Au pays des steppes
282 pages
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Au pays des steppes , livre ebook

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Description

Comment réagiriez-vous si un policier mettait de la drogue dans vos poches lors d’un contrôle d’identité ? Que faire lorsqu’il n’y a plus ni électricité ni chauffage chez vous et que la température extérieure avoisine moins 25 degrés ? Vous êtes-vous retrouvé en position de sécurité avec votre bébé après un tremblement de terre ? Avez-vous déjà vu une ruée vers les banques afin de prendre des dollars américains, avant que le cours de la monnaie locale ne s’effondre ? Avez-vous déjà eu peur d’une infirmière à l’hôpital ? Avez-vous goûté du lait de chamelle fermenté ? La soupe au chien est-elle un remède efficace après un excès de vodka ? Ce sont autant de questions à se poser avant d’accepter une offre d’emploi en Asie Centrale.



« Au pays des steppes » est un récit de ma vie d’expatrié au Kazakhstan, qui relate sous la forme d’anecdotes vécues et de réflexions personnelles les nombreuses différences culturelles auxquelles j’ai été confronté. Ces situations souvent cocasses, parfois angoissantes et douces-amères sont souvent présentées avec une certaine ingénuité et parfois de manière critique, mais toujours avec une pointe d’amour pour ce pays propice à l’introspection et qui m’a tant apporté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414532124
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-53213-1

© Edilivre, 2021
I Prologue – Au pays des steppes
J’ai vécu cinq ans et demi au Kazakhstan. Une vie à l’image du pays, pleine de contrastes et de paradoxes.
Géographiquement, le Kazakhstan est le plus grand état d’Asie Centrale 1 . Sa superficie vaut celle de la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, la Finlande et la Suède réunis. Pourtant, ce pays reste relativement modeste par rapport à ses deux puissants voisins, la Chine et la Fédération de Russie. Sa principale caractéristique géographique consiste dans le fait qu’il est le plus grand pays au monde sans accès direct à l’océan ou à une mer « ouverte » (comme la Méditerranée). Cela veut dire que les marchandises vitales pour les habitants ne peuvent être importées que par route ou rail, les distances se chiffrant souvent en milliers de kilomètres. De même, les exportations de masse passent obligatoirement par voie terrestre ce qui rend impératif d’avoir de bonnes relations avec ses voisins.
Le Kazakhstan ne peut pas se résumer à l’immensité de la steppe, majoritaire sur ce territoire ; les montagnes peuvent largement dépasser le mont Blanc (le mont Tengri mesure environ 7000 mètres) ; le lac Balkhach est l’un des plus grands du monde ; des rivières longues de plusieurs milliers de kilomètres (dont les mythiques Syr-Daria et Amou-Daria) traversent le sud et l’est du pays. On y trouve des paysages sublimes ou désolés (les bateaux rouillés de feu la mer d’Aral). J’ai eu la chance de voir de tels paysages à couper le souffle, et de visiter des bâtiments industriels délabrés et dangereux, toujours en activité, comme la fonderie de Zhezkazgan, digne d’un roman de Zola. Si l’air de la montagne et de la steppe est pur, celui d’Almaty est extrêmement pollué et irrite les bronches tout l’hiver lorsque la pollution de centrales à charbon s’ajoute aux gaz d’échappement d’automobiles ultra-consommatrices d’essence de mauvaise qualité. Au nord-est du pays se trouve l’une des régions les plus radioactives de la planète : Semipalatinsk 2 . Quatre cent cinquante-six tests nucléaires y ont été effectués entre 1949 et 1989, dont cent seize explosions atomiques en plein air (jusqu’en 1963).
Le climat y est ultra-continental. Il a favorisé le mode de vie nomade pendant des siècles et des siècles. Comme dans les contes d’antan, il y fait très froid l’hiver (jusqu’à -45 °C dans le Nord) et très chaud l’été (des températures au-delà de 30 °C l’été sont monnaie courante). L’hiver, le froid ressenti est accentué par le blizzard qui souffle. Sur les plateformes pétrolières offshore de la mer Caspienne, on peut pratiquer le test de la tasse de thé : on lance du thé chaud en l’air, et, sublimé, rien ne retombe au sol !
Les yourtes des nomades ont disparu de la quasi-totalité du territoire et ne recouvrent plus qu’une dimension culturelle, symbolique ou festive. Les Soviétiques n’aimaient pas le nomadisme, car il était impossible de contrôler ces populations. De nos jours, les bâtiments modernes de la nouvelle capitale, Astana, contrastent avec les vieux bâtiments soviétiques où habitent la plupart des gens dans le reste du pays ; il reste quelques édifices de l’époque tsariste dans les grandes villes, ce qui leur donne un charme désuet. Les barres bétonnées font penser à celles que l’on trouve partout en Europe de l’Est et en Seine-Saint-Denis, avec des petites variantes décoratives locales (peintures, alvéoles moulées dans le béton). Les constructions modernes des années deux mille, bâties trop vite, vieillissent presque à vue d’œil, signe d’un pays qui a soif de nouveautés, qui ose tout, mais n’a pas encore la maîtrise de ses projets les plus fous, ni trouvé sa propre voie. À Astana, la nouvelle capitale, on trouve par exemple de nombreuses copies modernes de bâtiments étrangers, notamment russes.
Politiquement, le pays s’est péniblement arraché à cent cinquante ans de domination russe en 1991, lors de l’effondrement de l’URSS. Il a en fait été le dernier à le faire. Est-ce dû à sa proximité culturelle, économique et politique encore plus forte avec la Russie que ses voisins ? Est-ce à cause de l’émergence d’un sentiment nationaliste relativement tardive ? Ou est-ce tout simplement dû à la peur de la Russie, qui même très affaiblie, aurait pu réagir tel un fauve blessé ? D’autre part, les Russes représentaient encore plus de trente-sept pour cent de la population en 1989, ce qui est loin d’être une minorité marginale. Le régime peut être qualifié de « Présidentiel fort ». Mais pas grand-chose à voir avec la cinquième République du Général de Gaulle : Le Président Nursultan Nazarbayev, Premier Ministre dès 1984 3 , fut désigné Premier Secrétaire du Parti communiste à partir de 1989, nommé Président du Soviet suprême par ce dernier en avril 1990, puis élu 4 Président du Kazakhstan lors de la prise d’indépendance en décembre 1991. Bien que l’ayant fait tardivement 5 , il sut saisir l’opportunité de l’indépendance et fût élu avec des scores à faire pâlir d’envie n’importe quel dirigeant d’une démocratie occidentale 6 .
Même s’il existe en théorie une séparation des pouvoirs, un Parlement démocratiquement élu et des juges indépendants, dans les faits le Président peut décider de presque tout, puisqu’il peut nommer tous les personnages importants ou les faire nommer par des dirigeants qu’il a lui-même placés. Il bat et rebat les cartes, change de temps en temps de Premier Ministre, bâtit d’énormes infrastructures et surtout une nouvelle capitale ; il décide de la politique étrangère, nomme et renvoie les maires des grandes villes, et plus généralement imprime sa marque, sa vision à très long terme de ce que sera le Kazakhstan à l’horizon 2030 et même 2050. Mais derrière cet aspect assez inquiétant pour beaucoup d’Occidentaux (pas d’alternance démocratique, interdiction de certains partis politiques, fait du Prince, etc.), se cache une réelle volonté de stabilité, d’indépendance et de prospérité économique… d’où sa popularité et sa longévité politique.
Si la géographie, le climat et la politique sont extrêmes et déconcertants, il ne faut sans doute pas s’étonner que la vie de tous les jours soit également pleine de surprises pour un Européen. Derrière une façade où l’on retrouve beaucoup de points communs avec l’Europe de l’Est se cachent des différences culturelles souvent subtiles, parfois énormes, mais surtout présentes en permanence. Plus surprenant, on s’habitue à des choses clairement anormales pour des Occidentaux (coupures d’eau, d’électricité, contrôles de police très hostiles, tremblements de terre, avenues principales bloquées par la police pendant dix à vingt minutes pour préparer le passage d’une personnalité, etc.). Et lorsqu’on ne remarque que quelque chose est bizarre qu’après coup, cela peut faire un peu peur : est-ce normal d’accepter sans broncher ce qui m’a toujours paru inacceptable ? Combien de fois ai-je dû me faire klaxonner avant de me décider à rouler comme tout le monde à cheval entre deux files ? Combien de fois me suis-je dit que l’atmosphère était vraiment pollué avant de me décider à acheter des filtres à air pour l’appartement ? Et surtout, combien de fois ai-je acheté des produits périmés au supermarché et notamment, combien de fois avons-nous acheté des pommes de terre à moitié rassises parce qu’il n’y avait rien de mieux pour faire de la purée ?
Pour un expatrié, il est « presque » possible de mener une vie occidentale. Pour autant, tendre vers un mode de vie européen a un coût certain (en termes d’argent, mais surtout de temps et de combines pour arriver à un résultat semblable). Et surtout, le « presque » – tout ce qui rend impossible d’avoir un mode de vie bien de chez nous – creuse imperceptiblement le fossé invisible qui sépare les cultures. Au milieu d’un des seuls centres commerciaux modernes à Almaty, il est impossible de trouver un McDonald’s (pour être honnête, Burger King a ouvert récemment) ; au rayon frais du supermarché le plus moderne, on trouve couramment du lait de chamelle (ou de jument) fermenté ; dans les toilettes des restaurants (à part dans les plus luxueux de la ville), il faut jeter le papier hygiénique dans une corbeille à côté de la cuvette ; la plupart des Kazakhs ont plusieurs numéros de téléphone mobile (car cela coûte beaucoup plus cher de téléphoner d’un opérateur à l’autre) ; les 4X4 de luxe côtoient les vieilles Toyota et Mercedes – donc toutes les voitures consomment de douze à vingt-deux litres aux cent. De manière plus effrayante, il y a de nombreux hôpitaux et des pharmacies partout, et les Kazakhs ont gardé de l’époque soviétique des réflexes « d’anticontamination » (masque sur le visage lorsqu’ils sont enrhumés), mais l’espérance de vie ne dépasse pas… soixante-neuf ans !
À l’inverse, le Kazakhstan peut être sensiblement différent de l’image qu’on en fît parfois : vous n’y croiserez jamais « Borat », qui fut tourné dans un village tsigane de Roumanie. En fait, le Kazakhstan est un pays beaucoup plus riche que certaines régions reculées d’Europe Centrale et de l’Est et la majorité de ses habitants sont de type asiatique. Comme dans tous les pays et cultures, il y a de bonnes choses et des mauvaises, des gens attachants et d’autres moins, des points communs, mais aussi d’énormes différences culturelles. Le tout engendre des situations incongrues et parfois embarrassantes pour un Occidental comme moi. À chaque fois que j’ai appelé ma famille et mes amis pour les leur raconter, on m’a incité à les consigner par écrit… J’ai donc fidèlement tenu un journal de bord pendant cinq ans et demi et ai sélectionné l

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