasard nous assemble.
 
Madame Dethan m’a appris que Sandrine faisait des ménages pour gagner sa vie. Elle travaillait chez les Rezvani, qui viennent de s’installer à Valbonne. Elle allait aussi chez les Cousin, que je connais bien, j’aurais vraiment pu la rencontrer avant, Saint-Antoine est petit, j’y suis toujours fourrée.
Quand elle avait découvert sur Internet que la Mairie de Saint-Antoine recherchait des intervenants pour les journées du patrimoine, Sandrine avait proposé son numéro. Elle répétait le soir dans sa chambre à l’Eygas. Elle avait déclaré en arrivant vouloir louer la chambre au mois, Madame Dethan ne savait rien d’elle, ni d’où elle venait ni qui elle était exactement, simplement parfois, elle lui demandait son avis, pour le numéro qu’elle préparait,
 
elle était très simple,
a dit Madame Dethan,
elle m’appelait Simone, moi vous savez, pourvu qu’on me paye le loyer…
 
J’ai fait un bref calcul, cela faisait déjà plus de six semaines qu’elle était à Saint-Antoine. Ainsi donc, durant tout ce temps, je n’avais rien su de cette étrangère qui habitait le village, elle n’a pas dû sortir beaucoup.
 
Je sortais à peine de chez la logeuse quand j’ai reçu un appel de Sandrine.
Je l’avais rencontrée à la fête à Saint Antoine des Sorts, plus exactement lors de la manifestation organisée par la ville pour les Journées du Patrimoine, en ma qualité de pigiste dans le quotidien local, j’étais conviée par le Maire au repas de clôture qui réunissait les artistes des différents spectacles proposés et les autres intervenants.
Sandrine s’était présentée à moi comme intermittente du spectacle. Contorsionniste. Elle avait proposé une animation du site de Saint-Étienne que j’ai beaucoup aimée. Le public aussi, apparemment. Je me souviens encore de quelques images. En robe rouge pour fleurir le paysage de pierres grises, elle s’était d’abord produite sur la margelle qui longe le Rhône, nous pouvions la regarder depuis la rampe au-dessus de la falaise qui jouxte la Place de la Mairie. À la fin de cette première prestation elle avait sorti de dessous sa robe, à la manière des femmes qui jadis abritaient sous leurs jupes les cocons de soie, des pétales multicolores qu’elle avait jetés dans le fleuve en déployant ses bras à la manière d’un oiseau. Nous l’avions revue ensuite dans une rue du bas de la ville, elle s’enroulait autour d’une corde pendue à l’arcade de la Porte dorée, sa robe se retournant à la manière d’un parapluie lorsque, s’accrochant par ses pieds chaussés de ballerines noires, elle passait la tête en bas, sa longue chevelure brune descendant jusqu’au sol, elle misait sur le côté spectaculaire de sa grande silhouette, et bien que ses contorsions n’eussent rien d’extraordinairement difficile, le spectacle était visuellement fascinant. Nous l’avions retrouvée enfin près de la Tour fendue où, après être montée à travers les marches de fer scellées dans les pierres par le club d’escalade du village, elle avait fait le tour des créneaux en se déplaçant sur les mains après avoir attaché sa longue jupe au niveau de ses chevilles, si bien que l’on pouvait voir comme une bougie rouge longer lentement les trois côtés du carré de la Tour.
 
À la fin du repas elle avait bu pas mal de vin, elle m’avait raconté qu’elle était en fuite,
 
en cavale,
avait-elle dit exactement,
 
elle avait un léger problème de trésorerie, elle devait régler sa logeuse et la Mairie ne l’avait pas encore payée, si je pouvais lui prêter quelque grain pour subsister, ce serait sympathique,
 
sympa ,
disait-elle,
 
elle abusait de ce mot et j’avais cru comprendre que le monde se divisait en deux catégories d’humains, les gens sympas et ceux qui ne l’étaient pas. Par exemple son mari n’était pas sympa, la logeuse était super sympa, le Maire était assez sympa, et moi, j’avais l’air plutôt sympa, elle me rendrait l’argent dans une semaine, quand elle aurait fait quelques ménages, je n’avais qu’à l’attendre, lundi en huit, au bistrot de pays sur la route d’Augude vers dix heures du matin. Je devais lui faire confiance. Il lui fallait deux cents euros. Bien qu’il m’ait paru étonnant que la Mairie ne prenne pas en charge son hébergement, du moins pour la semaine des Journées du patrimoine, je lui ai avancé l’argent.
 
C’était le dimanche précédent. C’était avant que Sandrine ne m’appelle, avant que je ne lise cet avis de recherche, je ne savais pas qu’elle allait s’enfuir ainsi de chez sa logeuse, logeuse, dont, a fortiori , je ne connaissais pas l’existence. Elle avait remarqué un spectateur dans le public, un notaire qui connaissait son mari et elle était partie, dans la précipitation elle avait oublié sa valise.
Elle voulait me parler, elle avait besoin de moi, elle avait besoin que je la cache chez moi, elle avait aperçu cet homme dans le public, sur le moment elle ne l’avait pas reconnu mais elle en était sûre, il venait chez elle, à Surrians, elle l’avait souvent croisé dans l’entrée, il venait voir son mari,
 
il est notaire lui aussi, mon mari est notaire, vous connaissez sans doute ce type,
 
j’ai répondu que je ne savais pas, il n’y avait pas de notaire à Saint-Antoine, et qu’irait-il faire à Surrians, je lui ai demandé de me décrire cet homme,
 
un petit gros, complètement chauve, la cinquantaine bien dépassée, il est plus âgé que Serge, il pourrait presque être son père, il le consulte pour la succession, c’est à lui qu’il confie ses affaires,
j’ai répondu que oui, effectivement, il y avait un notaire à Valbonne, près de Saint-Antoine, et qu’il était chauve,
 
alors, c’est bien ça, il l’a choisi parce qu’il habite loin de Surrians, pour éviter les vagues, lui ou un autre… mais de là à le retrouver ici, c’est vraiment la tuile !
 
Elle s’en veut d’avoir été reconnue, elle a croisé son regard tandis qu’il la regardait comme quelqu’un qu’on reconnaît mais qu’on est étonné de voir dans une telle situation, il ne la regardait pas, il l’observait, elle a bien vu qu’il l’étudiait comme quelqu’un qui a reconnu quelqu’un, je lui ai demandé de se calmer,
 
mais si, mais si, je n’ai pas réalisé tout de suite mais c’est lui, il va certainement en parler à mon mari, si ce n’est pas déjà fait, il a dû l’appeler, et Serge va débarquer, il me cherche pour le divorce, je n

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