Voyages, aventures et combats
259 pages
Français

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Description

"J’avais à peine treize ans et demi lorsque je lui déclarai ma résolution de m’embarquer en qualité de marin, et je mis une telle ténacité dans mes instances que je finis enfin par obtenir ou, pour être plus exact, par lui arracher son consentement."Louis Garneray, fils d'un peintre, parisien, s'engage dans la marine à l'age de 13 ans. Il naviguera dans les mers du sud, principalement l'océan pacifique, et sera lieutenant de Surcouf, sur "la Confiante", et participera avec le célèbre corsaire à la prise du Kent, navire anglais.La vie à bord, les combats, la découverte d'un nouveau monde, les qualités d'un chef chez Surcouf... Une véritable ambiance décrite dans un style que les meilleurs reporters ne renieraient pas : au fil des pages, on a envie de partir avec lui à la conquête des terres lointaines et des vaisseaux ennemis !Nous proposons dans ce livre l'édition française d'origine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782368780237
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Voyages, aventures et combats
Chapitre 1
Départ de France – Relâche – Événements divers – Arrivée à l’île de France

Je suis né à Paris le 9 février 1783. Mon père, peintre de genre, dont le nom figure honorablement dans les biographies des contemporains, me destinait à suivre sa carrière. Un penchant irrésistible que je ressentais pour les aventures et les voyages, un enthousiasme pour la gloire, partagé, du reste, par la jeune génération de cette époque, enthousiasme qui me brûlait le sang et me présentait sans cesse, pendant mes journées et mes nuits, des pensées et des rêves de combats, s’opposèrent à la réalisation des désirs de mon père.
J’avais à peine treize ans et demi lorsque je lui déclarai ma résolution de m’embarquer en qualité de marin, et je mis une telle ténacité dans mes instances que je finis enfin par obtenir ou, pour être plus exact, par lui arracher son consentement. Je dois avouer que ma fermeté, dans cette circonstance, fut énergiquement soutenue et stimulée par les conseils et les encouragements que je recevais, presque chaque matin, par la poste, d’un de mes parents, M. Beaulieu-Leloup, capitaine de frégate, qui se trouvait alors à Rochefort.
Mon cousin Beaulieu-Leloup, marin de corps et d’âme, éprouvait un profond sentiment de commisération pour les habitants des villes. Le bonheur sur la terre ferme lui semblait un paradoxe insoutenable : il ne comprenait la vie que sur un pont de navire ; et il n’admettait les relâches dans un port ou à la côte que comme une de ces contrariétés et l’un de ces ennuis inhérents à l’existence humaine, que l’on doit subir avec résignation puisqu’ils sont inévitables.
Le jour fixé pour mon départ de la maison paternelle arrivé — et quoique bien des années me séparent de ce souvenir, je me le rappelle encore comme s’il ne datait que d’hier —, je me revêtis, afin de mieux m’affermir encore dans ma résolution, d’un costume complet de matelot que l’on m’avait donné au ministère de la marine.
— Mon cher Louis, me dit mon père, qui, afin de rester plus longtemps avec moi, avait pris un fiacre et m’accompagnait en attendant que la voiture de Chartres nous rejoignît, n’oublie point, si ta nouvelle carrière ne répond pas à tes rêves et à tes espérances, que tu trouveras toujours ta place vacante et gardée dans mon atelier. Je te vois t’éloigner avec d’autant plus de douleur, que tes rapides progrès dans le dessin dépassaient mon attente. Après tout, qui sait ? Peut-être bien ta brusque entrée dans le monde, les privations que tu auras à subir, tes longs voyages, contribueront-ils à la réussite de ton avenir. Avoir beaucoup vu et beaucoup souffert sont deux choses excellentes pour les hommes d’énergie et d’intelligence, elles développent à la fois en eux l’esprit et le cœur. Et puis, faut-il te l’avouer, j’espère qu’une fois ton imagination refroidie par le rude contact de la réalité, dans quelques mois d’ici, peut-être, tu reviendras, guéri de tes folles idées, me redemander tes crayons.
Hélas ! mon pauvre père ne se doutait guère alors que mon premier atelier de peinture serait un ponton anglais, et que, marin aventureux et vagabond, je devais, avant de prendre le pinceau qu’il désirait voir dans mes mains, sillonner pendant vingt ans toutes les mers du globe.
La patache de Chartres nous ayant atteints au bout de l’allée des Veuves, j’embrassai mon père une dernière fois ; puis, refoulant, par un suprême effort de volonté, les larmes qui montaient à mes paupières, je m’élançai en deux bonds sur le siège du cocher.
À peine à Rochefort, mon premier soin fut de me rendre chez mon cousin : il commandait alors la frégate la Forte . Je le trouvai en compagnie de plusieurs capitaines et officiers de marine, au moment de se mettre à table pour dîner.
— Bravo, mon cher Louis, s’écria-t-il en m’embrassant, voilà ce qui s’appelle tenir sa parole : je ne puis trop te louer de ta résolution. Assieds-toi auprès de moi, et grise-toi de ton mieux. C’est le seul moyen passable que je connaisse pour s’étourdir un peu sur l’ennui que cause à tout homme intelligent un séjour à terre.
Cet accueil du capitaine Beaulieu produisit un assez vif étonnement parmi ses convives, car avec l’affreux vêtement taillé en entier dans une grossière toile noire que j’avais reçu au ministère de la marine je faisais une fort triste figure. Mon cousin me présenta alors officiellement à ses amis comme étant son parent, un jeune homme qui avait reçu de l’éducation et donnait des espérances, et ces messieurs devinrent aussitôt pour moi pleins de bienveillance.
Parmi les convives je vis un capitaine de vaisseau dont la figure franche et martiale attira tout d’abord mon atten­tion et éveilla toute ma sympathie. C’était l’Hermite. J’étais bien loin de songer, en l’apercevant ainsi pour la première fois, que sous peu, presque pour mon début, je me retrouverais avec lui dans des circonstances critiques et terribles, et que son amitié pour moi durerait jusqu’au dernier jour de sa vie.
Au dessert, mon cousin me présenta plus spécialement à un jeune enseigne de sa frégate, M. de la Bretonnière, en le priant de vouloir bien s’occuper de moi. M. de la Bretonnière m’entraîna obligeamment dans une embrasure de fenêtre, et là, tout en prenant son café, m’adressa de nombreuses questions. Mes réponses eurent le bonheur de lui plaire, car me frappant doucement sur l’épaule :
— Mon ami, me dit-il, vous me convenez beaucoup ; je m’engage, si vous restez digne, comme je le pense, de mon intérêt, à vous aider de mes conseils et de mon expérience.
Jamais parole n’a été plus loyalement remplie. Depuis ce moment, jusqu’au 20 janvier de cette année (1815), jour triste et à jamais douloureux, hélas ! où j’ai accompagné le corps du contre-amiral la Bretonnière à sa demeure dernière, son affection pour moi ne s’est pas démentie un seul instant.
Je dormais encore le lendemain matin, lorsque mon cousin vint me réveiller.
— Allons, paresseux, debout ! s’écria-t-il amicalement, le déjeuner t’attend ; et la division commandée par le contre-­amiral ex-marquis et actuellement citoyen de Sercey, dont fait partie ma frégate, doit appareiller sous peu : tu n’auras pas trop de temps pour voir le port.
— À présent, mon garçon, me dit-il lorsqu’une heure plus tard nous sortîmes de table, bien du plaisir, et amuse-toi tant que tu pourras ; moi, je m’en vais rejoindre ma frégate mouillée dans la rade de l’île d’Aix ; nous nous retrouverons à bord. Toutefois, avant de nous séparer, encore quelques mots. Je ne dois pas te cacher que je te sais bon gré de la résolution que tu as montrée en répondant à mon appel, et que tu peux compter sur moi toutes les fois que l’occasion se présentera de t’être utile. S’il y a des coups à recevoir, un danger quelconque à courir, je te choisirai de préférence à tout homme de l’équipage. Si tu commets la moindre faute, la plus petite négligence dans ton service, je te promets de te punir avec deux fois plus de sévérité que je n’en déploierais dans une occasion semblable envers n’importe quel matelot. Ayant sévi, je prends l’engagement de rester inexorable pour toi. Que diable, c’est bien le moins que l’on ait quelques égards pour un parent. Je veux, Louis, vois-tu, que tu deviennes ce qu’on appelle un marin ; et je te jure, ajouta mon cousin après une légère pause, et d’un ton de bonhomie et de tendresse qui m’alla droit au cœur, je te jure que si tu ne te fais pas tuer je réussirai dans mes projets sur toi. Pas de remerciements, c’est inutile ! Encore un mot : tu es fort, robuste, et très développé pour ton âge, cela me permettra de t’embarquer d’emblée en qualité de novice ; quand nous nous reverrons, je ne serai plus que ton capitaine.
Mon cousin, après ce beau discours, se dirigeait vers la porte de sortie lorsqu’un matelot se présenta devant lui.
— Ah ! c’est toi, Kernau, mon vieux Breton, lui dit Beau­lieu avec bienveillance. Parbleu, tu arrives fort à propos ; ta vue me donne une idée… Mais que me veux-tu ?
— Capitaine, c’est une lettre que le lieutenant en pied, M. Mamineau, m’a chargé de vous remettre…
— Donne.
Pendant que mon cousin lisait sa lettre, j’examinai le matelot Kernau. C’était un solide gaillard, brun de peau, aux cheveux noirs, aux yeux brillants, à la physionomie franche, énergique et naïve tout à la fois. Il pouvait avoir près de trente ans. Son costume, d’une déplorable maturité, brillait plus de goudron que de propreté. Un mendiant eût certes dédaigné de le ramasser au coin d’une borne. Les matelots, à cette époque, étaient loin, sous le rapport de la tenue et de la mise, de ressembler à ceux d’aujourd’hui. Je ne dis pas ni que cela fût leur faute ni fit leur éloge, toujours est-il que quand sonnait l’heure de l’abordage, Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, Tous à la gloire marchaient du même pas.
— Kernau, reprit mon cousin après avoir terminé la lec­ture de sa lettre, tu vois ce jeune homme ?
— Oui, mon capitaine, répondit le matelot, qui me regarda, ou, pour mieux dire, qui m’inspecta des pieds jusqu’à la tête, avec autant de tranquillité que d’attention.
— C’est mon parent.
— Certainement, capitaine.
— Veux-tu l’accepter, à la place de ton vieux Gobert, tué à notre dernière croisière, pour ton matelot ? Réponds fran­chement et pas par obéissance… Ça te va-t-il ? Réfléchis.
Kernau se retourna une seconde fois vers moi et m’exa­mina de nouveau.
— C’est bien jeune, mais ça me va, capitaine, répondit-il enfin avec flegme.
— Alors, affaire conclue. Seulement, retiens bien ceci : c’est que si tu t’avises d’épargner du service à mon parent, de le laisser fainéanter et que je m’en aperçoive… suffit… tu ne porterais pas ça en paradis.
— Dame, capitaine, tous les amis savent que Kernau ne connaît pas trop mal son métier… Je ferai de mon mieux pour l’apprendre à votre petit parent… Si je ne réussis pas, c’est qu’il sera, sauf le respect que je vous dois, un pas grand-chose, votre cousin…
— Bien. Je t’accorde une permission de deux jours… Tâche de

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