Chemins oniriques
92 pages
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Chemins oniriques , livre ebook

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Description

« Énervée et n'y tenant plus, Germaine sortit une sonnette et l'agita violemment : tous les convives se turent, interloqués. Un grand silence se fit. Elle se leva et se précipita vers la cuisine. Dix minutes plus tard, elle n'était pas revenue. Son mari se leva à son tour, entra dans la cuisine. On entendit un grand cri. Tous se ruèrent : un spectacle de désolation les attendait ; madame G. était étendue sur le carrelage... » Ce recueil de nouvelles, dont certaines sont inspirées du vécu de l'auteur, est une mosaïque des genres, tantôt tristes, tantôt amusantes, à la chute toujours étonnante ! Ces douze histoires passionnantes sauront charmer le lecteur grâce à leur diversité et à leurs thématiques variées. Un puzzle où l'imaginaire côtoie les souvenirs et emmène le lecteur dans un univers chargé de rêves et d'émotions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057492
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chemins oniriques
Jacques Gros
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Chemins oniriques
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
« Le roman est un mariage, la nouvelle une liaison brève et intense ? »
Russell Banks, États-Unis.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://jacques-gros.societedesecrivains.com
 
 
 
Mosaïque – « mesclun » – d’histoires courtes tirées du vécu
de l’auteur de Vite, Rêvons… sur les chemins du temps ,
Chemins oniriques est un recueil de douze nouvelles passionnantes où l’imaginaire côtoie les souvenirs
riches en expériences de l’auteur.
 
Peinture d’une société décadente ( Un souper mémorable)
Contes ( La pie jacasse , Noël rouge , Tapis vole !, Hop ! et rat ! )
Souvenirs de peurs enfantines ( Chouettes Peurs )
Science-fiction ( Triste Clone )
Polar ( La Dent bleue )
Violences du passé ( Le Miroir magique )
Voyages extraordinaires ( Cendres éternelles, La Conquête de l’Est )
Énigmes ( Bonington )
 
Chouette, pie, vache, souris, jouent à cache-cache
avec les sentiments de l’auteur et nous emmènent
dans un univers d’émotions, de rêves et de feux de paille.
 
La pie jacasse
« Et puis, il faut toujours faire attention aux fenêtres ouvertes. »
John Irving, États-Unis.
 
 
Julie se tient debout dans l’embrasure de la fenêtre grande ouverte de sa chambre : elle ferme les yeux et emplit ses narines, puis ses poumons, des senteurs des eucalyptus de la propriété. Il est tôt ce matin et les premiers rayons du soleil chauffent les arbres du parc.
Au fond, un grand chêne américain voit les gouttelettes d’eau, accumulées sur ses larges feuilles par le brouillard matinal, se condenser et tomber en pluie.
 
Comme tous les matins, Julie s’est éveillée de très bonne heure. Dans l’étang du parc, les nénuphars viennent de s’ouvrir, preuve qu’il est 7 heures du matin. Un peu plus tôt, elle a observé les belles-de-jour à 5 heures, suivies des fleurs bleues de lin à 6 heures… Elle adore la précision de ces horloges florales.
Depuis plusieurs heures les oiseaux chantent. Julie répète à haute voix :
— La pie jacasse, l’alouette turlutte, le corbeau croasse, l’étourneau pisote, la fauvette zinzinule, l’hirondelle gazouille, le merle siffle, le moineau pépie, le rossignol chante…
Julie aime prononcer les noms de ces cris d’oiseau et tape dans ses mains dès qu’un cri connu perce l’air frais du printemps. Elle les reconnaît tous, même si certains ne sont pas du matin comme le rossignol.
 
Elle a un moyen mnémotechnique pour se rappeler cette comptine : la pie jacasse lui rappelle la jaquette du marié… le noir et le blanc, le deuil et la vie… au fait, a-t-elle été mariée ? Une angoisse sourde emplit son corps…
L’alouette turlutte, Éros ou fanfare du mariage ? Le corbeau, le noir du curé ? Que c’est laid « croasse » ; quelle noirceur d’âme soudain la trouble-t-elle ? Elle hait les corbeaux ! L’étourneau pisote. Pisote, cela la fait rire… Le hibou bouboule – c’est rigolo ! Le roitelet zinzibule – vous avez dit bizarre ? Zinzibule : pourquoi certains murmurent-ils « zinzin » quand elle passe devant eux ? Le ramier caracoule – cool ! Le joli gazouillis des hirondelles, doux gazouillis des enfants : elles sont là, les hirondelles, alignées sur les fils téléphoniques du parc, sans doute pour la saluer.
Le merle qui sifflait dans son enfance : « Allons enfants… Allons enfants… Allons enfants… » sans fin et sans finir la phrase (elle habitait alors près d’une caserne où les soldats chantaient à tue-tête La Marseillaise …) La caille cacabe… Le moineau pépie, où es-tu Papie ? À ce soir, cher rossignol de mes amours…
Julie est heureuse : tous ces oiseaux sont ses amis, nul doute qu’ils sont tous là pour elle en concert privé !
Un concert ! Cela lui rappelle qu’il va y avoir un bal ce soir, il faut qu’elle se prépare pour être belle ; belle pour qui ? Elle est seule dans la tour de cette bâtisse du domaine de Lumen, une ancienne abbaye cistercienne du xiii e  siècle. Les autres occupants des lieux ont emménagé dans les étages inférieurs. Parfois, certains entrent dans sa chambre la nuit, puis repartent silencieusement, juste pour la regarder… Elle sera belle pour elle !
 
Elle reprend sa comptine : « La pie jacasse… » mais quand elle arrive pour la énième fois au corbeau, elle se trouble, tremble et saisit une canne. Elle s’appuie fermement sur sa canne, un makhila de berger basque, mais les nœuds du bois de néflier sauvage de la canne lui semblent s’animer, la regarder comme les yeux du serpent Kaa dans Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling hypnotisaient Mowgli : « Aie confiance. » Le makhila se tord, ondule, et quand Julie croit entendre des sifflements, elle crie et jette la canne loin d’elle ; privée d’appui, elle s’écroule et s’évanouit.
Quand Julie revient à elle, le soir est arrivé. La canne gît dans un coin de la chambre, morceau de bois raide et inoffensif.
Alors, elle se relève et pense aux préparatifs du bal : vite ! Boire un grand verre d’eau, prendre un bain, se coiffer, se maquiller, bref reprendre des couleurs et redevenir la Julie du matin !
Elle met sa belle robe aux fleurs printanières, ses escarpins, un collier et un bracelet que sa mère – sans doute – lui a offerts, se regarde dans le miroir, se recoiffe une dernière fois et descend.
* * *
Deux choses frappent ses esprits quand elle pénètre dans la grande salle : les musiciens sont tous habillés de blanc, du pianiste au trompettiste en passant par la basse et la grosse caisse. La salle n’est pas décorée : ni banderoles, ni oriflammes, ni serpentins… Comme atmosphère de fête, on peut faire mieux !
Elle veut protester : ils vont gâcher sa fête !
Elle crie de plus en plus fort…
Deux hommes en blanc la saisissent par les bras, l’entraînent hors de la salle et la ramènent dans sa chambre ; la clef tourne dans la serrure…
Julie se calme, ouvre en grand sa fenêtre et monte sur le rebord.
Elle ouvre grand les bras, hurle :
— La pie jacasse !
Et s’envole… Elle est libre !
Un souper mémorable
Germaine G. est la femme d’un notaire réputé de province, maître Philippe G., qu’elle avait épousé il y a plusieurs dizaines d’années par le truchement des petites annonces du « Chasseur français ». Le couple avait adopté un garçon qui poursuivait des études de notaire : on était notaire de père en fils et arrière-petit-fils et bien au-delà – ou en deçà – dans la famille de maître G.
 
Germaine G. avait décidé d’organiser une soirée, ou plus exactement un souper, pour inviter des personnalités de haut rang : cela serait peut-être utile pour la fin de carrière de son mari, une Légion d’honneur, voire la mairie de leur ville… Ils allaient être une dizaine à table. Elle pensait naturellement à monsieur le préfet et sa charmante épouse (ne disait-on pas toujours « charmante » épouse ?), monseigneur l’évêque, le président du syndicat des hôteliers et madame, le doyen de la faculté de médecine et madame, et l’ingénieur en chef d’une grande société d’aéronautique. Tous répondirent présents.
La maîtresse de maison avait donné comme recommandation que chacun apportât une bouteille de vin ou de liqueur. Ce qui fut fait.
Le souper se voulait festif, productif et de grande qualité. Germaine avait fait dresser par les deux domestiques une table recouverte d’une nappe damassée aux initiales brodées et tendrement enlacées « G&A » (car son nom de jeune fille était Anatola). Sur cette nappe étaient disposés une vaisselle de Limoges Bernardaud, des couverts argentés signés Christofle et des verres de cristal Baccarat, toutes les pièces étant personnalisées « G&A ».
La préparation du repas avait été tendue : Germaine était fort exigeante et les réprimandes envers Marie et Jérôme, les domestiques, nombreuses : « Fainéants, incapables, minables… » Marie, la bonne, ne s’appelait pas Marie, et Jérôme, le serviteur, ne s’appelait pas Jérôme ; Germaine appelait tous ses domestiques Marie et Jérôme. Elle en était ainsi à son troisième couple de Marie et Jérôme : cela lui semblait plus pratique. Elle finissait par les prendre tous en grippe et à les congédier…
Ce dernier duo de Marie et Jérôme lui déplaisait fortement, d’autant qu’elle les avait surpris échangeant de tendres baisers… chez elle ! La réputation de sa maison pouvait en souffrir et cela, elle ne le tolérerait pas !
Pour un souper festif, il fallait un apéritif festif, aussi opta-t-elle pour une sangria à base de vin rouge : rioja cépage tempranillo, couleur rouge grenat provenant des vignes magnifiquement alignées et entretenues le long du Camino francés, le chemin des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Monseigneur l’avait apporté de Logroño, la capitale de la Rioja. On ajouta oranges, citrons, et un bon verre de cognac Grande Champagne apporté par l’ingénieur. La sangria accompagnait de superbes toasts de foie gras de canard du Quercy, des toasts au caviar de Gironde, du jambon iberico et des « rôties » au grillon d’oie charentais.
L’apéritif se...

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