Aria Caeleste
300 pages
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Description

La profanation d’orgues dans plusieurs édifices religieux d’Europe amène le Vatican à dépêcher un groupe d’enquêteurs afin de mettre rapidement la main sur une partition musicale dissimulée dans un instrument-roi.
Une course contre la montre s’engage pour récupérer une composition inédite de Mozart, convoitée à la fois par des loges maçonniques mais aussi par une mystérieuse équipe, agissant dans l’ombre de la mission papale.
Il se dit que cette musique serait source de pouvoirs surnaturels à qui l’entendrait jouer, mais cette légende est-elle réellement la cause des étranges évènements qui vont jalonner cette enquête et dont l’Humanité pourrait ne pas se relever ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 décembre 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312130392
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aria Caeleste
Dominique Fenogli
Aria Caeleste
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Out of Europa , Les Editions du Net , 2015
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-13039-2
Aux amoureux des orgues.
Chapitre I
Le prélat romain Kévin Lafer était sur le point d’aller se coucher après son rituel du soir : dîner aux alentours des vingt-et-une heures, suivi des informations à la télé, moment de recueillement et de prières avant de siroter une infusion de verveine, bercé par des chants grégoriens. Alors qu’il dénouait sa robe de chambre, son téléphone vibra :
– Votre Éminence ? C’est monsieur Venezia !
– Je vous le confirme, monsieur le promoteur de justice. Votre nom s’affiche puisque vous faites partie de mes contacts. Qu’y a-t-il de si urgent pour m’appeler, moi, à cette heure tardive ?
– Des évènements qui durent depuis trois jours. Je pensais qu’il s’agissait de faits isolés, mais apparemment non. Plusieurs diocèses ont pris contact avec moi… directement… et certains évêques semblaient plutôt angoissés, voire apeurés.
Tout en faisant glisser lentement les bras de sa robe de chambre au pied de son lit, le cardinal Lafer se crispa, mais le ton de sa voix resta calme :
– De quoi s’agit-il exactement ?
– Des orgues d’églises et de cathédrales ont été totalement démontés… mais proprement. C’est incompréhensible !
Le camerlingue de la Sainte Église romaine s’affaissa sur son lit comme si le sol se dérobait sous ses pieds. Il resta sans voix quelques secondes.
– Alors ça recommence… dit-il d’une voix blanche.
– Pardon Votre Éminence ? Qu’est-ce qui recommence ?
– La presse est au courant, monsieur Venezia ?
– Pas à ma connaissance, mais ça ne saurait tarder vu les pays concernés.
– Les pays ?! Les pays vous dites ?! répéta le cardinal. Combien ?
Un frisson glacial parcourut le dos du prélat qui faisait maintenant les cent pas dans sa chambre. Le promoteur de justice lui apprenait que l’Autriche , l’Allemagne et les Pays - Bas étaient les premières victimes des atteintes au patrimoine ecclésiastique. « Mon Dieu ! Mon Dieu ! » murmurait-il à l’énoncé des villes concernées.
– Le Grand Orgue de l’Église des Augustins de Mayence aussi ? fit confirmer le cardinal.
– Oui Votre Éminence, mais si je peux vous rassurer, tout est… comment dire… en kit.
– Des soupçons ? Des indices ? Des empreintes ?
– Très peu. Nous savons juste que…
– Taisez-vous ! Il n’est plus bon d’en parler au téléphone. Passez dans vingt minutes au bas de mon immeuble. Je vous y attendrai. Nous devons en informer le pape.
– Alors c’est si grave que ça ? demanda le promoteur de justice.
Il n’obtint pour seule réponse que le sifflement d’une ligne téléphonique coupée. Le cardinal avait subitement mis fin à la conversation. Les mains tremblantes, il appela le colonel des gardes suisses :
– Monsieur Frager, c’est le cardinal Lafer ! Vous devez de toute urgence mettre en alerte vos militaires. Faites ouvrir la Porte de Bronze et placez vos hommes en faction. Planifiez des patrouilles à l’extérieur et à l’intérieur de la basilique. Idem pour le palais pontifical et les musées du Vatican.
– Bien Votre Éminence, mais est-il possible d’en connaître les raisons ?
– Pas au téléphone, colonel ! C’est trop risqué !
– Bien, bien, je rameute toutes les forces disponibles, mais rassurez-moi a minima , le pape n’est pas mort ?
– Il est bien en vie, mais il est à craindre que sa nuit soit, hélas écourtée.
Comme précédemment, le camerlingue coupa court. Il devenait indispensable de ne plus s’épancher sur cette affaire hors de la cité du Vatican. En passant plusieurs coups de téléphone, ses interlocuteurs comprirent, au son de sa voix péremptoire, qu’il était inutile de creuser davantage les motifs de ce rendez-vous nocturne. Kévin Lafer appela en priorité l’archiviste émérite et son successeur en charge des archives secrètes du Vatican. Le bibliothécaire José de Tolento, jeune cardinal, était également convié à rejoindre, sans désemparer, la basilique Saint-Pierre. Enfin, deux hauts dignitaires, le préfet de la maison pontificale et le président du gouvernorat de l’État furent mis dans la confidence de cette réunion imminente, et qui devait être ignorée du pape pour le moment. Sensibles aux brèves explications préoccupantes du camerlingue, ils l’assurèrent de leur soutien spirituel et s’engagèrent à réunir au plus vite le consistoire ordinaire secret.
Kévin Lafer rangea sa robe de chambre derrière un grand rideau lui servant de penderie et considéra les deux housses en plastique suspendues à côté. Il posa tour à tour sa main sur les cintres pour faire le choix de la soutane qu’il revêtirait avant d’affronter ce qui s’annonçait comme un cataclysme pour l’Église. « La rouge serait plus solennelle mais la noire moins anxiogène » pensa-t-il sans conviction. Il choisit la soutane noire, l’agrémenta d’une ceinture rouge et d’une coiffe de même couleur. Le camerlingue, bien qu’avancé en âge, portait beau. Son teint un peu rouge tavelait son visage au niveau de ses joues sur lesquelles frisottaient des mèches de cheveux proéminentes, devenues éparses vers le sommet de la tête à cause d’une calvitie naissante. De haute stature, c’était un homme aux épaules larges que le temps n’avait pas plié. Son envergure musclée s’exprima davantage quand il boutonna son rochet. Devant le miroir, le prélat se para d’une croix pectorale dorée, la baisa avec déférence puis glissa sur son annulaire droit l’anneau cardinalice gravé, sous sa ligature, aux armes du pape François. Il l’embrassa avec dévotion puis, relevant la tête pour se regarder dans la glace, il murmura : « demeurez ferme dans la foi » . Le reflet de son image dans le miroir trahissait une émotion certaine, un sentiment curieusement mêlé d’espérance et d’inquiétude qui transparaissait nettement dans ses grands yeux bleus. Lafer était conscient que ces évènements risquaient d’avoir une incidence sur le sort de l’humanité et s’interrogeait sur ce qui avait bien pu déclencher cette entreprise. Les orgues continueraient d’être désormais visités tant qu’il ne serait pas mis fin à ce mystère aujourd’hui ravivé. Rien ne pourrait stopper cette détermination dont il ignorait, pour l’heure, le nom des commanditaires. Le camerlingue avait bien sa petite idée sur les auteurs de ces actes et qui, selon lui, ne présentaient pas de dangerosité particulière. Mais il se rappelait aussi les interventions qualifiées de maléfiques qui, en son temps, avaient semé la terreur en Europe Centrale avant de disparaître aussi rapidement qu’elles n’étaient apparues.
Le cardinal regarda par sa fenêtre. Une voiture noire l’attendait en bas, moteur tournant, comme l’attestait la fumée à l’arrière du véhicule qui se confondait avec le brouillard de cette fin d’hiver. Kévin Lafer se signa, s’enroula dans un tabarro noir et descendit les deux étages, soucieux de l’avenir du monde.
Chapitre II
En sortant de chez lui, le camerlingue fut saisi par le fond de l’air glacial de février. Il accéléra le pas en direction de la voiture, une main posée sur sa coiffe. L’habitacle chauffé le réconcilia avec ses sens et le colonel démarra en trombe.
– Vous avez pu joindre vos militaires, monsieur Frager ?
– Tout est conforme à votre demande. Et demain soir, la garde sera au grand complet. Les permissions ont été annulées.
– Tant mieux ! Tant mieux ! fit le cardinal Lafer en opinant de la tête.
L’officier n’osa pas questionner son passager, le sentant réticent à s’exprimer tant qu’ils ne seraient pas en lieu sûr au Vatican. À cette heure de la nuit, les rues étaient dégagées et il fallut à peine une dizaine de minutes pour atteindre la Place Saint-Pierre.
– Colonel, vous avez toujours la clef des reliques sur vous ? demanda le camerlingue d’un ton affirmatif. Nous pourrions en avoir besoin…
– Elle ne me quitte jamais. Il faudrait me tuer pour se l’approprier.
La berline pénétra sur la Place Saint-Pierre en direction de la fontaine Bernini et longea la colonnade jusqu’à la Porte de Bronze. Deux gardes suisses, en tenue d’apparat, défendaient l’entrée monumentale. En voyant leur supérieur arriver, suivi du prélat en soutane, ils rectifièrent leur position et s’effacèrent à leur passage. L’archevêque Surgères et Raphaël Sultan, son successeur aux archives, interrompirent leur discussion pour saluer le camerlingue qui, d’un pas décidé, s’engouffra dans le corridor et emprunta l’escalier royal en leur faisant signe de la main. En haut, le bibliothécaire et le promoteur de justice les attendaient. Après un salut respectueux, ils leur emboîtèrent le pas pour se diriger vers la salle Sixtine. On entendit douze coups sonner au clocher voisin et dans le lointain, l’écho d’autres campaniles reprirent le même tempo.
Arrivés dans la somptueuse bibliothèque vaticane aux piliers finement décorés, Kévin Lafer prit la parole qui résonna sous les voûtes élevées.
– Messieurs, si je ne suis pas en mesure – pour le moment – de vous donner les raisons exactes de notre présence ici, à cette heure de la nuit, sachez pourtant que cette heure-là, vous ne l’oublierez jamais vu les circonstances qui nous obligent à nous réunir. Certains d’entre vous ont compris la gravité de ce qui vient d’arriver, et cela peut se lire sur leur visage…
En parlant ainsi, le camerlingue se tourna vers l’archevêque Surgères et le cardinal Sultan dont les mines austères juraient avec les traits interrogatifs des autres protagonistes.
– Nous aurons besoin de vous tous pour avancer dans nos investigations et si nous avançons bien… si nous avançons vite… alors vous pourrez, en toute humilité, remercier le Ciel d’avoir eu le privilège unique de participer à la résolution de la plus vieille enquête du monde.
– À votre totale disposition, Votre Éminence , enchaîna José de Tolento . Les explorations et les analyses m’ont toujours passionné.
– Je n’ignore pas votre passé d’étudiant en médecine, José, mais ce dont il s’agit pourrait vous apparaître

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