Carnage, mon amour
67 pages
Français

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Carnage, mon amour , livre ebook

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Description

« Carnage, mon amour » est l’histoire d’amour d’un couple parisien, vécue entre 2009 et 2022.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2023
Nombre de lectures 12
EAN13 9782312127897
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Carnage , mon amour
Thomas Pelthieu
Carnage , mon amour
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-12789-7
Le baiser
Fin janvier 2009, il est 19 h 15, je dis au revoir à Claire, ma femme, depuis l’escalier, elle est bien installée dans le canapé devant la télé. Bien installée oui, elle sait adopter des poses confortables chez elle, et le raffinement de son habillement embellit davantage la scène.
Quelques minutes de marche, j’arrive au métro sur la ligne 13. J’ai avec moi le journal le Figaro, je ne sais pas pourquoi, je n’achète à l’époque jamais ce journal, j’ai tout juste moins de 40 ans. Je m’installe dans une rame, m’appuie contre une vitre, et ouvre mon journal.
Je suis attendu place de Clichy à la brasserie Charlot, pour manger des fruits de mer avec un ami, Martin, qui me fait toujours signe quand il rentre des États-Unis. Ce sont toujours des très bonnes soirées, on mange, on boit et surtout on parle littérature, sociologie, des femmes, d’éducation… la discussion est toujours libre dans son écrin parisien. Nous sommes tous les deux patrons de PME , les échanges sont limpides.
Je lis donc mon journal et après quelques stations je remarque que mon attention n’est plus à la lecture, je lis sans écouter ce que je lis. Je marque une pause, baisse un peu mon journal et relève la tête. Sur la banquette opposée, en oblique, légèrement tournée vers moi, je la vois. Elle crépite sur son siège comme de la friture dans une poêle. Les mains dans les poches, les jambes tendues sous la banquette d’en face, elle sait que je l’ai vue, il faut dire qu’elle s’est mise à 2 mètres de moi. Je devine un visage rieur, ses yeux se plissant à chacun de ses sourires. Elle est simple, elle porte comme moi une parka kaki avec une capuche, c’est l’hiver, nous sommes couverts mais son corps est lui ouvert, dynamique, aérien. Il se dégage d’elle une énergie infantile. Elle est simple, mignonne, ses cheveux sont blonds et surtout ses yeux sont d’un bleu transperçant. Je la trouve irrésistible et bondissante, déjà attachante. Elle pourrait jouer beaucoup plus de ses yeux et de son visage, mais non elle est légèrement maquillée. Ça l’amuse tout ça, la vie l’amuse, comme venir se mettre face à ce jeune homme qu’elle a vu depuis le quai passer dans la rame.
Je détourne mon regard vers la droite pour la voir en miroir dans la vitre du métro. Elle sait que je la regarde, elle sourit légèrement. Une énergie sensible s’installe entre nous et nous jouons le temps de quelques stations le jeu du miroir. Déjà s’installe une complicité entre nous.
Je sors un stylo, j’appuie mon journal sur mes genoux et je commence à écrire dans l’angle de la page où je trouve un peu d’espace blanc. La jeune femme change d’attitude, elle passe du jeu à une excitation qui la dépasse un peu. J’écris alors sur mon bout de journal : « Je vous trouve trop charmante votre sourire aux lèvres. Je vous invite à déjeuner la semaine prochaine. Bonne soirée. Thomas 06 14 29… » La situation commence à la dépasser, ses yeux s’affolent un peu et questionnent « Pourquoi , pour qui ce jeune homme écrit-il ? » Je termine mon petit message, que je détache de la page du journal et le plie en deux. Il est maintenant dans ma main. Je m’assure d’avoir toujours le contrôle par un regard périphérique de sensation.
La jeune femme se lève, se tourne vers la porte de sortie de la rame, elle me tourne le dos et a les deux mains accrochées aux poignées des banquettes. Sa tension est palpable, elle tremble, le métro est bientôt à quai, elle ne se retourne pas. Je sens mon corps en phase, je sens mon attitude posée et aboutie, je sens l’instant, alors je me lève pose ma main sur son épaule et lui dis « Mademoiselle , j’ai cela pour vous. » Sans lever les yeux, elle s’est retournée, elle saisit le message comme une voleuse, son cœur s’est mis à vibrer. La rame s’immobilise en station, les portes s’ouvrent, elle est déjà descendue et s’arrête immédiatement en plein milieu du quai. Les autres voyageurs la contournent, elle est comme une apparition au milieu de la foule. Je vois deux femmes, qui ont saisi la scène et qui la contournent avec un discret et complice sourire. La jeune femme ouvre le message, commence à le lire mais le métro redémarre et je retourne au noir du tunnel. Dans le miroir, la banquette est vide. Je sais que je viens de vivre un moment de ma vie.
Arrivé au restaurant je retrouve Martin, et immédiatement je lui dis avant de m’asseoir « J’ai rencontré une femme dans le métro, on ne s’est pas parlé mais j’ai rencontré une femme. » Il me sourit et la discussion démarre sur d’autres sujets.
Martin connaîtra très bien notre couple. Il aura de nombreux dîners avec nous. Il est intéressé par la nature humaine et a du plaisir à suivre notre histoire. Au fil des années il me dira plusieurs fois « Je ne sais pas lequel de vous deux est le plus fou. » Apprenant les évènements du mois d’août 2022, il me dira immédiatement « Maintenant je sais qui est le plus fou. »
***
4-5 jours passent, puis elle appelle. Je ne m’y attends pas, je suis en plein boulot. « Pourquoi m’as-tu écrit ce message ? » me demande t-elle. « Je ne sais pas Mademoiselle , pour le plaisir peut-être, parce que je vous trouvais charmante comme je vous l’ai écrit. » Elle me tutoie, ça ne m’est pas agréable, je préfère la vouvoyer quelques instants avant de la rejoindre sur le tutoiement. On échange nos adresses mails puis convenons d’un rdv pour un déjeuner. On doit se retrouver le lundi en début de semaine prochaine. On a rendez-vous au restaurant RUC place du Palais Royal, et puis ce lundi là il neige à Paris, elle annule car elle est à vélo. Ah oui, j’oubliais nous nous sommes rencontrés dans le métro mais elle circule toujours à vélo et moi en scooter depuis plus de 10 ans. Cette annulation ne m’inspire pas du tout, un peu comme le tutoiement de départ, ça manque de panache, mais le rendez-vous est vite refixé pour le mercredi.
RUC , place du Palais Royal , il est 12 h 30. J’ai mis une veste. Je n’ai rien préparé d’autre, rien imaginé. Je suis dans l’instant, dans ces instants que seul Paris peut vous offrir. Quel bonheur j’ai, à 39 ans, d’avoir rendez-vous avec une jolie inconnue au pied du Louvres . Je suis parisien de naissance, elle est parisienne de naissance, ce moment nous appartient.
Ça y est, elle arrive, comme on pouvait l’imaginer, elle est pimpante, assez vive, ses yeux captent tout. Elle est dans l’émotion totale. Elle s’assoit, on parle de tout et de rien, on est un peu gênés mais on est déjà si heureux d’être là. Je la trouve craquante, elle s’appelle Céline . Quelle plus belle douceur dans le prénom je pouvais souhaiter pour cette rencontre ? Elle me regarde, elle est un peu impressionnée, moi aussi. Je suis très doux et prévenant. Le moment m’impressionne aussi un peu. Je vois son regard s’attacher, nos yeux se croisent, ces instants sont hors du temps. Ils n’appartiennent qu’à nous. Quel honneur nous fait la vie de pouvoir les vivre. La tension retombe un peu, nous sourions, nous rigolons un peu. Je constate qu’elle ne mange pas, elle a déjà l’estomac noué par l’histoire qui se dessine devant elle. J’ai alors cette phrase à laquelle on repensera souvent et qui scelle le début de notre relation : « Mange , Céline , mange. » Je pressens que le chemin va être très chargé en émotions et déjà je me place dans un rapport de couple.
Le déjeuner se termine, il est le temps initiatique de notre histoire. Je raccompagne Céline à son vélo, elle a du mal à se détacher de ma présence. Déjà son corps se tourne pour me donner le bras, déjà son visage se tend un peu vers le mien. Je la laisse après deux bises, et repars à pied à mon travail, rue d’Aboukir, traversant la somptueuse place des Victoires.
***
Dès le lendemain je veux la revoir. Je pipeaute venir pour mon boulot dans son quartier de Sèvres, elle travaille au Bon Marché. Elle n’est pas dupe, c’est mignon tout ça. Nous fixons vite rendez-vous pour le déjeuner. Rendez-vous est donné devant l’hôtel Lutétia. Je la vois arriver, elle ne sourit pas, elle ne sourit pas du tout. Quel con je suis, je me suis trop précipité, pourquoi ne pas attendre quelques jours pour la revoir. Nous partons rue du Cherche Midi, au restaurant Le Rousseau. Sur le court chemin, Céline retrouve son sourire. Elle était simplement émue. On s’installe, le lien de la veille revient spontanément. En plus de ses yeux qui me dévorent, tout son corps se tire vers moi à travers la table qui nous sépare. Je prends même le soin, très sérieusement, de regarder derrière moi car je la sens capable de me sauter dessus par-dessus la table. Elle est dans un état second, je la sens totalement troublée. Je lui demande, comme une allumette devant un baril de poudre, « Qu’est-ce qu’il y a Céline ? », elle baisse la tête, se met un peu de côté, se gratouille les doigts au bord de la table, elle ne sait plus comment gérer son corps qui s’exprime, puis elle me dit la tête baissée « J’ai très envie de t’embrasser. » Mes yeux se brument un peu, je respire calmement, je souris légèrement. Restons calme, restons calme mais la scène est intenable. Je dois dire quelques banalités pour faire diversion, elle n’entend rien, elle ne voit plus rien. Je veux gagner quelques instants, je sais que ce baiser sera sans retour. Elle est irrésistible, la transparence de ses yeux est indescriptible. Je réussis à laisser passer 4-5 minutes puis, après encore quelques secondes suspendues, je me penche au-dessus de la table, elle avance son visage, nos lèvres se rejoignent. 13 ans après, je suis en larmes en écrivant ces mots. Ce baiser nous lance dans notre relation pour 13 ans. 13 ans d’amour, de prévenance, d’attention. 13 années qui vont nous subjuguer.
Quelques années plus tard, je m’arrêterais déjeuner au Rousseau, je t’enverrais par sms une photo de la table où l’on s’est embrassés, avec ce commentaire « Je déjeune au Rousseau , là où cett

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