Tropique du Capricorne
110 pages
Français

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Tropique du Capricorne , livre ebook

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Description

Manuela de Seltz Tropique du Capricorne   Roman   Le coup de cœur d'Eliette Abecassis, présidente du jury du Prix du roman 2012     Éditions Les Nouveaux Auteurs   16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com   ÉDITIONS PRISMA www.editions-prisma.com   13, rue Henri-Barbusse 92624 GennevilliersCedex www.prismamedia.com   Copyright © 2012 Editions Les Nouveaux Auteurs- Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978–2–8104–14505       À mon papa. 20 juin 2003. — Papa, papa, regarde le beau bateau ! lui cria Salomé endésignant la mer scintillante par la vitre de la voiture. Tu vois,tu vois, papa ? cria-t-elle encore plus fort. — Oui, Salomé, papa voit très bien le bateau, mais il conduitet il doit être très prudent, d’accord, ma puce ? Alors parleun peu moins fort, s’il te plaît, lui répondit Ève tout en posanttrès affectueusement sa main sur la cuisse de Paul et en poursuivant : — Ah ! je me demande bien de qui elle tient cette grandebouche et ce débit de paroles ?  Elle le surveillait du coin de l’œil et partit d’ungrand éclat de rire en voyant son sourcil se lever d’un airinterrogateur. L’ambiance était détendue dans la voiture. Ils étaient enfintous les trois partis pour un week-end inoubliable le long de la côteméditerranéenne. Paul avait fait la surprise aux filles le vendredisoir en les récupérant à la maison pour les emmener direction l’aéroport.

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Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782810414505
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Manuela de Seltz
Tropique du Capricorne
 
Roman
 
Le coup de cœur d'Eliette Abecassis,
présidente du jury du Prix du roman

2012
 
 
Éditions Les Nouveaux Auteurs
 
16, rue d’Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
 
ÉDITIONS PRISMA
www.editions-prisma.com
 
13, rue Henri-Barbusse 92624 GennevilliersCedex
www.prismamedia.com
 
Copyright © 2012 Editions Les Nouveaux Auteurs- Prisma Média
Tous droits réservés
ISBN : 978–2–8104–14505
 

 

 

À mon papa.
20 juin 2003.

— Papa, papa, regarde le beau bateau ! lui cria Salomé endésignant la mer scintillante par la vitre de la voiture. Tu vois,tu vois, papa ? cria-t-elle encore plus fort.
— Oui, Salomé, papa voit très bien le bateau, mais il conduitet il doit être très prudent, d’accord, ma puce ? Alors parleun peu moins fort, s’il te plaît, lui répondit Ève tout en posanttrès affectueusement sa main sur la cuisse de Paul et en poursuivant :
— Ah ! je me demande bien de qui elle tient cette grandebouche et ce débit de paroles ? 
Elle le surveillait du coin de l’œil et partit d’ungrand éclat de rire en voyant son sourcil se lever d’un airinterrogateur.
L’ambiance était détendue dans la voiture. Ils étaient enfintous les trois partis pour un week-end inoubliable le long de la côteméditerranéenne. Paul avait fait la surprise aux filles le vendredisoir en les récupérant à la maison pour les emmener direction l’aéroport.Il avait même préparé les valises et acheté un petit guide, entourantde rouge les trois hôtels réservés pour ce week-end en famille afinde fêter l’anniversaire d’Ève.
Ils étaient arrivés deux jours plus tôt et, ce jour-là, sur lacorniche monégasque, ils filaient cheveux au vent dans ce superbecabriolet loué pour l’occasion. Le temps les gâtait et le soleilétait lui aussi au rendez- vous. En ce mois de juin,il y avait déjà quelques touristes, mais ce n’était pas encorele rush de juillet et d’août.
— Ouah ! papa, on va aller sur un bateau aussi grand, nous ? luidemanda encore Salomé d’une voix très forte.
— Non, ma puce, pas cette fois-ci, mais la prochaine foisc’est promis, lui répondit Paul en regrettant lui-même d’avoirsi peu de temps à lui consacrer. Sa société lui prenait tellementd’énergie. Il voyait à peine sa puce grandir ! Déjà quatre ans !
 
Plongé dans ses pensées, c’est trop tard qu’il vitle camion qui déboucha au bout du virage, juste en face de lui.
 
Il le percuta de plein fouet.
10 janvier 2009.

L’avion commençait sa descente vers New York. Malgré leshuit heures du vol, il ne se sentait pas fatigué. Confortablementinstallé dans un siège de business class , Paul regardaitl’hôtesse d’Air France lui faire des avances.
Durant tout le vol, il avait pu apprécier un service bien plusque personnel, des sourires appuyés et même une proposition loin d’êtresous-entendue.
 
Elle était jolie ; blonde, mince et élancée, pas du tout guindéemais au contraire très agréable, décontractée et sûre d’elle.Comme d’habitude, il ne répondit pas. Il n’avait absolumentpas envie de s’embarrasser d’une relation quelle qu’ellesoit, d’un jour ou de plusieurs semaines.
 
C’est avec une note de dépit dans la voix qu’elle luisouhaita un agréable séjour à New York.
Il se dirigea vers la sortie de l’avion en se hâtant, sachantqu’il perdrait bien assez de temps à passer les formalités depolice.
 
Après avoir récupéré sa valise et passé la douane, Paul prit untaxi direction l’hôtel Waldorf- Astoria, situé à côté de CentralPark et de la Cinquième Avenue.
New York, la ville, sa ville. Celle dans laquelle il était toujours bien, se sentait unpeu vivre, oubliait tout, rechargeait ses batteries.
New York était vraiment hors du commun, adorée ou détestée, cosmopolitepar excellence, où l’on sentait toutes les odeurs, où l’onpouvait s’imprégner de toutes les cultures du monde.
Paul aimait s’y retrouver, seul au milieu de la foule, anonyme.Il aimait courir le matin à Central Park, faire de longues baladesle long de l’océan à Long Island, manger des nouilles venduesdans une petite baraque ambulante à Chinatown puis passer à la glaceitalienne quelques mètres plus loin dans Little Italy.
 
Le taxi s’arrêta devant le Waldorf et Steven vint l’accueillir :«  Hello ! Mister Caleb . Nous sommes ravis de vousretrouver parmi nous. Bon séjour à New York ! » Voilà quatreans que Paul venait régulièrement ici, environ une fois par mois,et s’y sentait comme chez lui. Chaque employé était aux petitssoins et prêt à satisfaire chacune de ses envies, la plus incongruesoit- elle. Comme d’habitude, il avait réservé la suite occupantla totalité du quarante-deuxième étage. Assez grande pour loger touteune dynastie autrichienne, mais il avait ses raisons. Sentimentales.
 
Il se posta devant l’immense baie vitrée du petit salon afinde mieux s’imprégner de cette ville. La vue étaitmerveilleuse, le ciel azur et les rues grouillantes de monde. Touristesavec leur appareil photo autour du cou, joggers, hommes et femmesd’affaires filant à toute allure, dessinateurs ou vendeurs àla sauvette se partageant les rues de Manhattan. Chaque fois, il ressentaitla même impression de calme et de sérénité. Chaque fois, il éprouvaitla sensation de rentrer chez lui, de se retrouver dans son nid, dansson cocon.
C’est ici qu’ils avaient fait l’amour pour lapremière fois. C’était il y a seize ans, mais il lui semblaitque c’était hier.
 
 
Il y avait seize ans, elle était couchée sur ce lit, nue et sibelle. Le soleil se levait et, assis sur le fauteuil près de la baievitrée, Paul la contemplait. Grande, mince, elle dormait, allongéesur le côté, une jambe sous le drap, un bras sous l’oreillerqu’elle serrait contre elle. On aurait dit une enfant. Une femmeenfant. Elle était magnifique et le soleil naissant donnait à sescheveux blonds une teinte dorée. Ses lèvres pulpeuses qui l’avaientembrassé si souvent étaient entrouvertes et il entendait son soufflerégulier. Elle avait ouvert les yeux et, l’apercevant, ellelui avait souri. Ses yeux brillaient encore de la nuit d’amourqu’ils venaient de passer. Elle lui avait fait signe de s’approcherd’elle et il était retourné sur le lit, lui faire l’amourencore et encore.
La sonnerie de son portable le sortit de sa rêverieassez brutalement.
— Ouais, quoi ? s’entendit-il dire de façon assez agressive.
— Hé ! ne me mords pas ! Ce n’est que ton pauvre frèreresté en France… Alors, comment ça va ?
— Ma foi, ça va. J’arrive à l’instant à l’hôtelet j’allais descendre faire un petit tour dans Central Park,histoire de réfléchir un peu à la réunion de demain, lui réponditPaul en ouvrant sa valise.
— T’en fais pas, tout est fin prêt comme d’habitude.Sloane ne pourra que dire oui et amen à notre proposition en or. Etde toute façon, je compte bien sur ton pouvoir de persuasion et toncharme légendaire en cas de problème! renchérit Vincent.
— Ouais, ouais, c’est ça, allez ! retourne un peu àton tablier et tes fourneaux… Qu’est-ce que tu fais de bon pourle dîner ? J’en ai l’eau à la bouche rien que d’imaginer,lui dit Paul en salivant.
— Sushis maison, man , et je peux te dire qu’ilssont terribles! répondit Vincent en rigolant.
— Allez, à demain, j’te tiens au courant. EmbrasseLilly et les monstres pour moi. Et Paul raccrocha.
Vincent. De deux ans son aîné. Vincent le feu, Paul la glace. Lescontraires en tout. Caractères, envies, volontés, plaisirs, situations :tout les opposait mais les réunissait en même temps. Ils se complétaientà merveille.
Attablé à la terrasse d’un bar sur la CinquièmeAvenue devant un bon verre de whisky à 18 h, Paul pensait au rendez-vousdu lendemain. Bien entendu, c’était une affaire déjà pliée commele disait Vincent, car Caleb MP était en passe de devenir le leadermondial du microprocesseur. Les prix ainsi que la qualité des produitsleur permettaient de rafler les plus grands marchés. Travailler n’étaitde loin plus une nécessité pour Paul, mais restait en fait son uniqueplaisir et surtout lui permettait d’oublier, de remplir sa vie.Il pouvait ainsi parcourir le globe, rencontrer des gens de culturesdifférentes et surtout occuper son temps, courir, fuir la réalité.
L’alcool et le travail étaient devenus sa famille, ses meilleursamis et ses meilleurs ennemis.
Deux minutes de libre dans son emploi du temps et Paul pensait,réfléchissait ou se rappelait. Il se devait d’être toujoursen mouvement. Le pire était d’en être conscient.
Il brûlait la chandelle par deux bouts : son travail et ses vices.Par vices, il fallait comprendre l’alcool, un peu de coke detemps en temps, les somnifères qui lui permettaient de dormir, lacigarette, un petit pétard qui, d’occasionnel, devenait de plusen plus régulier. Bref, un mélange détonant, mais qui l’aidaità résister chaque matin à son envie de se foutre en l’air.
 
Il allait avoir trente-cinq ans dans quelques jours,deux en vérité. Mais il se sentait vieux, seul, aigri, malheureux.Il avait le sentiment d’avoir une vie vide, sans intérêt etsurtout d’en avoir perdu tout le sens cinq ans auparavant, surune petite route de la corniche monégasque quand un chauffard avaittué ses amours.
Il avait l’impression d’avoir tant vieilli durant cesannées traversées dans le brouillard le plus absolu. Au radar, commeon dit.
Paul n’avait pas encore retrouvé l’envie et la forcede se réveiller et de revivre.
 
 
Le rendez-vous avec Sloane s’était très bien déroulé et lemarché avec la firme américaine était dans la poche. Quelques millionsde dollars sur le compte de la boîte, ça faisait toujours du bien.
 
Le soir suivant, Paul arrosa ce contrat dans divers clubs de Manhattan.Il se coucha à une heure très avancée le matin de son anniversaireet c’est avec un mal de crâne certain qu’il se réveillacet après-midi-là vers 14 h. Il avança péniblement vers la salle debains et avala deux Doliprane sans même un verre d’eau. Sonreflet dans le miroir n’avait rien de glorieux. Yeux bleus cernésde violet, barbe de deux jours, joues qui s’affaissaient etrides de plus en plus présentes autour des yeu

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