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Description

1952-1953 au Maroc. Année de tous les dangers, Oujda s’enflamme, le sultan est destitué, le pays se soulève. Une mère cherche en vain le meurtrier de son fils.
Pendant une année dans le Moyen-Atlas marocain, des inconnus tentent de réconforter Bénédicte pendant que d’autres la trompent. Les rencontres s’échelonnent à travers le pays, le voile se lève parfois. Découvrira-t-elle la vérité sur son fils, sur son mari, alors qu’elle doit affronter le pire ? Réussira-t-elle à renouer avec l’espoir et qui, de la vie ou de la mort, la soustraira à ce cauchemar ?
De Tanger à Immouzer du Kandar en passant par Meknès ou Fès, le lecteur parcourt le pays à la recherche d’une réponse que l’on ne découvrira que le 366ème jour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332700766
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-70074-2

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
Organisation d’équipe et placement d’enfants , Editions de l’Harmattan, Paris 2002.
L’agression sexuelle chez les adolescents placés , Editions de l’Harmattan, Paris 2005.
Un orphelinat au Maroc , 1913-1963, Mémoire de notre temps, Montpellier 2006.
Juste un grain de sable entre France et Maroc , 1949-1965, Mémoire de notre temps, Montpellier 2008.
Le couchant de nos vies , un siècle de portraits, 1900-2000, Mémoire de notre temps, Montpellier 2010, Postface de JP. Hollender.
Ports et bateaux au Maghreb , 1900-1960, en collaboration avec Jean Bellis aquarelliste illustrateur . Mémoire de notre temps, Montpellier 2011.
Dans les coulisses du travail social , Chronique sociale, Lyon 2011.
1912-2012, un siècle de présence au Maroc , recueil photographique et historique sur un centenaire, Bordeaux 2012.
101 propositions pour ceux qui veulent un changement durable , en cours, pour chronique sociale, Lyon.
Le Maghreb oublié, réclame et humour avant 1960, en cours, M.N.T. La Grande-Motte.
D’or, de soie et d’ombre , 3 livrets sur les femmes du couchant et d’ailleurs , photographies et citations, Travaux de femmes, Portraits de femmes, Femmes et fleurs , en cours, M. N. T. La Grande-Motte.
Avertissement
Si la réalité des événements historiques repris dans ce roman ne peut être mise en doute, la ressemblance avec des personnes ayant existé ne serait que fortuite.
Cette histoire se situant au Maroc dans les années cinquante, j’invite le lecteur à se rendre au lexique de fin de texte pour la traduction de tous les mots et expressions idiomatiques.
J.M.R.
Dédicace

A ma mère
« La douleur est faite des fantômes du passé,
Qui nous empêchent de vivre »
Le sage africain dit :
Nous passons notre vie à mourir un peu chaque jour
Ce que nous appelons la Mort
N’est que la fin de cette mort quotidienne
C’est une délivrance.
Immouzer du Kandar, Maroc, le 28 novembre 1952
Elle s’éveilla en sursaut alors qu’elle s’était assoupie quelques instants auparavant, recroquevillée sous la couverture de mohair qui recouvrait sa couche. Un bruit insolite l’avait tirée de sa torpeur. Une porte claquait quelque part dans la maison, des pas précipités frappaient le carrelage. Un cri, puis une suite gutturale de mots incompréhensibles finirent de l’inquiéter. Bénédicte se leva précipitamment, enfilant son peignoir de soie chinoise blanc, cadeau récent de Léo au retour de son dernier voyage. Sur la pointe des pieds, car le froid lui rappela que l’on était fin novembre, le vingt-huit novembre exactement, elle se dirigea vers la coiffeuse sous laquelle elle retrouva ses mules. Un regard vers la psyché lui renvoya un visage défait par la fatigue accumulée des mois précédents. Des cernes bleutés accentuaient ses pommettes légèrement saillantes et ses joues se creusaient. Elle se poudra rapidement, histoire de se redonner quelque allure ; un soupçon de rouge à lèvres, un coup de brosse dans une chevelure blonde et ondulante.
Elle allait sortir lorsqu’elle se ravisa, se dirigeant vers la fenêtre aux rideaux tirés. Dehors, une voiture démarrait en trombe, elle repoussa le drapé de taffetas blanc d’un geste vif, car cela l’empêchait de distinguer qui s’engouffrait ainsi sous les eucalyptus agités par le vent. Une pluie fine et régulière recommençait à battre la vitre y déposant de larges trainées marron. Comme elle avait reconnu le pick-up, elle pensa que ce devait être Léo appelé en urgence par un de ces clients. Elle regarda sa montre, il était temps d’aller participer aux préparatifs du dîner. Hésitante devant sa garde-robe, elle choisit une longue jupe vert-pâle, assortie à la veste de lainage léger qui lui éviterait de frissonner durant la soirée plutôt fraiche. Elle cherchait son châle qu’elle trouva sous le lit, enfila ses vêtements, se drapant de cachemire assorti à ses yeux. Un nouveau coup d’œil à la glace la rassura sur son pouvoir de séduction ; elle portait bien la quarantaine ! Malgré un léger embonpoint qui lui épaississait un peu la taille, sa silhouette était encore celle d’une jeune femme un peu en chair, appétissante à souhait. Elle cambra les reins, passa la langue sur ses lèvres incarnates, présentant un sourire satisfait au miroir qui, maintenant, lui renvoyait malgré la soirée tardive de la veille, une image un peu plus agréable d’elle-même.
Elle ne put s’empêcher de ricaner en s’imaginant la déconvenue de leur hôte quand elle l’avait éconduit après lui avoir volontairement écrasé le pied qui cherchait le sien sous la table. Ce monsieur Arbaoui tout de même ! Quelle audace et quelle morgue alors que son mari était à deux convives de là ! Sa maison de Fès, un palais véritable dans ce quartier de la médina aux mille souks qu’elle n’aurait osé emprunter seule, était une merveille. Arabesques et mosaïques, zelliges, bois sculptés, arcades en stuc ouvragé et vitraux de couleurs, tapis berbères de haute laine, patio central avec fontaine de marbre pour les ablutions. Tout ce décorum doublé du confort moderne au fond d’une ruelle qu’un Français aurait évité. Avec cela, sofas et coussins moelleux, cuisine marocaine raffinée, mais absence de femmes.
D’un mouvement vif elle se dirigea vers la salle à manger après avoir refermé la porte de la chambre avec soin. Elle s’étonnait du silence inhabituel de la maison, se souvenant soudain que l’on était vendredi et que c’était le jour de congé de la domestique. Cependant, le départ précipité de Léo, les cris entendus la laissaient mal à l’aise. Que s’était-il donc passé pour qu’elle se retrouvât ainsi, seule, sans explications ? En général le vendredi ils se réservaient la soirée, laissant Junior sortir avec ses nouveaux amis. A dix-huit ans leur fils découvrait comme eux-mêmes d’ailleurs, une région inconnue. Malgré leur récente installation, il s’était bien inséré dans un petit groupe plutôt activiste à son goût, mais qui réjouissait son père. Elle ne l’attendait donc pas forcément, s’interrogeant pourtant sur son absence. La tempête sans doute ! D’habitude il venait se changer après une journée à parcourir la montagne ou à accompagner son père à la ville toute proche pour se familiariser avec les rudiments du métier. Il avait aussi ses cours de violon que l’on continuait de lui offrir, car il était un élève virtuose. Cela aurait été une catastrophe pour lui s’il n’y avait pas eu de professeur compétent. Elle s’approcha de la porte vitrée, essayant de distinguer quelque chose à travers les éléments déchainés. Là-bas, une chaise basculait dans la piscine, quelques papiers tourbillonnaient dans le vent qui soulevait la poussière, le souffle puissant finissait d’arracher les dernières feuilles du figuier déjà jauni. Elle n’avait pas imaginé qu’ici aussi l’automne pourrait devenir si pénible. Eux-mêmes étaient installés à la sortie de ce village berbère tout près de Fès, à l’orée du Moyen Atlas, pour l’isolement qu’ils y trouvaient et pour le climat semblable à celui de leur montagne d’origine. Certains appelaient Immouzer la Suisse marocaine.
Après vingt-quatre mois passés à Tanger, il leur avait fallu partir au plus vite, pour d’obscures raisons qu’elle n’avait pas voulu approfondir. Cette précipitation lui rappelait leur fuite de France. Léo avait alors en cours des affaires préoccupantes et une interdiction de séjour compliquant encore plus les choses.
Elle frissonna, ramenant les plis de son châle sur sa poitrine tout à coup oppressée. Il lui faudrait allumer le poêle à pétrole, mais elle hésitait, car elle se savait malhabile et l’odeur lui soulevait l’estomac. Une trouée dans les nuages apporta une éclaircie. Une langue de lumière apparut, grâce à laquelle elle aperçut Hassan à travers les arbres, haute silhouette dégingandée qui se dirigeait vers le hangar. Au risque de se tremper elle ouvrit grand la porte et l’appela. Il lui fit de grands signes et se mit à courir vers elle.
« Madame Léo, rentre, il pleut beaucoup ! lui dit-il en s’ébrouant sur le seuil de la porte.
– Que se passe-t-il Hassan ? M. Léo est parti sans rien me dire ! »
Hassan, l’homme à tout faire de la maison vêtu d’une djellaba marron sur un saroual blanc, un turban autour de la tête, la poussa gentiment mais fermement vers la cuisine. Son tutoiement n’étonnait plus personne, car ici les autochtones l’employaient couramment. L’obscurité envahissait la maison, il chercha l’interrupteur et la lumière inonda la pièce vide, un peu froide ce soir. D’habitude à cette heure-ci Fatima l’occupait, officiant en tant que cuisinière attitrée. Il se mit en devoir de démarrer le poêle dont la forte odeur caractéristique qu’elle détestait envahit la pièce, se propageant partout. Elle retourna dans la salle à manger, s’assit sur le fauteuil anglais, face à la grande table occupant tout l’espace, car les chaises étaient restées renversées sur le plateau après le ménage ; mais elle se releva aussitôt pour les remettre en place. Il leur faudrait acheter un coffre pour le linge de table entassé dans les cartons disposés le long des murs peints en blanc. À force de déménager en catastrophe, ils n’avaient plus de meubles.
Hassan s’était approché, un peu gêné de s’adresser ainsi à elle :
« Madame Léo, il faut que je te dise, il est arrivé quelque chose en bas. Je ne sais pas quoi exactement, c’est sûrement un accident. Monsieur Léo il criait. C’est Abdallah qui est venu l’avertir.
– Mais qu’a-t-il dit, Hassan ? Qu’a-t-il dit ?
Elle pivota sur elle-même et s’agitait fébrilement en sentant les réticences de son interlocuteur qui n’arrivait pas à s’expliquer, bafouillant sous l’effe

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