CHRONIQUE D’UN DEPART DIFFÉRÉ
136 pages
Français

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CHRONIQUE D’UN DEPART DIFFÉRÉ , livre ebook

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Description

Partir quand on a déjà tout construit, pour pouvoir vivre une nouvelle idylle avec son amoureux venu d’Occident ? Quand on est femme et mère au Maroc, la chose est perçue comme une lubie de vieille écervelée ; quand, par ailleurs, on flirte avec lacinquantaine, cela paraît surréaliste!Le fera-t-elle ou finira-t-elle par retrouver ses espritset reprendre une vie normale, telle que tous la conçoivent pour elle, dans une société où l’individu étouffe sous le poids du collectif?Ce roman sur le mode délibératif se décline en une suite de péripéties qui vont peser inéluctablement sur la balance de la prise de décision...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9789954744932
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHRONIQUE
D’UN DEPART DIFFÉRÉ
Roman© Editions Marsam 2020
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Imprimerie Afrique Orient, 2020
Dépôt légal : 2020MO0264
I.S.B.N. : 978-9954-744-93-2
Couverture
Nadia Ayoub
« Là-bas », acrylique 24 x 32cmNadia Ayoub
CHRONIQUE
D’UN DEPART DIFFÉRÉ
RomanSommaire

Nuit d’insomnie ...........................................................5
La marmaille...............................................................11
Le boulot... .................................................................15
Le Gaouri ...................................................................19
Une belle histoire .......................................................25
La nana du Gaouri ......................................................39
L’enfant de l’Apatride ................................................45
Le périple casablancais... ............................................51
Rencontre du troisième type... ...................................55
L’escapade écourtée ...................................................61
Tu veux devenir «zmagria» ? .....................................71
Nada ...........................................................................83
Le déclic .....................................................................99
A votre service, Madame ! .......................................105
L’honneur des hommes ............................................115
La Réconciliation .....................................................119
Un malheur n’arrive jamais seul ..............................125
Epilogue ...................................................................133
4 Ce récit inspiré de la réalité est une fction ,
une pure construction intellectuelle,
issue de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages,
des lieux, des actions ou des situations
mentionnées ne serait que pure coïncidence.
«Tout homme a le droit de partir, c’est son pays qui doit le persuader
de rester(...) Le pays où tu peux vivre la tête haute, tu lui donnes tout,
tu lui sacrifes tout, même ta propre vie ; celui où tu dois vivre la tête
basse, tu ne lui donnes rien.
Qu’il s’agisse de ton pays d’accueil ou de ton pays d’origine. La
magnanimité appelle la magnanimité,
l’indifférence appelle l’indifférence ...
Telle est la charte des êtres libres et, pour ma part,
je n’en reconnais aucune autre.»
Amin Maalouf- Les Désorientés
5 A celle qui est restée sur l’autre rive
Avec tout mon amour.Nuit d’insomnie

Là-bas, à l’horizon,
Un bateau quitte le port...
Et moi, de mon promontoire,
Je rêve de grands départs...

Samira se retourna pour la énième fois dans son lit ce soir-là. C’était
une nuit de pleine lune, en plein mois d’Août, un chien hurlait à s’en
extirper les boyaux et un moustique tenace avait décidé de jouer son
concert tout contre son oreille, déjà alerte. Comme si cela n’était pas
assez, avec le fot de pensées tourmentées qui agitaient son esprit, ces
derniers temps, et qu’elle n’arrivait presque jamais à chasser, en dépit
de tous ses efforts ! Elle avait beau s’occuper toute la journée, chercher
des distractions de toutes sortes, s’infiger des heures de lecture
chaque soir avant de s’endormir, son esprit n’était jamais apaisé. Le
pouvait-il seulement ? Pouvait-elle trouver le moindre répit, à présent
qu’elle se trouvait placée dans l’urgence de prendre une décision qui
chamboulerait défnitivement et irrémédiablement la petite existence
réglée qu’elle avait réussi à mettre en place, après de longs et laborieux
efforts ?
Elle le savait, pourtant, qu’elle devait choisir, et Robert, son
compagnon, bien conscient de la gravité de la situation, lui avait accordé
le temps nécessaire à une réfexion bien pesée, et d’où sa propre action
à lui devait découler. Par amour pour elle, et pour pouvoir rester à ses
côtés, il avait décidé en quelque sorte de mettre une sourdine à bon
nombre de ses projets personnels et professionnels. Pendant quelque
temps, il avait pu tout concentrer en elle et se fxer dans son sillage,
conscient, cependant, et elle aussi, que cela ne saurait éternellement
7 durer. Juste le temps nécessaire pour que l’un ou l’autre soit prêt pour
une formule plus viable et plus épanouissante à long terme, pour leur
vie de couple.
Là, il ruait dans les brancards, n’en pouvant plus de si longues
années d’un immobilisme qui ne pouvait qu’être fatal à ses plans de
carrière, et cela, sans compter avec sa passion infnie pour l’exploration
géographique et la conquête de nouveaux horizons. Elle voyait bien
que la situation commençait à devenir intenable, que leur relation
risquait d’en être affectée. Elle le savait maintenant, qu’elle était
arrivée à un tournant et qu’elle devait décider si elle voulait continuer
à lier sa vie à celle de cet homme venu d’ailleurs, ou si elle devait le
laisser poursuivre son chemin. Car, et cela aussi, elle en prenait acte au
quotidien, elle avait lié sa vie à celle d’un nomade dont le regard était,
jusqu’au jour de leur rencontre, constamment tourné vers le lointain.
Leur vie commune était pourtant arrivée à ce stade de maturité
d’une relation amoureuse faite de tendresse, de petites attentions, de
compréhension, et d’une patience à toute épreuve. Dans son entourage,
les gens avaient commencé à parier sur le délai qui mettrait fn à cette
idylle entre deux mondes, deux cultures, deux modes de vie et de
pensée, mais depuis quelques années, tous avaient pu les féliciter pour
la force de leur amour, et la solidité de leur couple, étonnés qu’ils
étaient de toujours les voir marcher dans la rue, main dans la main, et
les yeux toujours remplis de mansuétude autant que d’amour l’un pour
l’autre.
Ils avaient tous deux dépassé l’âge de raison, et chacun avait eu
de son côté une vie, une histoire, un passif. Avant de le connaître,
elle revenait du désastre d’un mariage sans harmonie, dont elle avait
supporté les interminables péripéties et distorsions pendant de trop
longues années, par égard pour l’âge encore tendre de ses enfants,
mais aussi parce qu’elle était terrorisée à l’idée de se retrouver du jour
au lendemain sans ce titre pour lequel entourage et voisinage avaient
tendance à respecter une femme, celui d’épouse d’Untel !
Son émancipation de ces premières épousailles avait été longue,
pénible, mais défnitive ! S’ensuivirent encore quelques tentatives, pas
très heureuses de se consoler dans quelques aventures qui s’étaient
8 révélées sans lendemain, mais dont elle avait tiré de grandes leçons de
vie. À présent, se disait-elle souvent, elle pouvait organiser sa vie de
couple renouvelée en étant affranchie de tout lien avec le passé.
Mais c’était vite dit !
Il y avait encore ses deux enfants. Bien que déjà grands, leur
éducation était encore en cours, et le chemin vers l’autonomie
promettait de se prolonger encore pour quelques années.
Samira décida de couper court à ces pensées obsessionnelles qui
hantaient ses moments de répit et lui donnaient des insomnies. Elle se
leva pour aller boire un verre d’eau et prendre un peu d’air frais, tout
en vérifant que tout allait bien dans la maisonnée.
— Oh ! Pourquoi faut-il avoir des gosses ? s’entendit-elle crier
d’un air excédé, en découvrant le chaos laissé dans l’espace commun.
Elle essuya cette pensée malsaine d’un réfexe machinal, résidu
d’une croyance antique faite de crainte et de superstition, et qu’elle
avait ingurgitée à son corps défendant, durant de longues années de
socialisation dans un univers bâti sur un socle de traditions ancestrales,
que presque rien ne pouvait démanteler.
Au fnal, rien qui mérite qu’elle regrette d’avoir eu ses deux
enfants, la prunelle de ses yeux, la source première de sa joie, cette
belle lumière qui a rempli sa vie depuis le jour où elle a eu la bonne
idée de les avoir.
En même temps, elle se rappelait la pression que le père de ses
enfants avait exercée sur elle quand elle était jeune et qu’elle voulait
réféchir avant de se lancer dans la procréation. Etant enfant unique,
il avait, dès le début de leur mariage commencé à la supplier de lui
donner des enfants qui rempliraient sa vie et qui lui donneraient un
sens. En contrepartie, il promettait de s’occuper d’eux plus qu’un
père, mieux qu’une mère ; qu’il ne les laisserait jamais manquer de
rien, qu’elle ne sentirait jamais le poids de la maternité, ni les longues
nuits d’insomnie consécutives à l’enfantement, qu’ils formeraient
une famille heureuse et épanouie ! Elle avait obtempéré. Il avait très
vite oublié ses promesses, et, par la même occasion, ses devoirs les
9 plus élémentaires, que ce soit en tant que père ou en tant qu’époux !
C’est pourquoi, d’ailleurs, elle râlait de temps à autre, quand il lui
arrivait de se sentir dépassée par ce double rôle qu’elle avait dû jouer
pour compenser la désertion de celui qui aurait dû être un soutien
pour la petite famille, mais qui n’avait réussi qu’à être une charge
supplémentaire.
Après son départ, elle avait éprouvé du soulagement à pouvoir,
enfn, concentrer ses efforts sur ses propres enfants, au demeurant, pas
plus turbulents, ni moins responsables que d’autres gamins de leur âge
et de leur environnement social.
Un robinet qui coule, une ou deux lumières non éteintes, quelques
coussins par terre, et des restes d’agapes nocturnes ! Mais rien de bien
anormal ni de dramatique... juste le laisser-aller ordinaire de ses deux
garnements !
Après avoir réparé les oublis et pallié les multiples négligences
d’un geste machinal, presque résigné, elle retourna dans son lit,
résolue à ne plus se laisser perturber par ce genre de petites tracasseries
interminables et à trouver coûte que coûte le sommeil.
— Demain est un autre jour, soupira-t-elle avant de rabatt

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