Comme des vies d’anges
358 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Comme des vies d’anges , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
358 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

" J’étais quelqu’un d’autre, pas un fuyard ni un menteur mais un éveillé tardif face à la cruelle réalité. J’aimerais être ailleurs. Je n’arrive pas à trouver cet ailleurs mythique, ce paradis volé. S’aimer est un tango argentin, c’est plein de contretemps..." ainsi se lamentait l'énigmatique fils de la Marie-Moutou.



Singulière écriture de José Zobéide, à la frontière des psychoses collectives. Avec un regard acéré, teinté de poésie, il nous livre une fiction romanesque où se mêlent confusions et délires. Quidams et fadas s'échappent de l'hôpital psychiatrique, se retrouvent sur la place du Grand Parvis privatisée pour le commerce illicite, avant d'échouer au troquet Chez Rachid.








Dans une sous France périphérique où la psychose copule en dedans, en dehors des murs écroulés, se croisent un réfugié des Caraïbes, un chauffeur de star de jazz, une étudiante qui lutte pour changer sa vie, un ancien nabab déchu du Grand Parvis... Tous jouent un rôle sous le regard ironique du légionnaire.








Ce voyage en souterrain dans les communautés criantes est l'expression des interrogations du thérapeute José Zobéide. Magalie Puente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342358292
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35828-5

© Société des Écrivains, 2022
Du même auteur
« Revers des vérités » (poèmes),
Éditions Arcam,
« Poétiques biguines » (poèmes),
Éditions Arcam,
« Images Innées » (roman),
Société des écrivains, 1999.
Comme des vies d’anges

La fiction étale un sale décor et des sons feutrés perdus.
La fiction éruptive traîne des éclats de voix égarées le long des rampes d’accès aux trams.
— Vire-le ! Fabuler c’est du viol dans l’inconscient ! Ajoute ce méga trauma à ta bio !
La voix du chauve est distillée en overdose dans la nuée urbaine d’une place nocturne abritant une rave cubaine où Davis, mains sur les hanches, farcissait la répute des Latines immorales autour des fausses fosses de St Maur des fossés.

L’infirmière métisse, passant par l’étroite porte de la fiction pignochait des dénis à l’attention des marginaux postés devant les latrines encore une fois squattées par Awa Cissoko.
L’infirmière, elle, attendait une invitation, d’un ou plusieurs inconnus en état d’ébriété.
L’air consciencieux d’une douce meuf fatiguée derrière les épais rideaux nuageux de sa clope. La fumée grise s’évaporait lentement de ses lèvres serrées par la nervosité. Des cheveux torsadés lâchés sur le cou complétaient son apparence transparente.
— Paris n’est pas une ville cool pour nous qui vivions derrière les murs des mers Caraïbes, à côté des fumeurs de crack crades.
Davis craquait.
Plus un larron pour chialer adieu foulards sur le port d’une île tropicale. La nostalgie offre du rab destroy. Le marronage surnage pour ceux qui ne savent plus les bordures de leur histoire. Ils échouent dans les cités comme des odontocètes incapables de remonter à la surface pour respirer.
La vie lascive n’existe pas dans les técis au premier coup d’œil.
Il n’y a pas que les Latines mal à l’aise dans les fracas mnésiques d’une ville snob victime exclusive d’une fiction hard.
Sous la flotte jaune de moustiques et de soleil alternatif, La Havane, Fort de France, font de piètres paysages face aux banlieues infinies d’une grande métropole cavaleuse.
L’infirmière interrogeait en vain les cieux plombés de silence au-dessus des banlieues. Elle s’ennuyait visiblement dans ce bar et cherchait les regards comme on cherche une aiguille dans une botte de foin.
Comme dab’ elle tirait sur sa beuh en élargissant son rictus, vague attitude commerciale sans équivoque destinée aux solitaires meurtris ou aigris dans leur solitude involontaire.
Sa blouse froissée ressemblait à la blouse de la charcutière brune qui prenait parfois une fausse attitude de lassitude.
Je m’inclinais devant ces personnages reclus dans l’onirisme.
— Les gens ne changent pas.
Comme l’infirmière, la charcutière annone des phrases extraites d’un film de série A.
Je ne réponds jamais aux interrogations mutantes des gens à la bourre. Surpris par la brutalité de ces meufs désinhibées dans des relations secrètes avec des escrocs répertoriés.
J’écris, je rêve, je délire tant mieux. Pire je suis un menteur accroché aux relations humaines insignifiantes et en fin de compte surpris par la brutalité des manques d’affection.
J’évite le défilé des petits matins blêmes ponctuels. J’ignore les regards ternes de ces fumeuses terrées au coin du bar, bravant les interdits, défiant les lois, gonflées de sentiment de liberté républicaine.
Je n’ai aucun commentaire à faire sur les commerces des técis, ni sur les programmes du jeu de rôles thérapeutiques rapportés par les fadas assoiffés.
Les doigts usés de l’infirmière cachent les numéros de son smartphone. Elle préserve l’anonymat des amateurs de harcèlement sexuel intemporel qui offrent des bouquets de fleurs, des Nike à air comprimé, des sorties thérapeutiques dans les brasseries du centre-ville puant le graillon.
— Il y a très peu de familles conventionnelles dans la téci. Tu t’attendais à quoi ?
— …
— Non, je ne suis pas une pute, je sais que je ne suis pas une pute, je fais tout pour survivre dans cette vie sans horizon, j’ai besoin d’affection, de fric, de tendresse et que l’on s’occupe de mon corps. Il n’existe pas de parano dans ma vie !
— …
— Tu viens dormir dans ma piaule ce soir ?

Fragments de dialogue abrupt. Elle hélait, peut-être un brin énervée par la surdité absurde de son interlocuteur abscons.

— T’as conscience du comportement des putes ici ?
— Il y a des mecs crétins qui traitent toutes les femmes de putes. Je ne suis pas une pute ! Je ne suis ni comprise ni entendue.

Les donneurs de leçon n’ont qu’à venir s’intégrer au quotidien dans la médiocrité d’une téci érigée entre deux parkings, l’hosto, la place du grand Parvis. Peut-être y verront-ils la misère morale et sociale qui pousse aux extrémités.

— Vous sentez bon les fleurs d’outre-mer !
Des compliments en complément d’instants émouvants après les spectacles, aaah combien de meufs souffrant de bouffées de chaleur aimeraient entendre ces doux murmures sifflés entre des dents jaunes ?
Les bribes ridicules de la conversation s’échappaient sans indiscrétion.

Avec ses perceptions altérées, l’infirmière envenimait l’univers.
Elle jouait l’incompréhension en surveillant du coin de l’œil le quidam choqué.
Sans foi, sans morale, sans loi erratique. Elle racontait n’importe quoi à n’importe qui.
Elle idéalisait sa famille solidaire de son cynisme et son narcissisme. Mère solo, accompagnée de sa fast bony black girl, l’intruse du roman, l’une des vengeresses abonnées à Booba et kalash. Cette dernière n’avalera pas de couleuvres, sa culture l’initie à rouler sa beuh dans la street, se taper Angela en l’absence de son reup… langage codé d’un nèg marron. Elle revendique l’ambivalence de sa haine des blancs, adule le chauve qui mate ses bas instincts, elle est exactement au même niveau de vulnérabilité que sa daronne subjuguée. Aucune importance, elle, la fast bony black girl, milite en faveur de la légalisation du crack, de la beuh, de la liberté des femmes polyandres. Elle dénonce les contrôles au faciès et réclame des rues réservées aux noirs un week-end sur deux avec diffusion de musique africaine. A chaque manif, elle balance des pavés et des vidéos en live. Le chauve reste coi et s’amuse à chambrer ce monde.
— Pas l’tempo pour la bio d’une négresse en rade !
Le chauve ne s’épanchait jamais sur les malheurs. Par contre sur les réseaux sociaux il lâchait de brefs sous-entendus.
— J’ai pécho une négresse aux gros nibards, les potes en compote !
Cerise sur la tarte meringuée, il y aura une salle de shoot privée et Paris by night sans le lido. Prestation nocturne à domicile, qui dit mieux ?
— Tu veux dire un bon spot à proximité du Grand Parvis ?
— Tous les étrangers sont des fabulateurs, l’homme rigide se rangeait facilement du côté de la loi au moindre couac dans une story.
— La loi n’est jamais appliquée en France ! Il y a trop de lois inapplicables. Pourquoi on n’entaulerait pas un emmerdeur harceleur ?
Le chauve s’apaisait. Puis se gargarisant de plaisir, avant de raccrocher son phone, il grommelait tout bas :
— Ces meufs n’ont que leur cul à montrer, je ne capte pas l’intérêt d’un thérapeute dans la parentèle. Après déballage de leur matos, pas la peine de s’impliquer dans leurs courts-circuits… Tout le monde sait, le meilleur de l’art africain est dans les musées occidentaux, alors pourquoi fast bony black girl s’empêtre, elle n’a qu’à réclamer leur restitution, au lieu de se pisser dessus en vociférant.
C’est lassant de discuter avec elle culture, de resasser des points de vue. Finalement, il vaut mieux finir dans son paddock et la calmer avec des cadeaux.
Le chauve clive ses relations. Il swing à la métisse flirteuse.
— Faut pas dire aux autres qu’on est ensemble.
J’ai de mon propre fait construit une réalité tactique pour la perfection habile de mon image froissée par les échecs répétés, comme une malédiction karmique.
Des événements ne me projetaient pas dans une vie normale.
Une blessure ouverte sans suture, saignante de temps à autre.
Ne jamais dire l’incroyable histoire.
Ce n’était rien de grave, de trop grave, juste une perdition.
Un chemin mauvais à ne pas suivre.
J’ai au fil du temps tourné le dos à cette histoire pour protéger intégralement ma carapace.
Faire peau neuve. Retrouver ce sentiment de liberté des prisonniers culpabilisant faits et gestes.
J’étais quelqu’un d’autre, pas un fuyard ni un menteur mais un éveillé tardif face à la cruelle réalité.
Une réalité qui consigne le refus d’être soi-même. Une mauvaise volonté, une obsession pour tout esprit fragile et délirant chutant dans la confusion.
J’ai trouvé à qui parler pour détruire ce passé troublant et humiliant.
J’insistais : c’était une erreur comme on en fait cent fois sans orgueil, sans volonté crédible.
Goût amer, lorsque l’on tente de se présenter neuf nickel chrome.
Rappeler sa souffrance son ignorance sa niaiserie.
Bouche close à demi-mot j’évoquais ma peur de décevoir.
On n’imagine pas La Havane laide courbaturée le long d’un mur défraîchi par la rage des bourrasques d’un océan.
Cette fraîcheur fait pousser des frissons.
On ne croit pas que la vieille ville endormie s’entasse dans des ruelles impossibles donnant sur de petites places mortes sous un demi-soleil.
Des enfants jouent autour des pigeons muets.
Des statues de bronze incongrues occupent le centre des places où des tables et des chaises sont posées sur le pavé bancal.
J’ai vu mes jours moroses dérobés à d’autres jours.
Tant pis. J’étais sans doute là pour fuir la réalité, une famille d’aigrefins à mes trousses me poussant vers les magasins d’État.
Il y avait Davis, celle qui m’écrivait mi amor , j’aime dire mi amor comme un compliment à ce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents