Café au lait
404 pages
Français

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Description

"Marie était persuadée que l’une ou l’autre des personnes présentes, ce soir-là, lui reprocherait sa culture et sa couleur de peau. Elle se rappelait encore le ton de voix distant de Marie-France, au téléphone, ce fameux samedi d’octobre au cours duquel la vie de son compagnon avait été menacée... Quelle attitude cette femme d’un autre monde adopterait-elle à son égard? Et si c’était elle, Marie, qui se trompait?" Quand Marie épouse Laurent, son tout premier amour, la jeune femme est comblée, mais les doutes l’assaillent rapidement. Quel accueil va lui réserver sa belle-famille, d’une culture différente? Des doutes dans lesquels de nombreux lecteurs se retrouveront, car au-delà de la romance, ce sont de véritables problématiques de société que soulève Marie-Aude Roy. Racisme, intolérance, discrimination, autant d’enjeux que l’on retrouve en filigrane tout au long du récit, mais qui n’occulte en rien sa nature optimiste et profondément humaine.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748377088
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Café au lait
Marie-Aude Roy
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Café au lait
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie : Bonheur doux-amer
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
En cet après-midi d’automne, brillait un doux soleil, à peine voilé par quelques nuages malicieux qui, en se dispersant, offraient aux hommes l’occasion d’apprécier la clarté de l’astre, en même temps que la vie dont il était porteur. Un vent léger agitait les feuilles ocre des arbres qui se dénudaient lentement, rappelant à chacun que la nature ne tarderait plus à retomber dans son grand sommeil.
Marie n’aimait pas l’automne. Chaque année, alors que le mois de septembre s’annonçait et que les jours décroissaient à vue d’œil, son cœur se serrait, à l’idée que les saisons tristes étaient sur le point de s’installer. Aussi, pour se consoler, elle se mettait à penser à l’année suivante, attendant avec impatience de voir revenir l’été et sa lumière rassurante. Lorsqu’elle était petite fille et qu’elle partait en vacances au bord de la mer, en compagnie de ses parents et de sa sœur aînée, Marie était toujours la première à se réjouir du climat méridional, dont elle appréciait la chaleur qui réchauffait sa peau de jeune adolescente innocente. Dès lors, ne cessant de rêver de mer chaude et de plages de sable fin, elle s’était promis de s’envoler vers des cieux ensoleillés le jour où l’âge adulte poindrait le bout de son nez. Or, cette année-là, elle venait tout juste de s’installer dans un studio du XII e arrondissement, ce qui l’avait rendue totalement indépendante, aux yeux de ses parents. Elle avait donc songé qu’il était temps pour elle de découvrir ce vent du large qui semblait l’appeler de très loin, comme une force incoercible qui la poussait vers l’avant. Deux mois plus tôt, elle avait donc pris son courage à deux mains et s’était envolée vers la Guadeloupe pour ses premières vacances en solitaire, sans famille pour veiller sur elle… Et elle était tombée amoureuse.
— La seule chose qui me plaît, en automne, c’est la couleur des feuilles mortes, déclara celui qui avait séduit son cœur de jeune fille, alors qu’elle rêvait encore au prince charmant. On ne voit pas de tels paysages, en Guadeloupe, où la végétation est luxuriante à longueur d’année.
Marie acquiesça et lui passa le bras autour de la taille, comme pour se persuader qu’elle le garderait toujours à ses côtés.
Laurent travaillait comme GO au Club Med de La Caravelle, situé dans la ville de Sainte-Anne, où la jeune fille avait passé quinze jours de vacances, en juillet. Il était venu vers elle sur la plage, alors que sa peau commençait à cuire légèrement, craignant qu’elle n’attrapât l’un de ces coups de soleil propres à gâcher l’existence des vacanciers. Qu’il s’inquiétât ainsi n’avait rien d’étonnant : il étudiait la médecine.
De taille relativement modeste, le garçon dégageait un certain charme. En tant que personne malvoyante, c’était la douceur de sa voix qui avait frappé Marie lorsqu’il l’avait abordée pour la première fois, le lendemain de son arrivée. Et le destin avait fait le reste, leur idylle naissante ayant, pour unique témoin, la mer éblouissante aux reflets turquoise.
 
Aîné d’une famille de six enfants, Laurent avait quitté son île huit ans plus tôt, pour suivre des études à Paris, et il venait tout juste de commencer son internat en pédiatrie. Si tout se passait bien, il exercerait « réellement » trois ans plus tard ; Marie se surprenait souvent à envier les enfants qui, entre les mains de son compagnon, ne devaient pas manquer d’être réconfortés par sa douceur naturelle.
Deux mois s’étaient écoulés depuis le retour de la jeune fille. Après la canicule infernale du mois d’août et un anniversaire pour lequel elle avait invité une partie de ses amis d’enfance, septembre était arrivé, et Laurent était revenu à Paris. Elle avait été ravie de le revoir après ce mois de séparation, même s’ils ne s’étaient pas vraiment quittés, compte tenu de leurs fréquentes conversations téléphoniques. Dès la rentrée, ils avaient tout doucement commencé à se fréquenter de façon moins légère, se voyant surtout le week-end. Laurent ne la brusquait pas, attendant que Marie se sentît réellement prête pour s’engager plus avant dans la relation. Elle lui avait confié qu’il lui fallait du temps pour se donner entièrement à quelqu’un, ce qu’il avait parfaitement compris. La jeune fille, craignant de dévoiler son corps à ce jeune homme dont elle sentait le désir grandissant, ne savait comment se comporter. Si elle attendait trop longtemps avant de se jeter à l’eau, pourrait-elle le regretter ? Au fil du temps, Laurent pourrait se lasser de ses angoisses et la quitter pour une autre ! Souvent, il la caressait, espérant sans doute que l’envie de se donner à lui s’emparât d’elle, tel l’éveil d’un volcan après de longues années de sommeil. Et voilà que ce matin-là, Marie avait dit à son ami que le moment était venu. Ce samedi 11 octobre, ils avaient fait l’amour pour la première fois, profitant de la nuit qu’ils avaient passée chez lui. Il occupait un F2 situé dans le XX e arrondissement, à la station Ménilmontant, à proximité du grand magasin de spécialités antillaises. D’ailleurs, Laurent avait réservé une belle surprise à sa compagne, la veille au soir. Connaissant le penchant de son amie pour la gastronomie de l’île où ils s’étaient rencontrés, il avait acheté des acras, ces fameux beignets fourrés à la morue et aux herbes, ainsi qu’un giraumon, qu’ils avaient préparé en purée et dont le goût légèrement sucré avait rappelé à Marie celui du potiron. Un ananas frais était venu clore ce repas exotique, qui avait fait ressurgir, dans l’esprit de la jeune fille, maints souvenirs de ses vacances à Sainte-Anne, où la saveur des épices locales l’avait charmée.
 
Cet après-midi ensoleillé apparaissait comme une aubaine aux deux jeunes gens, heureux de profiter du fabuleux spectacle que leur offrait la nature, avant que l’hiver ne s’installe et ne dénude totalement les arbres.
Il était convenu qu’ils passeraient voir Martial, frère cadet de Laurent : ce samedi était donc un jour doublement particulier pour Marie, qui, en plus de s’être offerte à « son homme » le matin même, aussi tremblante que les feuilles fatiguées et brûlées par le soleil estival, était sur le point de connaître l’un des membres de sa famille. Cependant, la jeune fille se sentait nerveuse, en repensant à ce que son compagnon lui en avait raconté : « Martial égal agressivité », « Martial égal hostilité »… Marie sentait que Laurent était angoissé à l’idée de le revoir.
Ils trouvèrent finalement un banc exposé au soleil et s’y assirent.
— J’ai un mauvais pressentiment, Marie, confia Laurent en lui prenant la main. J’ai bien peur de me faire avoir, une fois de plus, par mon frère.
La jeune fille, qui se doutait bien que Laurent se faisait du mauvais sang, comprenait sans peine son état d’esprit, sachant que sa relation avec Martial n’avait jamais été sereine. Celui-ci s’était toujours montré jaloux de son frère aîné, pour la simple raison que Laurent avait mieux réussi et, très tôt, trouvé sa voie. C’était d’ailleurs un sujet de discorde récurrent entre les deux garçons, surtout lorsque Laurent se mettait à répéter à son cadet que s’il s’était donné la peine de travailler davantage, il aurait pu au moins décrocher son bac. Seulement, Martial, croyant sans doute que tout lui serait servi sur un plateau, s’était contenté d’espérer profiter des largesses de la famille pour s’en sortir. Il devait de l’argent à Laurent depuis quelques mois déjà et s’était apparemment décidé à le lui rendre – c’était précisément l’objet de leur visite. Voyant son compagnon ruminer ses soucis, Marie tenta de le rassurer.
— Peut-être est-il sincère ? murmura-t-elle en réponse aux craintes de Laurent.
— Oui, tu as sûrement raison. Mais j’ai trouvé sa voix étrange, quand je l’ai eu au téléphone. Il avait le ton de quelqu’un qui préparait un mauvais coup.
— Ne pense pas à ça. De toute façon, s’il se moquait de toi une fois de plus, tu n’aurais qu’à en aviser ta mère, répondit-elle en le fixant avec tendresse. Et, de mon côté, tu sais très bien que je te soutiendrai.
— À propos de ma famille ! Ils vont tous venir à Paris pendant les vacances de Noël : ce sera l’occasion de te les présenter ! Nous pourrions passer la Saint-Sylvestre tous ensemble, qu’en penses-tu ?
— Si ta mère et ton beau-père m’acceptent, alors… je n’y vois aucun inconvénient. Mais, j’ai peur de ne pas leur plaire.
— Et pourquoi n’aimeraient-ils pas une fille aussi douce que toi ? s’enquit-il, d’un air étonné.
— Ils pourraient rejeter le fait que je sois blanche ! soupira-t-elle.
Depuis que Laurent était rentré en métropole et que leur relation, doucement, se développait, cette crainte la hantait. Marie savait bien que son ami mettrait ce sujet sur le tapis un jour. Il l’aimait sincèrement, et il en était de même pour elle… Rien de plus normal qu’il projetât de la présenter à sa famille, de la même manière qu’il avait rencontré sa sœur, et qu’elle projetait de le présenter à ses parents à l’occasion de leur venue à Paris, prévue deux semaines plus tard. Du côté de Marie, les choses seraient simples ! Sa sœur Isabelle ne nourrissait aucun a priori quant aux gens de couleur, et, lorsque la jeune fille avait parlé de Laurent à ses parents, son père avait déclaré : « Le jour où il viendra à la maison, je lui préparerai un punch avec plaisir. »
Sa repartie avait confirmé à la j

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