Au bout du fil
128 pages
Français

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Au bout du fil , livre ebook

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Description

S'amuser à se substituer à une personne jusqu'à se noyer dans son propre jeu pourrait coûter une vie d'amour, Aussi tentant était l'appât qu'il se transforma en cadeau empoisonné qui n'admettait plus aucun retour. Une histoire partie d'un coup de téléphone, avec de nombreux rebondissements, chamboulant la vie de plus d'une personne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9789954744208
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait


Au bout du fl
roman© Editions Marsam - 2018
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé - 2018
Dépôt légal : 2018MO0784
I.S.B.N. : 978-9954-744-20-8
Couverture
Housbane Saïd
Deux femmes, lithographie, 76 x 56 cm
Réalisation : Atelier d'estampe Marsam Aïn Sebaa Nadia Messari Sbaï
Au bout du fl
romanSommaire
Chapitre 1 : L’appel délictueux .......................................... 5
Chapitre 2 : Sentiments pluriels ........................................ 13
Chapitre 3 : Constat et revers d’un jeu dangereux.............. 21
Chapitre 4 : Vie effacée au-delà de la mémoire ................. 35
Chapitre 5 : La revanche d’Amina ..................................... 45
Chapitre 6 : Folles manigances........................................... 49
Chapitre 7 : Hind et son retour aux sources rurales .......... 55
Chapitre 8 : Mémoires du passé ........................................ 59
Chapitre 9 : Rencontre de Hind et de Fouad .................... 61
Chapitre 10 : Mémoires du passé ....................................... 65
Chapitre 11 : La reconstruction .......................................... 73
Chapitre 12 : Fouad et ses origines ................................... 77
Chapitre 13 : A la recherche du passé ............................... 81
Chapitre 14 : Glauque vie d’Amina ................................... 93
Chapitre 15 : La tragédie .................................................. 97
Chapitre 16 : Entre vie et handicap ................................... 107
Chapitre 17 : Anis et le pardon ......................................... 113
Chapitre 18 : Amère destinée ........................................... 1255
Chapitre 1
L’appel délictueux
— Allo, bonjour Madame…
— Oui, bonjour Monsieur, à qui ai-je l’honneur ?
— Kamal Benamour, Etude Ramsès de Paris,
pourriez-vous me passer Mohamed Sghir ?
— Monsieur Sghir ne travaille pas ici, mais je peux
vous donner ses coordonnées, ne coupez pas.
Hind se mit à chercher nerveusement sur son répertoire
le numéro de téléphone de Monsieur Sghir qu’elle
s’empressa, d’une voix mielleuse, de communiquer au
Sieur Kamal, son interlocuteur parisien.
— Merci beaucoup Madame, vous êtes bien aimable.
Hind se tourna vers sa collègue de bureau, Amina, et
lui jeta :
— Kamal de l’Etude Ramsès de Paris, ça te dit
quelque chose ?
— Non, ronchonna Amina, pourquoi ?
— Pour rien.
Un quart d’heure plus tard, parmi les quelques
communications qu’elle reçut, Hind tomba une seconde
fois sur l’Etude Ramsès de Paris.
— Oui Monsieur Kamal, puis-je vous aider ? Nadia Messari Sbaï6
— Pouvez-vous me rappeler votre nom ? lui
demanda-t-il.
Hind, étonnée du toupet et du manque de tact de cet
étranger, lui lança :
— Je ne vous l’ai pas donné, ne coupez pas s’il vous
plaît…
Elle se tourna vers Amina et lui ft un geste de la main
lui signifant de rester à l’écoute.
— Amina ! lui lança-t-elle sans hésitation aucune. En
quoi puis-je vous être utile ?
Hind jeta un clin d’œil à Amina et, d’un air malicieux,
s’appropriant avec une légèreté déconcertante l’identité
de sa collègue, elle se mit à écouter les propos quelques
peu grivois de Kamal, qui essayait de se trouver une
issue dans les sentiers battus que venait de lui ouvrir
Hind.
— J’ai été séduit par votre amabilité et je voudrais
faire plus ample connaissance avec vous.
La puérilité de son verbe et la chaleur de sa voix
frent sourire Hind, qui paraissait très à l’aise dans cet
échange dans lequel elle ne tenait pas à se mouiller. Elle
voulait seulement rendre service à sa collègue qui, elle,
avait du mal à communiquer avec le sexe opposé, d’où
ses nombreux échecs amoureux.
Hind était mariée et avait trois enfants en bas âge.
Sa vie, entre son travail à l’Etude Notariale et son
foyer, était en effervescence et ne lui permettait pas de
souffer.
Ce jour-là, elle voulait s’accorder un moment de
frivolité en s’essayant à cette communication qui Au bout du fil 7
n’avait rien de professionnel, mais qui pourrait faciliter
une ouverture pour sa collègue Amina qu’elle côtoyait
depuis plus de dix ans.
Amina, quant à elle, était une travailleuse chevronnée,
réservée mais affublée d’une tare obsessionnelle qui lui
gâchait le contact avec l’autre : la timidité, qui la rendait
à la limite muette au moment où il devenait important de
se dévoiler, de se faire apprécier, de se livrer. Le parler,
pour elle, avait fni par devenir l’inaccessible, la barrière
entre elle et l’amour.
Hind, pour l’avoir longtemps fréquentée, avait plus
d’une fois essayé d’annihiler cette angoisse qui la
torturait. Elle lui envoyait des atrocités verbales pour
la faire réagir et la sortir de son mutisme. Elle proférait
des insultes insanes qui ne faisaient que la faire rougir ;
elle essayait de booster sa personnalité en lui enseignant
comment exhiber sa féminité, comment jouer de son
corps et de ses gestes, comment crier à se couper le
souffe, ou comment jouer du verbe sans se soucier de ce
que l’on pourrait penser d’elle.
Amina s’imprégnait de tout mais se contentait de
sourire et parfois même, de rire aux éclats. Elle voudrait,
mais… n’osait pas.
Amina était la confdente parfaite, celle qui écoutait
avec grand intérêt et ne se lassait jamais de donner des
conseils, très judicieux d’ailleurs, de pleurer avec qui
pleurait, de rire avec qui riait. C’était celle que l’on
trouvait en cas de pépins, celle qui pouvait se donner
corps et âme pour faire plaisir sans jamais rien demander
en retour.Nadia Messari Sbaï8
Hind venait de trouver la cible, une solution parfaite
pour faire la liaison entre Amina et Kamal. Cette pensée
à la fois délurée et démoniaque lui avait traversé l’esprit
en l’espace de quelques secondes, le temps de dire « ne
coupez pas s’il vous plaît ».
Et pourquoi ne pas être la voix, le verbe d’Amina ?
C’était un jeu, dangereux certes, mais elle n’en
démordrait pas. Il fallait le tenter, au pire, ce n’était
qu’une voix, que des paroles qui pouvaient soit mûrir,
soit mourir.
La communication avec Paris dura quelques dix
minutes, durant lesquelles Hind (alias Amina) essayait
d’en savoir plus sur cet inconnu. Il était consultant auprès
de l’Etude Ramsès, avait quitté le Maroc pour étudier en
France. La perspective d’un retour au pays n’était plus
envisageable dès lors qu’il trouvait dans l’Hexagone une
vie plus pratique et surtout un travail bien rémunéré qui
lui permettait de vivre aisément.
Amina la regardait, essayant de deviner ce qui se
passait de l’autre côté du fl, mais elle ne voyait que
le large sourire que Hind arborait depuis le début de la
conversation, entrecoupée de quelques « oui ». Ce
jourlà, elle ne livra aucun secret de sa soi-disant identité. Elle
se voulait mystérieuse, le temps de tisser sa trame.
— Au revoir Kamal, balbutia-t-elle.
Une fois le combiné raccroché, elle s’esclaffa d’un
rire conquérant et se tourna vers Amina :
— Je l’ai trouvée, la personne qu’il te faut, ton idéal :
il est célibataire, travaille en France et voudrait entrer en
contact avec une Marocaine. Au bout du fil 9
— Oui, c’est bien joli tout ça, marmonna Amina, mais
en attendant c’est avec toi qu’il a parlé.
— Ecoute, la prochaine fois qu’il appelle, je te
décrirai à lui, et… mais bon sang fais un effort, tu as
bien vu comment je lui ai parlé, tu n’auras qu’à faire la
même chose !
— Oui mais tu n’as pratiquement pas placé un mot,
j’ai juste vu que tu l’écoutais.
Une semaine s’écoula sans aucune nouvelle de la
France, au point où Amina et Hind considérèrent cet
appel comme faisant partie du passé.
Ce matin là, Amina entra au bureau de bonne humeur,
elle riait et plaisantait de tout. C’était tout elle, elle pouvait
passer de la larme au rire en une fraction de seconde, ce
qui démontrait sa bonté de cœur. Elle s’empara soudain
du téléphone et ft semblant d’appeler :
— Allo la France ? ici le Maroc…
Et avec Hind, malgré la montagne de dossiers qui les
entourait, elles se mirent à rire aux éclats pour ce qui
devait arriver, et qui n’arrivait pas.
— Tu aurais dû prendre son numéro de téléphone au
moins ! dit Hind.
— Ecoute Amina, il ne faut jamais rappeler un mec
qui a promis de t’appeler et qui ne l’a pas fait, et au
fond… je ne crois pas qu’il soit intéressant, qu’il aille au
diable… et les rires se mirent à fuser de nouveau.
C’était une journée d’automne 85, une de ces journées
interminables durant lesquelles il fallait trouver quelque
chose d’agréable à faire afn de ne pas sombrer dans la
déprime.Nadia Messari Sbaï10
Et l’agréable arriva.
Le téléphone sonna…
Amina répondit. Dès qu’elle entendit cette voix venue
de l’Hexagone, elle devina qu’il devait s’agir de Kamal
— Puis-je avoir Amina s’il vous plaît ?
— Amina ! cria-t-elle à l’intention de Hind. Elle lui
jeta le combiné sur le bureau et lui ft un énorme clin
d’œil en lui chuchotant :
— C’est Kamal !
— Kamal qui ? répondit Hind à voix haute, de sorte
qu’il puisse bien l’entendre.
Et Amina de répondre :
— Il n’a pas dit son nom !
Et elle courut se réfugier dans un autre bureau afn
qu’il n’entende pas ses gloussements.
Hind, quant à elle, laissa la France poiroter quelques
instants, puis s’empara du téléphone. D’une voix
langoureuse elle lui lança :
— Bonjour, à qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ?
— C’est Kamal, de l’Etude Ramsès !
— Bonjour Si Kamal, cela fait si longtemps !
— Je suis désolé, Amina, j’étais en voyage aux USA
et je n’avais aucun moyen de te rappeler, comment
vastu ? tu m’as manqué tu sais !
Cette dernière phrase toucha en plein cœur Hind qui
ne put s’empêcher de rougir, mais il n’était pas question
qu’Amina s’en aperçoive. Elle esquiva un sourire
nerveux qu’Amina interpréta comme une hardiesse

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