Coeur en location
278 pages
Français

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Description

L’oeuvre : L’auteur nous avait habitués aux images métaphoriques,à l’absolu de la Poésie et à la concision des textes de la Nouvelle.Son premier roman révèle un autre aspect fort intéressant quidévoile une habileté et un raffinement romanesque sensationnels.Coeur en location, retrace la vie sulfureuse d’une fille métisse quia grandi dans une décadence familiale. Elle sera convoitée de parsa beauté et sa gracilité. Tcha Tcha, de son nom d’emprunt, vacréer une nouvelle forme de fréquentation des hommes non loinde la prostitution. Elle connaîtra des déboires qui l’affligerontprofondément. La violence, la tricherie, la bigoterie, la drogue, ladéchéance politique, l’amour déçu et d’autres tares qui entraînentun rythme soutenu avec des enchaînements bien régulés. Tout leroman part d’une naissance controversée. Des jumeaux syriens,à l’origine d’une insouciance juvénile, chercheront plus tard àreprendre le cours de la vie. Dans cette atmosphère tantôt appesantietantôt interruptive auprès d’une mère recluse, Tcha Tcha résisteraaux dures fournaises de la vie.Une oeuvre qui ouvre des portes closes de la société.Une oeuvre relevée, dans une belle allure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 39
EAN13 9782723617147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cœur en location
Roman
Cet ouvrage a été édité grâce au Fonds d’Aide à l’Édition du Ministère de la Culture / Direction du Livre et de la Lecture.
© Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal ère 1 édition Dakar - 2018
ISBN : 978-2-7236-1714-7
Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal B.P. 260 - Dakar Tél. : (221) 33 822.15.80 Fax : (221) 33 822.36.04 E-mail : neas@orange.sn www.neas.afriseo.com
Abdoulaye Fodé NDIONE
Cœur en location
Roman
Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal
CHAPITRE 1
Le taxi roulait vers le centre-ville de Dakar, dans une longue le tantôt compacte, tantôt au compte-gouttes, tantôt uide. Une hypertrophie routière soutenue par un agent de police souvent occupé à chercher de l’ombre pour se soustraire de la canicule dévorante de la journée: voilà le visage quasi insupportable pour les usagers, du trac de la capitale sénégalaise semblable à celui des grandes métropoles. Le nouveau gouvernement venait de promulguer une loi, pour l’extension à l’admissibilité des carcasses d’autos importées. Des voitures d’occasion, venues de l’Europe et d’ailleurs, peuplaient déjà le port de Dakar. Un cadeau que venait de lâcher le nouveau chef suprême des décisions et qui pouvait sembler ubuesque pour le précédent gouvernement. Mais qui, à vrai dire, pour les sénégalais qui tiraient le diable par tous ses membres, pour un petit « quatre-roues», était une aubaine. Le nombre de voitures grimpait considérablement alors que la construction des routes ne suivait pas. Dakar s’asphyxiait lentement. Ce jour-là, Amath, assis au volant de son taxi, lorgnait dans le rétroviseur, le sublime visage installé à l’arrière. Son imagination vagabonde altérait déjà sa maîtrise du volant. Cette pétillante créature, apparue comme un astre, l’avait subjugué. Il dut, avec toutes ses aptitudes, se ressaisir pour contenir son émerveillement. Il avait vu son rêve, de plusieurs années, exaucé. Il venait à peine de boucler ses six mois de taximan après l’obtention de son permis de conduire, suite à moult tentatives.
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Le jeune homme caressait la poignée du levier de vitesse avec lenteur. Son taxi était presque sa seconde chambre ; il y passait plusieurs heures de la journée. Son apprentissage, dans ce milieu de macho, l’avait formé dans le respect et dans l’application stricte du code de la route que, souvent, ses autres collègues chauffeurs oubliaient chez eux, peu après la conquête du sésame. Lui, c’était autre chose. Il cherchait à bien faire son métier, sachant qu’à la moindre complication, son oncle, propriétaire de la voiture, allait résilier son contrat verbal et abusif, sans préavis. Amath replongea dans son rétroviseur, cette fois-ci hors de la cabine, en penchant légèrement sa tête pour mieux contrôler les voitures collées à l’arrière de son taxi orné tel un havre. Il suait de tout son corps. Sa chemise, à moitié, collait à sa peau. Il ne lui manquait que la climatisation pour rivaliser avec la luxuriance du bitume. Hélas, un taxi climatisé serait un rêve par rapport aux tarifs négociés à Dakar. La chaleur était présente, certes, mais sa vision troublée par la beauté de sa cliente y était aussi pour quelque chose. Il découvrit pour la première fois cette sensation de bien-être avec un client, depuis le début de sa nouvelle profession. Une impuissance d’exprimer ce feu intérieur qui le brûlait et qu’il ne voulait pas sentir disparaître, l’envahissait. Quelques minutes plus tard, il rangea la voiture sur le bas-côté du lieu indiqué et se retourna vers l’arrière pour réclamer le montant négocié depuis le départ. À son grand étonnement, la lle déclara : – Peux-tu m’attendre encore ? – Pourquoi ? s’étonna Amath. – Pour une autre course. Je paierai tout, proposa la lle avec assurance.
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– Oui, oui, répondit Amath, presque au bord de l’implosion. Il était littéralement séduit. La lle descendit et enla la petite ruelle taillée au milieu du gazon qui menait vers une grande porte en aluminium vitrée avec une teinte opaque. Une entrée vigiléeencadrée. Du haut de cette grande strictement porte, il était inscrit : Banque pour le Développement des Entreprises - BDE, en écriture dorée. Amath xait du regard la lle qui marchait avec élégance. Un déhanchement cadencé et preste. Ses longues jambes moulées dans un pantalon en lin blanc froissé et un haut nement brodé qui laissait voir la forme généreuse de sa poitrine, presqu’une agression érotique. Elle étaitélancée, le teint clair métissé. Ses cheveux étaient coupés court. Au milieu de sa tête, un sillon divisait ses cheveux en deux parties symétriques. Elle marchait souplement avec sesun-mètre quatre-vingtde hauteur. Une aisance naturelle qui la mettait facilement au centre des regards croisés. Une beauté sans oritures pensa indélicatement Amath. Il revit, dans sa tête, le trajet de sa cliente depuis le départ du quartier Dieuppeul, en passant par l’avenue Bourguiba, la Rue 10, le Boulevard du Centenaire jusqu’aux abords du centre-ville. Il ne comprenait pas, du coup, cette envie de rester avec cette créature. C’était plus fort que lui. Il coucha le dossier de son siège confortablement, ouvrit le petit tiroir situé à côté du volant, choisit un cd de musique et l’introduisit dans la fente du lecteur. Le son monta d’un cran. Amath était un adepte duMbalaxcomme la plupart des jeunes de sa génération. Puis, il s’allongea et sourit mécaniquement. Il était heureux !
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Une demi-heure plus tard, Amath commençait à s’impatienter. Des questions s’entrechoquaient dans sa tête :N’a-t-elle pas disparu par une autre sortie ?.Dois-je entrer dans la Banque pour la chercher ?Mais le souvenir éblouissant de ce visage le comprimait, le refroidissait et l’enthousiasmait à la fois comme une euphorie d’attente d’un premier rendez-vous amoureux. Il se convainquit d’une quelconque attitude sérieuse de la lle qui n’avait aucune source tangible. Il ne la connaissait pas. Sa seule beauté qui le paralysait, était la raison pour cette excuse. La porte de la banque s’ouvrait à un rythme régulier et laissait sortir ou entrer, tantôt une ou plusieurs personnes. Mais pas une ombre de la belle silhouette. Les minutes s’écoulaient. Le temps s’alourdissait. Une heure plus tard, Amath redressa son siège, coupa le son et sortit de la voiture. Il s’adossa sur la portière-avant. Visiblement, la fascination qu’exerçait la lle commençait à se dissiper. Il devenait inquiet et commençait mentalement à calculer l’argent perdu. Le temps perdu qui ne sera pas remboursé. Une perte. Il s’interrogea de nouveau :Pourquoi est-il resté autant avec une conIance presque naturelle ?Il pointa de nouveau son regard vers la porte de la banque, au même moment, et comme par miracle, apparut la lle, l’allure conservée, l’aisance reconstruite. Elle marchait à un rythme plus chaloupé. Amath laissa un petit sourire aux coins de ses lèvres. Son cœur se réchauffa, il frémissait comme un homme au premier baiser. Empoignant sa portière, il l’ouvrit et s’installa. Son inquiétude s’était envolée. – J’ai mis du temps, lança la lle avec nesse, avant de s’installer sur la banquette arrière en reprenant sa position initiale. – Oui, tu as mis du temps, répondit Amath avec une fausse nervosité.
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– Tu seras payé correctement. Ne t’inquiéte pas. Maintenant roule vers la rue Jean Jaurès, à côté du Marché Sandaga. Tu connais ? – Bien entendu ! La lle tira de son sac à main une petite boîte métallique et l’ouvrit. Elle se pouponna, tira son téléphone portable et enfonça une de ses touches programmées. – Allô, Allô… Chéri, je ne resterai pas longtemps pour toi aujourd’hui. – … – Si c’est ça, alors je te donnerai tout mon temps. Ciao. Elle rangea son mobile et enchaîna vers Amath avec plus d’aisance. – Je t’ai fait trop attendre, mais ce n’est rien. Comment t’appelles-tu ? – Moi ? – Oui toi, qui d’autre ici ? – Je m’appelle Amath, dit-il comme un petit garçon qui débute sa scolarité. – Tcha Tcha. – Tcha Tcha ? – Oui, c’est mon nom, conrma-t-elle sans commen-taire, avant d’enchaîner : je voudrais aussi que tu m’at-tendes encore. Bien entendu, je paierai d’avance, si tu es d’accord ! – Pour moi, il n y a aucun problème. Je peux même te suggérer de payer la journée une bonne fois, cela te facilitera mieux les trajets. – Combien ? – 25 000 F – Je suis d’accord, les voici déjà. Comme ça, je suis sûre que tu m’attendras. – Pourquoi dis-tu cela mademoiselle ?
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– Je dois t’inspirer conance. – Cela me va ! répondit Amath, satisfait au fond de lui. L’échange se bloqua sur cette réponse d’Amath avant que la musique, à nouveau, n’emplît l’absence de conversation. Tcha Tcha s’occupa durant le trajet avec son téléphone. Le taxi arriva enn au point indiqué. Elle descendit et referma la portière en s’élançant vers un immeuble, cette fois-ci, plus haut et plus moderne. Amath se cala davantage à son siège et se laissa bercer par la musique. L’activité grouillante de l’avenue lui offrit son spectacle pour l’attente. Sa journée avait été payée gracieusement pensa-t-il. Plus d’effort à consentir pour le versement journalier du taxi. Il en avait plus qu’il n’espérait.
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