Carnet de bord
125 pages
Français

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Description

La vie de Jocelyne Pelletier bascule lorsqu'elle reçoit un appel d'un ancien étudiant. Pourquoi Steve Peterson tient-il absolument à la rencontrer après tant d'années? Pourquoi sent-elle que son fragile bonheur est si menacé? La réponse réside-t-elle dans le carnet de bord de l'adolescent?
L'auteure de Marraine, qui a séduit un nombre impressionnant de lecteurs, revient en force avec un nouveau roman où elle réaffirme son sens inné de l'intrigue bien ficelée et des personnages bien campés. Le résultat : un de ces romans qu'il est si difficile de mettre de côté tant qu'on n'en a pas lu le dernier mot.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782896990733
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
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Crédits - Achevé d'imprimer
CARNET DE BORD
DE LA MÊME AUTEURE CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
Marraine, roman, Ottawa, 2008 (lauréat au Prix littérature éclairée du Nord, 2009)

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Koscielniak, Hélène Carnet de bord : roman / Hélène Koscielniak.
(Collection Vertiges)
ISBN 978-2-923274-17-1
I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges
PS8621.O83C37 2009 C843’.6 C2009-905389-6

Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 306 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.




Papier ISBN : 978-2-923274-17-1
PDF ISBN : 978-2-89699-072-6
ePub ISBN : 978-2-89699-073-3

© Hélène KOsCIELNIAK et Les ÉDITIONS L’INTERLIGNE
Dépôt légal : troisième trimestre 2009
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays
À Zyggy
Dans la vie courante, dans ses relations avec ses pareils,
l’homme doit se servir de sa raison, mais il commettra
moins d’erreurs s’il écoute son coeur.
Pierre Lecomte de Noüy
1

ELLE SAVOURAIT PLEINEMENT le jet d’eau chaude qui lui massait agréablement le dos. Son corps meurtri par les exercices d’étirements, les escalades et l’immobilité forcée se détendait petit à petit. La peur folle qui l’avait saisie au moment où elle avait cru entendre une bête sauvage avait crispé tous ses muscles en un nœud douloureux. Elle courba le corps pour offrir sa tête à cette pluie bienfaisante et se massa le crâne pour démêler sa longue chevelure, plutôt sel que poivre. Après s’être frictionnée avec un savon à odeur de thé des bois, elle laissa couler l’eau sur sa poitrine aux seins menus afin d’enlever la mousse qui s’y accrochait encore en petites bulles.
Depuis combien de temps se trouvait-elle sous la douche ? Difficile à évaluer. Le temps cessait d’exister lorsqu’elle se laissait aller à ces délicieuses sensations. Une pensée durait combien de secondes ? Impossible à dire. D’ailleurs, elle ne voulait pas penser mais se livrer exclusivement au plaisir du staccato des aiguilles liquides. Elle s’accorderait une autre dizaine de minutes de cette thérapie bénéfique.
Mais voilà que le téléphone se mit à sonner. Et elle avait encore oublié son portable ! Elle ne s’habituerait jamais aux nouvelles technologies. De peine et de misère, elle avait réussi à apprendre à faire fonctionner le magnétoscope afin d’enregistrer un film. Par contre, malgré les exhortations de Philippe qui insistait pour qu’elle s’achète un ordinateur, elle ne s’était pas encore laissé convaincre. Elle était et resterait une personne de la terre. Une amatrice de la nature plutôt qu’une friande de gadgets à boutons.
Elle laissa sonner. Si c’était important, on rappellerait.
Toutefois, si c’était Philippe ou Caroline ?
La sonnerie persistait.
Maugréant, convaincue que l’appareil se tairait au moment où elle décrocherait le combiné, elle ferma le robinet, attrapa une serviette et fila vers le téléphone. Une voix grave, masculine, totalement inconnue, la salua.
— Ma’me P. ?
Ma’me P. ? Il y avait belle lurette qu’elle n’avait entendu cette façon de s’adresser à elle. Ses élèves avaient l’habitude de l’appeler ainsi.
— Ma’me P. ? Vous êtes là ? Madame Jocelyne Pelletier ?
— Oui.
— Vous ne me reconnaissez pas ?
— Non... je ne vois pas...
— Vous ne pouvez m’avoir oublié...
Un ancien étudiant ? Non, plutôt un vendeur rusé qui sondait le terrain pour venir ensuite la harceler ou un cambrioleur potentiel vérifiant s’il y avait quelqu’un sur les lieux. Impatientée, surtout qu’une flaque d’eau se formait lentement à ses pieds, elle demanda d’une voix sèche :
— Qui êtes-vous ?
— J’ai donc raison, vous m’avez oublié ?
Assez pour le petit jeu de devinette. Elle avait déjà eu sa ration d’émotions fortes aujourd’hui. Elle allait déposer le combiné lorsque la voix déclara :
— C’est moi, Ma’me P. Steve. Steve Peterson.
Steve Peterson ! Comment aurait-elle pu reconnaître l’adolescent qu’elle avait connu dans cette voix d’homme ? Une peur déraisonnable la saisit.
— Non... je ne t’ai pas oublié. Tu... tu es de passage ?
— Non, mais je compte être à Kapuskasing le mois prochain. Serait-il possible de vous rencontrer ? J’aimerais discuter de certaines choses avec vous. Pourriez-vous me réserver un après-midi ?
Certaines choses à discuter ! Tout un après-midi !
— Au... au début du mois prochain ? Oui... je crois que... oui. Où... demeures-tu maintenant Steve ? Que fais-tu ?
— À Régina. Je travaille pour la GRC.
La GRC ! La voix tremblante, elle demanda :
— Et tu viens te balader dans ton ancien coin de pays ? Pour revoir tes amis ?
Pourtant, il en avait eu peu. Elle s’en souvenait très bien.
— Non, non. C’est vous que je tiens à voir. J’ai à vous parler.
Trois jours de route pour une simple visite ?
— Je suis heureux d’avoir enfin pu vous joindre. J’ai appelé plusieurs fois mais vous étiez toujours absente. Écoutez, je regrette, je dois raccrocher, on m’appelle. Je vous vois donc sous peu. Je confirmerai mon arrivée dès que je serai sûr de la date. À bientôt, Ma’me P.
Jocelyne déposa lentement le combiné. Steve Peterson ! Mon Dieu ! Après tout ce temps !
Heureusement qu’elle avait tout gardé.
2

ANGOISSÉE, elle retourna dans la salle de bain pour compléter sa toilette. Steve Peterson ! Jamais elle n’aurait cru, pourtant...
Aimez-vous la musique Ma’me P. ? Moi je l’aime au boutte ! Je passe beaucoup de temps à écouter mes disques et à jouer de la guitare. Pendant ce temps-là, je n’entends RIEN d’autre. A real blessing !!!
Elle ne l’avait certes pas oublié. Comment l’aurait-elle pu ? Plus grand que la moyenne, les cheveux blonds, les épaules carrées, le regard circonspect, cet adolescent à l’allure calme et posée arborait, le premier jour de classe, une expression difficile à définir. Elle se souvenait surtout de l’affreuse balafre d’un mauve agressif qui naissait sous le menton et descendait le long du cou pour aller se perdre dans le « v » de sa chemise.
Toute cette violence...
Elle endossa sa robe de chambre et se rendit à la cuisine pour se verser une tisane. Les mains tremblantes, elle faillit se brûler les doigts. Elle déposa sa tasse sur la table près du canapé devant le grand pan de mur vitré. Habituellement, le splendide tableau panoramique que lui offrait la nature la réconfortait. Confortablement assise dans son fauteuil, elle aimait regarder la rivière poursuivre sa route, calme et immuable. Lors des soirées sans nuages, elle jouissait du magnifique spectacle qu’offrait le soleil dans sa descente derrière le mur dentelé de la forêt boréale.
Sa maison en forme de « A » majuscule accroché à un « n » minuscule ressemblait plus à un chalet d’été qu’à une demeure permanente. Quelques années plus tôt, après le mariage de Caroline et le départ de Philippe pour l’université, Johnny et elle avaient construit ce refuge. Ils avaient mis beaucoup de temps à planifier chaque détail.
La décision la plus importante avait été le choix de l’emplacement. Tous deux voulaient vivre en campagne. Amateurs de pêche, ils avaient immédiatement été enchantés par ce terrain rectangulaire de plusieurs acres qui longeait la rivière Kapuskasing. Bordé au sud par de jeunes trembles et quelques cèdres, au nord par une épaisse rangée de sapins, l’endroit assurait l’intimité qu’ils cherchaient sans pour autant les éloigner du centre-ville. Ils n’avaient qu’un voisin, monsieur Saint-Pierre, un veuf octogénaire.
Son espace favori se situait sous la pointe du « A ». Un plafond cathédrale aux lourdes solives rustiques surplombant une grande pièce ouverte qui faisait office à la fois de cuisine, de salle à manger et de salle de séjour. La lumière y entrait à flots du matin jusqu’au soir, ce qui donnait l’impression de vivre à l’extérieur, au grand air. Parce qu’elle en avait exprimé le désir, Johnny lui avait construit, après coup, un charmant loft. De ce nid d’aigle, la vue sur la rivière était spectaculaire. C’est là qu’elle avait organisé sa bibliothèque consacrée au jardinage et à l’horticulture.
Plo

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